- Randall Bytwerk, professeur au Calvin College, a compilé une impressionnante collection de ressources sur la propagande nazi (1933-1945) et de la RDA (1949-1989), incluant une collection de posters. Via http://www.opossum.ca/guitef/
Nuit et Brouillard, un lieu de mémoire

Je me rappelle une de mes camarades d’une autre classe complètement traumatisée non seulement par le visionnement du film, mais encore plus par le fait que l’enseignant avait fermé la classe à clé pour empêcher tout élève de sortir et les « obliger » à regarder le film !
Aujourd’hui, l’historienne Sylvie Lindeperg consacre une monographie à Nuit et Brouillard. Cet ouvrage -ainsi que le coffret commémoratif paru récemment- sera une lecture indispensable pour tout enseignant-e souhaitant utiliser ce film en classe. Le propos de l’ouvrage consiste à étudier le film comme un « lieu de mémoire » où se cristallisent les tabous d’une société. Tabou de la collaboration, d’abord, avec ce fameux képi appartenant à un gendarme français, que la censure obligea Resnais à gommer sur une photo du camp de Pithiviers. Tabou du génocide, aussi. Le film témoigne d’une époque où la figure du « déporté résistant » tendait à occulter la singularité de la déportation raciale. Bien que les images relatives à la Shoah y soient nombreuses, le mot « juif » n’est prononcé qu’une seule fois dans le commentaire. Pourtant des générations d’enseignant-e-s l’ont utilisé et l’utilisent en classe pour traiter de la destruction des Juifs d’Europe…
Chaque enseignant-e pourra également lire la fiche pédagogique de présentation du film réalisée par Daniel Letouzey (comme toujours ton travail est de qualité mon cher Daniel !): « J’ai vu Nuit et brouillard »
« NUIT ET BROUILLARD ». Un film dans l’histoire de Sylvie Lindeperg. Odile Jacob, 288 p.
Complément – Mise à jour (08.02.2007)
Daniel Letouzey a complété sa page relative à Nuit et Brouillard avec une présentation de l’ouvrage de Sylvie Lindeperg et un message publié sur la liste H-Français. C’est par ici.
Complément – Mise à jour (04.03.2007)
Merci à Daniel Letouzey pour le message et les précisions suivantes :
« J’ai ajouté à la page sur Nuit et Brouillard l’entretien pour l’ENS Ulm, à faire écouter à ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter et de lire l’ouvrage. Elle y insiste sur la centralité d’Auschwitz et de Birkenau. »
Pour accéder directement à l’entretien de l’ENS Ulm : « Les entretiens de la Diffusion des savoirs ».
A noter également que j’ai corrigé le lien puisque précédemment je renvoyais à l’ancien site de Daniel Letouzey. Le cas échéant, vous pourrez ainsi corriger vos favoris.
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M078 – Différencier en histoire (09.01.2006)
Organisation de la présentation du séminaire
1. Introduction historique
– Créée au 19e siècle.
– Liée aux réformes du système éducatif (reconnaissance de l’élève en tant que personne à part entière).
2. Pédagogie différenciée
Théorie
– Permet aux élèves d’apprendre selon leur propre itinéraire
– S’organise à partir de leurs différences : cognitives, socioculturelles, psychologiques
Objectifs
– Lutter contre l’échec
– Apprendre à partir du niveau initial de l’élève
– Améliorer les relations élève-enseignant, enrichir l’interaction sociale, apprendre l’autonomie.
– Différencier les méthodes d’enseignement
Conditions de mise en œuvre
– Le travail d’équipe
– La concertation
– La gestion souple de l’emploi du temps
– L’information régulière des partenaires
Organisation de la séquence de pédagogie différenciée
– Fixer les objectifs
– Préciser les limites de la séquence
– Organiser le contenu de la séquence
– Effectuer l’évaluation bilan
3. Intelligences multiples et styles d’apprentissage
4. Deux méthodes de différenciation
– Successive
– Simultanée
5. Les possibilités de différenciation
– Varier les contenus, les processus, les productions et les structures
6. Le rôle de l’évaluation
7. Travail en groupe sur la construction d’une séquence
8. Conclusion
– Difficultés de la mise en place de la pédagogie différenciée
En annexe : deux documents utilisés par vos camarades durant cette séance (format .doc) :
Liens (19.01.2007)
- Un itinéraire relatif à l’esclavage et la traite négrière en trois parties : 1° L’esclavage de l’Antiquité à la Renaissance; 2° L’esclavage et la traite négrière du XVIIe au XIXe siècle; 3° L’esclavage à l’île Bourbon (XVIIe-XIXe siècle).
- Site d’un enseignant organisé autour de tableaux et images patrimoniales. On y trouve des analyses de docs et des activités à réaliser par les élèves. L’absence d’indication de copyright rendent malheureusement le site inutilisable avec les élèves
- L’Académie de Versailles propose des ressources relatives au travail personnel des élèves en classe et à la maison pour les aider à apprendre l’histoire et la géographie. Docs de qualité inégale.
Enseigner les questions sensibles du XXe siècle (janv. 2006)
Un séminaire sur l’enseignement des « questions sensibles » s’est tenu à Paris les 14 et 15 décembre 2005, organisé conjointement par le Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère de l’Education Nationale. Ce séminaire a délimité, pour la France, les questions « sensibles » aujourd’hui relativement à l’enseignement de l’histoire:
– la Shoah,
– la colonisation (et la décolonisation)
– la traite et l’esclavage.
Le but assigné à ce séminaire était une approche concrète des questions sensibles : il s’agissait de réfléchir à l’enseignement, et particulièrement à la mise en œuvre pédagogique des questions sensibles.
L’objectif du séminaire est, d’une part, dedresser un état des lieux de cette « sensibilité » au niveau national et européen avec l’appui de l’enquête menée par l’A.P.H.G. ; d’autre part, il faut aborder et confronter de façon concrète les pratiques des enseignants sur ces « questions ». Ce qui a été résumé par M. Wirth en cette triple question : « comment dire, comment faire, quelles pratiques » ?
Ressources à explorer :
– Educsol : Actes du séminaire national : « Quelles pratiques pour enseigner des questions sensibles dans une société en évolution?
– Académie de Toulouse – Enseigner les questions sensibles, ainsi que Enseigner Auschwitz et les génocides
du XXème siècle
– Le BEFFROI, « Enseigner les questions sensibles dans une société en évolution »
– Enjeux contemporains de l’enseignement en histoire-géographie (INRP)
– Par rapport à la Suisse et 39-45, il est possible de consulter le site droitshumains.org: La Suisse, le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale.
Tâches :
– Explorer les ressources présentées ici de telle sorte de pouvoir répondre à la question :
- quelles sont les éléments qui rendent l’étude d’un sujet sensible ?
- quelle attitude dois-je adopter comme enseignant-e dans leur traitement en classse, comment procéder?
- parmi les sujets présentés et en rapport avec la situation de l’enseignement de l’histoire en France, lesquels sont également des sujets d’enseignement sensibles dans une classe de Suisse romande?
- quels seraient d’autres sujets propres à l’enseignement de l’histoire en Suisse romande (canton de Vaud) et à un contexte local qui entreraient dans la définition de « questions sensible »?
– Répondre à ces questions au moyen d’un commentaire associé à ce billet.
Liens (12.01.2007)
- L’exposition présente cinq événements de l’époque contemporaine, soit du milieu du XIXe siècle à nos jours, montrant à travers une typologie comment l’événement se définit pour générer un « moment historique ».
Ce soir les Dieux grecs pleurent J.-P. Vernant…

Jean-Pierre Vernant en 2003 (Sipa)
« le vrai courage, c’est, au-dedans de soi, de ne pas céder, ne pas plier, ne pas renoncer. Etre le grain de sable que les plus lourds engins, écrasant tout sur leur passage, ne réussissent pas à briser ». Jean-Pierre Vernant (1914-2007)
Ce soir les Dieux pleurent Jean-Pierre Vernant… et nous aussi.
L’été passé avait eu le mauvais goût de nous priver de Pierre Vidal-Naquet -ainsi que de Jacques Ozouf. Avec la disparition de Jean-Pierre Vernant, c’est un autre grand historien helleniste qui nous quitte à 93 ans. En y associant M. I. Finley, ce trio a profondément revisité l’histoire de la Grèce ancienne post 1945. Il la dépoussière et Jean-Pierre Vernant en s’intéressant aux mythes et Dieux grecs (Mythe et pensée chez les Grecs en 1965) se donne comme programme :
« de se faire grec au-dedans de soi »
En ce début des années 1960, Jean-Pierre Vernant et d’autres de ses collègues débattent deux fois par semaine de grands problèmes tels que le pouvoir, la guerre ou les Dieux. Ils inventent les règles d’un comparatisme nouveau et fondent, à la suite de leur maître Louis Gernet, l’anthropologie historique.
Mais —ainsi que le prouve la citation mise en exergue et comme avec Pierre Vidal-Naquet ou Marc Bloch, Jean-Pierre Vernant symbolisait aussi l’historien engagé dans la Cité. Comme le rappelle, le journal Le Monde dans son hommage à Jean-Pierre Vernant, ce dernier était un antimilitariste engagé dans la Résistance avec son frère sitôt ou presque l’armistice signé (Un antimilitariste en Résistance). D’autant plus remarquable que militant communiste, il ne suit pas les ordres de Moscou qui alors a signé un pacte de non-agression avec Hitler (pacte gemano-soviétique). Ainsi à partir dès la fin de 1940, Jean-Pierre Vernant sonde les milieux toulousains pour organiser la résistance et, à partir de 1942, Le Monde nous apprend que
« Tout en exerçant son métier d’enseignant, il organise coups de main, sabotages et transports d’armes. […] Au printemps 1944, il dirige les Forces françaises de l’intérieur au niveau départemental. Après le 6 juin, il prend le maquis et prépare, en liaison avec Serge Ravanel, la libération de Toulouse. Le 19 août, il y entre à la tête de ses hommes. Fin septembre, il est chef FFI de la région R4. » (Jean-Pierre Vernant, grand résistant et helléniste, est mort – Le Monde – 10.01.2007)
Biographie sélective (proposée par le journal Le Monde)
Chez Maspero : Mythe et pensée chez les Grecs (1965) ; Mythe et société en Grèce ancienne (1974) ; Religion grecque, religions antiques (1976) ; Religion, histoires, raisons (1979).
Chez d’autres éditeurs : Les Origines de la pensée grecque (PUF, 1962) ; La Mort dans les yeux (Hachette, 1985) ; L’Individu, la mort, l’amour (Gallimard, 1989) ; Mythe et religion en Grèce ancienne (Seuil, 1990) ; L’Univers, les dieux, les hommes. Récits grecs des origines (Seuil, 1999).
Les Mémoires : Entre mythe et politique (Seuil, 1996) et La Traversée des frontières (Seuil, 2004).
Avec Pierre Vidal-Naquet : Mythe et tragédie en Grèce ancienne (tome 1 : éd. Maspero, 1972 ; tome 2 : La Découverte, 1986) ; Travail et esclavage en Grèce ancienne (Complexe, 1988).
Avec Marcel Détienne : Les Ruses de l’intelligence (Flammarion, 1974) ; La Cuisine du sacrifice en pays grec (Gallimard, 1979).
Sous la direction de Jean-Pierre Vernant : L’Homme grec (Seuil, 1993) ; Mythes grecs au figuré, de l’Antiquité au baroque
(Gallimard, 1996).
Webographie succincte (merci à Daniel Letouzey, via la liste H-Francais )
– France-Culture
une émission spéciale
dimanche 14 janvier de 16h à 22h
Choix de sites internet, biblio…
http://www.radiofrance.fr
– La mythologie…
http://www.lexpress.fr/info
– dans Wikipedia, une bio à étoffer,
une biblio plus conséquente :
http://fr.wikipedia.org/wiki
http://www.college-de-france
http://www.ordredelaliberation
A lire aussi un très beau portrait-témoignage de la République des Livres de Pierre Assouline Pour saluer Jean-Pierre Vernant
Historiographie de la Terreur (Révolution française)
La rubrique Dossiers propose sur un événement, un thème et/ou un acteur majeur de la Révolution française une liste raisonnée et réactualisée de liens vers des articles et des renvois en ligne dispersés dans différentes rubriques du site. Lire la suite
Dans la gamme diversifiée des travaux lexico-sémantiques sur les discours de la Révolution française, les études d’Annie Geffroy (1) et de Gerd van den Heuvel (2) retracent l’histoire du mot terreur pendant la décennie révolutionnaire. L’analyse de discours ouvre à une approche plus événementielle et plus historique des usages de ce mot en se centrant présentement sur l’émergence de l’expression « la terreur à l’ordre du jour » le 30 août 1793 au Club des Jacobins, et sur son devenir jusqu’à la première défaite du mouvement populaire avec l’arrestation des dirigeants cordeliers en mars 1794. Nous nous proposons donc de préciser le contexte discursif de formation de cette expression pendant l’été 1793, puis de suivre sa propagation au cours l’automne 1793 et de l’hiver 1793-1794 en essayant dans le même temps d’en situer les enjeux politiques. Lire la suite

George Cruikshank. Caricature hostile à la Révolution française, 1819
- Alphonse Aulard, Jean Jaurès et l’historiographie républicaine de la terreur – Textes
Alphonse Aulard considère, dans le passage de son Histoire politique de la Révolution française reproduit ci-dessous, que l’on ne peut pas parler de « système de terreur » en l’an II, mais qu’il a bien existé un « régime de terreur », tout particulièrement au moment où « le mot de Terreur fut employé usuellement pour désigner un moyen de gouvernement », c’est-à-dire à partir de la mise à l’ordre du jour de la terreur le 5 septembre 1793. Ainsi « dans la politique gouvernementale, surtout dans les discours, la terreur fut bien à l’ordre du jour pendant quelque temps ». Lire la suite
On peut aussi signaler en regrettant de ne pas être sur Paris :
Séminaire de Master de Marc Belissa (HHIM209), Université Paris X-Nanterre, Jeudi 13h30-15h30 salle D 202 (bâtiment D, 2e étage)
On étudiera dans ce séminaire la dimension extérieure de la Révolution française entre 1789 et 1800 : ses conséquences européennes et mondiales, sa politique extérieure. On s’intéressera en particulier aux mouvements révolutionnaires ou patriotiques en Europe et en Amérique pendant cette période. On insistera sur l’historiographie, les sources et les méthodes pour l’étude de la période révolutionnaire en France et en Europe. Lire la suite
Liens (05.01.2007)
- xqcm est une application d’entraînement à la réalisation de Questionnaires à choix multiples (QCM). Intéressant relativement à la démarche qu’il adopte ainsi que pour les références auxquelles ce site renvoie. Un indispensable pour Jean-Benoît C
- Compte-rendu de Robert Paxton relativement à l’ouvrage de synthèse d’Olivier Wierviorka sur le débarquement de Normandie. L’ouvrage de Wierviorka remettra en perspective des films comme « Le jour le plus long » ou « Il faut sauver le soldat Ryan ».
Voltaire : le premier blogueur
15 284 lettres occupant treize volumes de la Pléiade.
Les sujets ? un crime à punir, un conseil à donner, une guerre qui tue quelque part, trois bidets à commander quand la mode les réclame.
Des lettres qui circulent dans toute l’Europe et que l’on s’arrachent.
Voltaire, gravure de Baquoy
Wikipedia – Image du domaine public
Telle est la correspondance de Voltaire telle qu’elle nous est présentée par Le Nouvel Observateur dans son dernier numéro (consultation réservée aux abonnés ou payante) de l’année 2006.
A cet aulne, Voltaire fait ainsi figure de premier blogueur avant l’heure et François Reynaert, dans un autre article intitulé « Le parrain des journalistes? » de ce même numéro, ne manque pas de faire le même rapprochement que j’ai effectué à la lecture de « Voltaire : L’emmerdeur ».
«Pourquoi ne pas voir aussi quelque chose d’éminemment moderne – on y vient- dans cette idée que l’on peut connaître le monde en conversant de pair à pair avec ses semblables? Oui, je pense aussi à la façon dont internet, les blogs, les témoignages de personne à personne bouleversent notre société de l’information. Ca y est, les puristes sont au bord de l’attaque cardiaque, j’ai osé comparer le prince épistolier aux petits scribouillards du Net.» (François Reynaert)
Et comparer, c’est risquer l’anachronisme, pêché mortel pour l’historien, pêché véniel pour tenter de comprendre le monde. Surtout celui dans lequel nous vivons.
Les parallèles entre Voltaire et notre époque ne s’arrêtent pas là en un temps où l’on assiste au retour de l’intolérance et de l’obscurantisme. Voltaire et les Lumières sont plus que jamais d’actualité. Le programme voltairien ? Ecraser l’infâme, c’est-à-dire la bêtise, l’injustice, la superstition, le fanatisme. Moi j’y souscris !
Le programme n’est pas toujours facile :
«Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes et qui, en conséquence, est sûr de mériter le Ciel en vous égorgeant? » (Voltaire, Dictionnaire philosophique)
Cependant : «Le sang innocent crie et, moi, je crie aussi; et je crierai jusqu’à ma mort» (Voltaire dans l’affaire Calas)
La Liberté guidant le peuple par Eugène Delacroix (1830) (Musée du Louvre, Paris)
Il me reste à vous adresser tous mes meilleurs voeux pour 2007. Nous en aurons bien besoin!
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