Dans un court et brillant article, André Gunthert porte son regard et son analyse sur la dernière couverture du Time. Le portrait d’une jeune afghane Aisha actuellement aux Etats-Unis pour une opération de reconstruction faciale.
André Gunthert l’a met notamment en relation avec un autre portrait d’une Afghane désormais célèbre réalisé par Steve McCurry et pris en 1984. En 2002, le photographe avait d’ailleurs retrouvé la jeune fille et cela avait donné lieu à ce double portrait:
Il constate au propos du portrait d’Aisha et concernant notre trouble devant cette image que
Alors que l’image de la victime féminine est habituellement utilisée comme symbole pour dénoncer le conflit, celle-ci sert à l’inverse à légitimer la poursuite de l’occupation.
Ce retournement du schéma explique l’autre différence essentielle de cette icône: au lieu d’une photographie de reportage prise sur le vif, il s’agit d’un portrait soigneusement posé (réalisé par Jodi Bieber pour le magazine), comme celui d’un mannequin ou d’une célébrité, qui rend plus affreux encore le contraste entre la mise en scène de la beauté et la blessure ouverte.
Sources:
- Le billet d’André Gunthert: Une image pour la guerre | L’Atelier des icônes.
- L’histoire des photos de Steve McCurry: Afghan Girl