La seizième édition de la semaine des médias battra son plein en Suisse romande, du 25 au 29 novembre 2019. Des milliers d’écoliers en profiteront pour consacrer quelques heures d’études aux médias, aux images, au numérique. Il s’agit aussi de « mettre en œuvre les objectifs MITIC du Plan d’études romand », selon le site internet e-media, le site romand de l’éducation aux médias. La conseillère d’Etat vaudoise Cesla Amarelle explique dans Médialogues pourquoi elle a fait de cette éducation au numérique une de ses priorités, tandis que Tatjana Bapst et Ajda Budak, deux collégiennes fribourgeoises de St-Michel, racontent leurs manières de s’informer.
Le destin de 10 millions de victimes du nazisme désormais en ligne
Les archives Arolsen viennent de mettre à disposition sur leur site environ 850 000 documents concernant 10 millions de personnes persécutées par les nazis. Ce fonds situé à Bad Arolsen, dans le centre de l’Allemagne, et en partie classé par l’Unesco, est le plus complet sur ces persécutions.

Depuis ce mardi, la base unique au monde des archives Arolsen est très largement enrichie. Elle propose un nouvel accès à des centaines de milliers de documents après une première mise en disposition en mai dernier. Il suffit de rentrer un nom dans le moteur de recherche de ce fonds (anciennement appelé « ITS ») pour obtenir le détail des persécutions nazies sur des millions de personnes. Avec notamment la présentation des fiches jaunies correspondant aux dates de l’arrestation d’une personne déportée, son enregistrement en camp de concentration ou son exécution. Les descendants des victimes de la Shoah peuvent ainsi, de l’autre bout du monde, connaître la destinée tragique de leurs aïeux.
-A lire : Le destin de 10 millions de victimes du nazisme désormais en ligne | France Culture
Crédit photo en-tête : L’index central des noms est la clé des archives Arolsen et a été pendant plusieurs décennies l’outil le plus important dans la recherche d’indices. Crédits : Archives Arolsen, Photo : Cornelis Gollhardt
Les séries, cette culture populaire qui nous éduque
Les séries sont une nouvelle école de philosophie. C’est la thèse soutenue par la philosophe Sandra Laugier dans son ouvrage « Nos vies en séries ». Un livre qui place ce genre au cœur de la culture populaire d’aujourd’hui.
Selon Sandra Laugier, la série, qui a longtemps été considérée comme un sous-genre un peu débilisant, est devenue LE cœur de la culture populaire et en tant que tel une source essentielle d’éducation morale, sociale et politique. Il a même supplanté le cinéma pour Sandra Laugier.
Ce qui fait des séries des outils d’éducation politique et morale, c’est aussi qu’elles donnent des rôles majeurs aux minorités: qu’elles soient de genre, de sexualité, raciales ou sociales.
L’ouvrage : « Nos vies en séries, Philosophie et morale d’une culture populaire », Sandra Laugier (Editions Flammarion).
La chronique culturelle de La Matinale : Les séries, cette culture populaire qui nous éduque – rts.ch
Crédit photo : Photo par Tina Rataj-Berard sur Unsplash
Histoire médiévale et bande dessinée, avec Fanny Madeline et Valérie Theis
Paroles d’histoire nous offre un très intéressant podcast autour de l’histoire médiévale en bande dessinée à l’occasion de la sortie de deux volumes de l’histoire dessinée de la France aux éditions La Découverte. A écouter sans modération.

Les invitées : Fanny Madeline, maître de conférences à l’université Paris-I ; Valérie Theis, professeur à l’ENS (Paris)
Le podcast :
Le fichier : http://content.blubrry.com/parolesdhistoire/bd.mp3
Parmi les thèmes abordés, notons plus particulièrement :
- Une collection qui a une identité forte, et qui fait souvent usage de narrateurs placés au sein du récit : le choix, ici, de la Mort comme narratrice pour le tome 8 (4’00), et de deux voyageurs pour le tome 7 (6’00)
- Le jeu avec les représentations médiévales et le « médiévalisme », avec des clins d’œil aux Monty Python ou au Septième sceau (7’10)
- À quels lecteurs-lectrices s’adressent les albums, avec quels niveaux de lecture ? (12’40)
- Les codes graphiques très différents des deux livres, et ce qu’ils permettent de montrer du Moyen âge ; comment s’est fait le travail avec les artistes (17’20)
- Les dessins de paysages et de villes médiévales du tome 7 (22’30)
- Des images qui prennent parfois le contrepied des clichés sur un Moyen âge crasseux ou obscurantistes (27’15)
- Une narration dans le tome 7 qui est davantage géographique que chronologique (30’10)
- mais finalement presque tout…
Les parutions : Croisades et cathédrales, d’Aliénor à Saint Louis ; À la vie, à la mort, des rois maudits à la guerre de cent ans (t. 7 et 8 de l’Histoire dessinée de la France, éditions La découverte / La revue dessinée)
Ouvrage : Michelle Perrot : Le chemin des femmes
Grèves ouvrières, révoltes carcérales, luttes féministes : pionnière de la recherche sur ces sujets, l’historienne a supervisé la sélection de ses textes les plus emblématiques consacrés aux pans délaissés des mouvements sociaux.

Paru dans la collection Bouquins, Le Chemin des Femmes retrace l’impressionnant parcours d’une carrière d’historienne que Michelle Perrot elle-même se refuse à qualifier de bilan pour lui préférer le terme d’«itinéraire» ou de «trajet». C’est aussi un portrait, celui d’une conscience raccord avec son époque, empreinte d’engagement et d’un désir inlassable de contribuer à l’avancée de la recherche sur des pans délaissés.
L’ouvrage : Michelle Perrot Le chemin des femmes Avant-propos de Josyane Savigneau. Robert Laffont «Bouquins», 1 184 pp., 32 €.
-À lire : Michelle Perrot, l’histoire en marges – Culture / Next
Conférence : L’enseignement des SHS est-il soluble dans les Humanités numérique ? Et inversément.
Le 5 septembre dernier à l’occasion de la 2ème journée romande des didactiques SHS. Penser les SHS pour la “génération Z”… et au delà ? à la HEPVS, Saint-Maurice, je suis intervenu relativement à la question des rapports et rapprochements possibles entre un enseignement des SHS et les Humanités numériques. Désormais la vidéo de mon intervention a été mises en ligne sur YouTube.
Préalablement, voici le texte de présentation de mon intervention :
« Au niveau romand comme au niveau international, c’est le branle-bas de combat pour une éducation numérique ou à l’ère du numérique. Au niveau vaudois et à ce sujet, le projet d’éducation numérique du DFJC comporte même comme premier objectif cette question des Humanités numériques. Le projet parle également de trois piliers de l’éducation numérique (science informatique, usage des outils numériques et éducations aux média). Mais que sont ces fameuses Humanités numériques et quelles peuvent-être les manières de les décliner dans l’enseignement des disciplines des Sciences humaines dans le cadre du PER? Quelles plus-values les SHS ont-elles à apporter à cette éducation dite numérique? Quels peuvent être les liens entre la démarche d’enquête des SHS et la résolution de problèmes en lien avec la pensée computationnelle? Voici quelques questions qui seront abordées lors de ce TedEx.»
Le plan de celle-ci :
- Pourquoi enseigner les SHS (quand elles sont déjà sur votre portable) ?
- La didactique de l’enquête en SHS (PER)
- Les technologies à l’école : continuité sans ruptures ?
- L’ère des Big Data et les Humanités numériques
- Machine Learning ou l’appétit de géant des algorithmes
- Un cadre conceptuel : sociologie du numérique
- Démarches d’enquête prospectives et analytiques
- Anciens territoires, nouvelles questions ? Et inversément
- Des “sciences molles” résistant aux lieux communs
- Bibliographie
Le lien vers le support de présentation : https://hackmd.io/lY8z5tHASq2ZR1JBwEmw9Q?view
La présentation intégrale :
Le programme et le résumé des autres interventions : http://www.hepvs.ch/2eme-journee-romande-des-didactiques-shs
Crédit image : Pixabay. Free for commercial use. No attribution required
Berlin 1989, le week-end de la chute – Libération
Le 11 novembre, du côté Ouest du Mur. Photo Jean-Claude Coutausse
Il y a trente ans, le photographe Jean-Claude Coutausse couvrait les événements à Berlin pour le journal «Libération». Arrivé sur place le 10 novembre au soir, il raconte qu’il a entendu le Mur avant de le voir : des centaines de Berlinois frappaient le béton. Il se souvient d’un week-end polaire et bouleversant durant lequel un flot ininterrompu de gens de l’Est s’échappait par les brèches ouvertes. A ce moment, il savait qu’il vivait la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Crédit image en-tête : Le 10 novembre. Un soldat est-allemand parle avec des habitants de Berlin-Ouest qui ont grimpé sur le Mur, près de la Porte de Brandebourg. Photo Jean-Claude Coutausse
Derrière le mur de Berlin : les clichés fantômes pris par les appareils photo cachés de la Stasi
Donna West Brett, University of Sydney
Quand le mur de Berlin a coupé l’Allemagne en deux, en 1961, le ministère de la Sécurité d’État de l’Allemagne de l’Est – plus connu sous le nom de Stasi – a mis en place une surveillance massive des citoyens de la République démocratique allemande.
Le Centre d’observation de la Stasi forma des agents à la photographie, à la filature des suspects et à l’art du déguisement.
Cette surveillance se traduisit par le recueil d’innombrables documents écrits, d’enregistrements audio et vidéo, d’odeurs individuelles… et de quelque deux millions de photographies qui se trouvent aujourd’hui rassemblées dans les archives de la Stasi.
Afin de prendre des photos en toute discrétion, des appareils photo ont été spécialement conçus pour être dissimulés dans des pots de fleurs, des stylos, des vestes et des sacs. Certains d’entre eux étaient d’une taille si réduite que leur objectif pouvait être cousu derrière une boutonnière, tandis que le déclencheur tenait dans une poche.
Trente ans après la chute du mur, les images de cette période de surveillance étatique de masse nous offrent un regard sans précédent à la fois sur les personnes qui ont tenté de fuir à l’ouest et sur les activités de la Stasi.

Les clichés pris avec des appareils dissimulés dans des boutonnières ont une étrange ombre sombre autour du bord de l’image qui ressemble aux effets photographiques fantomatiques que produisent parfois les appareils photo en plastique bon marché. Ces images sont souvent floues, l’observateur cherchant avant tout à photographier les suspects sur le vif.
Une série de clichés effectuée en 1975 montre deux personnes échangeant un sac dans la rue.

L’agent de la Stasi a suivi le couple, prenant des photos qui montrent les suspects en train de marcher vers une voiture. Les images jettent un voile suspect sur ces actions qui semblent a priori tout à fait innocentes.
Mais il n’y a pas plus d’informations dans les archives de la Stasi sur ce couple ou sur cet événement. C’est probablement dû au fait que de nombreux enregistrements ont par la suite été endommagés ou détruits par le régime afin de dissimuler la surveillance de masse illégalement mise en œuvre.

Les chemins de l’évasion
Le mur de Berlin a été construit principalement afin d’endiguer le flux de plus de quatre millions de citoyens qui avaient quitté l’Allemagne de l’Est pour un Occident plus prospère et démocratique. Entre 1961 et 1989, plus de 5 000 personnes se sont échappées d’Allemagne de l’Est.
Parmi les méthodes employées, citons le fait de sauter par des fenêtres situées au-dessus de la frontière ; l’emploi de ballons à air chaud ; la construction de tunnels ; la fuite dans des coffres de voiture ; on a même rapporté un cas de tentative d’évasion dans le ventre creux d’une fausse vache.
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L’une des fuites les plus fameuses fut celle de Heinz Holzapfel, le 29 juillet 1965. Vivant à Leipzig, il avait d’abord rejoint Berlin-Est avec sa femme et son fils.
La famille s’est cachée dans un bâtiment appartenant à un ministère situé à proximité du mur, avant de monter sur le toit et de signaler sa présence avec une lampe torche à des amis de Berlin-Ouest, qui jetèrent aux Holzapfel une corde en nylon attachée à un marteau. La nuit était froide et venteuse et le passage par-dessus le mur, dans une poulie formée d’une roue de vélo et d’un baudrier, était extrêmement dangereux.
Une photo de presse montre Heinz Holzapfel et son fils en sécurité à Berlin-Ouest, exhibant leur baudrier. On les voit souriants, heureux d’avoir survécu à cette évasion si risquée dont la planification avait duré plus d’un an.

Surveiller le mur
Les personnes soupçonnées de vouloir faire défection étaient surveillées par des officiers de la Stasi dont la mission était d’empêcher la fuite des suspects et de procéder à leur arrestation en les prenant sur le fait. Entre juillet et août 1962, des agents ont observé en permanence un restaurant abandonné situé dans le quartier de Kreuzberg, à Berlin. Des informateurs avaient signalé le creusement d’un tunnel passant sous le mur depuis l’intérieur du restaurant.
Les agents ont rédigé des rapports détaillés sur chaque personne entrant et sortant du bâtiment : couleur des cheveux, sexe, taille, vêtements, heure d’arrivée et de départ, venue en voiture ou à pied. En plus de ces très nombreuses notes, ils ont pris des photographies. Certaines ressemblent à des images de film. D’autres sont de piètre qualité, comme si le photographe était pressé de saisir l’instant.

Un jour en août, les agents de la Stasi prirent une série de photos, soupçonnant que la tentative d’évasion était imminente. Un certain nombre de personnes – jugés suspects du fait qu’ils se trouvaient à proximité d’un checkpoint – rencontraient des amis dans une voiture (de nombreuses tentatives d’évasion ont été tentées en voiture, soit en percutant les barrières de contrôle, soit en passant en dessous), tandis que d’autres regardent depuis le toit voisin.
Il s’agissait en fait peut-être d’une diversion. Le tunnel et la tentative d’évasion furent abandonnés pour des raisons inconnues, et la Stasi fut incapable de procéder à la moindre arrestation.
Des souvenirs douloureux enfermés dans les archives
Fin 1989, des citoyens prirent d’assaut les bureaux de la Stasi après une série de révolutions qui bouleversèrent l’Europe de l’Est. La chute du mur de Berlin, le 9 novembre, marquerait la fin de l’après-guerre et la division de l’Allemagne.
Les personnes ayant été surveillées ou emprisonnées peuvent désormais accéder à leur dossier de la Stasi. Ces dossiers peuvent contenir des photographies et des preuves que des membres de leur famille, leurs épouses, maris ou amants, avaient été des informateurs des services de sécurité.

Vera Iburg, qui travaille dans les archives, a déclaré au Spiegel :
« C’est terrible. Les mensonges que les gens racontent et la faiblesse de la nature humaine vous plongent dans le désespoir. »
Nous voyons aujourd’hui dans ces photographies des objets esthétiques et des preuves factuelles de la surveillance de masse mise en œuvre par le régime de surveillance de masse ; mais n’oublions pas qu’elles restent à ce jour porteuses d’une profonde douleur pour les victimes.
Il nous appartient de tirer les leçons de l’expérience de la Stasi et de la surveillance constante de la vie quotidienne.
Photo en-tête : Photographie prise par des agents de la Stasi de transfuges présumés dans un restaurant abandonné dans le quartier de Kreuzberg, Berlin, en 1962. Stasi Records Agency Berlin/Bild
Donna West Brett, Lecturer in Art History, University of Sydney
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A l’école des jeux de rôle: des gymnasiens dans le quotidien des Romains – Le Temps
L’atelier «Qvotidie» propose aux élèves romands de résoudre une enquête dans la Rome antique, un jeu de rôle pédagogique qui complète et rafraîchit les méthodes d’enseignement. Reportage du journal Le Temps au Gymnase Provence à Lausanne.
« D’un point de vue pédagogique, «le jeu touche aux compétences transversales du plan d’études romand: collaboration, communication, stratégie d’apprentissage, pensée créative et démarche réflexive», explique Grégory Thonney, chargé de projet au SCMS. Ce créateur de Qvotidie a aussi fondé l’association Ars Ludendi, qui organise des événements pour explorer les différents potentiels des jeux de rôle. Il s’avère que l’aspect ludique stimule l’élève, qui «maintient souvent sa concentration de façon plus soutenue et s’autorise à se tromper parce que c’est «pour de faux», détaille la professeure de la HEP Vaud Anne Clerc-Georgy. Sa collègue Florence Quinche confirme que l’aspect ludique intensifie la participation des élèves, «ce qui ouvre une façon différente d’apprendre, complémentaire aux cours classiques: en expérimentant». »
Le Service culture et médiation scientifique (SCMS) de l’Université de Lausanne animait, en septembre dernier, le jeu de rôle Qvotidie auprès d’une classe de culture antique. Les vacances d’automne terminées, il propose de nouveau cette animation aux établissements scolaires.
—A lire : A l’école des jeux de rôle: des gymnasiens dans le quotidien des Romains – Le Temps
La reine Marie-Antoinette, nouvelle icône pop | Le Monde
La souveraine guillotinée connaît un regain de popularité auprès des artistes. Quelque 200 œuvres que la reine a inspirées sont exposées jusqu’en janvier 2020 à Paris, à la Conciergerie qui fut sa dernière demeure.
Il est peu de personnages historiques dont les légendes concurrentes, noire et dorée, accusent un contraste aussi fort que celles de Marie-Antoinette. Dernière reine de France, l’épouse de Louis XVI incarne à la fois la mère outragée lors d’une parodie de procès, devenue par sa mort sur l’échafaud une figure de martyr, et la princesse dépensière qui joue à la bergère au Trianon, creuse le déficit des finances publiques et méconnaît la situation réelle du pays jusqu’à être surnommée « Madame Veto ».
Deux siècles plus tard, la vision de la reine n’a plus guère de rapport avec celles livrées par la guerre, entre propagande monarchiste et stigmatisation révolutionnaire. C’est cette métamorphose que présente, à travers 200 œuvres, l’exposition proposée par la Conciergerie à Paris.
-A lire : La reine Marie-Antoinette, nouvelle icône pop | Le Monde
Crédit photo : « Queen Marie-Antoinette in a Court Dress by Elisabeth Vigée Le Brun. Self-portrait », de Kimiko Yoshida, 2010. KIMIKO YOSHIDA