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Histoire Lyonel Kaufmann

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Opinions&Réflexions

Ces (im)possibles réformes scolaires de 1945 à 2013 en terres vaudoises

25 octobre 2017 by Lyonel Kaufmann

Après 1945

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, comme dans la plupart des pays d’Europe, le système scolaire traditionnel a été fort discuté en Suisse, et des modifications ont été apportées à l’organisation vaudoise.

Les années 1950 sont fortement marquées par les séquelles de la Seconde Guerre mondiale. L’Europe s’engage dans un processus de reconstruction et de développement, en particulier dans les domaines scientifiques, technologiques et politique et culturel. Par ailleurs, le développement rapide de la technologie amène des exigences nouvelles à l’égard des systèmes éducatifs. Ce processus de reconstruction nécessite un élargissement en matière de personnes formées pour répondre aux attentes des milieux économiques.

Par ailleurs, résultat du gouffre devant lequel le monde a failli être précipité (Shoah et bombe atomique), un nouvel humanisme émerge englobant également les questions pédagogiques. Dans ce dernier domaine, les démarches initiées avant guerre tels les travaux menés par Freinet sur l’imprimerie ou les coopératives scolaires, Montessory sur La Liberté de l’enfant-écolier, Decroly sur les centres d’intérêt ou Ferrière sur l’école active sont rejointes par les recherches en psychologie génétique telles celles de Piaget.

Comme l’indique Bober1

« Peu à peu apparaît la nécessité de procéder non plus à de simples aménagements des systèmes éducatifs, mais à des remaniements beaucoup plus fondamentaux ».

La Suisse n’échappe pas à ce mouvement général de remise en questions de ses divers systèmes éducatifs cantonaux. Bober (2002 : 8) indique ainsi que

« On prend notamment conscience du fait que l’économie helvétique, pour être compétitive sur le plan international, doit pouvoir compter dorénavant sur un personnel hautement qualifié et plus mobile ».

Concernant l’école vaudoise, la rigidité de ses structures, dont le cloisonnement vertical entre les enseignements primaires et secondaires à partir du 4e degré de la scolarités obligatoire, les modalités de sélection perçues comme arbitraires, la précocité de la sélection, l’obsolescence de certains contenus d’enseignement et celle des méthodes pédagogiques font l’objet de critiques sévères et amènent, en 1956, à la réforme de l’enseignement secondaire.

La réforme introduit un cycle d’orientation comprenant les degrés 4 et 5 de la voie secondaire (6e et 7e Harmos), le début de l’étude du latin est renvoyé de 10 à 12 ans et une section langues modernes conduisant au baccalauréat est créée. D’autre part, le choix des études secondaires est élargi par la mise en place d’une division de culture générale, dans tous les collèges. Ces derniers qui étaient alors spécialisés à Lausanne (Collège classique cantonal, Collège scientifique cantonal, Ecole supérieure de jeunes filles) sont remplacés par des collèges de quartiers comprenant l’ensemble des sections. Enfin, l’enseignement mixte déjà en vigueur dans le reste du canton s’impose également à Lausanne et Vevey (Bober, 2002 : 9).

C’est en 1959 que la première sélection des élèves intervient à la fin du troisième degré primaire (5e Harmos) et que ces élèves intègrent un cycle d’orientation de deux ans2.

Il faut donc noter qu’à partir du quatrième degré (6e Harmos), la structure scolaire se caractérise par une coupure verticale entre deux voies parallèles : une filière constituées par les collèges relevant du Service de l’enseignement secondaire et une filière constituée de toutes les autres classes jusqu’à la fin du neuvième degré (11e Harmos) et relevant du Service de l’enseignement primaire.

Commission dite « des quarante » (1960-1970) et les zones pilotes de Rolle et Vevey (1972-1991)

En 1960, le Conseil d’Etat charge la commission dite « des quarante » d’étudier la structure d’ensemble de l’école vaudoise, qui aboutit en 1970 au rapport du CREPS. Ces études conduisent à l’élaboration de deux projets « pilotes » proches de ceux qui étaient alors expérimentés dans les cantons ou les pays voisins. Héritage des études du CREPS, les zones pilotes de Rolle et de Vevey sont mises en expérimentation dès 1972.

Concernant Vevey, ce n’est pas seulement le collège veveysan qui est impacté et, d’ailleurs, remplacé, mais également les établissement primaires et secondaires à deux divisions de Blonay-St-Légier et celui de Puidoux-Chexbres et les établissements secondaires à trois divisions de La Tour-de-Peilz et du cercle de Corsier (Corsier-sur-Vevey, Corseaux, Chardonne, Jongny).

Dans les deux régions certaines particularités dans l’organisation préfigurent les changements entrepris depuis dans l’école vaudoise, à savoir :

  • une structure de la scolarité obligatoire séparant clairement le primaire (-2 à +4, soit 1 à 6 Harmos) et le secondaire (5 à 9, soit 7 à 11 Harmos);
  • la création d’un cycle d’observation-orientation pour tous les élèves, dans un premier temps aux 4e-5e degrés (6-7 Harmos), puis aux 5e-6e degrés (7-8 Harmos);
  • les corps enseignants issus « du primaire et du secondaire ancien style » sont regroupés dans les mêmes bâtiments, sous la responsabilité d’une même direction.

Dès 1975, l’accent est mis sur les perspectives de généralisation à l’ensemble du canton des structures expérimentées à Rolle et Vevey. L’élaboration du projet final de réforme scolaire devait notamment corriger un certain nombre d’insuffisances du système scolaire en vigueur, telles que la sélection précoce des élèves, la rigidité des conditions d’admission et de promotion, la difficulté de passage d’une voie de formation à l’autre.

Les zones pilotes seront maintenues jusqu’à l’arrivée du nouveau système scolaire lancé dès 1986. Les dernières volées d’élèves « pilotes » de Rolle et Vevey quitteront la scolarité obligatoire en 1991.

Échec en votation populaire du décret sur la réforme de l’école vaudois (1981) et la nouvelle loi scolaire de 1984

Durant le printemps 1981, le projet de décret est adopté par le Grand Conseil à une courte majorité. Un référendum est lancé à droite et abouti. En septembre de la même année le décret est refusé en votation populaire, stoppant l’élan de réforme.

Le Parti socialiste et des syndicats enseignants lancent alors une initiative « Une meilleure école pour tous ». Le Grand Conseil lui oppose une nouvelle loi scolaire. En 1984, le projet de loi l’emporte en votation populaire sur l’initiative socialiste.

Dans la loi, la question de l’orientation se règle à l’issue de la 5e année (7e Harmos). La fixation des seconds seuils d’admission dans les classes du 6e degré secondaire (8e Harmos) incombe à l’arrondissement scolaire.

Dorénavant l’école enfantine et primaire comprend les degrés –2 à +4 (1 à 6 Harmos) et l’école secondaire les degrés 5 à 9 (7 à 11 Harmos). Les groupements primaires dépendent soit d’une direction, soit conjointement d’une commission scolaire de groupement pour les tâches administratives et d’un conseiller pédagogique généraliste (ancien inspecteur scolaire). Placé sous l’autorité d’un directeur, le groupement devient établissement.

Ecole vaudoise en mutation (1995)

La réforme EVM a été mise en œuvre dans un contexte général marqué par de profondes et rapides mutations,qui génèrent des demandes et des attentes très hétérogènes et élevées à l’égard de l’école. Cette réforme a pour différence fondamentale avec les précédentes son accent sur la pédagogie. Elle touche donc à la culture professionnelle des enseignants et à l’image que les parents ont gardée de leur propre scolarité.

De nouvelles structures sont mises en place avec l’introduction des cycles : cycle initial (CIN), cycles primaires 1 et 2 (CYP1, CYP2) et cycle de transition (CYT). Il est attendu que ces cycle favorisent une progression plus harmonieuse et améliorent l’orientation dans les filières du secondaire en particulier par l’introduction du CYT aux 5e et 6e degrés (7e et 8e Harmos).

A la suite d’un référendum, une majorité favorable au projet se dégage lors du vote populaire de décembre 1996. La mise en œuvre débute à la rentrée d’août 1997.

Loi sur l’enseignement obligatoire (2011) et Plan d’études romand (2013)

En 2007, une initiative de la droite conservatrice et réactionnaire « Ecole 2010 : sauver l’école » est déposée. Un contre-projet lui est opposé et adopté en votation populaire le 4 septembre 2011.

Les deux principales modifications résident dans la suppression de la troisième division de l’école secondaire (la Voie secondaire à option, soit la VSO), remplacée par des niveaux en Voie Générale (9e-11 Harmos) et le passage des années 7e-8e Harmos à l’école primaire. Ce dernier élément permet enfin au canton de Vaud de disposer de la même organisation scolaire que les autres cantons romands. Pour sa part, l’organisation au secondaire est conçue dans l’intention de diminuer le poids de la sélection et de la stigmatisation très forte des élèves sortant auparavant de VSO. Cependant, l’organisation à la fois en filières et en niveaux pour la Voie générale non seulement complexifie très largement le système, mais ces deux logiques à l’œuvre pourraient fort bien conduire à l’effet inverse que celui attendu.

Mise en œuvre à partir de 2013, la nouvelle loi (LEO) coïncide avec l’entrée en vigueur d’Harmos (harmonisation scolaire ) et du Plan d’études romand qui organise la scolarité obligatoire en trois cycles : deux de quatre ans au primaire (cycle 1 de 1 à 4 Harmos et cycle 2 de 5 à 8 Harmos) et un de trois ans pour le secondaire (cycle 3). L’harmonisation scolaire fédérale généralisant l’entrée à l’école dès 4 ans, l’école enfantine (CIN auparavant) est intégrée au cycle 1.

  1. Bober, G. (2002). L’histoire vaudoise de la formation des maîtres secondaires. De la création du Séminaire pédagogique de l’enseignement secondaire du canton de Vaud en 1960 aux premiers pas de la Haute école pédagogique vaudoise en 2002. Loisirs et pédagogies, p. 7 ↩
  2. L’orientation en division est assez particulière par rapport à celle qui sera adoptée plus tard. En effet, à l’issue des deux ans, les élèves sont d’abord orientés dans deux divisions pour un an : la division latine et la division moderne. Après un an, la division latine se subdivise en deux sections : latin-grec, latin-anglais ou italien. Pour sa part, la division moderne se subdivise en trois filières : sections langues modernes, section mathématiques-sciences et division générale. Après un an, les élèves de division générale sont répartis en deux sections : technique et littéraire.Source : Bober (2002 : 10). ↩

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Ces possibles réformes scolaires selon Larry Cuban

24 octobre 2017 by Lyonel Kaufmann

Dans un billet publié début août 2017 pour les huit ans de son blog (Eighth Anniversary of Blog), Larry Cuban, professeur honoraire à Stanford bien connu de mes lecteurs réguliers, revient sur une question qui revient régulièrement chez ses lecteurs. Ces derniers lui demandent ce qu’il prône pour qu’une réforme éducative soit effective et réussisse.

En guise de rappel, le blog de Larry Cuban publie des billets sur les éléments qui guident ou ont guidé sa pensée et ses actions en tant que praticien, chercheur et blogueur en matière d’enseignement, d’apprentissage et de réformes scolaires.

Que pourrait-il alors proposer en matière de réformes scolaires pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage à l’intention des autorités scolaires, des directeurs d’établissement, des enseignants et des parents ? D’entrée de cause, Larry Cuban indique qu’il lui est impossible de proposer un programme d’actions génériques qu’il suffirait de suivre. Pour lui, le contexte est toujours important. Il ne connait aucune réforme, aucun programme ou technologies qui puisse s’affranchir du contexte pour être mis en œuvre.

Par contre, un certain nombre de principes guident ses réflexions concernant l’enseignement, l’apprentissage et les réformes scolaires. Ces principes indiquent des directions nécessaires à adapter en fonction d’un contexte particulier. Ils ont été élaborés tout au long des cinq décennies où il a été enseignant, administrateur scolaire et chercheur. Ils se basent sur sa large expérience et ses travaux de recherche

1° Bien que les écoles publiques sont des institutions essentiellement conservatrices, elles ont changé aux cours des décennies. Les écoles ne sont pas des fossiles conservés dans l’ambre. Le changement et la stabilité marquent l’histoire des écoles financées par les deniers publics. Ce sont des institutions « dynamiquement conservatrices » qui embrassent le changement pour maintenir la stabilité.

2° Le changement vient autant de l’extérieur que de l’intérieur de l’école. Fondamentalement, les écoles publiques sont des institutions politiques totalement dépendantes de contribuables et des électeurs et donc vulnérables à des rafales de réforme économiques et sociales qui soufflent à travers le pays. Ces vents de réforme, toutefois, perdent de force en s’installant dans ces institutions conservatrices. Administrateurs et enseignants adaptent l’organisation, les réformes curriculaires, d’instruction ou de gouvernance et les modifient alors qu’elles traversent l’espace des salles de classe.

3° Il n’y a pas un moyen unique ou de méthode unique qui fonctionnerait mieux avec/pour tous les élèves. Parce que les étudiants diffèrent en matière de  motivation, intérêts et aptitudes, il est indispensable de recourir à un large  à répertoire d’approches dans l’enseignement. Un enseignement directif ou magistral, un travail de groupe, un travail individuel choisi par l’élève, la pédagogie par projet, des logiciels en ligne, etc, etc. doivent être présents dans la trousse à outils de chaque enseignant.

4° Des changements limités (petits) et lents se produisent souvent dans la pratique de la salle de classe. Au fil des décennies, les professeurs expérimentés sont devenus allergiques aux exigences de réformateurs de procéder à des changements rapides et profonds de ce qu’ils font quotidiennement dans leurs classes. Les enseignants ont appris à adapter les nouvelles idées et pratiques à leurs croyances et à ce qui, selon eux, bénéficiera à leurs élèves. Les réformes qui ignorent ces réalités historiques sont vouées à l’échec. Larry Cuban appel de ses vœux qu’une réforme soit sensible au contexte dans laquelle elle aura lieu et tienne compte de cette histoire des changements en classe et de cette sagesse pratique des enseignants.

5° Les structures scolaires influencent l’instruction. Ainsi, il existe une grammaire de l’école (“grammar of schooling”) au secondaire basée sur un découpage en période de 45 ou 50 minutes.

6° Donner réellement la voix au chapitre aux enseignant.e.s dans la réforme. Depuis le milieu du 19e siècle aux premières décennies du XXIe siècle, aucune réforme pédagogique imposée aux enseignants n’a été adoptée par la plupart des enseignants et utilisée comme prévu par ses concepteurs. Cuban y inclut les nouveautés dans les méthodes d’enseignement de la lecture, des mathématiques, des sciences ou d’histoire depuis un siècle aux Etas-Unis. Lorsqu’il y a eu des changements profonds dans l’enseignement en classe, les enseignants ont été impliqués dans la planification et la mise en œuvre de la réforme. Les exemples vont de la réforme des programmes scolaires dans les années 1920 à Denver, l’étude de huit ans (Eight Year Study) dans les années 1930, la création d’écoles alternatives (alternative schools) dans les années 1960, la Coalition des écoles essentielles (Coalition of Essential School) dans les années 1980 ou les « teacher-run schools » dans les années 2000. Les réformes visant à en modifier profondément l’enseignement ont besoin de travailler étroitement avec les enseignants dès le début d’un changement prévu et doivent utiliser leur expertise pour développer leurs connaissances et leurs compétences.

Classé sous :Opinions&Réflexions

Ces possibles réformes scolaires !

23 octobre 2017 by Lyonel Kaufmann

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Alors que l’introduction des nouveaux moyens et programmes d’histoire romands se fait cette année en histoire dans le canton de Vaud en 7e Harmos et que, lors de sa première conférence plénière de rentrée du 15 août 2017, Mme Cesla Amarelle, nouvelle ministre de l’éducation du Canton de Vaud, a annoncé un appel à projet aux enseignant.e.s et aux établissements pour une école numérique, le temps paraît plus que choisit pour s’interroger sur les éléments qui rendront ces réformes possibles.

L’intitulé choisit « Ces possibles réformes scolaires » fonctionne en écho au recueil des écrits de Georges Panchaud publié en 1983 et intitulé lui « Ces impossibles réformes scolaires ». Au début des années 2000, je m’interrogeais ainsi avec mon collègue José Ticon et moins de 10 ans après l’introduction de la loi « Ecole vaudoise en mutation » pour savoir si réformer l’école n’était pas une mission impossible.

En 1983, Georges Panchaud (1908-1988), professeur honoraire de pédagogie de l’Université de Lausanne, publie à l’occasion de son 75e anniversaire, un recueil de ses écrits. L’ouvrage s’intitule « Ces impossibles réformes scolaires »1.

Le titre ne manque pas d’une certaine malice. En effet, en 1956, Georges Panchaud est un des acteurs majeurs de la réforme de l’école vaudoise qui connaît alors une modification significative de ses structures. Celle-ci élargit notamment le nombre d’élèves accédant désormais au collège (école secondaire).

La réforme scolaire vaudoise de 1956 établit un programme unique pour les élèves des deux premières années des collèges secondaires avant d’orienter les élèves. Auparavant un système en cascade existait dans lequel l’élève qui échouait en section classique devait « descendre » en scientifique, puis éventuellement en commerciale. En outre, le système met en place une une division de culture générale, dans tous les collèges, et introduit une section de langues modernes conduisant au baccalauréat. La réforme vaudoise de 1956 eut encore pour conséquence de généraliser les classes mixtes, qui existaient dans tout le canton, sauf à Vevey et à Lausanne. Dans cette dernière ville, la réforme fait disparaître le Collège classique cantonal quatre fois centenaire, le Collège scientifique cantonal et l’Ecole supérieure de jeunes filles de la Ville de Lausanne, dont la création remonte au XIXème siècle. Il n’y a désormais plus à Lausanne que des écoles secondaires groupant les élèves en fonction de leur domicile.

Pour accompagner cette réforme, de nouveaux moyens d’enseignement sont publiés. Parmi ceux-ci, Georges Panchaud est le directeur de collection d’une nouvelle collections de manuels d’histoire vaudois pour le secondaire. Cette collection est diffusée à partir de 1957. Parmi les ouvrages publiés, il y a notamment le bientôt fameux manuel d’histoire contemporaine rédigé par Georges-André Chevallaz (1915-2002), alors directeur de la Bibliothèque cantonale universitaire et futur syndic de Lausanne (1958), puis conseiller fédéral.

Quasi simultanément à l’élaboration de cette nouvelle collection de manuels, Georges Panchaud est nommé professeur de pédagogie à l’Université de Lausanne en 1958 et il devient le premier directeur en 1960 du nouvellement créé « Séminaire pédagogique de l’enseignement secondaire vaudois » (SPES), soit le premier institut de formation des maîtres secondaires vaudois2. C’est en 1958 que le projet visant à promouvoir le nouveau système de formation est soumis à une commission consultative composée de représentants des Facultés intéressées de l’Université de Lausanne, de directeurs de collèges, de la Société vaudoise des maîtres secondaires (SVMS) et du Département de l’instruction publique et des cultes (DIPC). Le 15 décembre 1959, le Conseil d’Etat adopte le Règlement pour la formation des maîtres secondaires, instituant ainsi le SPES3.

Georges Panchaud se retrouve donc à l’épicentre de ces trois changements d’une réforme significative pour les collèges vaudois. Il faudra attendre près de trente ans et 1984 (entrée en vigueur en 1986) pour qu’une nouvelle loi scolaire soit votée après plus de deux décennies passées en études, expériences et débats qui soulevèrent les passions dans les milieux intéressés et parmi la population jusqu’en votation populaire.

Plus tard, en nous inspirant du titre de l’ouvrage de Georges Panchaud et dans le contexte conflictuel de la mise en place de la loi scolaire Ecole vaudoise en mutation (EVM) votée en décembre 1996 par les citoyen.ne.s vaudois.e.s, José Ticon, didacticien du français, et moi-même organiseront deux ans de suite un séminaire interdisciplinaire de formation destinés aux futur.e.s enseignant.e.s du primaire que nous intitulerons « Réformer l’école : une mission impossible ? ».

Qu’en est-il aujourd’hui ? A-t-on appris des expériences passées peu concluantes dans le canton de Vaud et plus particulièrement concernant les conditions de mise en oeuvre d’EVM pour rendre possibles les changements attendus ? Quels sont les principes à retenir pour aller dans le sens d’une réforme réussie ?

Je compte explorer modestement un champ des possibles à l’aide de cinq billets. Le premier replacera les réformes scolaires connues aux Etats-Unis et les leçons qu’en a tiré Larry Cuban, professeur honoraire à Standford. Le second dressera un panorama succinct des réformes scolaires entreprises après 1945 et jusqu’à aujourd’hui dans le canton de Vaud. Le troisième reviendra sur la réforme EVM introduite en 1997 à partir d’un texte que j’avais rédigé trois ans après l’introduction de la réforme et qui avait été publié sur le site de la Fédération syndicale SUD-Service public. Le quatrième propose un nouvel arrêt sur image en 2017 pour observer l’évolution de la situation d’EVM à la LEO. Le cinquième et dernier s’arrêtera à trois moments récents où l’axe envisagé pour accompagner le changement résultant des effets du numérique sur la société et l’éducation a l’ambition de partir des projets des équipes pédagogiques et d’établissements.

Articles suivants:

  • Ces possibles réformes scolaires selon Larry Cuban
  • Ces (im)possibles réformes scolaires de 1945 à 2013 en terres vaudoises
  • Ces (im)possibles réformes scolaires – EVM : arrêt sur image (2000)
  • Ces (im)possibles réformes scolaires – D’EVM à la LEO : nouvel et bref arrêt sur image (2017)
  • Ces possibles réformes scolaires : penser global, agir local avec le numérique
  1. Panchaud, G. (1983). Georges Panchaud : « Ces impossibles réformes scolaires : Recueil publié à l’occasion de son 75e anniversaire ». Lausanne : Ed. Réalités sociales. ↩
  2. Ainsi que l’indique François Bettex, dans le rapport annuel 1979 du SPES : « En 1960, et dans une moindre mesure dix ans plus tard, l’idée qui prévalait était que le jeune maître peut apprendre son métier en assistant aux leçons d’un collègue chevronné, auprès de qui ensuite il fait ses premières armes. Or l’idée maîtresse du SPES crée par Panchaud est que le jeune assistant découvre effectivement par son expérience personnelle, seul dans sa classe, les difficultés de son nouveau métier, et non pas par personne interposée. Les enseignements théoriques ont pour but de l’aider à résoudre ses problèmes, à répondre à ses besoins, parfois à ses inquiétudes. Ce type de formation suppose donc une liaison très étroite entre le vécu du stagiaire, au contact des élèves et des difficultés de méthodologie, et les enseignements dits théoriques qu’il reçoit. Cela suppose aussi que les responsables de ces enseignements connaissent parfaitement bien leur clientèle ainsi que les conditions dans lesquelles elle travaille.» Propos cités par Bober, G. (2002). L’histoire vaudoise de la formation des maîtres secondaires. De la création du Séminaire pédagogique de l’enseignement secondaire du canton de Vaud en 1960 aux premiers pas de la Haute école pédagogique vaudoise en 2002. Loisirs et pédagogies, note 6 p. 313-314 ↩
  3. Bober, G. (2002 : 9). La formation des maîtres secondaires mise alors sur pied reposera sur trois principes :- conduire simultanément la formation pédagogique théorique et pratique;- enseigner aux maîtres débutants les didactiques propres aux différentes disciplines;- confier aux stagiaires un enseignement prolongé dont ils ont la responsabilité et qui leur permet de mieux voir l’ensemble des problèmes pédagogiques à maîtriser. ↩

Classé sous :Opinions&Réflexions

Accompagner les enseignants dans le cadre de la transformation numérique

20 octobre 2017 by Lyonel Kaufmann

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Jean-Marie Gilliot nous offre un très intéressant billet concernant les différents aspects à développer pour accompagner les enseignants dans le cadre de la transformation numérique. Pour lui, cet accompagnement est à la fois une question de numérique, de pédagogie, de démarche scientifique, et donc de développement de communautés …

Premièrement, il dresse le constat que

La transformation numérique relance la question de l’évolution du métier dans un cadre en changement, d’une évolution qui s’avère continue, notamment parce que le champ impacté par le numérique s’élargit d’année en année. Cette évolution du métier ne peut prendre sens que si elle est ancrée dans un cadre permettant d’orienter son action, un cadre qui est forcément celui de la pédagogie. De fait, ces deux premières dimensions nous amènent à intégrer également la démarche scientifique comme étant au cœur de cette évolution.

Dans ce cadre-la, il lui semble primordial et intéressant de s’appuyer sur les travaux menés dans le cadre des humanités numériques car

Les humanités numériques permettent de penser l’intégration du numérique dans l’évolution de la production et de la diffusion des savoirs et et à la fois l’évolution des sciences humaines et sociales. Le numérique est à la fois vu comme un nouveau champ d’étude (qu’est ce qui change par le numérique) et comme un vecteur d’évolution des démarches scientifiques (comment faire de la recherche avec le numérique). Les humanités numériques, en tant que trans-discipline nous posent la question de l’évolution des disciplines liées à la pédagogie (sciences de l’éducation, EIAH, …), i.e. comment l’apprentissage change par le numérique, et quelles nouvelles méthodes développer avec le numérique (par exemple l’analyse des données d’apprentissage ou « learning analytics »).

Concernant l’évolution des métiers intégrants le numérique et plus particulièrement donc l’évolution du métier d’enseignant, Jean-Marie Gilliot met en avant la question de la culture et de la littératie numérique qui transforment à la fois le métier d’enseignant et la manière dont on apprend (tant les profs que les élèves).

Il développe ensuite l’importance de la démarche scientifique et de la recherche dans le développement professionnel de l’enseignant. A ce propos, il salue la démarche SOTL (Scholarship Of Teaching and Learning), certes pas nouvelle, mais qui permet de « mettre en place une méthode professionnelle, réflexive, instrumentée sur ses pratiques d’enseignement allant jusqu’à la publication ».

Vient ensuite, pour Jean-Marie Gilliot, la place des nombreuses communautés qui tirent parti du numérique. Il cite autant la communauté des twictées ou de la classe inversée que l’université d’été Ludovia ou le réseau des Learning Labs. Il est important de souligner que les humanités numériques promeuvent les approches de science ouverte. Jean-Marie Gilliot poursuit alors avec un certain nombre de publications ouvertes (blog, fermes de blog, tribunes scientifiques et même MOOC). Il ajoute des sites ou réseaux coopératifs. Il termine son tour d’horizon par de nouvelles manières d’organiser des événements participatifs tels les MOOCamp, Hack’apprendre pour imaginer l’université en 2035, les Orphee Rendez-vous ou Edumix.

En conclusion, pour Jean-Marie Gilliot

Accompagner les enseignants à s’approprier les outils numériques doit sans aucun doute se prolonger par une invitation aux enseignants à intégrer les communautés s’intéressant à la pédagogie, à développer une littératie numérique en lien avec ces communautés, pour qu’ils puissent ensuite réinvestir les idées qu’ils auront collectées et les pratiques qu’ils auront développées avec leurs étudiants. La bonne nouvelle est que la démarche est proche de celle de la recherche, et que les évolutions visées correspondent également aux évolutions des pratiques des chercheurs. La transformation en cours nous invite donc à associer numérique, pédagogie et recherche.

Lire l’article : Accompagnement des enseignants dans le cadre de la transformation numérique

Image : Pixabay – CCO Creative Commons

Classé sous :Humanités Digitales, Opinions&Réflexions

Google investit 1 milliard de $ pour préparer les travailleurs à l’automatisation

14 octobre 2017 by Lyonel Kaufmann

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Il est minuit moins 5 pour l’école ! L’article ci-dessous d’Engadget doit nous rendre attentif aux enjeux qui nous attendent concernant les emplois de demain et la formation nécessaire pour y prétendre. L’enjeu est colossal plus particulièrement pour l’école.

Aux 19e et le 20e siècle, c’est l’Etat au travers de l’institution scolaire qui a eu la responsabilité et la charge de s’assurer et d’assurer l’intégration professionnelle, sociale et culturelle de chacune et chacun.

Par contre, rien ne nous dit, devant les changements de paradigmes économiques, sociaux et culturels en cours que demain ce sera encore le cas. Clairement, Google veut se poser en acteur majeur de la formation d’aujourd’hui déjà et de demain. On est proche de l’école disruptée ou uberisée.

Google pledges $1 billion to prepare workers for automation | Engadget

The ‘Grow with Google’ initiative can help people adapt with the changing nature of jobs.

Before we get worried about the possibility of a robot uprising, we probably have to worry about our jobs first. Yes, that includes me. Since machines could take millions of jobs the next few years, Google has launched a new initiative to help people in the US and around the globe learn new skills they can use to start a new career or to grow their business. Company chief Sundar Pichai has announced the project called « Grow with Google » at an event in Pittsburgh. He said that the tech titan understands « uncertainty and even concern about the pace of technological change » but that it believes « that technology will be an engine of America’s growth for years to come. »

The Grow with Google website houses several programs both teachers and students (of any age) can use. One of the most notable programs is a free Udacity scholarship in Android or web development for 50,000 individuals, even those with no prior experience. In addition, the Grow with Google initiative will be holding events across the US in the coming months to provide free training and demos provided by Googlers.

While the initiative’s offerings are for US residents, Google has also pledged $1 billion in grants to non-profits that also aim to help people prepare for the changing nature of work in an increasingly high-tech world. The big G isn’t the only tech giant aiming to prevent massive job losses brought about by automation and technology in general. In Michigan, Facebook also pledged $25.5 million in training the state’s workers for high-tech jobs.

Source : Google pledges $1 billion to prepare workers for automation | Engadget

Image : Pixabay (free)

Classé sous :Opinions&Réflexions

Quand le clavier remplace le stylo

4 octobre 2017 by Lyonel Kaufmann

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Face au problème de copies illisibles et au mécontentement de ses correcteurs, l’Université de Cambridge réfléchit à autoriser les étudiants à délaisser l’écriture manuscrite au profit de l’ordinateur pour les examens. La popularité des nouvelles technologies amorce le débat du passage au « tout-numérique ». Tour d’horizon sur la question à l’Université de Montréal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les réactions sont très contrastées.

Pour ma part, je compose ce billet à l’aide du clavier virtuel de mon iPad sans avoir l’impression et contrairement au professeur Jacques G. Ruelland, Professeur associé au Département d’histoire de l’Université de Montréal, qu’en utilisant le clavier je me rapprocherait de la bête… Allez savoir.

Lire l’article : Quand le clavier supplante le stylo | Quartier Libre

Crédit photo : Jèsybèle Cyr

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Léonora Miano : “Les Africains n’ont pas choisi la France. Elle leur est tombée dessus” – Bibliobs

30 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

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Prix Femina 2013, Léonora Miano s’est faite directrice d’ouvrage pour «Marianne et le garçon noir», recueil de textes qui s’interrogent sur le «grand dérangement que semble encore susciter la présence noire dans la France contemporaine». Dans un café parisien, elle raconte à Amandine Schmitt la genèse de ce projet né à la suite des affaires Théo Luhaka ou Adama Traoré, ces jeunes Noirs victimes de violences policières. En voici quelques extraits qui nous interpellent relativement à la question coloniale et à la ségrégationniste raciale.

Vous avez rédigé une introduction très forte dans laquelle vous soutenez que le comportement des forces de l’ordre à l’égard des hommes noirs est hérité du passé français.

La rencontre entre l’Europe moderne et les populations d’Afrique subsaharienne, qui commence au XVIe siècle, n’est pas amicale. Et c’est cette rencontre qui forge la catégorie noire, qui n’existait pas en tant que telle dans l’histoire de l’humanité. Si on remonte à la période antique, des gens de toutes couleurs, de toutes origines se sont fréquentés sans qu’il y ait jamais de hiérarchie. Ça devient un problème lorsqu’une Europe conquérante décide de s’approprier des espaces loin de chez elle. Pour justifier la violence qu’elle va exercer sur les autres peuples, il faut qu’elle invente des humanités inférieures à la sienne. C’est dans la douleur et la violence que la catégorie noire se crée. Il n’y a personne dans ces espaces en Afrique qui se définisse comme Noir. Ce n’est pas notre identité à la base. On devient Noir parce qu’il y a cette histoire.

C’est la matrice des comportements qui ont suivi. Beaucoup de violences ont été faites au corps puisqu’on avait décidé que ce corps n’était quasiment pas humain et on l’a traité comme tel. On est obligé de se raconter soi-même une certaine histoire pour assumer nos actes, sinon ils sont insupportables. C’est la spectaculaire dissonance cognitive qui a été celle d’un Occident chrétien qui savait bien, ce que je prétends qu’on sait toujours, que l’autre est un humain comme soi.

(…) Quand cinq policiers se mettent sur le corps d’un jeune homme de 25 ans, c’est qu’ils ont oublié que c’était une personne. Ça n’est possible que si on a en soi toutes ces images dont on n’a plus vraiment conscience tant elles ont été transmises par des biais divers.

Selon vous, les Français sont plus intéressés par les souffrances liées au racisme des Noirs aux Etats-Unis que par ce qui se passe sur leur propre sol. Comment l’analysez-vous?

C’est très simple. Outre la fascination que les Etats-Unis exercent sur la France, il y a le fait que l’expérience des Noirs là-bas n’est pas douloureuse pour la France. Il n’y a pas de culpabilité. Il y a certes beaucoup de souffrance, mais c’est un racisme dont la France est complètement innocente. Donc elle peut regarder ça et se dire: «Ohlala, quels sauvages ces WASP!»

Tandis que si on devait s’intéresser à l’expérience des Noirs en France, on tomberait très vite sur les méfaits de la France coloniale esclavagiste, et on n’en a pas envie. On parle de citoyens français qui ont la particularité d’être devenus Français parce qu’on a fait violence à leurs ancêtres. On aime bien faire la comparaison avec les immigrés italiens, portugais ou polonais, dont on dit qu’ils se sont mieux intégrés, mais ils ont choisi la France. Les Africains, pas tellement en fait. Elle leur est tombée dessus.

Source : Léonora Miano : “Les Africains n’ont pas choisi la France. Elle leur est tombée dessus”

Photo : Léonora Miano en marge de l’émission « Ce soir ou jamais, le 8 novembre 2013 (BALTEL/SIPA)

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Le Québec et l’industrie du jeu vidéo : l’exemple d’Ubisoft

2 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

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L’annonce vendredi par Ubisoft de son plus important plan de croissance au Québec en 20 ans permet de le remettre en contexte par rapport au développement de l’industrie du jeu vidéo au Québec, l’importance des revenus générés par cette industrie, la place et le rôle des soutiens gouvernementaux à la création d’emploi et de la formation attendue des élèves (secondaire et universitaire).

Image accompagnant l’annonce de la conférence de presse d'Ubisoft Québec Studio (http://quebec.ubisoft.com/fr/annonce-dubisoft/)
Image accompagnant l’annonce de la conférence de presse d’Ubisoft Québec Studio (http://quebec.ubisoft.com/fr/annonce-dubisoft/)

Vendredi après-midi, Ubisoft a annoncé qu’elle dévoilerait à Saguenay les détails de son plus important plan de croissance au Québec en 20 ans.. L’annonce serait de plus de cent millions de dollars canadiens pour le Saguenay (Source : http://www.lapresse.ca/le-quotidien/actualites/economie/201709/01/01-5129846-ubisoft-sinstalle-a-saguenay-plus-de-100-emplois-crees.php).

L’entreprise fondée en 1988 par les frères Guillemot est devenue un leader mondial du jeu vidéo avec un chiffre d’affaires qui a atteint pendant l’exercice 2016-2017 quelque 2,2 G$ (de 1 459,9 M€).

Les studios québécois d’Ubisoft dirigent le développement de certaines des plus grandes marques du groupe, dont Assassin’s Creed, Far Cry, WatchDogs, For Honor et Tom Clancy’s Rainbow Six. Ils permettent de tirer des revenus représentant 44,5 % du chiffre d’affaires d’Ubisoft.

Assassin’s Creed Origins – Trailer de gameplay : Jeux de pouvoir. Gamescom 2017 OFFICIEL. Assassin’s Creed Origins sortira sur Xbox One, PS4, PS4 Pro et PC le 27 octobre et dès la sortie de la Xbox One X.

Le journal Le Quotidien indique que les dirigeants d’Ubisoft Québec se sont déplacés en décembre dernier dans la région afin de rencontrer des représentants des cégeps de Jonquière, Chicoutimi et de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Selon les informations recueillies par le journal, les représentants de l’entreprise se sont intéressés aux programmes de formation existants dans la région dans le secteur informatique, en production ou postproduction audiovisuelle, programme d’études de cycles supérieurs en informatique, etc., ainsi que le nombre d’étudiants formés annuellement dans ces domaines spécialisés.

Au plan mondial, Ubisoft compte environ 12 000 employés répartis dans 98 pays, selon les données fournies dans le dernier rapport financier annuel.

Le gouvernement du Québec offre un crédit d’impôt qui peut atteindre 37,5 % des coûts de main-d’oeuvre pour la création d’emplois dans l’industrie des jeux vidéo, une mesure contestée au fil des ans et dont profitent des entreprises comme Ubisoft et Warner Bros, en outre. Le salaire moyen d’un travailleur de l’industrie se situe entre 80 000 $ et 120 000 $.

Ainsi en juillet dernier, Éric Boyko, PDG de Stingray, critiquait le soutien à l’emploi à des entreprises internationales au détriment de l’industrie numérique locale :

Le PDG Eric Boyko a lancé un cri du coeur hier en annonçant la création de 400 emplois d’ici cinq ans. « Est-ce qu’on peut arrêter de donner des crédits d’impôt multimédias à des entreprises étrangères ? »

La majorité des postes qui seront créés chez Stingray sont destinés à des ingénieurs en informatique. Or, il y a pénurie, souligne M. Boyko.

« Stingray se bat sans subvention contre des entreprises étrangères subventionnées qui font pression à la hausse sur les salaires et qui peuvent offrir plus de jours de vacances », lance Eric Boyko.

L’entrepreneur montréalais d’origine ukrainienne croit que le moment est venu pour le gouvernement du Québec de revoir sa stratégie.

«On n’a plus besoin des crédits d’impôt. C’était bon il y a 20 ans pour avoir un pôle. Mais là, le pôle est créé et il faut s’ajuster.»

Les emplois ainsi créés se feraient au détriment des industries locales, car le nombre de jeunes formés ne permettraient déjà pas de répondre aux besoins locaux de main-d’oeuvre (Source : http://affaires.lapresse.ca/economie/technologie/201706/17/01-5108505-recrutement-le-patron-de-stingray-denonce-le-credit-dimpot-pour-le-multimedia.php). Cet élément explique probablement les campagnes d’Ubisoft cherchant à attirer des professionnels formés au Québec ainsi que le montre la vidéo suivante de présentation de Québec et sa région et le texte qui l’accompagne:

Québec : Ville et région

Pour te convaincre de venir travailler chez Ubisoft Québec, on peut te parler de nos projets AAA d’envergure mondiale, notre grande famille de 450 experts ou bien nos espaces de travail déjantés! Par contre, si t’es pas encore convaincu, prends trois minutes pour découvrir la ville qui nous a vu grandir ⚡ Découvre nos postes à combler : http://bit.ly/Ubi-Career

Publié par Ubisoft Québec Studio sur lundi 24 avril 2017

Concernant le crédit d’impôt remboursable pour la production de titres multimédias, celui-ci a été instauré en 1996 afin de favoriser l’émergence et le développement de l’industrie du jeu vidéo au Québec. Aujourd’hui, le Québec est devenu le troisième plus important pôle de production de jeux vidéo au monde. Selon les chiffres du gouvernement québécois, l’industrie québécoise du jeu vidéo compte sur une main-d’oeuvre d’environ 11 000 personnes réparties dans près de 140 entreprises.

En 2014, Warner Bros. employait 400 personnes à Montréal et Ubisoft environ 2 900 (Source : http://fr.canoe.ca/techno/jeuxvideo/actualites/archives/2014/06/20140605-164210.html). Pour Ubisoft s’ajoute encore les 450 employés de leur studio de la ville de Québec fondé en 2005.

En juin de cette année, les calculs effectués par le journal La Presse mettaient toutefois en exergue à quel point les subventions du gouvernement canadien sont d’une importance critique depuis plus de 10 ans dans les bilans financiers de la compagnie.

Grâce aux indications des relevés financiers annuels d’Ubisoft, La Presse a établi que la compagnie d’Yves Guillemot n’aurait pas généré le moindre profit depuis plus de 10 ans sans le crédit d’impôt distribué par les gouvernements du Québec, d’Ontario et de Nouvelle-Écosse. Depuis l’exercice 2005-2006, Ubisoft a reçu dans les 545 millions d’euros à titre de crédit d’impôt, alors que le bénéfice net cumulé par l’entreprise depuis cette période s’élève à 434 millions d’euros. Autrement dit, son bilan lorsqu’on supprime les aides du Canada se transforme en une perte nette de 111 millions d’euros sur la décennie (Source : http://affaires.lapresse.ca/economie/technologie/201706/22/01-5110283-ubisoft-plus-de-credits-dimpot-que-de-profits.php).

Si le Québec n’est pas le seul à proposer des crédits d’impôts, ceux-ci jouent un rôle dans la concurrence fiscale internationale au plus grand bénéfice des multinationales du secteur. Ainsi, en France, l’Assemblée nationale a voté en novembre 2016 pour le relèvement du crédit d’impôt jeu vidéo de 20% à 30% et pour l’augmentation du plafond de 3 millions d’euros à 6 millions d’euros par entreprise.

Et à chaque fois, Ubisoft en bénéficie. Ainsi, l’entreprise touche des crédits de nature comparable en Ontario et en Nouvelle-Écosse, grâce à la présence de studios à Toronto et Halifax. Elle perçoit aussi des crédits d’impôt à la recherche et au développement. Ces derniers lui ont rapporté près de 10 millions de dollars en 2015-2016.

La décision française de novembre dernier confirmée en avril 2017, est à la base de la décision prise en avril par Ubisoft d’ouvrir d’ici ce mois un studio à Bordeaux, après Montreuil, Lyon, Montpellier et Annecy. Ce studio accueillera cinquante employés, dont dix seniors, en provenance des autres studios pour encadrer son lancement et son bon fonctionnement. La décision est d’autant plus significative qu’Ubisoft, 3e plus gros éditeur de jeux vidéo au monde, n’avait pas ouvert de nouveau studio en France depuis vingt ans.

Ce nouveau studio d’Ubisoft devrait profiter de sa proximité avec la formation aux métiers du jeux vidéo dispensée par l’Enjmin à Angoulême et de la nouvelle liaison TGV qui reliera Paris à Bordeaux en deux heures depuis juillet 2017.

Cette ouverture répond également aux critiques sur son manque de soutien à la production nationale. Après la décision prise par l’Assemblée nationale française en novembre 2016, Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, avait déjà annoncé le recrutement de 500 et 1 000 personnes supplémentaires au cours des dix prochaines années en France (Source : http://www.lepoint.fr/pop-culture/jeux-videos/pourquoi-ubisoft-ouvre-un-studio-de-jeux-video-a-bordeaux-21-04-2017-2121473_2943.php).

Le crédit d’impôt est donc un jeu gagnant tant au Québec qu’en France pour Ubisoft.

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L’Histoire peut-elle être neutre ? – VVS, la suite #2 – YouTube

20 juillet 2017 by Lyonel Kaufmann

Voilà une vidéo qui passe bien en cette période estivale entre un bon polar et la préparation de la rentrée.

Que l’été soit avec vous !

Classé sous :Opinions&Réflexions

Commémorations du 150e du Canada

2 juillet 2017 by Lyonel Kaufmann

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Le caricaturiste Pascal Elie résume fort bien, pour le journal Le Devoir, les interrogations, pour ne pas dire polémiques, entourant les commémorations du 150e du Canada.

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A utiliser en classe pour faire mener l’enquête par les élèves.

Source : journal Le Devoir, 1er juillet 2017 (https://twitter.com/LeDevoir/status/881112571570532354)

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Tags: Histoire Culture unhcr liberté Education civique réfugié game serious

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