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Cours d’introduction à l’histoire économique pour des économistes. Le cours s’appuie sur une liste de textes (certains sont mis en lien), sur des éléments de débats historiques et sur une bibliographie fort intéressante en histoire économique.
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Grande Dépression et New Deal : 1. Comment ce sujet est-il traité par l’histoire scolaire?
Dans la mesure également où l’activité éditoriale de ce blog fonctionne au ralenti, je vais comme dans la presse instituer une série de l’été. Cette série sera aussi l’occasion de suivre les étapes de ma réflexion lors de la préparation d’un sujet.
Je vous propose de suivre ma réflexion relative au sujet sur la Grande Dépression et le New Deal. Vos commentaires sont en tout temps les bienvenus.Dans le cadre de la préparation d’un sujet en histoire, deux choses me paraissent importantes dans une première phase exploratoire :
– la manière dont le sujet est généralement traité dans le domaine scolaire;
– l’état de la situation historiographique relativement au sujet choisi.Ce sont les deux premiers éléments de toute transposition didactique digne de ce nom.
Le traitement scolaire de la la crise des années 1930 forme le premier épisode de notre série de l’été : La Grande Dépression et le New Deal.
Concernant la place du sujet dans les programmes scolaires, il s’agit, me concernant, de comprendre quel rôle l’histoire scolaire a cherché, cherche à lui faire jouer et de prendre de la distance pour en apprécier la pertinence à l’aide de l’état de la recherche. C’est la meilleure manière, pour moi, de sortir soit du récit national, soit des discours de l’évidence.
Bien évidemment, l’historiographie sur le sujet est un élément jouant un rôle clé dans cette mise à distance. De plus, j’escompte que l’historiographie me permette de trouver une ou plusieurs problématiques qui pourront être travaillées par les élèves.

La salle des exchange après le Krach
1930-67B: The trading floor of the New York Stock Exchange just after the crash of 1929. (public domain)
Image source: http://www.ecommcode2.com/hoover/research/photos/images/1930-67B.gif
L’enseignement de la Grande Dépression et du New Deal : état de situation
Tout d’abord, je ne pensais pas directement traiter de la Grande Dépression et du New Deal, mais de la crise économique des années 1930. Dans ce cadre-là, le New Deal aurait représenté un des sujets développés. D’autant que j’avais lu avec intérêt les propositions de Daniel Letouzey (Roosevelt et le New Deal).
Concernant la crise économique des années 1930 ainsi qu’elle est traitée au niveau secondaire I (élèves de 15-16 ans), une première constatation s’impose : ce sujet n’est pas traité pour lui-même dans le programme de 9e année. Premièrement, il figure généralement dans l’ensemble fourre-tout de l’entre-deux-guerres. Il prend place dans une double histoire causale conjointe : en premier lieu de la montée du nazisme en Allemagne et plus généralement des fascismes en Europe; en second lieu de la marche vers la deuxième guerre mondiale.
Dans ce cadre-là, le New Deal intervient pour mettre en évidence la solution démocratique et réformant le modèle libéral par rapport à la solution de l’Allemagne nationale-socialiste. Pour sa part, le Krach de Wall Street sert lui d’élément déclencheur (et spectaculaire), comme l’attentat de Sarajevo, à la crise des années 1930. Il forme un événement-évidence qui n’est jamais questionné.
Concernant la situation en France, Daniel Letouzey (Roosevelt et le New Deal) formule un constat guère plus réjouissant :
«Le New Deal, un moment très important dans l’histoire des Etats-Unis, fait partie des questions qui ont été abandonnées en chemin par l’histoire scolaire. Cette situation pourrait nourrir une intéressante étude de cas sur les choix de contenus opérés par les concepteurs des programmes. Ces choix dépendent de nombreux facteurs, notamment de l’évolution de la recherche historique (le triomphe récent de l’histoire culturelle aux dépens de l’histoire sociale), du contexte politique et idéologique… Ainsi, les instructions actuelles qui écrivent, à propos des » transformations de l’âge industriel » : » le phénomène majeur est la croissance économique » laissent peu de place à l’étude de » la catastrophe collective » décrite par Russell Aven (cf Jean Heffer La grande dépression, les EU en crise, Archives Gallimard).» (introduction de Daniel Letouzey relativement à sa page sur le New Deal)
En résumé, dans tous les cas, la crise de 1930 ou le New Deal ne sont pas étudiés pour eux-mêmes dans les programmes scolaires. Cela vient peut-être aussi des difficultés rencontrées par les enseignant-e-s relativement à un enseignement de l’histoire économique. Cependant, le développement d’une histoire culturelle relativement à la Grande Dépression et au New Deal offre la possibilité d’un renouvellement du sujet enseigné et d’un sujet à enseigner pour lui-même.
Ce sera l’objet du deuxième épisode de notre série : La Grande Dépression et le New Deal : 2. Que nous dit l’historiographie?
Liens (30.07.2007)
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Transatlantica est une revue biannuelle (janvier-juin, juillet-décembre) à comité de rédaction indépendant . Elle veut être un lieu de débat et de publication pour l’ensemble des études américaines, sans exclusive.
Liberty, Equality, Fraternity
« La Bastille dans let premiers jours de sa démolition, le 20 julliet 1789 »
Source: © Photothèque des Musées de la Ville de Paris/Joffre/Degraces « La Bastille dans let premiers jours de sa démolition, le 20 julliet 1789 » (Ref. 9 CAR 1493). Huile sur toile (77×114 cm)
Le site américain Liberty, Equality, Fraternity propose un ensemble de médias fort intéressants (images, textes, cartes, chansons, frise chronologique) en lien avec la Révolution française. Au total, le site regroupe plus de 600 sources (documents primaires) en collaboration avec le Center for History and New Media (George Mason University) et l’American Social History Project (City University of New York), avec le soutien de la the Florence Gould Foundation et du National Endowment for the Humanities.
Pour replacer ces images dans le contexte révolutionnaire, douze thèmes sont présentés et développés tel les causes sociales de la Révolution, les femmes et la révolution, les chants révolutionnaires, l’héritage révolutionnaire ou la guerre, la terreur et la résistance à la révolution.
Les textes, cartes et chansons sont en anglais et pourraient être utilisés pour un enseignement bilingue ou en lien avec un enseignement en anglais. Pour les images, elles forment un ensemble de 245 images, présenté ainsi par le site:
« Below you can browse through a list of 245 images included in Liberty, Equality, and Fraternity. The largest number are political cartoons. But we also include paintings and images of artifacts such as fans and buttons. The images are drawn from many repositories, but particularly from the Museum of the French Revolution in Vizille in southwest France and Olin Library at Cornell University. An essay on how to read images provides useful background ».
Dans une perspective pédagogique, le site propose aussi tout un travail sur « Comment regarder les images » (« How to read images« ) qui intéressera les enseignant-e-s et leurs élèves. Ainsi à la deuxième page de ce travail, l’auteur aborde la question suivante : «How could an engraver or a painter make the viewer realize that a particular event had a specifically revolutionary character?» (Comment un graveur ou un peintre peut-il amener le spectateur qu’un événement particulier a des caractéristiques révolutionnaires?). En outre, pour faciliter le travail des enseignant-e-s et des élèves, un choix a été effectué relativement aux images pour en pré-sélectionner plus particulièrement quarante-deux (Imaging the French Revolution).
A ce sujet, il est à noter que c’est essentiellement la face violence jumelée à celle de la remise en cause de l’ordre social (exécution du roi ou de Marie-Antoinette) qui sont mises en avant : »(On lira avec intérêt l’article de Casey Harison The French Revolution on Film: American and French Perspectives dans «the History Teacher.») »: En cela, le dossier se rapproche quelque peu de la vision « burkienne » (et donc réactionnaire) de la révolution française [Edmund Burke (1790). Réflexions sur la Révolution de France] A moins que cela soit une manière de mettre en évidence la différence fondamentale entre la guerre d’Indépendance des Etats-Unis et la Révolution française. En effet, pour Howard Zinn, alors que la révolution française est une révolution populaire remettant en cause l’ordre social établi, l’Indépendance des Etats-Unis est un mouvement indépendantiste conduit par des aristocrates fortunés (Blancs, anglo-saxons, fortunés et conservateurs), cherchant à maintenir ses privilèges et sa domination sur les autres composantes sociales (classes populaires, Noirs, Indiens…). [Zinn H. (2004). Une histoire populaire des Etats-Unis. De 1492 à nos jours. Paris: Editions AGONE, 812 pages]
D’un point de vue didactique, cet ensemble de sources historiques s’intègre à une démarche didactique et pédagogique permettant aux élèves de construire leur connaissance et compréhension historique à l’aide de sources à l’image de l’historien. Un des chevaux de bataille d’une partie des didacticiens en histoire américain.
Mes remerciements vont au site revolutionfrancaise.net pour m’avoir fait découvrir ce site.
Liens (26.07.2007)
- Dictionnaire des citations politiques – (c) Damien Bégoc
Dictionnaire des citations politiques de Damien Bégoc (version en ligne): 1275 citations de toutes tendances, 400 auteurs français ou étrangers, contemporains ou classiques, index de 720 mots-clés et 4600 entrées.
Liens (25.07.2007)
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TV5.org – Tour de France – mémoire du tour (1954-1997)
TV5 a compilé ses archives de la télé publique concernant le Tour de France De 1954 à 1997. Il s’agit de courtes séquences de ce qui a été diffusé durant le journal télévisé à différentes époques. Dans le contexte actuel du cyclisme et du Tour de France, il n’est pas inintéressant de relier le Tour de France avec du cyclisme, ses liens avec les médias et la ferveur populaire qu’il génère. On peut même envisager de travailler sur l’histoire du dopage…
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Cette page présente très simplement et efficacement les principes d’un objectif pédagogique à partir de la taxonomie de Bloom. Des exercices sont également prévus au terme de la présentation.
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La page du site des Parcours diversifiés consacré à la définition des objectifs pédagogiques tout en dépassant la simple reprise des niveaux élaborés par Benjamin Bloom. S’ouvre aussi à la question des compétences transversales.
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Vidéos du débat en ligne organisé par Youtube et CNN avec les candidats démocrates à l’élection présidentielle américaine de 2008.
Liens (24.07.2007)
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Le colloque international « Traces de 14-18 » (Rémy Cazals éditeur) a été organisé par l’association « Les Audois » et par les Archives départementales de l’Aude. Les contributions s’articulent autour des questions des témoignages de poilus, des médias (presse, littérature, cinéma), des blessures et des prolongements (tel la place de Verdun dans la mémoire nationale française).
Liens (21.06.2007)
- Histoire@Politique (directeur publication Jean-François Sirinelli) est une nouvelle revue consacrée à l’histoire politique. Son premier numéro est consacré au Femmes et au pouvoir. Cette revue s’inscrit dans le renouvellement de l’histoire politique.
- Compte-rendu par Jean-Jacques Becker de l’exposition consacrée au journal le Miroir et à sa couverture de la Grande Guerre. Comme le dite Becker ce journal « fait partie des légendes de la Grande Guerre ». Utile mise en perspective d’un journal en guerre.
- Compte-rendu de l’exposition sur «L’Événement, les images comme acteurs de l’histoire» (16.01-01.04.2007). Les historiens venus de champs différents n’ont pas cherché à produire un récit iconographique d’une histoire universelle, mais ont souhaité dévoiler « un peu de notre culture de l’événement depuis un siècle et demi » à travers ces « grands motifs » présentés de manière non-chronologique (la bataille militaire, l’attentat terroriste, les progrès sociaux, la fin des symboles, l’exploit technique).
- De la guerre de John Lynn fait partie de ces livres, de l’« après 11-Septembre ». Il est à lire comme une tentative de rationalisation d’un traumatisme. « Nous savons tous où nous étions quand c’est arrivé », écrit l’auteur en ouverture de son dernier chapitre. Dans celui-ci, il dénonce clairement la réponse de Georges Walker Busch à l’attentat de 2001 et constate la catastrophe stratégique de la guerre actuelle menée en Irak. Par ailleurs, il insiste à plusieurs reprises sur une assimilation nécessaire du terrorisme à la guerre, au moins pour établir des conventions. Seules ces conventions pourraient, d’après l’auteur, « encadrer » et « limiter » la violence de la campagne anti-terroriste.
- Perspective Monde (Université de Sherbrooke) propose de mieux comprendre le monde après 1945 à l’aide notamment de cartes et de statistiques démographiques et économiques.
- Quelle histoire coloniale au Bac ? s’interroge Michel Bernard en comparant le texte et les questions proposées. Le choix de la version, l’absence du discours de son contradicteur, l’orientation des questions induisent les candidat-e-s en erreur.
Liens (17.06.2007)
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L’Abécédaire de l’esclavage des Noirs, publié en septembre 2006, est destiné à tous les publics. Il a été élaboré avec une pensée toute particulière pour les collégiens et lycéens qui seraient amenés à faire des recherches sur la thématique de l’esclavage et de son abolition.
La Révolution vaudoise revue et corrigée

Image de couverture de l’ouvrage : Montage à partir d’imageries révolutionnaires:
Eau-forte, de B.-A. Dunker (1746-1807), et sceau de l’Assemblée provisoire de 1798.
Pour l’histoire officielle et l’imagerie scolaire, l’ordre politique induit par la Révolution vaudoise fut instauré sans les ruptures spectaculaires et violentes de la française qui l’inspira.
Deux étudiants en lettres de l’UNIL, Raphaël Rosa et Matthias Bolens, viennent de publier en un volume leurs travaux respectifs sur les artisans principaux de ce nouveau système républicain.
Dans Les représentations identitaires vaudoises sous l’Helvétique, Matthias Bolens centre son travail sur la refonte de l’identité vaudoise par l’élite bourgeoise. Soucieux de tempérer la démocratie, ils développent des mythes identitaires (les Alpes, Tell, Davel, etc.) afin d’insérer leur Révolution «dans le cours normal de l’histoire et du progrès». L’imagerie et les chants révolutionnaires sont également adaptés tels la Carmagnole, la Marseillaise. Tout ceci fonde un patriotisme cantonal.
Pour sa part, l’étude de Raphaël Rosa (Populace ou peuple souverain?) met en évidence la manière dont l’oligarchie bernoise est remplacée par une élite locale de notables qui occupaient déjà des fonction sous l’égide bernoise et qui ne souhaitaient nullement une remise en cause de l’orde social existant. En effet, s’ils ont oeuvré à l’abolition des droits féodaux, ils étaient, dit Raphaël Rosa, «issus de la bourgeoise urbaine, de l’artisanat et du négoce», mais leur idéal d’égalité et de liberté ne les poussa pas, par exemple à redistribuer les richesses notamment, comme ce fut le cas outre-Jura, dès août 1792.
Et leur tâche en fut facilitée, car les moins nantis des Vaudois ne criaient pas famine.
Raphaël Rosa (Populace ou peuple souverain?) et Matthias Bolens (Les représentations identitaires vaudoises sous l’Helvétique). Bibliothèque historique vaudoise, 2007, 320 p.