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Histoire Lyonel Kaufmann

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Hiroshima

17 août 1945 – La faute aux autorités militaires – Journal d’Hiroshima

17 août 2017 by Lyonel Kaufmann

Sur le front de l’hôpital, le Dr Hachiya et son équipe font tout leur possible avec les moyens à leur disposition. Sur le front de la capitulation, dès le lendemain, le Dr Hachiya met la responsabilité sur les épaules des autorités militaires. Il préserve l’Empereur. Dans les rues de la ville, des troubles surviennent. Deux jours plus tard, son ressentiment ne redescend pas à l’égard des militaires.

« J’ai mal dormi la nuit dernière. Je me faisais du souci pour l’Empereur, et j’avoue que son bien être occupait davantage mon esprit que le spectacle de la défaite. Il était la victime d’une clique de militaires qui, dans la défaite, s’apprêtaient à lui en faire porter l’entière responsabilité. Insidieusement, graduellement, tout en affichant son allégeance envers l’Empereur, l’armée avait fini par étendre son emprise sur l’ensemble du pays. Bien avant que la population, peu méfiante, eût commencé à entrevoir les conséquences de tout cela, l’armée invoquait le nom de l’Empereur pour mieux s’accaparer le pouvoir et s’assurer de l’allégeance de la nation. (…)

Sous un tel joug, ceux qui souffraient le plus étaient les soldats du rang, le peuple, et avec eux l’Empereur. Autrement, pourquoi celui-ci aurait-il été contraint d’annoncer la capitulation et d’assumer la responsabilité d’une entreprise initiée par un groupe de militaires ? »

« Le docteur Moriya m’apprit que les esprits s’étaient apaisés à Tokyo. De plus, il m’informa que l’Empereur avait de lui-même décidé d’annoncer la capitulation à la radio, ne voulant pas que la nation eût à souffrir davantage. Diamétralement opposée à mon hypothèse de départ, cette nouvelle m’émut profondément. »

Avec son témoignage, le Dr Hachiya nous fournit un aperçu évocateur du culte à l’égard de l’Empereur d’une majorité de Japonais, de leur vénération pour le trône et de leur profonde inquiétude à l’égard de ce dernier. Il fait part également de son profond mépris à l’égard des chefs militaires japonais alors que précédemment il avait nourri des sentiments de sympathie à leur égard. A présent, parce qu’ils ont trahi l’Empereur et trompé le peuple, il les méprise. Son attitude est partagée par la population japonaise en général.

Dans son journal, le Dr Hachiya exprimera à une seule occasion de la haine. Cette dernière s’exprimera, non pas à l’égard des Américains, mais à l’égard du général Hideki Tojo1 — ministre des armées de 1940 à 1944 qui sera jugé comme criminel de guerre et condamné à mort — et l’armée impériale pour avoir conduit le pays au désastre et au déshonneur.

« Journal d’Hiroshima, 6 Aout – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

  1. Lors du procès de Tokyo, Tōjō déclara lors de son premier interrogatoire que « nul ne pouvait s’opposer à l’empereur », impliquant que seul Hirohito pouvait prendre des décisions telles que de bombarder Pearl Harbor ou mettre fin à la guerre. Après un ajournement de l’audition, Tōjō succomba aux pressions du procureur en chef Joseph Keenan et se rétracta en affirmant lors d’un second interrogatoire que son empereur avait toujours été un homme de paix. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hideki_Tōjō ↩

Classé sous :Nouvelles de l'histoire Balisé avec :39-45, Hiroshima

16 août 1945 – Des conditions de travail précaires – Journal d’Hiroshima

16 août 2017 by Lyonel Kaufmann

Si désormais, le Dr Michihiko Hachiya et le personnel savent à quel type de bombe ils doivent faire face, les moyens matériels élémentaires manquent pour faire leur travail ainsi que le montre l’extrait suivant daté du 16 août. Ils n’en font pas moins leur travail au plus près de leur conscience.

« Je consacrai une partie de la matinée à essayer de mettre à jour les dossiers des patients encore présents dans l’hôpital. Il nous avait été impossible d’y penser auparavant, chacun s’étant efforcé de tout faire pour répondre aux besoins urgents des malades. J’ai déjà mentionné l’immense charge de travail que le docteur Koyama et son équipe endurèrent pour sauver l’hôpital, sans jamais penser à eux-mêmes et avec très peu de répit. À ma demande, le docteur Katsube se chargea de noter avec autant de précision que possible toutes les observations subjectives ou objectives que nous avions pu faire. Les docteurs Hanaoka et Akiyama l’assistèrent dans cette tâche. Nous n’avions ni microscope, ni réactifs chimiques, ni laboratoire, mais on accorderait peut-être un jour une grande importance aux observations cliniques et aux autres données consignées par nos soins. Nulle part ailleurs dans l’histoire du monde une population n’avait été exposée aux effets dévastateurs d’une bombe atomique. »

« Journal d’Hiroshima, 6 Aout – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

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15 août 1945 – L’annonce et le choc de la capitulation – Journal d’Hiroshima

15 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Tout le Japon est dans l’attente de la déclaration que l’Empereur doit faire le 15 août. Un poste radio est finalement trouvé à l’hopital. L’attente est pesante. L’onde de choc saisira le Dr Hachiya.

Avant la retransmission, l’état d’esprit du docteur :

« C’était le jour de la retransmission.

Malgré ma détermination à éviter les spéculations et les conjectures, j’avais fini par me livrer à un débat intérieur, d’où j’avais tiré la conclusion que l’émission allait annoncer une invasion ennemie sur nos côtes. Certainement le quartier général allait-il nous ordonner de combattre jusqu’au dernier sang. Quelle situation désespérée !

[…]

Tout avait mal tourné, et maintenant l’ennemi allait débarquer au Japon. Rien que d’y penser, j’en étais malade. »

Les conditions de réception de l’émission sont plus que précaires et la capitulation est à peine entendue :

« On nous invita à nous rassembler dans une salle du Bureau des communications. Une radio avait été arrangée, et lorsque je pénétrai dans la salle, il y avait déjà foule. Je m’adossai à l’entrée et attendis. Au bout de quelques minutes, la radio se mit à ronronner et crépiter bruyamment sous l’effet de l’électricité statique. On pouvait entendre une voix indistincte, qui ne se faisait claire que par moments. Je ne parvins à percevoir qu’une seule phrase, qui disait quelque chose comme : « Supportez l’insupportable ». Puis le parasitage cessa ; l’émission était terminée.

M. Okamoto, le chef du Bureau, qui était resté debout près de l’appareil, se tourna vers nous et nous dit : « L’émission a fait entendre la voix même de l’Empereur, et il vient de nous dire que nous avons perdu la guerre. Jusqu’à nouvel ordre, je veux que vous mainteniez vos activités. » 

Une fois la stupeur passée, l’hôpital est en proie au tumulte. Le choc de la capitulation est plus considérable que celui du bombardement pour toutes les personnes présentes :

« Soudain, l’hôpital fut en proie au tumulte, et personne ne pouvait rien y faire. Beaucoup de ceux qui avaient été de fervents partisans de la paix, ou d’autres qui avaient perdu toute inclination pour la guerre à la suite du pika, exigeaient maintenant à grands cris que la guerre continuât. À présent que la capitulation était un fait accompli, irréfutable et définitif, il n’y avait plus moyen de calmer ceux qui venaient d’en être informés. Puisque tout était perdu et qu’on ne pouvait donc craindre de perdre davantage, tout le monde cédait au désespoir. Je commençai à partager le même sentiment –il fallait se battre jusqu’au dernier sang et puis mourir. Pourquoi s’acharner à vivre dans un corps mutilé ? N’était-il pas préférable de mourir pour son pays et de couronner son existence de perfection, plutôt que de vivre dans la honte et le déshonneur ?

Le seul mot de « capitulation » avait produit un choc plus considérable que le bombardement de notre ville. Plus j’y pensais, plus je me sentais affligé et misérable.

Mais l’ordre de capituler avait été donné par l’Empereur, et nous ne pouvions rien objecter à cela. »

« Journal d’Hiroshima, 6 Août – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

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12 août 1945 : Une bombe atomique ! Journal d’Hiroshima

12 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Le 12 août, soit 6 jours après le bombardement de la ville d’Hiroshima, la visite du capitaine Fujihara à l’hôpital permet au Dr Michihiko Hachiya d’identifier enfin la nature exacte de la bombe utilisée.

« –Où étiez-vous au moment de l’explosion ? demanda le capitaine Fujihara.
–Le docteur était en train de se reposer dans le hanareya, et moi, je me tenais debout sous une fenêtre vitrée de la cuisine. » « Voyez ce qui m’est arrivé », poursuivit ma femme en lui montrant les cicatrices qu’elle devait à la projection des débris de verre.
Parti d’Okayama, le capitaine Fujihara s’était arrêté pour nous rendre visite la veille de l’explosion, et il nous avait apporté un panier de ces pêches fameuses qui font la réputation de la préfecture d’Okayama. Il passa la nuit chez nous et, pour pouvoir prendre le premier train pour Iwakuni, il était reparti le matin suivant sans même prendre le temps de se laver le visage. Le souvenir des pêches d’Okayama me fit venir l’eau à la bouche.
« La perte de ces pêches est un moindre mal, observa le capitaine Fujihara. C’est un miracle que vous ayez survécu. Après tout, l’explosion d’une bombe atomique est une chose terrible.
–Une bombe atomique ! m’écriai-je en me redressant sur mon lit. N’est-ce pas la bombe dont j’ai entendu dire qu’elle pouvait pulvériser Saipan, et cela avec seulement dix grammes d’hydrogène ?
–C’est bien cela, affirma Ichiro-san. J’ai obtenu cette information à l’hôpital naval d’Iwakuni, où l’on étudie et soigne des victimes d’Hiroshima qui paraissent souffrir d’un mal épouvantable. »

« Journal d’Hiroshima, 6 Août – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL
Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

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9 – 11 août 1945 : Le Pikadon – Journal d’Hiroshima

9 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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A partir du 9 août, dans le journal du Dr Michihiko Hachiya, le mot Pikadon fait son apparition pour nommer l’explosion. Pika signifie «étincelle», «lueur» ou «éclat soudain de lumière», à l’image de l’éclaire. Don signifie «boum!» ou déflagration. Accolés l’un à l’autre, ces deux vocables servirent pour les habitant.e.s d’Hiroshima, à désigner un éclaire accompagné d’une explosion. On pourrait traduire littéralement par : «flash-boum!».

9 août 1945 :

« Pour ma part, je pouvais assurer n’avoir entendu aucune explosion l’autre matin. Je n’avais pas non plus le souvenir d’avoir perçu la moindre détonation tandis que je me dirigeais vers l’hôpital et que les maisons s’effondraient autour de moi. J’avais plutôt eu l’impression de marcher comme dans un film lugubre et muet. Ceux que j’avais interrogés à ce sujet m’avaient confié avoir eu le même sentiment.
Quant à ceux qui s’étaient trouvés dans la périphérie de la ville au moment de l’explosion, ils se servaient pour la nommer du mot pikadon. Comment alors pouvait-on expliquer que ni moi ni d’autres n’eussions entendu d’explosion, si ce n’était en la déduisant du fait qu’une variation soudaine de la pression atmosphérique avait rendu temporairement sourds ceux qui s’étaient trouvés dans les parages ? Pouvait-on assigner la même cause aux saignements que nous commencions à observer ? »
Comme d’autres habitants, le Dr Michihiko Hachiya dit aussi simplement pika. Le 11 août, il dresse un portrait poignant de l’état de faiblesse physique et mentale des survivant.e.s :

11 août 1945 :

« Je pensai aux histoires que j’avais entendues le premier jour. Que l’homme est une chose faible et fragile face à une telle puissance de destruction ! Après le pika, la population toute entière avait été réduite à un état général de faiblesse physique et mentale. Ceux qui en étaient capables marchaient en silence vers la banlieue et les collines avoisinantes, totalement brisés et privés de volonté. Quand on leur demandait d’où ils venaient ils tendaient un doigt vers la ville et disaient : « de là » ; et lorsqu’on leur demandait où ils allaient, ils désignaient la direction opposée et disaient : « là-bas ». Ils étaient à ce point brisés et hébétés qu’ils se mouvaient et se comportaient comme des automates.
Leur allure avait étonné les observateurs étrangers. Ils témoignaient avec stupéfaction du spectacle qu’offraient ces longues files de gens avançant imperturbablement sur un chemin étroit et cahoteux, alors qu’une route facile et sans heurts, allant dans la même direction, se trouvait à proximité. Ces étrangers ne pouvaient comprendre qu’ils assistaient à l’exode d’une population se mouvant dans le royaume des songes.»
« Journal d’Hiroshima, 6 Août – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL
Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

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7 août 1945 – Journal d’Hiroshima de Michihiko Hachiya

7 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Dans ce livre publié en 1955 qui fit grand bruit alors, réédité en 2011 en France, un médecin japonais, Michihiko Hachiya, raconte les différentes étapes de l’après Hiroshima: les douleurs après l’explosion, l’incompréhension, la sidération, et l’entrée dans l’ère atomique. Plus de cinquante ans après, ce journal garde tout son intérêt sur la manière dont l’événement fut vécu par les habitant.e.s, les équipes médicales sur place et un témoignage également sur la manière dont la capitulation a été vécue.

« Quelle sorte de bombe avait détruit Hiroshima ? Que m’avaient dit mes visiteurs au cours de la journée ? De toute façon, cela n’avait pas de sens.

Il ne pouvait y avoir eu qu’un petit nombre d’avions. Même ma propre mémoire en convenait. Avant l’alarme aérienne, on avait entendu le son métallique d’un seul avion, pas plus. Sinon, pourquoi l’alarme se serait-elle interrompue ? Pourquoi n’avait-elle plus retenti au cours des cinq ou six minutes précédant l’explosion ?

J’avais beau raisonner, je ne parvenais pas à concilier ces faits avec l’anéantissement qui s’en était suivi. Peut-être s’était-on effectivement servi d’une arme nouvelle ! Plus d’un de mes visiteurs avait vaguement parlé d’une « nouvelle bombe », d’une « arme secrète » ou d’une « bombe spéciale ». Quelqu’un avait même dit que cette bombe se trouvait suspendue à deux parachutes au moment où elle avait éclaté ! Quoi qu’il en soit, cela dépassait ma capacité de compréhension. À des dégâts d’une telle ampleur, on ne pouvait donner aucune explication. Nous n’avions à notre disposition que des histoires aussi peu substantielles que les nuages insaisissables.

Une chose était certaine : Hiroshima était détruite, et avec elle l’armée qui y tenait garnison. »

Un jour après le bombardement, le journal du docteur Michihiko Hachiya indique l’incompréhension par rapport à l’événement qui s’est passé et son caractère entièrement nouveau.

Document précieux et authentique, le Journal d’Hiroshima propose une plongée inédite dans l’enfer que fut cette ville martyre, la découverte des effets de la bombe et la manière dont sera vécue la capitulation du Japon.

« Journal d’Hiroshima, 6 Aout – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

Classé sous :Publications Balisé avec :39-45, Hiroshima

6 août 1945 – Journal d’Hiroshima de Michihiko Hachiya

6 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Dans ce livre publié en 1955 qui fit grand bruit alors, réédité en 2011 en France, un médecin japonais, Michihiko Hachiya, raconte les différentes étapes de l’après Hiroshima: les douleurs après l’explosion, l’incompréhension, la sidération, et l’entrée dans l’ère atomique. Plus de cinquante ans après, ce journal garde tout son intérêt sur la manière dont l’événement fut vécu par les habitant.e.s, les équipes médicales sur place et un témoignage également sur la manière dont la capitulation a été vécue.

« Il était tôt. La matinée était calme, chaude et belle. Tandis que je regardais pensivement vers le sud à travers les portes grandes ouvertes de la maison, des feuillages scintillants, reflétant la luminosité d’un ciel sans nuage, formaient un ravissant contraste avec les ombres du jardin. 


Vêtu d’un caleçon et d’un maillot de corps, j’étais étendu sur le sol du séjour, épuisé au sortir d’une nuit sans sommeil à l’hôpital, où j’avais été de garde pour parer à l’éventualité d’un raid aérien. 


Soudain, un puissant éclair de lumière me fit tressaillir, puis un second. On garde en mémoire de tels détails : je me souviens parfaitement d’une lanterne en pierre qui se mit à scintiller vivement dans le jardin, et je me demandais si cette lumière provenait d’un éclair de magnésium ou des étincelles causées par le passage d’un tramway. 


Les ombres du jardin disparurent. Le paysage, si brillant et ensoleillé un instant auparavant, devint sombre et brumeux. Au travers d’une poussière virevoltante, je pouvais à peine distinguer le pilier en bois qui soutenait un angle de ma maison. Il penchait excessivement et le toit vacillait dangereusement. 


Instinctivement, je tentai de fuir, mais des gravats et des poutres tombées au sol me barraient le passage. En me faufilant à tâtons, je réussis à atteindre le couloir, puis à sortir dans le jardin. Submergé par un immense sentiment de faiblesse, je m’immobilisai pour regagner mes forces. À ma grande stupeur, je découvris alors que j’étais complètement nu. Chose étrange ! Où étaient passés mon caleçon et mon maillot de corps ? 


Que s’était-il passé ? 


Tout le flanc droit de mon corps était lacéré et saignait. Un grand éclat de quelque chose saillait d’une plaie ouverte à ma cuisse, et quelque chose de chaud s’écoulait dans ma bouche. En la touchant délicatement, je m’aperçus que ma joue était déchirée et que ma lèvre inférieure pendait, béante. Un gros morceau de verre était fiché dans mon cou ; sans y penser, je l’en délogeai, et, avec le détachement d’un homme sidéré et en état de choc, je l’étudiai ainsi que ma main ensanglantée. »

Ainsi commence le journal du docteur Michihiko Hachiya. Ayant survécu à l’explosion, il se rend immédiatement à l’hôpital, dont il est le directeur. Il découvre une ville dévastée, jonchée de cadavres, d’hommes et de femmes brûlés au dernier degré agonisant lentement au milieu des décombres.

Dans une langue à la fois épurée et précise qui, malgré l’horreur, ne perd rien de son élégance et de sa pudeur, il raconte, jour après jour, les deux mois qui suivirent la catastrophe. Les morts bien sûr, mais aussi l’apparition de ces étranges symptômes que personne ne reconnaît et qui annoncent toujours une fin certaine et douloureuse. Face à la pénurie de nourriture et de matériel médical, à la souffrance des blessés, aux conditions de vie sordides, les médecins, les infirmières et ceux qui en sont capables font tout ce qu’ils peuvent pour soulager les très nombreux blessés et découvrir, avec les moyens du bord, l’origine de ce mal inconnu. Outre cet hommage à la formidable solidarité qui se tisse alors, le récit du docteur Hachiya est un témoignage historique incomparable sur les événements qui suivent l’explosion de la bombe – la capitulation du Japon, l’arrivée de l’armée d’occupation américaine… – et sur la façon dont la population japonaise les perçoit.

Document précieux et authentique, le Journal d’Hiroshima propose une plongée inédite dans l’enfer que fut cette ville martyre.

« Journal d’Hiroshima, 6 Aout – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

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Hiroshima, le noyau d'une guerre | Ecrans

12 octobre 2011 by Lyonel Kaufmann

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Hiroshima, le noyau d’une guerre:

« Monstre », « progrès », ou « mal nécessaire » : il y a soixante- six ans, l’utilisation de l’arme atomique ne faisait déjà pas consensus. La puissance américaine d’alors a pourtant réussi à unifier les voix pour ne garder qu’un seul message. Celui qu’on lit dans nos livres d’histoire : les bombes atomiques ont été larguées sur Hiroshima et Nagasaki dans le seul but de forcer les Japonais à capituler, et mettre un terme à une guerre qui n’en finit pas. Dans la Face cachée de Hiroshima, le documentariste japonais Kenichi Watanabe dévoile, implacable, les véritables enjeux d’une telle entreprise.

(Via Ecrans)

Classé sous :Nouvelles de l'histoire Balisé avec :39-45, Hiroshima

Hiroshima, 64 years ago | The Big Picture

6 août 2009 by Lyonel Kaufmann

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Photographie couleur, datant de mars 1946, illustrant les dégâts à Hiroshima. (U.S. National Archives)

250’000 personnes estimées au moment du bombardement, 70’000 tuées immédiatement et 70’000 dans les cinq ans qui suivirent. Telles fut les conséquences du bombardement le 6 août 1945 de la ville d’Hiroshima. Dernier acte de la Deuxième guerre mondiale avec le bombardement de Nagasaki et premier acte de la Guerre froide. En ce jour de l’an 64 après le premier bombardement de l’ère atomique, Big Picture, spécialisé dans le reportage photo, nous propose un impressionnant et émouvant retour en arrière avec ce reportage photo commémoratif.

Hiroshima, 64 years ago – The Big Picture – Boston.com

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