C’est un pari un peu fou que les différentes communautés francophones de LUDOVIA (Belgique, Canada, France et Suisse) ont relevé en un temps record : organiser entièrement en ligne une semaine d’atelier-défis, de pitch et de tables rondes consacrées aux défis que la communauté scolaire a dû relever en un temps record pour assurer l’enseignement en période de confinement. Ce pari, un peu fou, ce sont les LUDOVIALES qui auront lieu du 27 au 30 avril 2020 (l’après-midi en Europe et le matin au Canada).
Pour la Suisse, la HEP Vaud et la HEIG VD sont les co-organisateurs de cet événement et plus d’une dizaine d’ateliers ont été proposés concernant la Suisse.
A noter qu’à cette heure, le pari a été relevé avec un certains succès puisque plus de 400 participant.e.s sont déjà inscrit.e.s !
Le texte de cadrage de cette édition :
Depuis un mois maintenant, la notion d’enseigner, de faire cours ou école a basculé dans une toute nouvelle dimension que ce soit en France, en Belgique, au Canada ou en Suisse et même ailleurs.
En l’espace d’un week-end, l’enseignement en présentiel est passé entièrement à distance de la maternelle à l’enseignement universitaire.
Tout le monde a dû se réinventer (autorités scolaires, direction, enseignant.e.s, élèves/étudiant.es et parents) de manière soudaine et souvent brutale. Chacun et chacune a été précipité.e dans l’ère bricolage au sens entendu par Lévi-Strauss :
« Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâche diversifiées ; […] son univers instrumental est clos, et la règle de son enjeu est de toujours s’arranger avec les « moyens du bord », c’est-à-dire un ensemble à chaque instant fini d’outils et de matériaux, hétéroclites au surplus […]. L’ensemble des moyens du bricoleur n’est donc pas définissable par un projet (ce qui supposerait d’ailleurs, comme chez l’ingénieur, l’existence d’autant d’ensembles instrumentaux que de genres de projets, au moins en théorie); il se définit seulement par son instrumentalité, autrement dit et pour employer le langage même du bricoleur, parce que les éléments sont recueillis ou conservés en vertu du principe que « ça peut toujours servir ». »
Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, Paris, Ed. Plon, 1960, p 27
En d’autres termes et dans l’immédiateté, la science empirique (le bricoleur) a pris le dessus sur la science expérimentale, largement spéculative et théorique de l’ingénierie didactique et pédagogique.
Dans ce premier temps de la survie, l’univers de l’enseignement et de la formation a été plongé en apnée dans la recherche (frénétique) de l’outil (magique parfois) et de tutoriels pour se réorganiser dans de nouveaux territoires et espaces-temps. Le résultat en a été souvent douloureux pour tous les acteurs.
Passé ce premier moment d’effroi, augmenté par tout le versant anxiogène généré par la pandémie, et progressivement, les équipes pédagogiques et les communautés professionnelles se sont organisées pour relever les défis posés par cette situation nouvelle dans sa nature et son intensité. Elles tentent maintenant d’ajouter de la compréhension, de la régulation et du sens aux démarches entreprises en bricolant.
A ce titre, les communautés en ligne tels Twitter ou Linkedin jouent un rôle important, voire même inédit dans son intensité, en développant des échanges transversaux entre les différentes filières de formation (élémentaire, secondaire, formation professionnelle, formation tertiaire et universitaire, formation continue).
Pour les différentes communautés francophones de LUDOVIA (France, Belgique, Canada et Suisse, Qatar, Polynésie Française, etc.), un premier temps est venu de témoigner des différentes expériences vécues au travers d’atelier-défis.
Il s’agit aussi d’offrir un premier moment réflexif relativement à la situation hors de l’ordinaire que nous vivons en prolongeant ces retours d’expériences par leur contextualisation et leur mise à distance (table rondes et conférences). En effet, la situation actuelle nous en dit beaucoup sur l’ordre ordinaire des choses en matière d’enseignement et d’apprentissage, du projet pédagogique, économique et social porté par nos systèmes scolaires, de la question vive des inégalités scolaires ou de la place du numérique dans nos sociétés et nos écoles.
Cette période est propice également au questionnement sur les outils et technologies proposées par les éditeurs et industriels du secteur ; certains ont surfé sur la vague du confinement en proposant de nouvelles ressources, plateformes ou outils « miracles », d’autres déjà installés ont tenté d’accompagner du mieux qu’ils le pouvaient des enseignants et chefs d’établissements afin d’assurer une montée en charge des utilisations et ce, en peu de temps. Quid de la validation de ces outils, du respect de la règlementation en matière de gestion des données personnelles et respect de la vie privée.
Pour cette première édition des LUDOVIALES, d’un LUDOVIA entièrement en ligne, nous vous proposons du lundi 27 au jeudi 30 avril 2020, quatre demi-journées organisées de 9h00 à 19h30 (selon les fuseaux horaires) autour d’atelier-défis et de « Pitches », prolongés par un moment réflexif (table ronde ou conférence).
Les intervenant.e.s des différents ateliers présenteront leurs approches et moyens déployés pour répondre aux défis suivants :
- Transposer son dispositif d’enseignement pour enseigner à distance
- Développer l’autonomie des élèves et étudiant.es
- Éviter la démotivation des élèves et étudiant.es
- Maintenir le lien social et réduire les inégalités scolaires
- Éviter l’épuisement personnel et professionnel
- Se former en temps de confinement : comment, quoi, etc.
- Gestion et leadership des directions en temps de crise COVID-19
- Des parents sous pression et la pression des parents
- Travailler en équipe
- Évaluer à distance
- …
Les organisateurs :
Eric Fourcaud (FR) , Nathalie Couzon (CA), Ariane Dumont (CH), Caroline Duret (CH), Lyonel Kaufmann (CH), Sébastien Reinders (BE), Franck Tiennebrunne (BE)
Pour le programme et les inscriptions (gratuites) en ligne : http://ludoviales.com/
Laisser un commentaire