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14-18 est pour beaucoup une guerre en noir et blanc. Ce site est bien là pour nous démontrer que non. En effet, il présente une série de photographies du conflit prises en couleur. Le site reprend les photographies de la bibliothèque Gallica de la BNF.
Archives pour février 2007
Publications récentes
Dieu versus Darwin : les créationnistes vont-ils triompher de la science ? de Jacques Arnould, Albin Michel, 318 pages
A lire devant les délires créationnistes (qui n’ont rien à voir avec la foi).
A lire aussi parce que Jacques Arnould est tout à la fois dominicain, théologien et historien des sciences.
À FEU ET À SANG. De la guerre civile européenne (1914-1945) d’Enzo Traverso, Stock, « Un ordre d’idées », 370 p.
Extrait du compte-rendu fait par Le Monde des Livres.
Relecture d’une époque qui plongea l’Europe dans le chaos, A Feu et à sang fait partie de ces livres sur le XXe siècle dont on devrait encore débattre dans les années à venir, à l’instar du Passé d’une illusion, de François Furet (1995), ou de L’Age des extrêmes, d’Eric Hobsbawm (1999).
Enzo Traverso, né en Italie en 1957, entend montrer que, derrière l’imaginaire de l’horreur aujourd’hui associé au siècle écoulé – des tranchées à Auschwitz -, se dissimule un univers fait d’expériences sociales, de visions du monde, d’idées, de combats et d’émotions – ainsi du sentiment d’apocalypse qui s’empare de la culture européenne après 1918. Le livre explore donc cet univers à travers le concept de « guerre civile », ici employé pour rendre compte des déchirures engendrées, à l’échelle du continent, par un enchevêtrement inédit de révolutions, de contre-révolutions et de génocides. Pour l’auteur, on ne comprend précisément rien à la « brutalisation » des sociétés européennes de l’entre-deux-guerres, abstraction faite de cette « symbiose entre culture, politique et violence » qui en façonne en profondeur les mentalités ; rien non plus à projeter les catégories de notre démocratie libérale sur un siècle qui aura produit Ernst Jünger et Antonio Gramsci, Carl Schmitt et Léon Trostki.
Par ailleurs, l’auteur en vient à récuser une autre lecture a posteriori qui tend à faire de l’antifascisme un « mythe ». A lire François Furet ou Annie Kriegel, l’antifascisme des années 1920 et 1930 se réduirait ainsi à une pure entreprise de propagande visant à élargir l’influence du régime soviétique et à cacher sa nature totalitaire. Si ce tableau contient une part de vérité, il n’en reste pas moins simpliste. D’abord parce que, « en se débarrassant de l’antifascisme, on risque d’effacer le seul visage décent que l’Italie a su donner d’elle-même de 1922 à 1945, l’Allemagne de 1933 à 1945, la France de 1940 à 1944 ». Par les temps qui courent, il n’est pas superflu de le rappeler.
Fondation et Fondation foudroyée d’Isaac Asimov. Traduction collective. Denoël « Lunes d’encre », 2 tomes, 960 p. et 1084 p., 29 € chacun.
Vers fondation Traduction collective. Omnibus, 896 p., 21 €.
Les livres d’anticipation d’Isaac Asimov ont bien plus bercé mon adolescence que la saga des Star Wars (Guerre des étoiles) de Georges Lucas ou du Seigneur des Anneaux de Tolkien.
En même temps, la série des Fondations est une magnifique Histoire du Futur, un monumental roman historique, qui commence dans un avenir très lointain.
Isaac Asimov invente d’ailleurs un intéressant concept, celui de a psychohistoire, qui prétend s’appuyer sur l’étude du passé pour prédire mathématiquement le sort de l’Univers à partir de la loi des grands nombres. Son personnage Hari Seldon, scientifique et père de cette discipline, fait ses calculs et arrive à la conclusion que l’Empire se meurt, et il n’est plus possible d’enrayer sa chute. S’écroulant sous son propre poids, il va immanquablement sombrer, ouvrant à l’humanité trente mille ans de ténèbres avant l’avènement d’un nouvel empire. Il fait alors établir aux confins de la galaxie une colonie de scientifiques, la Fondation, appelée à devenir le ferment de la renaissance. Au même moment, il fonde une deuxième Fondation, qui doit veiller, dans le plus grand secret, à l’exécution du Plan.
Le cours de l’histoire semble irréversible et le Plan infaillible… Jusqu’à l’irruption du Mulet, aberration génétique aux pouvoirs terrifiants, dont Seldon lui-même ne pouvait prévoir l’avènement. Un homme seul peut-il changer le cours de l’histoire ? Même mariée aux mathématiques, l’histoire du futur n’est pas une science exacte…
Délices : le cycle est traversé d’analogies et de réjouissants clins d’oeil historiques : ainsi, l’ultime sursaut de l’Empire est le fait d’un général surnommé « le dernier des Impériaux » qui finit éliminé par un empereur méfiant, lointain écho à Aetius, le Dernier des Romains, vainqueur d’Attila, qui mourut assassiné sur ordre de Valentinien III, jaloux de son prestige. Plus loin, la description d’une Trantor retournée à l’âge agraire, où des moutons paissent paisiblement au pied des ruines, rappelle furieusement les descriptions romantiques de la Rome du haut Moyen Age.
Les éditions Denoël ont l’heureuse idée de republier cette saga en deux volumes. A lire autant pour se remettre des AD d’histoire que pour être transporté dans une histoire mélangeant futur et passé !
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M078 – «Qu’en est-il de l’enseignement de l’histoire en Suisse-Alémanique ?» (06.02.2007)
Ce séminaire propose une réflexion sur la question de l’enseignement de l’histoire en Suisse Alémanique et en Suisse Romande. Les objectifs de notre présentation s’articulent autour d’une analyse par comparaison entre le cas du canton de St-Gall et celui du canton de Vaud. Après avoir exposer le cadre théorique, nous ferons lieux des similitudes et des différences entre le PEV et le Plan d’Etude St-Gallois, puis entre les différents manuels officiels ou les plus souvent utilisés. Nous développerons également l’analyse de deux sujets historique précis : La Suisse pendant la deuxième Guerre Mondiale et le Calvinisme.
Le canton de Vaud et celui de St-Gall ont-ils les mêmes préoccupations ? Ont-ils des visions différentes de l’histoire ? Qui sont les acteurs des décisions prises concernant les plans d’étude et les manuels? Quels sont les enjeux ? et enfin quel avenir concernant les manuels ? seront les questions qui alimenteront notre intervention.
Intervenantes : Sandrine Guy, Gabriela Stacher et Marina Kiriakopoulos
M078 – Planifier à moyen et long terme son enseignement de l'histoire (30.01.2007)
Résumé du séminaire de/par N. Weissbrodt, J. Liste et E. Rodrigues
La planification est un outil essentiel pour l’enseignant qui a le devoir de construire son enseignement dans le but d’organiser une progression dans l’acquisition de savoirs-faire, de compétences, de concepts et de notions. Ceci constitue un devoir institutionnel à la charge de l’enseignant qui se doit de pouvoir expliciter en tout temps les compétences qu’il exerce en classe. La planification doit être élaborée en fonction des compétences à exercer et non en fonction des thèmes et contenus à travailler.
La planification permet d’élaborer et de tester mentalement divers scénarios possibles et ainsi d’explorer plusieurs stratégies et tactiques afin de s’interroger sur les effets qu’elles pourraient avoir en classe (anticiper les effets). Après avoir envisagé plusieurs possibilités, il s’agit de faire un choix. La décision doit tenir compte des compétences que l’on cherche à développer chez les élèves, du contenu de la leçon et des ressources didactiques disponibles.
Selon Jackson (1968), les étapes de planification sont divisées en trois phases bien distinctes :
1) la phase préactive : rassembler les informations, explorer, délibérer, décider, rédiger.
2) la phase intéractive : s’ajuster sans perdre de vue l’objectif d’apprentissage.
3) la phase postactive : retour réflexif, évaluer les résultats avec objectivité, tirer profit de l’expérience.
Toutefois, un enseignant soucieux de faire progresser ses élèves n’arrête jamais de planifier, même s’il ne le fait pas toujours de façon systématique et explicite. La planification est une démarche continue.
Liens (05.02.2007)
- Randall Bytwerk, professeur au Calvin College, a compilé une impressionnante collection de ressources sur la propagande nazi (1933-1945) et de la RDA (1949-1989), incluant une collection de posters. Via http://www.opossum.ca/guitef/
Nuit et Brouillard, un lieu de mémoire

Je me rappelle une de mes camarades d’une autre classe complètement traumatisée non seulement par le visionnement du film, mais encore plus par le fait que l’enseignant avait fermé la classe à clé pour empêcher tout élève de sortir et les « obliger » à regarder le film !
Aujourd’hui, l’historienne Sylvie Lindeperg consacre une monographie à Nuit et Brouillard. Cet ouvrage -ainsi que le coffret commémoratif paru récemment- sera une lecture indispensable pour tout enseignant-e souhaitant utiliser ce film en classe. Le propos de l’ouvrage consiste à étudier le film comme un « lieu de mémoire » où se cristallisent les tabous d’une société. Tabou de la collaboration, d’abord, avec ce fameux képi appartenant à un gendarme français, que la censure obligea Resnais à gommer sur une photo du camp de Pithiviers. Tabou du génocide, aussi. Le film témoigne d’une époque où la figure du « déporté résistant » tendait à occulter la singularité de la déportation raciale. Bien que les images relatives à la Shoah y soient nombreuses, le mot « juif » n’est prononcé qu’une seule fois dans le commentaire. Pourtant des générations d’enseignant-e-s l’ont utilisé et l’utilisent en classe pour traiter de la destruction des Juifs d’Europe…
Chaque enseignant-e pourra également lire la fiche pédagogique de présentation du film réalisée par Daniel Letouzey (comme toujours ton travail est de qualité mon cher Daniel !): « J’ai vu Nuit et brouillard »
« NUIT ET BROUILLARD ». Un film dans l’histoire de Sylvie Lindeperg. Odile Jacob, 288 p.
Complément – Mise à jour (08.02.2007)
Daniel Letouzey a complété sa page relative à Nuit et Brouillard avec une présentation de l’ouvrage de Sylvie Lindeperg et un message publié sur la liste H-Français. C’est par ici.
Complément – Mise à jour (04.03.2007)
Merci à Daniel Letouzey pour le message et les précisions suivantes :
« J’ai ajouté à la page sur Nuit et Brouillard l’entretien pour l’ENS Ulm, à faire écouter à ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter et de lire l’ouvrage. Elle y insiste sur la centralité d’Auschwitz et de Birkenau. »
Pour accéder directement à l’entretien de l’ENS Ulm : « Les entretiens de la Diffusion des savoirs ».
A noter également que j’ai corrigé le lien puisque précédemment je renvoyais à l’ancien site de Daniel Letouzey. Le cas échéant, vous pourrez ainsi corriger vos favoris.
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