Robert Gerwarth a écrit une biographie convaincante de Reinhard Heydrich en tissant ensemble les dimensions personnelles, professionnelles et institutionnelles dans un perspicace et définitive examen historique de la vie de Heydrich. Gerwarth ouvre le livre en identifiant deux défis à écrire une biographie nazie: la maîtrise de la littérature sur le nazisme, et sonder la mentalité et l’idéologie d’un engagement nazi. Il réussit admirablement à les surmonter en se tenant à son principe de «l’empathie froide», le détachement. Il ne cherche ni à diaboliser Heydrich, ni à moraliser, banaliser ou sacraliser sa violence. Le livre regorge est soutenu par 90 pages de sources. Au fil des chapitres, Gerwarth alterne entre l’histoire personnelle de Heydrich et histoire allemande politique et sociale. Gerwarth déboulonne le mythe d’Heydrich et ses ancêtres juifs, révise les hypothèses au sujet de son antisémite de fond et nuance les exagérations au sujet de ses motivations carriéristes. Mais ce faisant, il prend également une position claire dans l’historiographie de la violence de masse nazi, par exemple en identifiant comme le tournant majeur de la vie de Heydrich son licenciement du service militaire en raison d’une promesse de fiançailles rompues et en remontant son radicalisme à son manque d’informations des débuts nazis.
R. Gerwarth: Hitler’s Hangman. The Life of Heydrich | H-Net Reviews