Le 6 décembre 1989, un homme armé a fait irruption dans les locaux de Polytechnique à Montréal et y assassine 14 femmes et blessé 13 personnes. Dorénavant considérée comme un attentat antiféministe, la tragédie a ébranlé tout le pays. La lutte contre les violences faites aux femmes est un combat constant au Québec comme en Suisse ou en France.
« Nous y sommes encore, car le devoir de mémoire est source d’action et qu’il faut travailler sans relâche pour bâtir une société égalitaire, ouverte et pacifique, où les femmes ne meurent pas parce qu’elles sont des femmes »
Catherine Bergeron, présidente du comité Mémoire et sœur de Geneviève Bergeron qui a péri durant la tragédie du 6 décembre 1989 (06.12.2022)
Projet Polytechnique. Faire Face
Pour une mise en contexte actuelle de cette tuerie, voici un projet culturel à ce propos :
- Projet Polytechnique. Faire Face. Épisode 1. A qui la faute ? :
Cet évènement m’a marqué plus que je pouvais l’imaginer. » Choqué par le sort qu’a connu sa cousine Anne-Marie Edward, assassinée le 6 décembre 1989 par Marc Lépine, Jean-Marc Dalphond a décidé d’honorer en quelque sorte la mémoire de celle-ci et des victimes de violence avec le balado Projet Polytechnique : faire face. Sa collègue comédienne Marie-Joanne Boucher et lui sont allés à la rencontre de certains groupes d’hommes pour tenter de comprendre comment les échos de ce féminicide résonnent encore chez ceux-ci.
- Émission « Il restera toujours la culture. Le balado Projet Polytechnique : tenter de comprendre l’inconcevable.
Entrevue (audio) avec Marie-Joanne Boucher et Jean-Marc Dalphond : Le projet Polytechnique : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/il-restera-toujours-culture/segments/entrevue/425473/projet-polytechnique-balado-faire-face-marie-joanne-boucher-jean-marc-dalphond
Reconnaissance du féminicide : trente ans de combats
Il faudra attendre trente ans après la tuerie de Polytechnique pour que la ville de Montréal décide de nommer clairement le caractère antiféministe de l’attentat sur un nouveau panneau commémoratif installé à la Place du 6-Décembre-1989 (chemin Queen Mary Montréal (Québec) H3V 1A9), située à environ un kilomètre de l’endroit où a été perpétré le massacre.
La tuerie
Le 6 décembre 1989, un homme entre dans une classe de génie mécanique à l’École Polytechnique de Montréal, armé d’un fusil semi-automatique. Après avoir séparé les hommes des femmes, il ouvre le feu sur elles en criant : « Vous êtes toutes des féministes. » Il tue 14 jeunes femmes et blesse 13 autres personnes (10 femmes et 3 hommes. Il retourne ensuite son arme contre lui.
Plaque commémorative sur le mur extérieur de l’École Polytechnique en souvenir des victimes du massacre. (Wikimedia Commons)
Ce féminicide de masse est perpétré en moins de vingt minutes à l’aide d’une carabine obtenue légalement. Il s’agit de la tuerie en milieu scolaire la plus meurtrière de l’histoire du Canada.
En 1991, le Parlement du Canada fait du 6 décembre la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. On l’appelle aussi la Journée du ruban blanc.
Références :
- https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Tuerie_de_l%27École_polytechnique_de_Montréal
- https://www.lapresse.ca/actualites/2022-12-06/tuerie-de-polytechnique/le-devoir-de-memoire-est-plus-pertinent-que-jamais.php
- https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/tragedie-de-polytechnique
Féminicides en Suisse et au Québec en 2021
C’est une statistique macabre qu’on aimerait n’avoir jamais à citer.
En 2021, pour une population comparable, le Québec (8’575’000 habitants en 2021) et la Suisse (8’715’494 habitants en 2021) ont connu 26 féminicides soit un toutes les deux semaines.
Rapporté à leur population totale, ces 26 féminicides sont proportionnellement plus élevés qu’en France qui comptait 122 féminicides en 2021 pour une population de 65’426’176 habitants.
En 2021, la Suisse a dénombré 26 féminicides, soit un toutes les deux semaines, et 30 femmes ont survécu à des actes de violence sexiste (Source : https://www.24heures.ch/il-faut-mettre-fin-a-la-violence-contre-les-femmes-746914393737).
Pour le Québec, les 26 féminicides représentaient un un sommet jamais vu depuis 2008. La vaste majorité de ces féminicides se sont produits dans un contexte conjugal (Source : https://www.24heures.ca/2021/12/30/le-quebec-atteint-un-triste-record-de-feminicides).
Par ailleurs, au Québec, SOS violence conjugale, service de première ligne pour les victimes et leurs proches, estimait avoir reçu 7’000 appels de plus en 2020-2021 qu’en 2019-2020. Le nombre pouvait atteindre 200 par jour, alors que la moyenne se situait à 90 en 2019. Le nombre des victimes étaient en augmentation en lien avec la crise sanitaire.
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