
Alors que le dimanche 29 mai, les Français commémoreront le centenaire de la bataille de Verdun, Le Figaro interviewe l’historien allemand Gerd Krumeich, spécialiste de la Première Guerre mondiale. Ce dernier a publié en novembre dernier Verdun 1916 (Tallandier), avec l’historien français Antoine Prost. Deux extraits de cet interview.
La France et l’Allemagne vont commémorer le centenaire de la bataille de Verdun. Quelle place occupe cette bataille dans l’histoire allemande?
La bataille de Verdun n’a pas la même place dans la mémoire allemande que dans celle de la France. Depuis les années 1920 et encore aujourd’hui, Verdun est perçue comme un carnage absurde, où plus de 140.000 soldats sont tombés pour rien. Ils ont combattu malgré la stratégie insensée du général Falkenhayn et se sont sacrifiés pour l’Allemagne. Cet aspect a été utilisé ensuite par la propagande nazie. Après la Deuxième Guerre mondiale et ses horreurs, la bataille est tombée dans l’oubli. Puis Verdun est devenu un lieu de rencontre entre vétérans allemands et français. La compréhension franco-allemande s’y est développée au fur et à mesure et Verdun s’est transformé en lieu de réconciliation.
Comment la bataille de Verdun est-elle enseignée dans les écoles allemandes?
Elle l’est très peu. On évoque les morts et son inutilité. La photo de la poignée de mains entre Kohl et Mitterrand, en 1984, est reproduite dans tous les manuels. Verdun cŽest le symbole d’une histoire commune et d’un deuil commun. Verdun nous rappelle que l’entente franco-allemande est essentielle pour que vive l’Europe.
L’article du Figaro : Vu d’Allemagne : «Verdun, un carnage inutile»