Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre : Un jeu unique, inspiré de faits réels. Il est possible d’y jouer sur sa tablette ou un smartphone.
L’article sur l’AppleStore apporte des informations intéressantes sur la réalisation du jeu.
L’historien Gérard Noiriel vient d’ouvrir son blogue. Il en explique les raisons et les finalités dans son premier billet. Laissons-le expliquer les raisons de sa démarche.
« J’ai créé ce blog dans le but d’approfondir, d’expliciter et de discuter des questions que j’ai développées dans mon Histoire populaire de la France (Agone, 2018). Même si cet ouvrage dépasse les 800 pages, étant donné qu’il couvre une période extrêmement longue (de la guerre de Cent Ans à nos jours), j’ai souvent été contraint de limiter mes analyses, de faire des choix draconiens dans les exemples, dans les références bibliographiques, etc. Ce blog me permettra d’aller plus loin en tenant compte des réflexions, des critiques, des compléments apportés par les lecteurs.
La seconde raison de ce blog tient à ma volonté de reprendre pied dans l’espace public pour aborder les grands problèmes d’actualité en mobilisant les outils que nous offrent les sciences sociales. Je me range dans la catégorie des « intellectuels spécifiques». Elle regroupe les universitaires qui interviennent publiquement pour éclairer des questions qu’ils ont eux-mêmes étudiées, afin d’aider les citoyens à enrichir leur propre réflexion, mais en évitant les jugements de valeur, les dénonciations, les mises en cause personnelle, etc. Cette posture est aujourd’hui mal en point car les bouleversements récents des techniques de communication (réseaux sociaux, chaînes d’information continue, etc) marginalisent de plus en plus la réflexion et la connaissance, au profit des leçons de morale, des anathèmes, des plaidoyers de toutes sortes.
[…]
C’est ce genre d’objectif que j’essaierai d’atteindre dans ce blog en m’efforçant de « reproblématiser » des questions brûlantes de notre actualité.
[…]
La troisième raison qui m’a poussé à ouvrir ce blog est résumée dans son titre : « le populaire dans tous ces états ». Je suis convaincu, en effet, qu’il s’agit-là d’un enjeu majeur quand on veut « reproblématiser » notre actualité. Voilà pourquoi la question du « populaire » (que je définis dans mon livre comme une relation de pouvoir entre ceux d’en haut et ceux d’en bas) sera le fil conducteur de mon blog.»
Les deux premiers billets publiés depuis traitent de la question du rôle des intellectuels dans le débat public et du rapport de notre présent avec la situation politique des années 1930 :
« Si nous voulons comprendre le processus qui conduit les dominés à s’affronter entre eux en pérennisant ainsi les formes de domination qu’ils subissent, il faut nécessairement prendre du recul par rapport à l’actualité et parfois même accepter de se replier dans sa « tour d’ivoire » afin d’éviter que la classe dominante exploite nos analyses pour alimenter ses discours réactionnaires. »
Deux premiers billets déjà passionnants et éloignés de tout « simplisme ».
Source : Reproblématiser l’actualité – Le populaire dans tous ses états
En 2008, le dernier vétéran de l’armée allemande de la Grande Guerre est mort dans l’indifférence générale. Une situation bien éloignée du traitement des poilus en France.
Un cercueil drapé de bleu-blanc-rouge, porté par onze légionnaires du 3e régiment étranger d’infanterie, fait son entrée dans la cour des Invalides, à Paris, le 17 mars 2008. Tous les drapeaux tricolores des administrations publiques sont en berne. La France rend hommage national à Lazare Ponticelli, le dernier poilu français de la Première Guerre mondiale, mort quelques jours auparavant.
Pourtant, de l’autre côté du Rhin, c’est bien dans l’oubli que sont tombés les derniers vétérans de la Grande Guerre. Ainsi, Erich Kästner, dernier soldat de l’armée impériale allemande, est mort le 1er janvier 2008, près de Cologne, à l’âge de 107 ans, dans l’indifférence générale. Un banal avis d’obsèques a été publié dans la rubrique nécrologie du journal local de Hanovre, le Hannoversche Allgemeine Zeitung, sans faire état de son passé militaire. « Après une longue vie remplie, notre père, beau-père et grand-père bien-aimé s’est éteint », peut-on simplement lire. La mort du dernier soldat allemand de la Première Guerre mondiale a bien failli passer totalement inaperçue.
— Lire la suite sur mobile.francetvinfo.fr/societe/guerre-de-14-18/centenaire-de-l-armistice-de-1918-erich-kastner-symbole-des-derniers-soldats-de-l-empire-allemand-oublies-de-l-histoire2955061.html
Emmanuel Debruyne retrace le sort douloureux des Françaises et des Belges jugées trop proches des Allemands pendant la Grande Guerre. Le compte-rendu est d’André Loez. Son avis.
L’intérêt du livre tient à la quantité de documents qu’il brasse pour dessiner un tableau complet et réfléchi du trouble alors semé dans les rapports de sexe et de genre. Dense, presque exhaustive, l’enquête interroge les réalités de la natalité et de l’avortement en guerre, et surtout les angoisses et les stéréotypes qui en découlent parmi les contemporains. Le propos aurait gagné à être resserré, mais cet amas de sources n’en rend que plus poignante l’absence de témoignages venant directement des femmes liées aux soldats occupants, protagonistes silencieuses, et pour longtemps déshonorées, de cette histoire. En creux, leur parole manquante illustre l’indicible de ces « rencontres bricolées », à la fois permises et interdites par le conflit.
« Femmes à Boches ». Occupation du corps féminin, dans la France et la Belgique de la Grande Guerre, d’Emmanuel Debruyne, Les Belles Lettres, 464 p., 25,90 €.
— À lire sur www.lemonde.fr/livres/article/2018/11/10/femmes-a-boches-les-stigmates-du-corps-feminin-a-la-loupe_5381702_3260.html
Professeur d’histoire-géographie au lycée Charles François Lebrun de Coutances (Manche), Christian Savary est aussi devenu un acteur majeur de la vie locale grâce à l’association Sentiers de la mémoire qu’il a créé en 2004. En quelques années cette association lycéenne est devenue un animateur de la petite ville normande et aussi une expérience humaine forte et fédératrice pour sa jeunesse.
Pas de chance. L’interview de Christian Savary commence alors que le président de la République vient de justifier une cérémonie en mémoire de Philippe Pétain, ex-maréchal. Et C Savary revient tout juste d’un périple qui l’a conduit, avec 84 jeunes, sur les derniers pas de Juifs baltes en passant par Riga, Vilnius, Kaunas, Treblinka, Auschwitz et Cracovie. Alors pour lui, « il est difficile de concevoir qu’en juillet on organise une grande cérémonie pour l’entrée de S Veil au Panthéon et que 4 mois plus tard on rende hommage à Pétain. C’est difficilement lisible pour les jeunes. Or le sens c’est justement ce qu’ils viennent chercher aux Sentiers de la mémoire ».
Lire la suite : Christian Savary : L’engagement sur Les Sentiers de la mémoire
Evoquant «le poids de sa honte» devant le Parlement, le premier ministre Justin Trudeau a dénoncé la politique d’immigration discriminatoire de l’époque.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau a présenté mercredi des excuses officielles au parlement pour le refus du Canada d’accueillir en 1939 des centaines de Juifs allemands qui cherchaient à fuir le régime nazi. Un paquebot avait été retourné en Belgique.
Le 15 mai 1939, à quelques mois du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le paquebot «Saint-Louis» avait quitté l’Allemagne avec près de 1000 passagers, dont 907 Allemands juifs cherchant à échapper à la persécution. Première escale du navire, Cuba leur avait refusé l’asile. Même chose aux Etats-Unis, puis au Canada, en raison d’une politique d’immigration discriminatoire à l’époque.
Le paquebot était finalement retourné vers l’Europe, accostant dans le port belge d’Anvers, d’où ses passagers avaient fini par se disperser, certains en Belgique, d’autres en France, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni. Parmi eux, 254 ont péri durant l’Holocauste.
A lire : Le Canada présente ses excuses pour avoir renvoyé des Juifs vers le port d’Anvers en 1939 – Le Temps
Crédit photo : l’image Justin Trudeau s’est excusé pour son pays. /REUTERS /Chris Wattie © REUTERS
Par Christine Chevalier-Caron, candidate au doctorat en histoire à l’Université du Québec à Montréal et Philippe Néméh-Nombré, candidat au doctorat en sociologie à l’Université de Montréal
« Suite à l’attentat qui a eu lieu à la synagogue Tree of life de Pittsburgh samedi dernier, et alors que le premier ministre Justin Trudeau s’apprête à présenter les excuses officielles du gouvernement pour son refus d’admettre les réfugiés.es judéo-allemands.es se trouvant à bord du navire Saint-Louis en 1939, de nombreuses discussions sur l’antisémitisme ont émergé dans l’espace public. Exception faite des chroniques du Journal de Montréal où les sentiments antijuifs et l’antisémitisme sont couramment attribués à la gauche antiraciste, divers animateurs.rices, journalistes et commentateurs.rices ont soutenu que le Canada avait traditionnellement été une terre d’accueil pour les communautés juives. Et pour en rajouter, certains d’entre eux et elles ont même été jusqu’à exprimer leur surprise quant au soutien que les Musulmans et Musulmanes ont manifesté à l’égard des populations juives. Considérant nos recherches respectives sur l’histoire juive, l’antisémitisme et la multiplicité des formes d’oppression au Canada et au Québec, nous n’avons pas seulement été surpris.e par la tenue de ces propos inexacts, mais aussi profondément choqués.es par la déresponsabilisation qu’ils traduisent et par les assomptions qui sous-tendent l’étonnement quant à la solidarité exprimée par les communautés musulmanes. Il nous apparait donc essentiel de revenir sur la présentation du Canada comme une terre d’accueil, distorsion significative qui s’inscrit dans une falsification de l’histoire permettant aux Québécois.es et aux Canadiens.nes de banaliser l’antisémitisme propre à la société dans laquelle ils et elles vivent et de s’en déresponsabiliser. »
Lire la suite : L’antisémitisme et l’hospitalité canadienne et québécoise – HistoireEngagée.ca
«Des hordes d’adolescents armés de haches et de pieds-de-biche écumaient la ville, détruisant les vitres des magasins juifs, y pénétrant et ravageant tout à l’intérieur», rapporte Hans Dasen à la légation de Berlin, le 11 novembre 1938. Il y a 80 ans, le gérant du consulat de Suisse à Francfort est le témoin de ladite «Nuit de Cristal» (dodis.ch/46704). Ni lui, ni son collègue, le consul Franz Rudolph von Weiss, à Cologne, ne perçoivent dans ce pogrom une «réaction spontanée du peuple allemand», comme le prétend le ministre du Reich Goebbels; ils reconnaissent au contraire clairement «que cette action inhumaine à l’encontre les juifs était menée conformément à un plan établi en haut lieu» (dodis.ch/46705).
Cf. aussi le e-Dossier «La Suisse, les réfugiés et la Shoah».
Lire la suite du dossier : e-Dossier: Les 80 ans de la Nuit de Cristal | dodis.ch
Après une première édition réussie avec plus de 500 participant.e.s, Ludovia#CH revient en 2019 du 16 au 18 avril 2019 à Yverdon-les-Bains. Vous trouverez ci-dessous l’appel à communication pour le colloque scientifique. L’appel pour les ateliers est prévu pour fin novembre. L’ouverture des inscriptions interviendra elle à fin janvier 2019. A vos claviers et à vos agendas !
Colloque scientifique Ludovia#ch 2019
Des ressources numériques pour ressourcer la pratique
du 16 au 18 avril 2019, Yverdon, Suisse
https://ludovia.ch/appel-a-communications/
Date limite pour soumettre une proposition : 02/12/2018
Une ressource est tout ce qui peut ressourcer la pratique du professeur écrit Adler (2000). Ainsi, avec le numérique, la manière dont les enseignants recherchent, sélectionnent et adaptent les ressources pour leur enseignement sont des processus qui subissent de profonds changements qui doivent être pris en compte dans leur formation et leur activité (Gueudet et Trouche, 2010). Le développement de l’accès aux ressources numériques a profondément bouleversé le rapport de l’enseignant aux ressources éducatives. On assiste à une modification de l’ensemble du processus allant de la création des ressources, de leur diffusion, de l’évaluation de leur qualité, de leur adaptation et finalement de l’utilisation de ces ressources en situation d’enseignement ou de formation.
Du point de vue de la création des ressources, on observe que les enseignants passent de consommateurs à co-créateurs des ressources numériques qu’ils utilisent (Bueno-Ravel, Gueudet, 2014) et ce travail de co-création a des répercussions sur la manière dont ils envisagent leur enseignement.
Les moyens de diffusion et recherche de ressources numériques conduisent à un foisonnement de ressources disponibles pour les enseignants, et ce foisonnement conduit à se poser la question de la manière d’évaluer la qualité d’une ressource, tant par les enseignants que par les institutions.
Finalement, l’accessibilité permanente aux ressources, par les enseignants et les étudiants, invite à repenser tant l’activité de l’enseignant que la façon dont les élèves apprennent.
Ainsi, s’intéresser à la question des ressources numériques éducatives, c’est poser des questions qui dépassent largement le cadre de la classe et qui concernent de nombreuses thématiques :
Le colloque scientifique Ludovia#CH 2019 souhaite accueillir des contributions de recherche qui abordent ces thématiques. Ainsi, les contributions soumises devront s’inscrire dans la thématique générale du colloque et porter sur les sujets suivants :
Les soumissions prendront la forme d’un synopsis de 3 pages respectant le modèle téléchargeable ici. Le synopsis sera anonymisé (les noms et références des auteurs seront remplacés par une suite de xxxx). Les fichiers devront être déposés sur EasyChair.
La date limite pour les soumissions est le 2 décembre 2018 à minuit et les auteurs recevront notification fin janvier 2019. Les soumissions seront soumises à une double évaluation par les membres du comité scientifique.
Les propositions de contributions seront évaluées au regard de leur pertinence par rapport à la thématique du colloque, leur caractère original, leur lisibilité et leur rigueur scientifique d’un point de vue théorique, méthodologique et argumentatif.
Les soumissions retenues feront l’objet d’une présentation de 30 mn (20 mn + 10 mn de questions).
Elles seront publiées sous forme d’actes disponibles au téléchargement sur le site. Les communications qui ne respecteront pas le format exigé seront rejetées.
Adler, J. (2000). Conceptualising resources as a theme for teacher education. Journal of Mathematics Teacher Education, 3, 205–224.
Bueno-Ravel, L. et Gueudet, G. (juin 2014). Quelles ressources pour les professeurs des écoles et leurs formateurs? Apports de la recherche en didactique. Conférence au 41e colloque Copirelem, 18-20 juin, Mont de Marsan.
Gueudet, G et Trouche, T. (2010) Ressources vives, le travail documentaire des professeurs en mathématiques, Rennes, PUR.
A travers l’expérience d’un jeune Africain envoyé à la boucherie, David Diop adopte un point de vue inédit sur la guerre de 14-18 et explore la douleur de l’exil. Son roman, Frère d’âme (Seuil, 176 pages), figure parmi les attendus des prix littéraires 2018.
« Tout a commencé pour David Diop à la lecture de lettres de poilus, “chargées d’une grande émotion, car ce sont des lettres qui ont été écrites par des jeunes gens qui allaient mourir. J’ai voulu chercher des lettres équivalentes de tirailleurs sénégalais, mais je n’en ai pas trouvées. Il y a un lieu au Mali où certains effets de ces soldats auraient été conservés, dont des lettres. Mais un historien m’a confirmé que souvent celles-ci n’étaient pas intimes mais administratives. Je me suis dit que je pouvais, moi, imaginer une intimité d’un tirailleur sénégalais pendant la guerre.”
Ce sera celle d’Alfa Ndiaye, l’un des narrateurs les plus bouleversants qu’on ait pu inventer ces dernières années. Engagé volontaire, dans ce qui allait être une boucherie, pour suivre son ami, son plus que frère, bref son “frère d’âme” Mademba Diop, il va vivre dans sa chair la violence et l’injustice de la guerre.
Si tous les jeunes gens enrôlés en auront souffert, les soldats sénégalais étaient ceux qu’on envoyaitau front en première ligne, c’est-à-dire ceux qui se faisaient tirer par les Allemands comme des lapins, ceux aussi à qui l’on ne donnait pas de manteau, puisqu’ils allaient mourir de toute façon. “Certains étaient envoyés pour couper les barbelés entre les deux lignes et là, c’était du tir au pigeon. Mais tout le monde a souffert de cette abomination.”
Dans Frère d’âme, ce sont en effet eux que le capitaine Armand sacrifie d’abord – les autres jeunes y passeront ensuite, de toute façon. Dès le début, Alfa assiste à la mort lente et atrocement douloureuse de son ami, éventré par l’ennemi “aux yeux bleus”. “Alfa Ndiaye refuse trois fois de l’achever. C’est ce moment-là qui est fatal pour lui. Alfa tombe dans une espèce de folie meurtrière, car il a perdu sa raison de faire la guerre et son meilleur ami”, raconte David Diop.»
Source : LesInrocks – Rencontre avec la grande révélation de la rentrée littéraire, David Diop