Les préoccupations des historiens peuvent aider les enseignants à construire une problématique à laquelle leurs élèves devront ensuite répondre. En voici un exemple à l’aide d’un article de 2008 paru dans la Revue historique des armées.
En 2008, Georges-Henri Soutou s’interroge : 1918 représentait-elle la fin de la Première Guerre mondiale? Son article s’intéresse notamment à la situation en Allemagne après la signature de l’armistice ainsi que sur les motivations de Ludendorff. De manière générale, pour Soutu, il s’agissait non pas d’armistices militaires, mais politico-militaires. D’où l’importance de cette période au cours de laquelle s’arrête la Grande Guerre, mais alors que les traités de paix se font attendre. La fin de son article, fort intéressant dans son ensemble, nous offre ensuite un bel exemple permettant de problématiser la fin du conflit et de projeter les élèves dans l’étude de l’entre-deux-guerres et la Deuxième Guerre mondiale. Nous sommes également en présence d’un travail d’histoire maniant une histoire-événementielle et une histoire-problème.
Il conclut par une interrogation: Un armistice de 21 ans ?
Puis il poursuit en posant les termes du débat historiographique apparu dans les années 1980:
Une question préoccupe les historiens depuis les années 1980 : la Deuxième Guerre mondiale, guerre totale, qui a fait 50 millions de morts, qui a vu les génocides les plus graves de l’histoire, qui a vu l’utilisation de l’arme nucléaire, était-elle un phénomène spécifique ? Ou bien faut-il considérer qu’elle prolongeait la Première Guerre mondiale, après une sorte d’armistice de 21 ans, dans ce que certains appelaient une « guerre de Trente Ans » (l’expression fut employée à l’époque par de nombreux grands responsables, comme Churchill et de Gaulle, qui avaient très nettement l’impression d’assister à la suite de l’épisode précédent) ?
Dans les lignes précédentes, l’article proposait des éléments qui peuvent être exploité dans le sens d’une Guerre de Trente Ans. Puis, dans les lignes conclusives, l’article propose ensuite des éléments invitant dans le sens d’une spécificité du deuxième conflit mondial. Ainsi en est-il de son caractère de conflit idéologique alors que la Première Guerre mondiale était essentiellement un affrontement de type national ou de conflit total, «s’évadant très largement des lois de la guerre et du droit des gens traditionnel, encore à peu près respectés en 1914-1918.»
Dans tous les cas, un joli point de départ pour construire une séquence d’enseignement englobant la conclusion de 1918, l’entre-deux-guerres et la Deuxième Guerre mondiale. Une problématique non négligeable lorsqu’on ne dispose que d’une ou deux périodes d’enseignement par semaine.