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Histoire Lyonel Kaufmann

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Enseignement et apprentissage de la Shoah : Monique Eckmann : «Oui mais…», transmettre la Shoah, défis et potentialités perçus depuis un pays Bystander | 22 janvier 2018, HEP Vaud, Lausanne

23 janvier 2018 by Lyonel Kaufmann

« La Shoah crée un fardeau qui confère des devoirs et des responsabilités partagées » (M. Eckemann, 22 janvier 2018)

Sociologue, membre depuis 2004 de la délégation suisse à la Task Force for International Cooperation on Holocaust Education et du Remembrance and Research (ITF) Education Working Group, Monique Eckmann est notamment auteur de 2 ouvrages de référence sur la question :

  • Eckmann, M., Stevick, D. & Ambrosewicz-Jacobs, J. (Ed.). Research in Teaching and Learning about the Holocaust : A Dialog Beyond Borders. Berlin: Metropol, 2017 (https://holocaustremembrance.com/sites/default/ les/research inteachingandlearningabouttheholocaustweb.pdf)
  • Eckmann, M., Heimberg, Ch. (2011). Mémoire et pédagogie : Autour de la transmission de la destruction des Juifs d’Europe. Genève: Institut d’Etudes Sociales.

Sa conférence d’ouverture portait — après la Déclaration de Stockholm adoptée en 2000 par une quarantaine de pays, puis la fondation de l’IHRA, dont la Suisse est membre depuis 2004— sur le bilan à faire aujourd’hui, les acquis, et les défis qui nous attendent alors que ces projets semblaient initier une européanisation, voire une universalisation de la transmission de l’histoire et de la mémoire de la Shoah.

Si les travaux effectués au sein de l’IHRA ont permis des avancées pour la formation, qui se ressentent sur le terrain, ils comportent aussi des dilemmes. Où en sommes-nous face aux réticences au sujet de la Shoah? Comment inscrire ce sujet dans le champ de l’éducation aux Droits humains et à la démocratie, ou dans celui de la prévention des crimes contre l’humanité? Quelle est la part à accorder respectivement aux victimes, aux bourreaux, aux bystanders — spectateurs passifs ou témoins engagés?

Dans son intervention, Monique Eckmann a mis en avant les 3 phases de la Shoah dans l’espace public :

  • l’ère du silence après 1945;
  • l’ère des bourreaux à la suite du procès A. Eichmann en 1961;
  • l’ère actuelles des victimes dans le cadre d’une globalisation de la mémoire.

Dans le domaine éducatif, avant la déclaration de Stockholm, l’histoire de la Shoah était une histoire non officielle faite par des enseignants militants et critiques à l’égard du système. Durant ces deux dernières décennies, nous sommes passés à un enseignement désormais officiel de la Shoah. Ce changement n’est pas sans interroger les enseignants militants des débuts.

Concernant la place de cet enseignement de la Shoah en Suisse, il faut noter l’invisibilité de la Shoah dans l’espace public et les sentiments ambivalents à l’égard de cette question. La Shoah est considérée par beaucoup comme non-suisse et l’ambivalence porte sur la politique officielle à l’égard des réfugiés et celle des banques : quelles sont les marges de manoeuvre des institutions et des individus dans un tel contexte ?

Monique Eckmann a présenté quelques dossiers remarquables. En premier lieu, l’ensemble des démarches qui a mené à la reconnaissance du génocide des Roms dans le cadre notamment de l’IHRA (https://www.holocaustremembrance.com/focus/genocide-roma). Avec le 2 août, le génocide des Roms disposent d’une journée de la mémoire de ce génocide. La Suisse participe d’ailleurs au site spécifique qui est consacré à cette question : https://www.holocaustremembrance.com/focus/genocide-roma.

Un autre important travail a été réalisé concernant la question de la comparaison de la Shoah avec d’autres génocides. Le Committe on Holocaust, Génocide & Crimes Against Humanity a réalisé un vrai travail de comparaison permettant de dégager les spécificités de chaque génocide. Loin d’être une remise à plat de l’Holocauste, ce travail en établit ses caractéristiques propres et donc sa singularité par rapport aux autres génocides. Dans le cadre de ce travail de comparaison, il faut souligner les 8 étapes des génocides établies par Gregory Stanton (http://genocide.mhmc.ca/fr/genocide-comparaison).

Concernant l’enseignement de la Shoah pour traiter à l’école la question des Droits de l’homme, Monique Eckmann s’interroge s’il est souhaitable de partir des pires abus relativement aux Droits de l’homme pour enseigner ces derniers. Dans tous les cas, trois axes sont identifiables concernant un tel enseignement :

  • éduquer sur les droits humains
  • éduquer pour les droits humains
  • éduquer dans et par les droits humains : soit garantir l’accès à une école démocratique, une atmosphère garantissant l’égalité de traitement, le respect des droits et un débat démocratique.

Il est également important de ne pas confondre le racisme au quotidien et le racisme d’Etat.

Enfin, il est important, pour M. Eckmann, de penser également en terme de formation professionnelle des adultes et pas seulement aux enfants. Ceci est particulièrement souhaitable pour les personnes qui seront ensuite amenées à exerces des droits sur autrui tel le personnel de santé, les policiers ou les garde-frontières.

Enfin, Mme Eckmann a aborder la question et la place des émotions dans l’enseignement de la Shoah. Il lui paraît important d’enseigner non pas à partir des émotions, mais des faits historiques pour éviter d’en faire une leçon de morale. Il s’agit de réfléchir aux conséquences tragiques du pouvoir.

Trois différents types d’acteurs sont à l’oeuvre qu’il convient d’examiner à partir de questions spécifiques :

  • les victimes : il s’agit ici de transmettre leur expérience et leur mémoire;
  • les perpétrateurs (pour les bourreaux) : pour explorer leurs (micro-)marges de manoeuvre, leurs espaces d’initiatives;
  • les bystanders ou spectateurs : concernant leur influence sur la situation historique.
7 Decembre 1965 Rabbi Abraham Joshua Heschel presents Judaism and World Peace Award to Dr. Martin Luther King, Jr.
7 Decembre 1965 Rabbi Abraham Joshua Heschel presents Judaism and World Peace Award to Dr. Martin Luther King, Jr.

Elle conclut en indiquant qu’il s’agit de ne pas tomber dans le piège de la concurrence des victimes et de travailler dans le sens d’une solidarité des victimes comme lors de la lutte des droits civiques entre les responsables de la communauté noire (Martin Luther King) et les représentants de la communauté juive américaine.

Source de la photo d’en-tête : https://www.holocaustremembrance.com/country/switzerland

Classé sous :Didactique, Histoire active, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

Journées d’étude internationales. Enseignement et apprentissage de la Shoah | 22 et 23 janvier 2018, HEP Vaud, Lausanne

23 janvier 2018 by Lyonel Kaufmann

Organisée de main de maître par ma collègue Nadine Fink et son comité d’organisation, la 3e conférence de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) a débuté ce lundi et se prolongera ce jour encore à la HEP Vaud (HEP-VD) à Lausanne. Compte-rendu de l’ouverture de la manifestation.

Présentation de la 3e conférence de l’IHRA

En 2004, la Suisse a rejoint l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA), qui compte aujourd’hui 31 Etats membres et qui a pour but de promouvoir la mémoire, la recherche et l’éducation à propos de la Shoah. Depuis mars 2017, la Suisse assume la présidence de l’IHRA durant une année. C’est dans le cadre de cette présidence que la Haute école pédagogique du canton de Vaud, en collaboration avec la Haute école pédagogique de Lucerne, organise les journées d’étude internationales «Enseignement et apprentissage de la Shoah: pratiques et expériences dans le monde scolaire». Ces journées d’étude sont destinées tout particulièrement aux enseignants et aux formateurs des institutions éducatives.

Il y a plus de 10 ans, la Suisse a introduit la «Journée internationale de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité» le 27 janvier de chaque année, date symbolique correspondant à la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau par l’Armée rouge. Cette journée est dédiée à la transmission et au travail de réflexion à propos de la mémoire et de l’histoire de la Shoah et des génocides qui ont marqué l’histoire du XXe siècle, ainsi que des droits de l’Homme, de la tolérance, du dialogue interreligieux et interculturel. Les journées d’étude «Enseignement et apprentissage de la Shoah: pratiques et expériences dans le monde scolaire» ont pour objectif de soutenir le travail et les démarches en lien avec ces thématiques telles qu’elles peuvent être traitées dans le contexte scolaire.

La question de l’enseignement et de l’apprentissage relatifs à la Shoah se pose dans de nombreux contextes nationaux, chaque pays y apportant des réponses différentes en fonction de sa propre histoire et de son rapport au passé. Dans le cadre des journées d’étude, des enseignants et des formateurs en provenance de nombreux pays, dont la Suisse, ont l’occasion d’échanger autour de leurs pratiques et de leurs expériences. L’objectif est de promouvoir les échanges au niveau international et de favoriser la multiperspectivité pour apprendre les uns des autres.

Ouverture de la manifestation

L’ouverture de la manifestation a été faite par Guillaume Vanhulst, recteur de la HEP-VD, Benno Bättig, Président de l’IHRA, Ambassadeur, Département fédéral des Affaires étrangères et Bennedikt Hauser, chef de division, Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation.

Dans son intervention, Bennedikt Hauser a indiqué que, si désormais, la Shoah est un fait établi dans le curriculum en Suisse, il ne s’agit nullement d’en faire des leçons ritualisées. Il a également cité les propos tenus par le président français, Emmanuel Macron le 10 juin 2017 dans les commémorations du 73e anniversaire d’Ouradour-sur-Glane :

«La pluie et le soleil après tant de décennies ont effacé les traces noires de l’incendie destructeur, l’herbe du Limousin a repoussé sur ces terres. La mémoire, elle aussi, forcément s’érode. Sans cesse nous devons raviver la flamme et lui redonner sens ». Ce soir vous serez des témoins, et vous serez devenus à votre tour des passeurs. Oradour, c’est la sauvagerie brutale, l’appétit effréné de la mort. Ici notre conscience se fortifie car ici elle touche ce contre quoi elle se dresse. Ici nous faisons provision d’indignation. Ce soir vous serez davantage que des témoins, j’aimerais que vous soyez devenus des consciences. Le Rwanda ou la Yougoslavie hier, la Syrie aujourd’hui ne sont qu’à quelques heures d’avions. Parfois, c’est chez nous que resurgit la bestialité infâme. En oubliant, en décidant de ne plus nous souvenir ou de ne plus nous battre, nous prendrions ce risque immensément coupable de répéter l’histoire.1»

« Oradour, ce n’est pas seulement un drame de la guerre. C’est un scandale absolu »

Pour sa part, dans son introduction de ce lundi 22 janvier, Nadine Fink, responsable du comité d’organisation, indiquait les trois axes qui on guidé l’organisation du colloque :

  • la prévention des crimes contre l’humanité
  • la question des droits de l’homme
  • le dialogue interreligieux et interculturel

Elle a également replacé l’histoire de cette thématique en milieu scolaire dans une interaction passé-présent-futur (pour un avenir souhaitable), construite sur une narration.

A l’occasion de cette conférence, 25 pays sont représentés et la pluralité des langues qui s’en dégage, caractéristique si helvétique, représente un tel enrichissement que les organisateurs ont choisi de tenir la conférence en trois langues : français, allemand et anglais. Les pratiques enseignantes présentées durant ces deux jours ont recours à une pluralité de ressources (témoignants individuels, des productions artistiques, des sources, les humanités digitales, des lieux de mémoire). La question des droits de l’homme que celle de la concurrence des mémoires et celle des faits alternatifs seront abordés dans les différentes sessions d’ateliers.

Cette partie introductive a été suivie par deux conférences, précédant deux sessions d’ateliers.

To be continued…

  1. Propos rapporté dans Le Parisien : http://www.leparisien.fr/politique/oradour-sur-glane-macron-en-passeur-de-memoire-aux-ceremonies-du-73eme-anniversaire-10-06-2017-7036917.php ↩

Classé sous :Didactique, Histoire active, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

Comment transmettre la mémoire de la Shoah? | Réformés.ch

5 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

Tout au long de l’été, l’agence de presse Protestinfo et Réformés.ch ont effectué une plongée dans les enjeux de la transmission de la mémoire de la Shoah. Alors que les derniers rescapés, témoins de ces heures obscures disparaissent, quels sont les enjeux liés au passage d’une mémoire biographique portée par des témoins à une mémoire plus culturelle, tributaire de la politique? Ce dossier ne manquera pas d’intéresser les enseignant.e.s d’histoire.

La liste des articles du dossier :

  1. Transmettre la mémoire de la Shoah : Laurence Villoz et Guillaume Henchoz publient une série d’articles concernant les enjeux liés à la transmission de la mémoire de la Shoah. Ce dossier est le fruit de leurs investigations et de leurs rencontres.
  2. Pourquoi la Suisse n’a toujours pas digéré le rapport Bergier : La Suisse est-elle correctement outillée pour gérer sa mémoire ?
  3. Un jour, nous devrons raconter l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en nous passant des témoins directs : Quelles conséquences la disparition des rescapés peut-elle avoir sur l’enseignement de l’histoire en Suisse romande? Peut-on se priver de leur témoignage pour enseigner ce qu’a été la Shoah?
  4. «Il y a une compétition entre les différents visiteurs sur les lieux de mémoire» : Entre le touriste en short et le vendeur de glaces, quelle place donner à la commémoration dans les mémoriaux modernes? Spécialiste de la mémoire de la Shoah, Brigitte Sion pose un regard critique sur l’évolution de ces lieux de pèlerinage.
  5. La figure du bourreau dans les crimes de masse : Décideurs, propagandistes, organisateurs et exécutants, tous sont des bourreaux. Mais rares ceux sont qui racontent leurs crimes. Et quand ils le font, ils les nient ou se victimisent.
  6. Quand le négationnisme, la banalisation et la concurrence victimaire font le buzz : La banalisation de la Shoah se retrouve dans les discours de certains politiciens et personnages publics. Entre la volonté de choquer l’opinion publique et celle de se déculpabiliser, quelles sont les conséquences de ce genre de propos sur la transmission de la mémoire de ce génocide?
  7. Les Eglises protestantes suisses dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale : Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les institutions ecclésiales protestantes se sont montrées pour le moins discrètes. Si certains s’engagent personnellement et soutiennent l’arrivée des réfugiés au cours du conflit, les organes décisionnels— à l’instar de la Commission synodale de l’Eglise nationale vaudoise— font preuve d’un «ouragan de prudence».
  8. «On savait qu’on était fichues et qu’on nous enverrait à Auschwitz» : Paulette Angel, née Rosenberg, est une rescapée. Un témoin. Originaire d’une famille juive de Metz, elle tente de gagner la Zone libre en 1942. Dénoncée par ses passeurs, elle sera emprisonnée par les Allemands et déportée à Drancy.

Source : Comment transmettre la mémoire de la Shoah? | Réformés.ch

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Publications

Pesante mémoire – La Vie des idées

20 juin 2016 by Lyonel Kaufmann

Dans un ouvrage pluridisciplinaire, Catherine Coquio montre que le culte contemporain de la mémoire et de la vérité cache en fait une crise qui empêche d’avancer.

Recensé : Catherine Coquio, Le Mal de vérité ou l’utopie de la mémoire, Paris, Armand Colin, 2015, 320 p., 25 €.

En un sens, on ne s’est jamais autant souvenu de la mémoire que depuis quelques décennies, c’est-à-dire qu’on l’a perdue comme mode d’organisation sociale et structure de continuité temporelle, puis réinventée au sein d’un modèle culturel, comme patrimoine, commémoration, phantasme identitaire, nostalgie ou marché d’antiquités.

La Grande Guerre est devenue de fait le moment où l’on réfléchit de plus en plus au travail de la mémoire collective, comme si elle resurgissait d’autant plus dans l’actualité qu’elle semblait avoir disparu des manières de valoriser le passé.

Après les traumatismes des deux guerres mondiales et des génocides successifs, depuis celui des Arméniens et des Juifs jusqu’à ceux du Rwanda et du Cambodge, la mémoire a repris une importance collective tout en restant fondée sur un terrain miné : cette revalorisation de la mémoire passe, en effet, par sa mise en forme culturelle (le patrimoine en est un bon exemple). Or, en même temps, comme le disait avec son ironie habituelle l’écrivain Imre Kertész, « notre époque est celle de la vérité ». Le grand mérite du Mal de vérité ou l’utopie de la mémoire consiste justement à tâcher de penser conjointement mémoire et vérité, actualité des traumas et recherche de catharsis dans un monde marqué par ce que Catherine Coquio, spécialiste de la littérature de témoignage (notamment sur les crimes de masse), appelle la « Catastrophe » : « un phénomène anthropologique complexe issu d’une certaine opération politique : rupture des liens sociaux, brutale dévaluation de la vie, altération de la figure humaine ou scission d’humanité, et dans l’après-coup deuil impossible, hantise de la vérité » (p. 124). C’est à l’examen minutieux de ce phénomène anthropologique qu’elle consacre un livre riche et dense.

Lire la suite de cet important compte-rendu : Pesante mémoire – La Vie des idées

Classé sous :Histoire savante, Publications

Cinq ans de prison pour un ancien gardien de camp nazi – Libération

19 juin 2016 by Lyonel Kaufmann

L’Allemand Reinhold Hanning avait été en poste durant deux ans à Auschwitz.

Un tribunal de Detmold, au centre de l’Allemagne, a condamné vendredi dans l’après-midi Reinhold Hanning à cinq ans de prison. Cet ancien gardien d’Auschwitz, âgé de 94 ans, a été reconnu coupable de «complicité dans l’extermination d’au moins 170 000 Juifs». «Vous avez travaillé près de deux ans à Auschwitz et avez ainsi soutenu le génocide», a estimé la juge Anke Grudda. Hanning avait travaillé dans le camp d’Auschwitz entre 1942 et 1944. Au moins 170 000 personnes sont décédées dans le camp pendant cette période.

Ouvrier d’usine, Reinhold Hanning a 18 ans lorsqu’il s’enrôle chez les Waffen SS. Blessé au front, il est muté à Auschwitz en 1942, en charge de la garde du camp. Son unité se rend également régulièrement à Birkenau (la partie du camp où se trouvaient les chambres à gaz) à l’arrivée de nouveaux convois de prisonniers. La plupart des détenus sont envoyés dans les chambres à gaz dès leur descente du train. Hanning a bien reconnu avoir travaillé à Auschwitz mais a toujours nié avoir participé à l’assassinat des prisonniers.

Lire la suite : Cinq ans de prison pour un ancien gardien de camp nazi

Classé sous :Nouvelles de l'histoire

Devoir de mémoire: anatomie du «plus grand mythe démocratique»

16 juin 2016 by Lyonel Kaufmann

Se souvenir et commémorer n’empêche pas les tragédies de se répéter, explique l’historien Henry Rousso.

«La mémoire constitue sans nul doute le grand mythe contemporain des sociétés démocratiques modernes, une forme de conjuration contre la répétition des catastrophes de l’histoire récente dont on commence à voir les limites.» Henry Rousso brise ici le leitmotiv selon lequel se souvenir de son passé permet d’éviter sa répétition. Il paraît en effet difficile de contredire l’auteur puisqu’en 1994-1995, au moment où Jacques Chirac s’apprête à reconnaître la responsabilité de l’État français dans la déportation, le Rwanda et l’ex-Yougoslavie connaissent des situations de génocide.

L’ouvrage se présente sous la forme d’un recueil d’articles. Le «je» y est omniprésent, non pas à des fins narcissiques, mais dans une logique d’autocritique. Le propos remet en question les missions que nous octroyons à la mémoire. Souvent pessimiste, il ouvre cependant des pistes intéressantes, notamment pour en faire une question transnationale, puisqu’en nous concentrant sur nos mémoires nationales, nous risquons de créer les nouvelles causes d’un conflit.

Le compte-rendu de l’ouvrage http://ift.tt/1tyGzSv

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Devoir de mémoire : histoire d’une formule retracée par Sébastien Ledoux – Chronique no 168

20 mai 2016 by Lyonel Kaufmann

Après avoir consacré en 2013, une chronique au travail de Sébastien Ledoux concernant l’histoire du devoir de mémoire, cette chronique présente le compte-rendu de la publication, début 2016, de sa thèse de doctorat sur ce sujet (1). Aujourd’hui comme hier, le travail de Sébastien Ledoux éclairera les enseignants d’histoire relativement à la Fabrique de l’enseignement de l’histoire.

Dans son introduction, Sébastien Ledoux indique qu’il s’agit dans son travail «retracer non seulement l’invention lexicale, mais également l’invention sociale et l’invention politique liés à l’émergence puis à l’omniprésence du terme «devoir de mémoire» au sein de la société française» (p.12). Ce temps du devoir de mémoire commence dans les années 1970. Entré pour la première fois dans le dictionnaire Larousse en 2003. L’histoire du devoir de mémoire «est donc un objet d’étude qui s’inscrit pleinement dans le camp de l’histoire du temps présent» (p. 12).

Un des premiers apports de son travail réside dans le repérage du moment d’origine du devoir de mémoire. En effet, de nombreuses références renvoyaient l’origine du devoir de mémoire à l’obligation des rescapés de témoigner de l’expérience des camps de la mort et aux écrits de Primo Levi. (p. 12) Or, enquête faite, «dans aucun récit de Primo Levi ne se trouve la trace d’une expression correspondant en français à devoir de mémoire» (p. 14), même si cette notion traverse toute son œuvre.

En fait, les premières occurrences du devoir de mémoire remontent à 1972. Elles sont le fait de l’écrivain et professeur de littérature Jean Roudaut et du psychanalyste François Périer.

Dans les archives visuelles de l’INA, et depuis les années 1960, les occurrences de mémoire le sont dans le sens usuel de “à la mémoire de” ou “en mémoire de”. Il s’agit, y compris pour les associations d’anciens déportés, d’évoquer et de rendre hommage aux morts de la Seconde Guerre mondiale.

La deuxième tracé d’occurrences se situe au début des années 1980. «Elles engagent cette fois-ci deux intellectuels, Philippe Némo et Pierre Nora, et témoignent du point de jonction entre deux périodes : la fin de le idéologie communiste et le nouvel investissement vers le passé» (p. 25–26). Pour Philippe Némo dans la revue Commentaire (1980), il s’agit de manifester son soutien aux intellectuels de l’Europe de l’Est en lutte contre les régimes communistes et notamment aux signataires de la «Charte 77» en Tchécoslovaquie.

La lecture de Pierre Nora est celle d’un France industrielle contemporaine hantée par son passé, déracinée, coupée de ses sources. Ce constat a inspiré son projet des Lieux de mémoire, dont le premier volume parait en 1984.

À la fin des années 1970, la mémoire devient un objet d’étude, pour la génération des chercheurs de la Nouvelle histoire. En 1978, Piere Nora publie l’article «Mémoire collective». Un nouveau cadre épistémologique s’établit alors entre histoire et mémoire. D’un côté la voix des oubliés de l’histoire, celles d’en bas, notamment au travers de l’histoire orale. (Jean-Pierre Rioux, Madeleine Rebérioux). De l’autre, le contreprojet de Pierre Nora qui voit dans cette multiplication des mémoires collectives «la trace d’un morcèlement de la mémoire nationale et la remise en cause de la fonction traditionnelle du discours historique» (p. 39). À ces éléments, il faut ajouter, aux notions d’identité et de patrimoine, la naissance d’un nouvel attrait du public pour l’histoire de la vie quotidienne à travers les récits de vie de simples gens.

Dans les années 1980, c’est au tour du monde politique d’introduire le devoir de mémoire dans son vocabulaire. «Le terme est employé dans des discours, principalement à l’occasion de commémorations officielles concernant les deux guerres mondiales» (p. 59). À ce titre, il faut noter les commémorations du 11 novembre 1984 et la fameuse photo de la réconciliation Mitterand/Kohl avec le président français et le chancelier allemand main dans la main. À cette occasion, Edwige Avice, secrétaire d’État à la défense, évoque à Rethondes la coopération franco-allemande et déclare que «le devoir de mémoire est aussi un devoir d’avenir» (p. 59).

C’est à la charnière des décennies 1980–1990 que «les occurrences de devoir de mémoire relatives au génocide des Juifs apparaissent et que ce fait historique devient la référence principale du devoir de mémoire (p. 43). Désormais, il s’agit d’un impératif moral et de lutter contre l’impunité des criminels nazis et de leurs complices. En 1989, l’article Shoah apparait dans l’Encyclopédie Universalis et cet article emploie le terme de devoir de mémoire. Dès la seconde moitié des années 1980, une troisième référence s’intègre, elle renvoie à la construction d’une identité juive post-génocidaire. Dans les années 1990, s’ajoute la référence au combat contre le négationnisme, porté notamment par l’extrême-droite en France. Lorsque l’on suit l’évolution quantitative et qualitative du terme, la trajectoire du devoir de mémoire connait un tournant en 1992–1993. L’expression devoir de mémoire apparait pour la première fois dans la presse écrite dans les colonnes du journal Le Monde, le 16 avril 1992 à la suite du non-lieu en faveur de Paul Touvier. (p. 87) Le terme apparait alors pour la première fois simultanément dans des quotidiens nationaux de la presse écrite, à la télévision, à la radio ainsi qu’en titre d’une association.

En juin 1993, l’officialisation du devoir de mémoire au rang de formule intervient lorsque le ministère de l’Éducation nationale propose aux élèves de terminales (série A, littéraire) des académies d’Amiens, Lille, Rouen, Paris, Créteil et Versailles, qui passent leur examen au baccalauréat de philosophie le sujet suivant : «Pourquoi y a-t-il un devoir de mémoire?» (p. 119). Trois semaines après, devoir de mémoire est choisi en titre de l’émission télévisée La Marche du siècle le 30 juin 1993, suivie chaque semaine par 3 à 5 millions de téléspectateurs.

Par une analyse qualitative des différents usages du devoir de mémoire relatifs à la Shoah, effectuée pour les médias entre 1993 et 1997, on peut aisément relever la participation des médias à l’opération de référence en tant qu’acteurs engagés (p. 147). La formule devoir de mémoire est mobilisée en 1992–1993 dans une rhétorique de la dénonciation concernant l’occultation d’une vérité historique sur les crimes antisémites perpétrés par le régime de Vichy (p. 151).

Cependant, l’institution scolaire, à l’exemple de l’épreuve de baccalauréat de 1993, joue un rôle non négligeable en la matière. En effet, au début des années 1990, la transmission du génocide des Juifs aux élèves de l’école de la République est perçue comme une priorité par différents acteurs de l’Éducation nationale. Cette priorité se traduit dans les nouveaux programmes d’histoire entre 1994 et 1998. Parmi les outils pédagogiques mobilisés pour favoriser la transmission de la Shoah aux élèves, les visites des camps d’extermination se développent au cours de ces années. Ces visites sont perçues à la fois par les enseignants, les politiques et les médias comme des éducations éducatives propres à former l’élève citoyen. À partir du milieu des années 1990, ces actions sont régulièrement dénommées – et justifiées – par la formule devoir de mémoire. Le traitement médiatique de la visite du camp d’Auschwitz par Jacques Chirac accompagné de lycéens, en septembre 1996, semble apporter un cadre référentiel d’ordre sémantique à cette pratique sociale (p. 154–155). Comme le note Sébastien Ledoux, ce rituel commémoratif crée une «communauté éducative entre le témoin oculaire et les élèves, des élèves devenus, par ce rituel sacré effectué sous le sceau du serment, les «témoins de témoins» (p. 156). Dans son livre L’Ère du témoin, Annette Wiervoka apporte une lecture critique de ces pratiques scolaires en considérant qu’en transformant le jeune en «témoin de témoin», on en fait «le porteur d’un savoir acquis sur la destruction des Juifs, non sur les bancs d’école, […], mais par une expérience vécue dans un modèle qui semble bien remonter aux évangiles : ces jeunes seraient les apôtres qui, une fois les témoins disparus, porteraient plus loin leur parole» (Ledoux, p. 156).

Cependant, les milieux scientifiques perçoivent, derrière le devoir de mémoire, les «abus de la mémoire». Pour Henry Rousso (Vichy un passé qui ne passe pas, 1994), les dérives du devoir de mémoire existent lorsqu’il est érigé en dogme. Celui-ci donne alors sa préférence pour la notion de «travail de mémoire» prônée par Paul Ricœur. Cette notion du «travail de mémoire» est empruntée à Freud dans le cadre de la relation analytique. Ricœur la transpose «au plan public de la mémoire collective». Cette notion peut être illustrée par l’utilisation que Jacques Chirac en fait à l’occasion de l’inauguration du Mémorial en hommage aux Justes à Thonon-les-Bains le 2 novembre 1997 :

«Cinquante ans après, notre pays doit assumer toute son histoire, le blanc, comme le gris, les heures de gloire comme les zones d’ombre. Pour cela, pour bâtir son avenir sur des bases plus claires, il accomplit aujourd’hui un difficile travail de mémoire».

De son côté, Antoine Prost dans son ouvrage Douze leçons sur l’histoire (1996) va privilégier le devoir d’histoire :

«On a fait valoir sans cesse le devoir de mémoire : mais rappeler un évènement ne sert à rien, même pas à éviter qu’il ne se reproduise, si on ne l’explique pas ]…]. Si nous voulons être les acteurs responsables de notre propre avenir, nous avons d’abord un devoir d’histoire» (p. 306).

Néanmoins, ces critiques restent alors limitées au champ scientifique et n’ont aucune incidence sur les acteurs politiques ni les médias.

Au niveau politique, il faut attendre les «années Sarkozy» pour assister à une inflexion à l’égard de la formule du devoir de mémoire. En effet, Président de la République, Nicolas Sarkozy n’utilise pas la formule sans pour autant la critiquer. Il est alors en pleine stratégie de conquête de l’électorat d’extrême-droite. Il est donc malaisé d’utiliser une formule renvoyant à une prise de position contre le Front national. Par ailleurs, il s’agit également de dénoncer une formule qui érigerait un discours de la repentance et tendrait au communautarisme.

«De manière paradoxale, c’est pourtant par une initiative du président de la République que la formule connaît une nouvelle étape de sa trajectoire. Lors du dîner annuel du CRIF organisé le 13 février 2008, Nicolas Sarkozy déclare que «chaque année à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se verront confier la mémoire d’un des 11’000 enfants français victimes de la Shoah» (p. 223).

Ces doubles critiques, politique et scienfique, à l’égard de la formule du devoir de mémoire, conduit à une inflexion de la politique éducative et

«la notion de travail de «mémoire», chère à Ricœur, est introduite en 2005–2006 par le juriste Roland Debbasch, nommé directeur de l’Enseignement scolaire du ministère de l’Éducation nationale, dans différentes circulaires relatives à «la mémoire des génocides et la prévention des crimes contre l’humanité» du 27 janvier, à la journée de la déportation (avril) ou au Concours national de la Résistance et de la déportation. Clôturant en mai 2006 les travaux d’un séminaire sur «La traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions: mémoire et histoire», organisé par le ministère, l’inspecteur général d’histoire Laurent Wirth déclare que «face au devoir de mémoire constamment mentionné par les médias», il convenait de «privilégier un devoir d’histoire», en considérant que «l’histoire est essentielle pour pacifier les conflits de mémoire».» (p. 240).

Ces remises en cause de la formule n’empêchent cependant pas la dissémination dans d’autres espaces de parole du devoir de mémoire. À partir des années 2000, si à l’échelle nationale, centrale plus précisément, des médias et du pouvoir, on observe une diminution, conséquence de sa mise à distance par certains acteurs, du recours à la formule, il n’en est pas de même au niveau local en revanche et différents indicateurs montrent une grande continuité dans les usages du terme (p. 243–244). En outre. Pour Sébastien Ledoux, «au vu de la progression du nombre d’occurrences entre 2000 et 2010, devoir de mémoire à réussi sa conversion dans le langage du Web. La formule apparait comme un objet de communication mobilisé à la fois par les médias et par les internautes» (p. 248). Pour Ledoux, on observe de nouvelles formes de patrimonialisation dans et par Internet.

En conclusion de sa quatrième partie, Sébastien Ledoux note que

«La formule s’est construite par des instantes légitimantes du discours (télévision, radio, presse quotidienne nationale, acteurs politiques d’envergure nationale) et s’est déployée par le biais d’usages politiques effectués par les représentants de l’État (le Président Jacques Chirac surtout, et le Premier ministre Lionel Jospin). Cependant, devoir de mémoire s’est très rapidement diffusé au niveau local. Ces usages ont servi à dénommer des rituels commémoratifs inscrits dans le temps long, usages qui perdurent encore actuellement avec la même fréquence. Dans le même temps, un reflux se manifeste au niveau «central» à partir de 2006, qui concernent le temps court de la parole politique du pouvoir national et des médias de référence. Cependant un tel constat doit être nuancé par la forte présence de la formule sur Internet, média qui obéit à une autre temporalité, celle des flux continus. On peut aussi percevoir à l’œuvre une dissociation des temporalités dans l’évolution la plus récente de la trajectoire du terme. Devoir de mémoire se dissémine dans les usages sociaux davantage que politiques, en s’appuyant sur des supports variés à la fois neufs (réseaux sociaux sur Internet) et anciens (presse régionale). En cela, la formule s’est parfaitement intégrée au processus de «glocalisation» à l’œuvre dans la société depuis la fin des années 1990» (p. 251).

L’enseignant d’histoire enclin à privilégier le travail de mémoire ou le devoir d’histoire se heurtera fort probablement à ces usages sociaux que les élèves et leurs parents fréquentent sur les réseaux sociaux et dans la presse régionale. À eux, non pas de les contourner, mais de les prendre en compte pour dépasser l’émotionnel et le compassionnel. De sorte de construire, avec et pour leurs élèves, une intelligilité historique critique et citoyenne.

Note :

(1) Ledoux, S. (2016). Le devoir de mémoire. Une formule et son histoire. Paris : CNRS éditions, 367 p.

Kaufmann, L. (2013). Histoire du devoir de mémoire et enseignement de l’histoire, une interview de Sébastien Ledoux. Le Café pédagogique, No 142, avril.

Ce texte est ma chronique du mois de février pour le mensuel du Café pédagogique : Kaufmann, L. (2016). Devoir de mémoire : histoire d’une formule retracée par Sébastien Ledoux. Le Café pédagogique, No 168, février.

Classé sous :Didactique, Publications

Opinion : En 2015 comme en 1945, il faut étudier les bourreaux

6 mars 2015 by Lyonel Kaufmann

auschwitz_i_entrance_snowL’entrée du camp de concentration d’Auschwitz, en 2007. Logaritmo via Wikimedia Commons.

Titiou Lecoq nous offre sur Slate.fr un intéressant article alliant historiographie du Génocide des Juifs et histoire de son enseignement. A la base une question centrale, à l’heure des commémorations de la Seconde Guerre mondiale et des horreurs actuellement commises dans le monde : comment l’humain est-il capable de basculer dans l’horreur? Cet article offre est à lire en complément à mon billet récent sur Auschwitz Revue de Presse : Auschwitz | Aggiormento.

Pour, Iannis Roder, auteur, professeur d’histoire-géo et formateur pour le Mémorial de la Shoah,

«Il faut entrer dans cette histoire par les bourreaux, pas par les victimes. Ce sont eux qui sont actifs. Il faut donner à comprendre aux élèves qui étaient les nazis, comment ils voyaient le monde.»

Cependant, ce n’est de loin pas l’approche empruntée ni par les programmes, ni par les enseignants.

L’autre problème du programme selon Iannis Roder, c’est qu’il inclut la Shoah au sein du bloc sur la guerre, suivant le courant fonctionnaliste et la coupant de l’idéologie. Ce sont certes les circonstances de la guerre qui font basculer dans le génocide, mais ce génocide n’est possible qu’à l’aune de l’idéologie nazie. Comprendre cette idéologie est donc une nécessité absolue, de même qu’étudier le contexte du passage à l’acte.

Pire encore, si vous avez fait votre scolarité avant 1995 ou si vous avez regardé le documentaire-fiction Apocalypse ou Apocalypse Hitler de Costelle et Clarke ((Kaufmann, L. (2009). Apocalypse : au delà des prouesse techniques est-ce de l’histoire ? Le Café pédagogique, No 105, septembre et Kaufmann, L. (2011). L’enquête historique à l’âge d’Apocalypse. Le Café pédagogique, No 127, novembre)), il y a des chances pour que l’alpha et l’omega de ce qu’on vous a enseigné sur la Shoah ressemble à ça: Hitler était un fou charismatique qui, depuis Mein Kampf, nourrissait le projet d’exterminer les juifs. Il ait, en gros, réussi à hypnotiser tout un peuple (grâce au terreau de l’humiliation du Traité de Versailles et de la crise économique) et aurait progressivement mis en place la solution finale. C’est la thèse, dite intentionnaliste qui n’a plus les faveurs des historiens depuis longtemps, mais qui a été remise en vogue à la télévision par la série Apocalypse de Costelle et Clarke.

L’article : En 2015 comme en 1945, il faut étudier les bourreaux | Slate.fr

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions Balisé avec :39-45, antisémitisme, GénocideJuif, nazisme, Shoah

Revue de Presse : La mémoire filmée de la Shoah | CNRS le journal

16 février 2015 by Lyonel Kaufmann

L’exposition «Filmer la guerre : les Soviétiques face à la Shoah» qui se déroule en ce moment à Paris présente un point de vue poignant mais parfois insoutenable sur ce que l’on a appelé «la Shoah par balles». Valérie Pozner, spécialiste de l’histoire du cinéma russe et soviétique, en explique le caractère inédit au journal du CNRS.
 
De nombreux documentaires et expositions ont déjà été consacrés à la destruction des juifs d’Europe entre 1940 et 1945. Pourtant, l’exposition (link is external) qui se déroule jusqu’au 27 septembre au Mémorial de la Shoah,  dont vous êtes commissaire scientifique, apporte un autre regard sur le génocide juif : quelle est la spécificité des documents présentés ?
Valérie Pozner1 : Nous avons croisé des archives filmiques, photographiques, avec la presse, la documentation judiciaire et administrative, afin de contextualiser précisément ces images. Il faut noter que 80 % des images de cette exposition sont inédites. Elles documentent les différents modes opératoires de la Shoah à l’Est : exécutions par balles, pendaisons, ghettos, camps, bûchers… dont les traces ont été captées à partir de la fin 1941 et jusqu’en 1945. Nous avons pu dresser une carte précisant, pour les principaux sites de massacres, ce qui a été filmé ou photographié, et à quelle date. Les premières questions auxquelles il faut tenter de répondre concernent cette fabrique soviétique des images : dans quelles conditions ces images ont-elles été captées ?  Avec quelles instructions ?  Comment ont-elles été montées, puis diffusées, ou non, à qui, dans quel cadre et surtout, dans quel but ? Mais aussi, pourquoi toutes ces images sont-elles inconnues à l’Ouest alors qu’une bonne part ont été rendues publiques à l’époque ?

Lire la suite : La mémoire filmée de la Shoah | CNRS le journal

 

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, sur le web

« La Grande Guerre a nourri la littérature durant un siècle »

4 février 2014 by Lyonel Kaufmann

Pour Laurence Campa, maîtresse de conférences en lettres modernes à l’université Paris-XII Val-de-Marne, la Première Guerre mondiale continue d’inspirer les écrivains parce qu’elle est plus qu’un cadre historique. Auteure de la « Petite bibliothèque du centenaire », sélection commentée d’œuvres littéraires sur la Grande Guerre de 1914 à aujourd’hui, elle est à l’interview pour Le Monde : Laurence Campa : « La Grande Guerre a nourri la littérature durant un siècle ».

Sa « Petite bibliothèque du centenaire » comporte 4 parties, chacune comportant une sélection d’écrits littéraires :

  1. Le temps de la guerre, 1914-1919
    Les récits publiés pendant la guerre et dans l’immédiate après-guerre portent le sceau de l’événement.
  2. D’une guerre à l’autre, 1920-1939
    Au sortir du conflit, le grand public se lasse de la littérature de guerre et aspire à tourner la page. En 1919, le Goncourt prime À l’ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust, plutôt que Les Croix de bois de Roland Dorgelès.
    Cependant, la littérature de guerre n’a pas dit son dernier mot. Écrire sur la guerre demeure une préoccupation majeure. Les uns se penchent sur leur expérience combattante, les autres sur la douloureuse question du retour des hommes.
  3. Après 1945, 1945-1979
    Débâcle française, divisions nées de l’Occupation, génocide et bombe atomique, dévastations de l’Europe, la guerre qui s’achève a engendré tant de malheurs que la Grande Guerre s’en trouve éclipsée. De l’une à l’autre, le monde a changé et avec lui, la littérature. L’affrontement entre nations a laissé place aux conflits idéologiques ; la déshumanisation des tranchées à l’inhumanité des camps. Or, si elle reflue chez les jeunes esprits et dans les fictions, la Grande Guerre perdure dans les mémoires.
  4. Récits contemporains, 1980 à nos jours
    Depuis une trentaine d’années, la Grande Guerre fait retour en littérature. Avec la disparition des derniers témoins, les archives, toujours plus nombreuses, deviennent les vecteurs de la mémoire et le relais de la parole vive. La Grande Guerre procède aujourd’hui du partage, de la transmission et de la filiation. De même que jadis, carnets, journaux et lettres ont servi la mise en récit des écrivains et des témoins, de même l’histoire familiale et les papiers, privés ou publics, nourrissent-ils à présent de nombreuses narrations.

A lire aussi, notre précédent billet : La Première Guerre mondiale : une passion littéraire française ?

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions, Publications

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