En France comme en Allemagne, c’est le front de l’Ouest qui occupe (tous) les esprits à propos de la Première Guerre mondiale. Pourtant, elle ne saurait se limiter aux tranchées de Verdun ou à l’offensive de la Somme ou des Flandres. Merci donc à ArchéOrient de nous proposer ce très intéressant article concernant la Première Guerre sur le front d’Orient et plus particulièrement au Liban.
La commémoration du premier conflit mondial s’accompagne d’un travail sur les témoignages de l’époque, parmi lesquels la photographie, les correspondances et les écrits privés tiennent une place éminente. À un siècle de distance, les chercheurs s’attachent, peut-être plus que jadis, à la vie quotidienne, celle du front ou de l’arrière, à l’ordinaire du soldat ou des populations civiles, ou encore aux paysages que ces documents permettent d’évoquer. Au Levant, le conflit laissa d’autres marques que les découpages territoriaux des années 1920, bien qu’il n’y eut pour ainsi dire aucun affrontement direct entre les puissances de l’Entente et l’Empire Ottoman. De fait, ce que l’on appelle communément le front d’Orient est resté strictement européen du point de vue géographique : d’abord les combats des Dardanelles (1915) qui en épargnèrent la rive asiatique, puis le front de Thessalonique, dans le Nord de la Grèce (1916-1918). Au Mont-Liban où, contrairement aux régions syriennes voisines, le régime de la moutassarifiya (terme utilisé pour désigner le territoire du Mont-Liban, qui bénéficia d’une certaine autonomie politique et économique à partir de 1861) exemptait les habitants du service militaire, la mobilisation de troupes ne prit effet qu’à l’automne 1916 lorsque le gouvernement Jeune Turc abolit ce statut spécial (Fig. 1). Logiquement, tout prédisposait la Montagne à être relativement épargnée par les malheurs de la guerre. Pourtant, le conflit engendra une famine qui, s’installant peu à peu à partir de l’année 1915, se mua en une véritable hécatombe humaine au cours des trois années suivantes et eut des conséquences durables sur les paysages libanais.
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