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Histoire Lyonel Kaufmann

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Lyonel Kaufmann

22 août 1945 – Les premiers résultats d’examens sanguins – Journal d’Hiroshima

22 août 2017 by Lyonel Kaufmann

En recoupant le niveau de globules blancs avec la localisation des personnes par rapport à l’épicentre de l’explosion, l’équipe médicale sont en mesure d’établir un premier lien entre les deux.

« Après le dîner, les docteurs Katsube et Hanaoka me communiquèrent les résultats des premiers examens sanguins effectués sur nos patients. Comme nous n’avions pas d’électricité, le microscope ne pouvait être utilisé que pendant le jour, et je fus impressionné de constater qu’ils avaient quand même eu le temps d’étudier une cinquantaine de cas.

Le taux de globules blancs chez les personnes exposées dans la zone d’Ushita, à deux ou trois kilomètres de l’épicentre de l’explosion, était compris entre 3000 et 4000. Ceux qui avaient été exposés plus près de l’épicentre, et qui étaient moins nombreux, présentaient un taux d’environ 1000. Les patients gravement malades présentaient un taux inférieur à ce chiffre. Plus ils s’étaient trouvés proches de l’épicentre, plus leur taux de globules blancs était bas.

Si nous pouvions examiner le sang de plusieurs centaines de personnes, alors nous serions en mesure d’établir un lien entre la distance vis-à-vis de l’épicentre et le taux de globules blancs. »

« Journal d’Hiroshima, 6 Août – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

Classé sous :Nouvelles de l'histoire Balisé avec :39-45, Hiroshima

20 août 1945 – Arrivée d’un microscope – Journal d’Hiroshima

20 août 2017 by Lyonel Kaufmann

L’arrivée tant attendue d’un microscope va permettre à l’équipe médicale de vérifier leurs hypothèses concernant la baisse des globules blancs.

« Temps clair dans l’ensemble, avec quelques nuages.

Le microscope que je désirais tant arriva dans la matinée, envoyé par l’hôpital des Communications de Tokyo. Il nous était apporté par un messager spécial, sur ordre du chef Ikuta, ancien directeur du Bureau des communications.

Installer le microscope et le préparer pour opérer le décompte des globules blancs ne nous prit pas beaucoup de temps. Chez les six personnes qui se trouvaient dans notre chambre, nous trouvâmes un taux d’environ 3000, soit un peu moins de la moitié du taux normal, qui est situé entre 6000 et 8000.

Les analyses sanguines étaient dirigées par le docteur Katsube et le docteur Hanaoka, et tout le monde travaillait fiévreusement pour qu’un maximum de patients fussent examinés. Certains d’entre eux présentaient un taux de seulement 500 à 600, bien qu’il tournât autour de 2000 pour la majorité. (…}

Chez les patients brûlés et blessés, aux suppurations abondantes, on se serait attendu à trouver des taux de globules blancs élevés, et pourtant ils étaient tout aussi bas. Mes soupçons se confirmaient. Nos patients souffraient d’une maladie du sang qui se caractérisait par une agranulocytose, c’est-à-dire une disparition des globules blancs. Une certaine substance toxique devait être responsable de ce phénomène.»

« Journal d’Hiroshima, 6 Août – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

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19 août 1945 – La situation ne s’améliore pas – Journal d’Hiroshima

19 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Sur le front de l’hôpital, le Dr Hachiya et son équipe sont confrontés à des nouveaux problèmes et à de nouvelles questions concernant leurs patients alors qu’ils semblaient se rétablir de leurs brûlures ou de leurs blessures consécutives à la bombe atomique.

Après le pika, nous avions pensé que les brûlés ou les blessés se rétabliraient grâce à nos soins. De toute évidence, nous avions eu tort. Ceux qui paraissaient en voie de guérison présentaient bientôt d’autres symptômes, et ils finissaient par être emportés. Que tant de patients périssent sans que nous pussions comprendre la cause de leur décès nous mettait au désespoir. Nous ne parvenions pas à expliquer leurs symptômes. En outre, depuis quelques jours des taches faisaient leur apparition. Nous n’en étions que plus alarmés.

Des centaines de patients étaient morts dans les premiers jours, puis le taux de mortalité avait décru. Mais à présent, il remontait de nouveau. Ceux qui succombèrent au cours des trois ou quatre premiers jours suivant le pika présentaient les mêmes symptômes : un état de malaise général, de l’anorexie, des éructations, de la diarrhée et des vomissements. (…)

Une hypothèse est avancée : une diminution des globules blancs:

Il était maintenant évident que les symptômes déconcertants dont nous étions témoins n’avaient aucun rapport avec l’épidémie de dysenterie. L’hypothèse fut avancée que ces symptômes pouvaient être expliqués par une diminution du taux de globules blancs, et que cette diminution procédait quant à elle des effets toxiques de l’angine gangréneuse. L’idée que l’angine gangréneuse pût être causée par la diminution du taux de globules blancs ne m’effleurait pas l’esprit.

Pourquoi la leucopénie survenait-elle ?

Je ne pouvais pas aller plus loin. Je ne comprenais rien à ce mystère. Que fallait-il donc faire ? Qu’allait-il encore nous arriver ? N’y avait-il aucune réponse ? Ces pensées me tinrent éveillé jusqu’au matin,. »

« Journal d’Hiroshima, 6 Aout – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

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17 août 1945 – La faute aux autorités militaires – Journal d’Hiroshima

17 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Sur le front de l’hôpital, le Dr Hachiya et son équipe font tout leur possible avec les moyens à leur disposition. Sur le front de la capitulation, dès le lendemain, le Dr Hachiya met la responsabilité sur les épaules des autorités militaires. Il préserve l’Empereur. Dans les rues de la ville, des troubles surviennent. Deux jours plus tard, son ressentiment ne redescend pas à l’égard des militaires.

« J’ai mal dormi la nuit dernière. Je me faisais du souci pour l’Empereur, et j’avoue que son bien être occupait davantage mon esprit que le spectacle de la défaite. Il était la victime d’une clique de militaires qui, dans la défaite, s’apprêtaient à lui en faire porter l’entière responsabilité. Insidieusement, graduellement, tout en affichant son allégeance envers l’Empereur, l’armée avait fini par étendre son emprise sur l’ensemble du pays. Bien avant que la population, peu méfiante, eût commencé à entrevoir les conséquences de tout cela, l’armée invoquait le nom de l’Empereur pour mieux s’accaparer le pouvoir et s’assurer de l’allégeance de la nation. (…)

Sous un tel joug, ceux qui souffraient le plus étaient les soldats du rang, le peuple, et avec eux l’Empereur. Autrement, pourquoi celui-ci aurait-il été contraint d’annoncer la capitulation et d’assumer la responsabilité d’une entreprise initiée par un groupe de militaires ? »

« Le docteur Moriya m’apprit que les esprits s’étaient apaisés à Tokyo. De plus, il m’informa que l’Empereur avait de lui-même décidé d’annoncer la capitulation à la radio, ne voulant pas que la nation eût à souffrir davantage. Diamétralement opposée à mon hypothèse de départ, cette nouvelle m’émut profondément. »

Avec son témoignage, le Dr Hachiya nous fournit un aperçu évocateur du culte à l’égard de l’Empereur d’une majorité de Japonais, de leur vénération pour le trône et de leur profonde inquiétude à l’égard de ce dernier. Il fait part également de son profond mépris à l’égard des chefs militaires japonais alors que précédemment il avait nourri des sentiments de sympathie à leur égard. A présent, parce qu’ils ont trahi l’Empereur et trompé le peuple, il les méprise. Son attitude est partagée par la population japonaise en général.

Dans son journal, le Dr Hachiya exprimera à une seule occasion de la haine. Cette dernière s’exprimera, non pas à l’égard des Américains, mais à l’égard du général Hideki Tojo1 — ministre des armées de 1940 à 1944 qui sera jugé comme criminel de guerre et condamné à mort — et l’armée impériale pour avoir conduit le pays au désastre et au déshonneur.

« Journal d’Hiroshima, 6 Aout – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

  1. Lors du procès de Tokyo, Tōjō déclara lors de son premier interrogatoire que « nul ne pouvait s’opposer à l’empereur », impliquant que seul Hirohito pouvait prendre des décisions telles que de bombarder Pearl Harbor ou mettre fin à la guerre. Après un ajournement de l’audition, Tōjō succomba aux pressions du procureur en chef Joseph Keenan et se rétracta en affirmant lors d’un second interrogatoire que son empereur avait toujours été un homme de paix. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hideki_Tōjō ↩

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Qu’est-ce que l’Histoire publique (Public History) ?

17 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Invité à l’occasion de la 4e Conférence annuelle la Fédération internationale pour l’histoire publique (FIHP) à Ravene, Benjamin Brillaud, le Youtubeur de Notabene, nous présente à la fois la conférence, ses intervenants et la démarche de l’histoire publique. La vidéo est une bonne introduction sur le sujet de l’histoire publique.

Sa présentation de la vidéo vous intéressera également :

Fort heureusement, vous vous êtes trompés 🙂

Si l’Histoire, en tant que discipline, peut souffrir d’une image parfois encore poussiéreuse, il y a néanmoins de plus en plus d’acteur du secteur de l’Histoire qui œuvrent collectivement pour transmettre l’Histoire de manière plus efficace au public sans sacrifier la rigueur qui lui est dû.

Dans cet épisode un peu particulier, je tenterai de vous montrer ce qu’est l’Histoire publique et pourquoi c’est important à notre époque. Nous verrons ensemble si elle peut trouver un écho en France et si les historiens français sont prêts pour ça.

Pour en savoir un peu plus sur la Conférence : 4th IFPH Annual Conference Program – Ravenna, Italy, 5-9 June 2017. Vous pouvez en apprendre plus sur la fédération internationale d’Histoire publique à travers son blog : http://ifph.hypotheses.org/.

Concernant une définition de l’Histoire publique, je vous invite à lire ce compte-rendu de Serge Noiret : Définir le champ de l’Histoire Publique Numérique, un atelier à THATCamp Paris 2015.

Je vous invite également à lire le blog Public History Weekly qui publie des contributions de divers horizons et de spécialistes internationaux relativement aux usages publics de l’histoire.

Concernant le premier master en Histoire publique ouvert récemment en France à université Paris-Est Créteil : http://www.u-pec.fr/pratiques/universite/formation/master-histoire-parcours-histoire-publique-644604.kjsp postuler : https://candidatures.u-pec.fr/ecandidat/#!accueilView. Vous pouvez aussi consulter le Carnet du master histoire publique de l’université de Paris-Est Créteil. Ce carnet présente les travaux des étudiants du master « Histoire publique » de l’université de Paris-Est-Créteil et interroge toutes les formes de savoirs historiques nées et diffusées en dehors du monde universitaire.

Source de l’image : http://www.sfasu.edu/publichistory/

Classé sous :Histoire active, sur le web

16 août 1945 – Des conditions de travail précaires – Journal d’Hiroshima

16 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Si désormais, le Dr Michihiko Hachiya et le personnel savent à quel type de bombe ils doivent faire face, les moyens matériels élémentaires manquent pour faire leur travail ainsi que le montre l’extrait suivant daté du 16 août. Ils n’en font pas moins leur travail au plus près de leur conscience.

« Je consacrai une partie de la matinée à essayer de mettre à jour les dossiers des patients encore présents dans l’hôpital. Il nous avait été impossible d’y penser auparavant, chacun s’étant efforcé de tout faire pour répondre aux besoins urgents des malades. J’ai déjà mentionné l’immense charge de travail que le docteur Koyama et son équipe endurèrent pour sauver l’hôpital, sans jamais penser à eux-mêmes et avec très peu de répit. À ma demande, le docteur Katsube se chargea de noter avec autant de précision que possible toutes les observations subjectives ou objectives que nous avions pu faire. Les docteurs Hanaoka et Akiyama l’assistèrent dans cette tâche. Nous n’avions ni microscope, ni réactifs chimiques, ni laboratoire, mais on accorderait peut-être un jour une grande importance aux observations cliniques et aux autres données consignées par nos soins. Nulle part ailleurs dans l’histoire du monde une population n’avait été exposée aux effets dévastateurs d’une bombe atomique. »

« Journal d’Hiroshima, 6 Aout – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

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15 août 1945 – L’annonce et le choc de la capitulation – Journal d’Hiroshima

15 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Tout le Japon est dans l’attente de la déclaration que l’Empereur doit faire le 15 août. Un poste radio est finalement trouvé à l’hopital. L’attente est pesante. L’onde de choc saisira le Dr Hachiya.

Avant la retransmission, l’état d’esprit du docteur :

« C’était le jour de la retransmission.

Malgré ma détermination à éviter les spéculations et les conjectures, j’avais fini par me livrer à un débat intérieur, d’où j’avais tiré la conclusion que l’émission allait annoncer une invasion ennemie sur nos côtes. Certainement le quartier général allait-il nous ordonner de combattre jusqu’au dernier sang. Quelle situation désespérée !

[…]

Tout avait mal tourné, et maintenant l’ennemi allait débarquer au Japon. Rien que d’y penser, j’en étais malade. »

Les conditions de réception de l’émission sont plus que précaires et la capitulation est à peine entendue :

« On nous invita à nous rassembler dans une salle du Bureau des communications. Une radio avait été arrangée, et lorsque je pénétrai dans la salle, il y avait déjà foule. Je m’adossai à l’entrée et attendis. Au bout de quelques minutes, la radio se mit à ronronner et crépiter bruyamment sous l’effet de l’électricité statique. On pouvait entendre une voix indistincte, qui ne se faisait claire que par moments. Je ne parvins à percevoir qu’une seule phrase, qui disait quelque chose comme : « Supportez l’insupportable ». Puis le parasitage cessa ; l’émission était terminée.

M. Okamoto, le chef du Bureau, qui était resté debout près de l’appareil, se tourna vers nous et nous dit : « L’émission a fait entendre la voix même de l’Empereur, et il vient de nous dire que nous avons perdu la guerre. Jusqu’à nouvel ordre, je veux que vous mainteniez vos activités. » 

Une fois la stupeur passée, l’hôpital est en proie au tumulte. Le choc de la capitulation est plus considérable que celui du bombardement pour toutes les personnes présentes :

« Soudain, l’hôpital fut en proie au tumulte, et personne ne pouvait rien y faire. Beaucoup de ceux qui avaient été de fervents partisans de la paix, ou d’autres qui avaient perdu toute inclination pour la guerre à la suite du pika, exigeaient maintenant à grands cris que la guerre continuât. À présent que la capitulation était un fait accompli, irréfutable et définitif, il n’y avait plus moyen de calmer ceux qui venaient d’en être informés. Puisque tout était perdu et qu’on ne pouvait donc craindre de perdre davantage, tout le monde cédait au désespoir. Je commençai à partager le même sentiment –il fallait se battre jusqu’au dernier sang et puis mourir. Pourquoi s’acharner à vivre dans un corps mutilé ? N’était-il pas préférable de mourir pour son pays et de couronner son existence de perfection, plutôt que de vivre dans la honte et le déshonneur ?

Le seul mot de « capitulation » avait produit un choc plus considérable que le bombardement de notre ville. Plus j’y pensais, plus je me sentais affligé et misérable.

Mais l’ordre de capituler avait été donné par l’Empereur, et nous ne pouvions rien objecter à cela. »

« Journal d’Hiroshima, 6 Août – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

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12 août 1945 : Une bombe atomique ! Journal d’Hiroshima

12 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Le 12 août, soit 6 jours après le bombardement de la ville d’Hiroshima, la visite du capitaine Fujihara à l’hôpital permet au Dr Michihiko Hachiya d’identifier enfin la nature exacte de la bombe utilisée.

« –Où étiez-vous au moment de l’explosion ? demanda le capitaine Fujihara.
–Le docteur était en train de se reposer dans le hanareya, et moi, je me tenais debout sous une fenêtre vitrée de la cuisine. » « Voyez ce qui m’est arrivé », poursuivit ma femme en lui montrant les cicatrices qu’elle devait à la projection des débris de verre.
Parti d’Okayama, le capitaine Fujihara s’était arrêté pour nous rendre visite la veille de l’explosion, et il nous avait apporté un panier de ces pêches fameuses qui font la réputation de la préfecture d’Okayama. Il passa la nuit chez nous et, pour pouvoir prendre le premier train pour Iwakuni, il était reparti le matin suivant sans même prendre le temps de se laver le visage. Le souvenir des pêches d’Okayama me fit venir l’eau à la bouche.
« La perte de ces pêches est un moindre mal, observa le capitaine Fujihara. C’est un miracle que vous ayez survécu. Après tout, l’explosion d’une bombe atomique est une chose terrible.
–Une bombe atomique ! m’écriai-je en me redressant sur mon lit. N’est-ce pas la bombe dont j’ai entendu dire qu’elle pouvait pulvériser Saipan, et cela avec seulement dix grammes d’hydrogène ?
–C’est bien cela, affirma Ichiro-san. J’ai obtenu cette information à l’hôpital naval d’Iwakuni, où l’on étudie et soigne des victimes d’Hiroshima qui paraissent souffrir d’un mal épouvantable. »

« Journal d’Hiroshima, 6 Août – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL
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9 – 11 août 1945 : Le Pikadon – Journal d’Hiroshima

9 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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A partir du 9 août, dans le journal du Dr Michihiko Hachiya, le mot Pikadon fait son apparition pour nommer l’explosion. Pika signifie «étincelle», «lueur» ou «éclat soudain de lumière», à l’image de l’éclaire. Don signifie «boum!» ou déflagration. Accolés l’un à l’autre, ces deux vocables servirent pour les habitant.e.s d’Hiroshima, à désigner un éclaire accompagné d’une explosion. On pourrait traduire littéralement par : «flash-boum!».

9 août 1945 :

« Pour ma part, je pouvais assurer n’avoir entendu aucune explosion l’autre matin. Je n’avais pas non plus le souvenir d’avoir perçu la moindre détonation tandis que je me dirigeais vers l’hôpital et que les maisons s’effondraient autour de moi. J’avais plutôt eu l’impression de marcher comme dans un film lugubre et muet. Ceux que j’avais interrogés à ce sujet m’avaient confié avoir eu le même sentiment.
Quant à ceux qui s’étaient trouvés dans la périphérie de la ville au moment de l’explosion, ils se servaient pour la nommer du mot pikadon. Comment alors pouvait-on expliquer que ni moi ni d’autres n’eussions entendu d’explosion, si ce n’était en la déduisant du fait qu’une variation soudaine de la pression atmosphérique avait rendu temporairement sourds ceux qui s’étaient trouvés dans les parages ? Pouvait-on assigner la même cause aux saignements que nous commencions à observer ? »
Comme d’autres habitants, le Dr Michihiko Hachiya dit aussi simplement pika. Le 11 août, il dresse un portrait poignant de l’état de faiblesse physique et mentale des survivant.e.s :

11 août 1945 :

« Je pensai aux histoires que j’avais entendues le premier jour. Que l’homme est une chose faible et fragile face à une telle puissance de destruction ! Après le pika, la population toute entière avait été réduite à un état général de faiblesse physique et mentale. Ceux qui en étaient capables marchaient en silence vers la banlieue et les collines avoisinantes, totalement brisés et privés de volonté. Quand on leur demandait d’où ils venaient ils tendaient un doigt vers la ville et disaient : « de là » ; et lorsqu’on leur demandait où ils allaient, ils désignaient la direction opposée et disaient : « là-bas ». Ils étaient à ce point brisés et hébétés qu’ils se mouvaient et se comportaient comme des automates.
Leur allure avait étonné les observateurs étrangers. Ils témoignaient avec stupéfaction du spectacle qu’offraient ces longues files de gens avançant imperturbablement sur un chemin étroit et cahoteux, alors qu’une route facile et sans heurts, allant dans la même direction, se trouvait à proximité. Ces étrangers ne pouvaient comprendre qu’ils assistaient à l’exode d’une population se mouvant dans le royaume des songes.»
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L´étrange défaite | Avoir raison avec Marc Bloch

8 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Ce texte, écrit à chaud dans l’été 1940, est une analyse implacable de la défaite française. Marc Bloch qui, bien que déjà âgé, s’était volontairement engagé dans les combats de la bataille de France, a vécu la débâcle française.

Il tente de démêler les responsabilités militaires et politiques de cet échec mais en profite aussi pour présenter, à la première personne, le témoin qu’il est. Ce texte ne sera publié que de manière posthume, après son exécution en 1944 par les allemands, en 1946 au éditions « Franc-Tireur ». Il est devenu, depuis quelques années, le texte de référence des historiens de l’histoire du temps présent. Peter Schottler, cofondateur des « Cahiers Marc Bloch » et longtemps chercheur à l’Institut d’Histoire du Temps Présent, et Christian Ingrao, spécialiste de l’histoire du nazisme, qui a dirigé l’IHTP, nous disent combien cet ouvrage est essentiel pour la discipline historique.

Présentation du témoin dans « L’étrange défaite »

Je suis Juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nulle autre, du moins par la naissance. Je n’en tire ni orgueil ni honte, étant, je l’espère, assez bon historien pour n’ignorer point que les prédispositions raciales sont un mythe et la notion même de race pure une absurdité particulièrement flagrante, lorsqu’elle prétend s’appliquer, comme ici, à ce qui fut, en réalité, un groupe de croyants, recrutés, jadis, dans tout le monde méditerranéen, turco-khazar et slave. Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite.Mais peut-être les personnes qui s’opposeront à mon témoignage chercheront-elles à le ruiner en me traitant de « métèque ». Je leur répondrai, sans plus, que mon arrière-grand-père fut soldat, en 1793; que mon père en 1870, servit dans Strasbourg assiégé ; que mes deux oncles et lui quittèrent volontairement leur Alsace natale, après son annexion au IIeme Reich; que j’ai été élevé dans le culte de ces traditions patriotiques, dont les Israélites de l’exode alsacien furent toujours les plus fervents mainteneurs; que la France, enfin, dont certains conspireraient volontiers à m’expulser aujourd’hui et peut-être (qui sait?) y réussiront, demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur . J’y suis né, j’ ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux. Marc Bloch

A écouter : L’étrange défaite | Avoir raison avec Marc Bloch par Emmanuel Laurentin

Source de l’image : Soldats français en janvier 1940 • Crédits : BERLINER VERLAG / ARCHIV / DPA-ZENTRALBILD / DPA – AFP

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Plus de 3000 photos d’Annemarie Schwarzenbach en libre accès

18 novembre 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Pionnière du reportage, Annemarie Schwarzenbach a mené une vie hors du commun pour son époque. A l’occasion du 75e anniversaire de sa mort, les Archives littéraires suisses mettent en ligne gratuitement quelques 3000 photos prises au cours de ses voyages. Une excellente initiative ! On la connaissait davantage en tant qu’auteure littéraire qu’en tant que […]

Rends l’argent Le jour où l’argent est enfin devenu une question de femmes

27 octobre 2020 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Saviez-vous qu’il a fallu attendre 1965 pour qu’en France (oui, en France), les femmes mariées aient le droit d’ouvrir un compte en banque? Que la première femme à entrer dans la Bourse l’a fait en 1967? Que pendant longtemps, le mariage a surtout été une question d’argent? Dans ce deuxième épisode de Rends l’argent, Titiou interroge sa […]

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Commémoration du bombardement d'Hiroshima : une mémoire sous contrôle national | Histoire, Mémoire et Société

12 août 2013 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

50 000 : c’est le nombre de japonnais qui se sont rendus à la cérémonie commémorative du bombardement d’Hiroshima le 6 août 2013, 68 ans après la catastrophe. Ils étaient déjà 50 000 en 2012 et plusieurs dizaines de milliers en 2011, quelques mois seulement après le drame de Fukushima. Il s’agit donc aujourd’hui d’une des cérémonies […]

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Intelligence artificielle, éthique et société | The International Review of Information Ethics (IRIE)

11 juillet 2020 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La Revue internationale de l’éthique de l’information (IRIE) (The International Review of Information Ethics (IRIE)) vient de publier le volume 28 qui rassemble des articles sur l’intelligence artificielle, l’éthique et la société. Ce numéro est issu de la conférence AI, Ethics and Society conference que le Kule Institute for Advanced Study (KIAS) a organisée. Ce […]

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