• Passer à la navigation principale
  • Passer au contenu principal
  • Passer à la barre latérale principale
Histoire Lyonel Kaufmann

Histoire Lyonel Kaufmann

  • Mes Publications
  • Blog
  • Cours
    • Planifier
    • Film&Histoire
  • A propos

Blog

Wikiconcours lycéen – CLEMI

5 septembre 2018 by Lyonel Kaufmann

Ce dispositif, organisé pour la sixième année consécutive, associe le CLEMI à Wikimédia France pour proposer aux lycéens et lycéennes de contribuer à Wikipédia (création d’articles et enrichissement de contenus existants).

Le projet s’inscrit dans une démarche d’éducation aux médias et à l’information (EMI) ainsi que d’éducation au numérique. L’écriture collaborative est au centre du travail et mobilise des compétences essentielles telles que savoir chercher, savoir organiser, savoir vérifier, savoir publier.

Deux modalités de contribution sont proposées :

  • Améliorer un article existant considéré comme à l’état d’ébauche ;
  • Créer un article, en ayant vérifié sa pertinence encyclopédique.

Inscriptions : jusqu’au jeudi 1er novembre 2018

Toutes les informations pratiques : Wikiconcours lycéen – CLEMI

Classé sous :Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire

Jean-Michel Blanquer à Ludovia : « Je vous ai compris » ?

3 septembre 2018 by Lyonel Kaufmann

Une semaine et demie après mon retour de Ludovia#15, il est temps pour moi pour un retour sur cette édition. Dans ce billet, je vous propose un décodage de la présence et du discours de Jean-Marie Blanquer, ministre de l’éducation nationale.

Médiatiquement cette édition a bien entendu été marquée par la présence de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale lors de la journée du mardi. Il a fallu attendre cette 15e édition pour qu’un ministre de l’éducation, le plus improbable peut-être relativement aux questions du numérique éducatif, débarque en Ariège.

Il s’est agi d’une double reconnaissance.

La première reconnaissance est celle du travail accompli par Aurélie Julien et Éric Fourcaud et de la place acquise par la manifestation en quinze ans ainsi que l’a souligné le ministre dans son discours à Ax-les-Thermes.

La seconde est celle de la communauté éducative qui participe, produit, éduque, collabore, vibre en Ariège. En choisissant Ludovia et ses participants pour présenter délibérément sa vison et son plan numérique, il a prend cette communauté éducative à témoin et s’engage d’une manière particulière envers ses membres. Il l’a élevée au titre de LA référence en matière du numérique éducatif en France.

Symboliquement aussi, le cœur du numérique et de l’éducation français s’incarne loin de Paris, non seulement en Ariège, mais également comme l’a évoqué le ministre, à Poitiers, qualifiée par le ministre de capitale de l’éducation, notamment autour de l’équipe de Jean-Francois Cerisier. Le numérique se décentre ainsi lui aussi doublement. C’est aussi une rupture par rapport aux politiques suivies par ses prédécesseurs. Elle est signifiée durement avec l’arrêt du plan d’équipement numérique du gouvernement précédent.

Concernant ce dernier élément, c’est au détour d’une phrase que la politique d’équipement précédente est mise au rebut au profit du BYOD :

« L’appui de l’État aux collectivités en matière d’équipements numériques peut prendre des formes variées. Si la modalité d’amorçage en cours de déploiement consiste à co-financer l’achat par les collectivités d’équipements mobiles (« plan tablettes »), la très large diffusion de ces équipements au sein de la population et leur renouvellement technique rapide conduisent à privilégier désormais le développement de projets dits « AVEC » (ou « BYOD », « Bring Your Own Device ») reposant sur l’usage en milieu scolaire de leur propre équipement par les élèves.((http://www.education.gouv.fr/cid133192/le-numerique-au-service-de-l-ecole-de-la-confiance.html#Enseigner_au_XXIe_siecle_avec_le_numerique)).

Cette dernière a été déclinée autour de 5 axes :

  • Placer les données scolaires au cœur de la stratégie numérique du ministère
  • Enseigner au XXIe siècle avec le numérique
  • Accompagner et renforcer le développement professionnel des professeurs
  • Développer les compétences numériques des élèves
  • Créer de nouveaux liens avec les acteurs et les partenaires de l’École

Pour le ministre, les potentialités du numérique représentent un levier de transformation puissant pour accompagner la politique ministérielle dans toutes ses dimensions : transformation pédagogique, avec le numérique au service des apprentissages et de leur évaluation, formation aux enjeux et aux métiers de demain, simplification des relations avec les usagers, modernisation du fonctionnement de l’État avec des systèmes d’information repensés. Le nouveau mantra du ministère se définit sous la maxime

« Le numérique au service de l’École de la confiance »

En effet, durant la conférence de J.-M. Blanquer, cette notion de « Ecole de la confiance » reviendra à plusieurs reprises comme une forme de mantra. Par certains aspects, « Le numérique au service de l’École de la confiance » n’est pas sans faire penser aux slogans de 1984 d’Orwell.

i-war-is-peace-freedom-is-slavery-ignorance-is-strength

Si la prestation de Jean-Michel Blanquer a été solide à Ludovia et qu’il s’est mû avec un plaisir évident à nouer le dialogue avec ses interlocuteurs, malgré le dispositif d’accompagnement ministériel et sa lourdeur co-substantielle, des tensions apparaissent rapidement néanmoins entre la reconnaissance ministérielle des acteurs de Ludovia (enseignant.e.s ou communautés de pratique) et les intentions réelles du ministre énoncées dans son discours d’orientation à propos du numérique à l’école. Elles interrogent aussi sur le sens réel de la politique numérique prônée par le ministre.

1. La fascination techniciste


« Comme dans toute branche économique, une augmentation de la production de l’école peut être réalisée grâce à un apport supplémentaire de moyens ou grâce à une augmentation du rendement par unité de producteur, ou encore par une combinaison des deux. Une saine économie stipule évidemment la seconde voie qui réalise une augmentation de la productivité et par conséquent un abaissement du coût : avec un investissement constant, la production s’accroît. »

Walo Hutmacher, Les machines électroniques au service de l’école, 1966


D’un côté, on retrouve la fascination de l’outillage techniciste :

Les innovations numériques au service de l’efficacité pédagogique

Le développement de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine scolaire va modifier les pratiques quotidiennes des professeurs en les aidant par exemple à recommander des contenus ou des ressources ou encore à apporter une assistance à l’évaluation et à la correction des travaux de leurs élèves. L’IA pourra également révéler de nouvelles informations sur les parcours d’apprentissage des élèves. Elle permettra ainsi aux professeurs de mettre en oeuvre des situations d’apprentissage et un accompagnement plus proches des besoins de chaque élève.

L’évaluation régulière des élèves devient un outil d’apprentissage à part entière. Le numérique va permettre d’expérimenter une évaluation renforcée, s’appuyant sur une meilleure valorisation des données et des capacités de partage améliorées au sein de la communauté éducative. Les élèves pourront s’entraîner, s’autoévaluer, participer à des moments de diagnostic reposant sur des contenus adaptés à leur niveaux et/ou à leurs besoins. Ces dispositifs contribueront également à décharger les professeurs de certaines tâches de correction fastidieuses en leur fournissant les outils qui donnent la possibilité d’individualiser davantage leur action auprès de chaque élève.

Le déploiement progressif des objets connectés dans tous les domaines de la vie sociale incite à mettre ces différents produits interactifs et communicants au service des apprentissages. Demain, les écrans ne seront très probablement plus l’interface dominante entre les individus et les machines. Qu’il s’agisse de suivre ses progressions (avec des bracelets dédiés à l’éducation physique et sportive), de récupérer des données sur des capteurs de toute nature (lunettes, drones, objets domotiques, etc.) ou encore d’apprendre à programmer (des robots par exemple), les objets connectés vont enrichir et renouveler considérablement les modalités d’apprentissage.

Les simulations immersives (réalité augmentée, réalité virtuelle) permettant aux élèves d’entrer dans des expériences à partir de situations authentiques constituent une autre perspective structurante en matière de pédagogie. Ce champ apparaît en effet particulièrement prometteur pour parvenir à un apprentissage par compétences, notamment dans les voies professionnelles et technologiques.

Les possibilités offertes par la technologie blockchain génèrent également de nouvelles opportunités pour l’éducation nationale, s’agissant notamment de la dématérialisation des diplômes, de la certification des compétences et de la valorisation de ressources libres et ouvertes créées par les professeurs.

Dans sa chronique éducation, Philippe Watrelot pointait sous ce discours une forme de taylorisme éducatif, le fantasme d’une personnalisation et le risque que les apprentissages ne se résument à une répétition de la même tâche jusqu’à ce qu’elle soit bien exécutée.

« En fait avec la généralisation des bases de données d’exercices, on peut aboutir à l’image d’enfants tous penchés sur leurs tablettes avec un casque sur les oreilles et répétant les exercices. Cette image vous semble excessive ? C’est pourtant celle qu’on trouve en visionnant les reportages sur le programme PARLER en CP, piloté par « Agir pour l’École » et l’institut Montaigne et qui a les faveurs du Ministre et de son conseil scientifique.»

Ce taylorisme éducatif concernerait non seulement les élèves, mais également les enseignants :

« Le taylorisme éducatif ne concerne pas que les enfants mais aussi les enseignants. Il y a transformation de leur rôle dans cette perspective. Leur rôle d’expert est remis en question dans la mesure où c’est l’algorithme (et demain l’IA) qui décide de la progression des élèves et des réponses appropriées à lui apporter.»

Cette tentation n’est absolument pas nouvelle. Elle se retrouve depuis début du 20e siècle au moins avec chaque nouvelle technologie introduite en classe (film, radio, télévision, laboratoires de langues, micro-ordinateur, etc.) ainsi que l’avait observé en 1986 Larry Cuban dans son ouvrage « Teachers and Machines: The Classroom of Technology Since 1920 ».


« I believe that the motion picture is destined to revolutionize our educational system and that in a few year it will supplant largely, if not entirely, the use of textbooks.

I should say that on the average we got about two percent efficiency out of schoolbooks as they are written today. The education of the future, as I see it, will be conducted trough the medium of the motion picture… where it should be possible to obtain one hundred percent of efficiency. » [Thomas Edision, 1922, cité par Cuban (1986):]


Imposées par le haut et pour résoudre des problèmes de productivité définis et conduits par des non-enseignants, toutes ces innovations ont rarement, pour ne pas dire jamais, réussi leur implantation en classe une fois leur effet de nouveauté évaporé (Cuban 1986 : 54). Notamment parce que, pour Cuban (1986 : 56) :

« adopting technological innovations to improve classroom efficiency offers a view to teaching as a technical process of applying knowledge, skills and tools to students. The teacher, in this view, is a technician. »

Pour Cuban, les technologies adoptées par les enseignants doivent répondre aux critères suivants : être simples, durable, flexible et répondre aux problèmes définis par les enseignants eux-mêmes.


« The tools that teachers have added to their repertoire over time (e.g. chalkboard and textbooks) have been simple, durable, flexible, and responsive to teacher-defined problems in meeting the demands of daily instruction. » (Cuban 1986 : 58)


2. Un levier pour changer les pratiques pédagogiques

Dans son volet « Développer les compétences numériques des élèves », le numérique est aussi convoqué en creux pour amener potentiellement à un profond changement des pratiques pédagogiques, comme pour introduire de nouveaux enseignements :

Développer les compétences numériques des élèves

Des compétences numériques de plus en plus présentes dans les enseignements

Les enseignements portant spécifiquement sur le numérique ou utilisant des ressources et outils numériques contribuent au développement chez les élèves de compétences clés de la société et du monde professionnel du XXIe siècle : la créativité, l’innovation, le travail en groupe, le travail en mode projet ou encore l’autonomie.

Rien de nouveau non plus sous le soleil, dirait Larry Cuban puisque, à l’arrivée de chaque nouveauté technologique, cette dernière est dotée des vertus devant amener ou permettre un changement des pratiques scolaires. Cela ne manque d’ailleurs pas de combler les tenants progressistes de la pédagogie qui, pour certains, deviennent des alliés objectifs des tenants du management scientifique.

Il est à noter que, parlant dans le cadre de Ludovia, à aucun moment dans ce discours d’orientation générale il ne sera fait mention de l’intérêt ou de l’importance pour mener à cette transformation de l’école des différentes communautés ou réseaux d’enseignants, présents en Ariège qui irriguent l’école à partir des questions et des problèmes que se posent les professionnels eux-mêmes. Il en est de même concernant les parents d’élèves.

Le ministre parlera ainsi de mieux accompagner les acteurs de la Edtech ou de renforcer le partenariat avec les collectivités locales, mais à aucun moment de soutenir les collectifs d’enseignants ou de parents d’élèves. Concernant les parents d’élèves, le numérique n’est ainsi valorisé que dans la perspective de leur simplifier les démarches administratives.

Toutes les caractéristiques d’une démarche techniciste développée dans une logique purement top-down sont présentes.

Choisissant Ludovia pour produire son discours de politique d’orientation à propos du numérique, Jean-Michel Blanquer a professé des propos qui sous l’apparence de la reconnaissance des acteurs présents présente des accents et certaines similitudes avec la démarche adoptée par Général de Gaulle dans son discours au Forum d’Alger en 1958 ((A lire : Kaufmann, L. (1993). De Gaulle au forum d’Alger: une micro-lecture du discours du 4 juin 1958. Cahiers de l’ILSL, 4, 1993. pp. 57-75))

A méditer… et à suivre attentivement.

Classé sous :Ludovia, Opinions&Réflexions

Habermas, dans l’espace public 

31 août 2018 by Lyonel Kaufmann

blank

Dans ce portrait intellectuel de l’enfant terrible de l’École de Francfort, S. Müller-Doohm nous découvre un infatigable polémiste, dont les prises de position ont marqué le dernier demi-siècle. C’est aussi l’histoire allemande d’après-guerre que cette première biographie nous donne à parcourir.

Compte-rendu de Clotilde Nouât dans  «la Vie des idées» de : Stefan Müller-Doohm, Jürgen Habermas. Une biographie, trad. par Frédéric Joly, Paris, Gallimard, 2018, 656 p., 35 €.

«Jamais je n’ai rencontré dans ma vie un homme qui attache une telle importance, dans la recherche de la vérité, à l’échange des arguments» (p. 350) : cette confidence d’Oskar Negt, rapportée par Stefan Müller-Doohm dans cette toute première biographie consacrée à Jürgen Habermas et dont la traduction française par Frédéric Joly paraît cette année chez Gallimard, pourrait être placée en exergue de l’ouvrage. À condition toutefois qu’on prenne la mesure de ce que signifie, pour Habermas, «l’échange des arguments». Son goût de la discussion, contrairement à ce que pourrait laisser croire une interprétation lénifiante de sa théorie de la communication, semble bien plus proche en effet de l’art de la dispute que du consensus. Le portrait qu’ébauche Stefan Müller-Doohm est celui d’une personnalité haute en couleur, qui, du célèbre réquisitoire contre Heidegger en 1953 aux plus récentes interventions dans les débats publics, ne cessa de prendre part activement aux «combats idéologico-politiques» (p. 459) de son temps.

Pour Clotilde Nouët :

Ce tout premier récit biographique constitue, à n’en pas douter, un instrument de travail précieux pour ceux qui s’intéressent à la pensée d’Habermas. Il s’adresse aussi au cercle plus large des curieux de l’histoire allemande d’après-guerre, dont les scansions marquent profondément l’œuvre habermassienne. Stefan Müller-Doohm met en exergue les liens, et c’est un des aspects les plus intéressants de l’ouvrage, entre les textes théoriques et ceux où se joue un positionnement parfois ouvertement partisan.

La recension : http://www.laviedesidees.fr/Habermas-publiciste-offensif.html

Classé sous :Publications

Autour de Gérard Noiriel et de la socio-histoire | Educsol.fr

30 août 2018 by Lyonel Kaufmann

blank

À l’occasion d’un colloque international, des ressources en ligne de très grandes qualités sont disponibles autour de l’œuvre de Gérard Noiriel, historien. Tour d’horizon.

Présente dans les manuels scolaires sur des thèmes comme le monde ouvrier, l’histoire de l’immigration, les relations entre l’État et la nation ou plus globalement l’historiographie contemporaine, l’œuvre de Gérard Noiriel nourrit depuis plusieurs décennies la réflexion des enseignants d’histoire-géographie. Pour approfondir leurs connaissances de la socio-histoire et de son travail de recherche, ils pourront visionner et écouter à profit un certain nombre de ressources mises en ligne dans le contexte particulier du colloque international qui vient de se tenir au mois de juin à l’EHESS.

  •  Une série d’entretiens vidéo entre Gérard Noiriel et l’historien Nicolas Offenstadt reviennent sur les relations que Noiriel a noué avec d’autres disciplines, mais également sur le rôle de l’intellectuel dans la cité, le rôle de l’État, mais aussi les transformations de la société.

Un des entretiens réalisés autour d’historiographie et interdisciplinarité :

La socio-histoire se veut aussi l’affirmation d’une réflexion sur les barrières disciplinaires et le métier d’historien. À quoi renvoient les discours sur « La crise de l’histoire » ? Comment l’histoire problématisée, l’histoire-problème pour reprendre l’expression de Marc Bloch oblige à mobiliser les outils qu’offrent dans leur diversité les sciences sociales ? Ce parti pris fait nécessairement évoluer les historiographies déjà établies. Si on considère des ouvrages comme Les origines républicaines de Vichy, Penser avec, penser contre, l’Introduction à la sociohistoire ou l’expérience qu’a représenté le lancement de la revue Genèses, l’œuvre de Gérard Noiriel apparaît aussi comme une tentative de revivifier la réflexion sur le rapport entre l’histoire et les autres disciplines.

  • Le site « Paroles d’histoire » propose également une émission spéciale autour des mêmes thèmes ainsi que sur son intervention dans la cité.

Source de l’information : Autour de Gérard Noiriel et de la socio-histoire | Educsol.fr

Classé sous :Histoire savante, Publications

Gaulois “réfractaires au changement” : “Macron a tout faux”, répond un historien – Les Inrocks

30 août 2018 by Lyonel Kaufmann

blank
Ce 29 mai, Emmanuel Macron a comparé le peuple danois au “Gaulois réfractaire au changement”, suscitant une vague d’indignation. Les Inrocks ont interrogé l’historien Jean-Louis Brunaux, spécialiste de la civilisation gauloise, sur la persistance de ce cliché.

Ce 29 août, en déplacement au Danemark, le président de la République s’est laissé aller à une comparaison hasardeuse concernant les Français, qualifiés de “Gaulois réfractaires au changement”, alors que le peuple danois, lui, a “vécu les transformations” sans coup férir. Cette réflexion suscite une vague d’indignation en France, l’opposition considérant qu’une fois de plus, Emmanuel Macron insulte les Français. Qu’en est-il vraiment ? Jean-Louis Brunaux, spécialiste de la civilisation gauloise, récemment auteur d’une biographie de Vercingétorix (Gallimard, 2018), répond. Extrait

D’où vient cette représentation des Gaulois comme peuple indiscipliné, qui résiste au changement ? 

C’est l’imagerie nationale du XIXe siècle. Les Gaulois ont percé très tard dans l’historiographie française. Ils n’apparaissent vraiment comme de potentiels ancêtres qu’au moment de la Révolution française. Le principal représentant du tiers-état, l’abbé Sieyès, les déclare des ancêtres du tiers-état, en opposition aux Francs, qui seraient les ancêtres des nobles. C’est à partir de ce moment qu’ils apparaisse

Source et l’entier de l’entretien : Gaulois “réfractaires au changement” : “Macron a tout faux”, répond un historien – Les Inrocks

A noter que pour certains, la sortie d’Emmanuel Macron n’est qu’un contre-feu allumé suite à la démission cette semaine de Nicolas Hulot :

blank

Source et crédit image d’en-tête : Pixabay. CC0 Creative Commons. Libre pour usage commercial. Pas d’attribution requise

Classé sous :Histoire savante

Philippe Meirieu : L’heure de La Riposte

30 août 2018 by Lyonel Kaufmann

blank

« Comment accepter la suffisance et le mépris de ceux qui , face aux difficultés éducatives d’aujourd’hui, tout en n’ayant que le mot « confiance » à la bouche, ne proposent comme grille de lecture que la désignation de boucs émissaires – le pédagogisme et l’égalitarisme – et le recours à des remèdes miracles – les neurosciences et le numérique. » Philippe Meirieu lance « La Riposte », un nouvel ouvrage qui sort aujourd’hui. Face aux bonnes vieilles méthodes qui trient les élèves, aux écoles alternatives qui exploitent les parents et aux usages abusifs des neurosciences il appelle à « en finir avec les miroirs aux alouettes » et à relever les vrais défis éducatifs. La pédagogie est de retour. Le Café pédagogique l’a interrogé. Extrait relativement à la question des finalités de l’école et des neurosciences:

« oublier ou minimiser la question des finalités, c’est faire fi d’un certain nombre de problèmes épistémologiques délicats. Les connaissances disponibles ne sont, en effet, ni homogènes ni même, parfois, compatibles ; elles ne progressent pas de manière linéaire et on ne voit pas pourquoi les neurosciences seraient, à cet égard, un meilleur appui que la psychologie de Winnicott ou la sociologie de Bernstein. Choisir les unes plutôt que les autres n’est donc pas « neutre » : en réalité, cela en dit long sur les finalités implicites auxquelles on se réfère : le choix des neurosciences comme « fondement » – et non comme éclairage – des pratiques renvoie, pour moi, à une représentation de l’ « homme-machine » difficilement articulable avec des finalités d’émancipation, mais tout à fait compatible avec la nouvelle « industrialisation du numérique », comme dit Bruno Devauchelle. Pour ma part, je m’appuie clairement sur des connaissances – la phénoménologie, la psychologie du développement chez Vygotsky et Bruner, l’analyse institutionnelle – que j’articule avec ce que je crois devoir être les finalités prioritaires aujourd’hui – apprendre à penser et construire du commun – et des propositions concrètes en matière institutionnelle et instrumentales. L’important, pour moi, était bien de rechercher un « modèle » où les trois pôles seraient explicites et en cohérence, afin de pouvoir le soumettre au débat.»

Lire l’interview dans son intégralité : Philippe Meirieu : L’heure de La Riposte | Le Café pédagogique

Classé sous :Opinions&Réflexions, Publications

5 questions à poser avant d’utiliser une archive numérique par Michelle Moravec

30 août 2018 by Lyonel Kaufmann

blank

Michelle Moravec est une historienne spécialiste des femmes et du genre, pédagogue passionnée, préoccupée par les implications méthodologiques et éthiques de la numérisation de l’histoire. Adapté d’un long article rédigé pour le compte des Australian Feminist Studies (Feminist Research Practices and Digital Archives in Australian Feminist Studies), elle a publié sur Medium une série de 5 questions à se poser avant d’utiliser une archive numérique. Ce billet vous en offre une version française.

Comment un chercheur peut-il déterminer si les personnes qui apparaissent dans un environnement d’archivage numérique y ont consenti et quels contrôles devraient-elles rechercher pour atténuer cette exposition accrue ?

1. Avez-vous vérifié les informations relatives à leur accès ?  qui a fait don de ce matériel et déterminé les conditions d’accès ? La simple présence de documents dans un centre d’archives ne peut être considérée comme un consentement de toutes les personnes concernées à ce que leur histoire soit préservée de cette façon particulière. Si ces personnes sont encore en vie, demandez-vous s’il est approprié de les contacter directement avant d’utiliser du matériel qui les concerne directement. Il n’est pas rare que les activistes des mouvements sociaux que j’étudie me disent qu’ils ont seulement réalisé qu’ils ont été inclus dans les documents historiques mis en ligne lorsqu’ils ont googlé leur nom. Ce qui m’amène aux moteurs de recherche…

2. Avez-vous enquêté sur les paramètres de l’index de recherche ? La numérisation des documents à mettre en ligne est souvent faite explicitement pour en accroître l’accès, ce qui est un objectif louable, mais qui peut à tout le moins soulever des préoccupations pour certaines personnes ou, dans le pire des cas, exposer les groupes marginalisés à un risque de préjudice ou de représailles. Si le site Web sur lequel ces matériaux sont placés est optimisé pour les moteurs de recherche, une recherche google pour un individu peut placer près du haut de l’information de recherches sur Internet d’un passé d’individus qu’ils peuvent ne pas souhaiter avoir mis en évidence. Il y a de nombreuses années, en tant qu’historienne orale néophyte, j’ai demandé à une militante de m’informer que son entrevue resterait confidentielle parce que si quelqu’un devait raconter son histoire, ce serait elle et non pas quelqu’un d’autre. Cela m’amène au contrôle de l’information…

3. Comprenez-vous les politiques de mise hors-ligne des documents ? Il s’agit de procédures qui permettent aux individus d’obtenir le retrait des documents mis en ligne. Dans mon monde idéal, la demande d’une personne seule suffirait à faire retirer des documents en ligne (notez que je ne prétends PAS qu’ils devraient (nécessairement) être retirés des archives, mais ce n’est pas ainsi que cela fonctionne dans de nombreux cas. Certains sites ne reconnaîtront la violation du droit d’auteur que comme une cause valable pour retirer du matériel, tandis que d’autres considéreront un plus large éventail de justifications.
Bien que mes inquiétudes initiales au sujet de la recherche dans les environnements d’archives numériques étaient centrées sur le consentement des individus, une relique sans doute de ma formation d’historien oral (Boyd et Larson 2014 ; Chenier 2015), mon implication dans la communauté des chercheurs connue sous le nom de sciences humaines numériques m’a alerté sur les questions de production collaborative de connaissances (Bailey 2015).
Qui a contribué à la création d’un environnement archivistique numérique et dans quelles conditions ?

4. Qui sont les contributeurs ou le personnel ? Qui a fait le travail de mise en ligne de ce matériel ? Découvrez-le en explorant la section « à propos » ou « l’équipe » listée, et donnez à ces personnes le crédit de vos publications.

5. Quelles sont les pratiques de travail ? Dans quelles conditions a-t-on travaillé à la mise en ligne de ces documents ? Est-ce que cela impliquait le travail non rémunéré des étudiants utilisés, via des contrats de tiers qui exploitent les personnes incarcérées, ou sous un système de travail à la pièce numérique comme l’Amazon Mechanical Turk ? Cette information est souvent la plus difficile à trouver. Explorez les diverses sections qui documentent le site Web lui-même. Recherchez spécifiquement les accords de contribution. Si l’information sur le travail n’est pas fournie, contactez le site Web pour demander cette information et pour suggérer qu’ils rendent leurs pratiques de travail plus transparentes en les plaçant bien en évidence sur leur site Web. Par-dessus tout, reconnaissez tout le travail dans vos publications.

Adapté du long article Feminist Research Practices and Digital Archives in Australian Feminist Studies.

Traduit à l’aide de www.DeepL.com/Translator

La version originale en anglais : 5 Questions to Ask Before You Use a Digital Archive*

Crédit photographique : Photo d’Eric Karim Cornelis sur Unsplash

Classé sous :Humanités Digitales, Opinions&Réflexions

Alplab : Change d’altitude, change d’attitude

29 août 2018 by Lyonel Kaufmann

blank

Une présentation du très beau projet pédagogique de mon collègue Ismaël Zosso. En plus dans un lieu qui est cher à mon coeur d’ancien élève de Béthusy : la cabane de Luan.

Le projet de coaching d’altitude « Change d’altitude, change d’attitude » de Alplab est soutenu par l’établissement secondaire de Béthusy et la Direction générale de l’enseignement obligatoire. Ce projet va faire participer quatre classes à un séjour de trois jours à la montagne à la rentrée 2018-19. Cette introduction un peu particulière à l’année scolaire a comme objectif de renforcer les liens entre les enseignants-es et les élèves et de travailler sur des compétences difficiles à mobiliser en classe. Il s’agit d’exercer la communication non-violente, l’écoute attentive de l’autre, l’entraide et la solidarité et le dépassement positif de soi.

Pendant trois jours, les élèves sont accueillis dans la cabane de Béthusy à Luan (www.luan.ch), dans les Préalpes vaudoises. C’est une vieille cabane qui a déjà vu passer des générations d’élèves puisqu’elle est ouverte depuis 1956. Aussi le séjour sera marqué par la simplicité et la sincérité du lieu. Un enseignant de Béthusy et guide de la cabane, M. Zosso-Francolini, encadrera les élèves dans un programme dense.

La montagne nous rend fort – la connaitre et se dépasser.
premier jour : nous réalisons une randonnée qui, si elle ne nécessite pas d’équipement technique spécial, ne demande pas moins d’effort. Nous parcourons la montagne avec des activités de découverte riches en surprise et en créativité. L’effort physique est au rendez-vous comme la fierté d’avoir accompli une ascension pas toute simple.

La montagne est grande mais elle a besoin de nous – la connaitre et travailler.
deuxième jour : une entreprise formatrice dans les métiers de la forêt, le Groupement forestier des Agittes) vient à notre rencontre. Les élèves sont répartis en groupe et vont suivre les professionnels (ingénieur forestier, garde-forestier, bucherons…) dans des travaux de conservation et de maintien de biotopes. Certains groupes suivront les travaux des bucherons, d’autres participeront à l’entretien de petits cours d’eau et d’autres encore entretiendront des sentiers pédestres. Aucun élève ne fera de travaux inappropriés à son âge. Le groupement forestier des Agittes est une entreprise formatrice reconnue habituée aux stagiaires. Collaborer, écouter, sentir la nature et mettre la main à la pâte sont le menu de cette deuxième journée.

La montagne est grande et j’ai besoin d’elle – nous connaitre et nous respecter.
troisième jour: les élèves vont mettre un peu au repos le corps et s’occuper d’eux-mêmes. Il s’agira au travers d’activités de groupes et individuelles de réfléchir, de s’écouter et d’échanger sur l’importance de la bienveillance et de prendre soin (de soi, de la montagne, de la nature, des autres). Nous finirons par une mise en pratique et les élèves bichonneront cette vieille dame de cabane qui les a accueillis.

Durant le séjour, toutes les tâches sont gérées par le groupe. Nous cuisinons ensemble, rangeons ensemble. Pour éviter les pertes d’énergie mentale, le séjour se déroule « à l’ancienne », sans natel ou autres appareils électroniques d’aucune sorte, de jour et de nuit.

Le coût du transport est assuré par la commune de Lausanne, l’encadrement est pris en charge par l’école de Béthusy et la Haute Ecole Pédagogique du canton de Vaud. Les parents ne financent que le logement et les repas.

pour plus d’informations : info(at)alplab.ch

Le site (source de l’information) : http://www.alplab.ch/change-daltitude-change-dattitude/

Prolongement et crédit image : Cabane de Luan, résidence secondaire du Collège Classique Cantonal, CCC sur le site notrehistoire.ch
.

Classé sous :Didactique

Edhem Eldem, L’Empire ottoman et la Turquie face à l’Occident

29 août 2018 by Lyonel Kaufmann

blank

La leçon inaugurale d’Edhem Eldem, prononcée au Collège de France le 21 décembre 2017, a été publiée sous le titre L’Empire ottoman et la Turquie face à l’Occident. Professeur invité, dans le cadre des chaires internationales quinquennales, il y enseigne l’histoire turque et ottomane. Eldem se félicite du « revirement en faveur de l’indigène » car il est le premier Turc à occuper ce poste dans lequel il pourra « parler de et pour lui-même ». Il prend soin de rappeler cependant qu’il a écrit, voici quelques années, un article intitulé : « Sauver l’histoire ottomane des Turcs » dans lequel il critiquait le monopole que certains historiens turcs s’étaient arrogés !


Edhem Eldem, L’Empire ottoman et la Turquie face à l’Occident. Collège de France/Fayard, 76 p., 12 €


Edhem Eldem regrette que l’histoire ottomane soit perçue comme «  un héritage national, nourri par un dosage variable des identités turque et islamique, censées définir l’essence profonde de la nation ». Il juge que les limites de l’admissible ont été dépassées « en raison d’une fusion presque organique entre politique, idéologie et histoire, évidemment au détriment de cette dernière et, bien sûr, en dépit du bon sens ». Il précise que les acteurs politiques, les institutions, l’Éducation nationale, les médias et la culture populaire participent à ce phénomène, isolant formidablement l’historien qui ne se conforme pas à cette « frénésie ». On appréciera le courage d’une telle déclaration alors que le régime de Recep Tayyip Erdoğan cherche fortement à intimider les intellectuels. Précisons qu’Eldem est aussi professeur à l’Université de Boğaziçi à Istanbul et qu’il n’envisage pas de renoncer à son poste.

Source : Main basse sur l’État – En attendant Nadeau

Dans sa leçon inaugurale, il a distingué trois phases :

  • Une relation de « flirt »,  la découverte superficielle de l’Occident passe par les innovations technologiques.
  • L’union, les Ottomans se lancent « dans un remaniement, une reconstruction de l’Etat au milieu du XIXe siècle », mais un essoufflement économique et politique, alors que les nationalismes s’affirment, brise cet élan enthousiaste.
  • Un « divorce », en quelque sorte, explique encore Edhem Eldem ; l’empire ottoman pensant être trahi par l’Europe va se replier sur lui-même.

Toute personne intéressée par cette histoire a la possibilité de suivre le cours dispensé par Edhem Eldem au Collège de France. Son podcast est disponible sur France culture.

Pour vous mettre l’eau à la bouche, le premier cours :

La page d’Edhem Eldem sur le site du Collège de France : https://www.college-de-france.fr/site/edhem-eldem/index.htm

Crédit image : Collège de France

Classé sous :Histoire savante

Livre : « Dans la classe de l’homme blanc – L’enseignement du fait colonial en France »

29 août 2018 by Lyonel Kaufmann

blank

Comment transmet-on aux nouvelles générations l’histoire de la colonisation ? Si celle-ci a toujours figuré dans les programmes scolaires, son contenu s’est problématisé et politisé au fil du temps, montre la chercheuse Laurence De Cock dans son livre Dans la classe de l’homme blanc – L’enseignement du fait colonial en France des années 1980 à nos jours, publié par les Presses Universitaires de Lyon en août 2018.

Présentation de l’ouvrage par l’éditeur :
Que faire des enfants de l’immigration coloniale et postcoloniale ? L’école doit-elle adapter ses programmes à leur présence ? La question de l’articulation entre l’universalisme républicain et la pluralité culturelle a toujours travaillé l’institution scolaire, mais elle s’est reconfigurée ces quarante dernières années pour répondre aux débats sur l’immigration et la mémoire coloniale. Que faire des héritages d’une histoire douloureuse pour les uns, glorieuse pour les autres, méconnue de beaucoup ?
À partir des archives de l’Éducation nationale, mais aussi des textes officiels et des manuels scolaires, Laurence De Cock retrace les débats qui ont agité l’enseignement de l’histoire de la colonisation depuis les années 1980. En analysant la confection des programmes d’histoire, elle interroge l’influence des débats publics sur leur écriture et montre combien le passé colonial, progressivement saisi par le politique, bouscule en profondeur la fabrique scolaire de l’histoire. Pour un enseignement qui a toujours eu comme finalité de contribuer à l’intégration sociale, les nouvelles demandes de reconnaissance des enfants et petits-enfants d’immigrés sont un facteur de reconfiguration de la discipline historique et des finalités de l’école républicaine.
Laurence De Cock est docteure en sciences de l’éducation, professeure agrégée en lycée et chargée de cours en didactique de l’histoire et sociologie du curriculum à l’Université Paris-Diderot. Elle a notamment publié, avec Benoît Falaize et Corinne Bonafoux, Mémoires et histoire à l’école de la République : quels enjeux ? (Armand Colin, 2007) et dirigé La Fabrique scolaire de l’histoire (Agone, 2017). Elle vient de publier Sur l’enseignement de l’histoire : débats, programmes et pratiques de la fin du XIXe siècle à nos jours (Libertalia, 2018).

Pour commander le livre : http://presses.univ-lyon2.fr/produit.php?id_produit=2033&id_collection=155

Vous pouvez lire quelques extraits de l’introduction de cet ouvrage sur The Conversation : http://theconversation.com/dans-la-classe-de-lhomme-blanc-lenseignement-du-fait-colonial-en-france-102069

Un extrait :

«Comment l’enseignement du fait colonial est-il devenu l’un des contenus scolaires les plus mobilisés dans les débats publics pour, à la manière de la citation d’Alain Finkielkraut donnée plus haut, témoigner d’un malaise dans la République et son école, voire d’un risque pour la nation ?

C’est cette première question qui nous intéresse ici. Elle appelle une analyse pas à pas. Elle charrie un premier implicite : la conviction du caractère performatif de ce qui est enseigné en histoire sur la forme sociale. Par ailleurs, la dramatisation excessive et la croyance en la transitivité entre l’apprentissage des faces sombres du passé colonial et le désamour national témoignent également de l’importance accordée à l’enseignement de l’histoire en France. Dans un essai publié juste après les attentats de 2015 et intitulé Nous sommes la France, Natacha Polony avance même que l’enseignement d’un roman national enchanteur permettrait de lutter contre la radicalisation islamiste des jeunes.

Il est impossible, en outre, de comprendre la sensibilité politique de la thématique coloniale sans se référer à la spécificité de la France, ancienne puissance coloniale et accueillant sur son sol une immigration, dont une grande partie provient des anciennes colonies, et ses descendants. La France est une terre d’immigration coloniale (migrants arrivés du temps des colonies) et postcoloniale (migrants arrivés après la décolonisation). Or le système colonial a été fondé sur le principe d’inégalités juridiques entre les hommes, de domination et d’usage légitime de la violence. »

Complément du 3 septembre 2018 :

Le journal Les Inrocks consacre un passionnant entretien à propos de cet ouvrage en interrogeant avec Laurence De Cock . Laurence De Cock parle notamment des différents moments et manières qui l’ont conduite à s’intéresser à la question de l’enseignement du fait colonial en France et sur son parcours d’enseignante. Cet intérêt l’a amené jusqu’à la conduite de cette thèse qu’elle publie aujourd’hui. Je vous invite ardemment à aller lire cet entretien. J’y extrait modestement le passage où Laurence De Cock s’exprime sur la manière qui, selon elle, conviendrait à l’enseignement du fait colonial en France :

« En fait, idéalement, je pense qu’on ne devrait pas consacrer un chapitre spécifique à la question coloniale. Si je devais reformuler la question, je dirai que l’idée n’est pas de savoir quelle finalité on assigne à l’enseignement du fait colonial, mais de savoir quelle finalité on donne à l’enseignement de l’histoire tout court – à l’intérieur duquel, le fait colonial, comme d’autres points historiques, a son importance. Il faudrait trouver une forme de récit dans lequel la question coloniale serait présente comme allant de soi depuis ses premières officialisations, c’est-à-dire depuis que les Européens ont pris pied sur le continent américain. Cela voudrait donc dire raconter l’histoire du monde, et de la France dans le monde, avec, entre autres choses, ce prisme colonial, qui ne serait pas du tout un élément isolé, qui n’aurait pas de rapport avec le capitalisme, avec la circulation des hommes et des femmes… On pourrait presque dire que ce nouveau récit que j’appelle de mes voeux ferait courir le fait colonial du XVIe siècle jusqu’à nos jours, et que la question coloniale y servirait d’élément d’explication d’un certain nombre de faits historiques qui sont amputés, si on n’y adjoint pas la question coloniale. Et qui risquent, aussi, d’être transformés et faussés si on ne les regarde qu’à travers le prisme colonial. Je crois donc que consacrer des chapitres spécifiques, que ce soit sur la traite, sur les conquêtes, sur les décolonisations etc, est en réalité une manière de poursuivre le cantonnement de cette histoire-là, de faire des avenants au contrat, mais de ne pas trouver les moyens de l’inclure dans une continuité historique qui nous constitue, qui irrigue le monde depuis maintenant cinq siècles.» 

L’article : Comment le “fait colonial” a-t-il été enseigné en France depuis les années 1980 ? | Les Inrocks

Classé sous :Nouvelles de l'histoire

  • « Aller à la page précédente
  • Page 1
  • Pages provisoires omises …
  • Page 54
  • Page 55
  • Page 56
  • Page 57
  • Page 58
  • Pages provisoires omises …
  • Page 276
  • Aller à la page suivante »

Barre latérale principale

Lyonel Kaufmann

blankHistorien & Blogueur En savoir plus…

Derniers articles

blank

Utiliser la littérature jeunesse pour aborder les sujets sensibles en histoire : récit de pratique autour de la Shoah | Histoire Engagée

17 octobre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Pour Mathieu Mercier, enseignant d’histoire et de géographie à l’École secondaire de Rivière-du-Loup, collaborateur au Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social, enseigner l’Holocauste au secondaire est à la fois un défi et une nécessité : défi, parce que le sujet évoque des horreurs indescriptibles et des récits traumatiques qui peuvent heurter les élèves; […]

blank

ChatGPT à l’école : entre tabou et encouragement, le dialogue compliqué entre professeurs et élèves | Le Monde

12 octobre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Décryptage. Une minorité d’enseignants s’abstient de parler d’intelligence artificielle dans leurs classes. Mais ils sont de plus en plus nombreux à ouvrir la discussion sur le sujet, jusqu’à, pour certains, s’atteler à faire circuler les bonnes pratiques. Extrait : Certains enseignants profitent d’un espace aménagé par l’éducation nationale : l’intelligence artificielle figure en effet au programme […]

blank

L’héritage toxique des épaves de la seconde guerre mondiale

8 octobre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

De nombreux navires coulés entre 1939 et 1945 gisent au fond des mers. Avec le temps et la corrosion, ces vestiges historiques menacent de libérer les substances qu’ils contiennent, avec des conséquences néfastes pour l’environnement. A l’échelle internationale, on estime à plus de 8 500 le nombre d’épaves potentiellement polluantes, dont la plupart issues des […]

blank

Colloque infoclio.ch 2025: Open Science in History. Ouvrir les sciences des Lumières à l’intelligence articifielle (21.11.2025)

16 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

L’Open Science met les chercheuses et chercheurs au-devant de choix toujours plus complexes relatifs au partage de leurs résultats, méthodes, outils et données de recherche. Le colloque infoclio.ch 2025 explore les antécédents intellectuels et techniques de la notion d’Open science et discute des enjeux pratiques de sa mise en œuvre à l’ère des modèles génératifs […]

Abstract painting, coloring, modern art

Une histoire fragmentée ? Liens et ruptures dans un paysage de la recherche et de l’éducation en pleine remise en question (Journées suisses d’histoire 2025)

11 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Dans le cadre des journées suisses d’histoire à Lucerne (juillet 2025), j’ai eu le plaisir d’assister et de réaliser le compte rendu pour infoclio.ch de la table ronde intitulée Fragmentierte Geschichte? Verbindungen und Brüche in einer sich ausdifferenzierenden Forschungs- und Bildungslandschaftm à laquelle participaient du côté francophone Nadine Fink (HEP Vaud) et François Vallotton (Université […]

blank

Vernissage : Plateforme Assistance et coercition (16.09.2025)

10 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

ÉVÉNEMENT 🗓️ Enseigner une histoire longtemps tue. Écouter les voix de celles et ceux qui l’ont vécue. Cinq témoins romands prennent la parole dans un nouveau média éducatif pour aborder les mesures de coercition à des fins d’assistance et des placements extrafamiliaux en Suisse. Conçue pour les élèves dès le secondaire I, la plateforme «Assistance […]

blank

Restes humains issus de contextes coloniaux en Suisse. Un état des lieux

9 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Ce rapport donne un aperçu général de la question des restes humains conservés dans les musées suisses. Ce rapport s’appuie sur une enquête menée entre 2023 et 2025 et fournit pour la première fois un état des lieux des restes humains («ancestral remains») acquis dans des contextes coloniaux et conservés dans des musées et collections […]

Tirés de nos archives

blank

Et soudain, le génocide vous apparaît bien en face

18 mars 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Pourquoi, à une époque où l’histoire de la violence et des génocides suscite le plus vif intérêt du public, celui du Rwanda intéresse si peu? Il y a un quart de siècle, près d’un million de personnes ont été assassinées en l’espace de cent jours. L’Afrique est-elle vraiment trop «loin» de l’Europe pour que nous […]

blank

Quand le prêtre formera l’instituteur, par Caroline Fourest – Opinions – Le Monde.fr

2 mai 2009 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Jusqu’ici, les établissements catholiques privés pouvaient parfaitement préparer des élèves au bac, mais ceux-ci devaient passer leur diplôme avec tous les autres. Petite astuce connue des professeurs : de nombreux établissements privés choisissent de ne présenter que les meilleurs élèves sous leurs couleurs et d’envoyer les autres en candidats libres pour améliorer leur score de réussite […]

blank

Tenir la classe ou faire apprendre les élèves ?

19 juin 2019 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

A méditer : « En situation de grande insécurité, les élèves peuvent faire pression pour rester dans les régimes les moins exigeants de ces registres. Ils apprécieront donc des enseignants qui se contentent de dérouler un cours sans surprise en garantissant, par une discipline rigoureuse, une paix qui permet d’être et de demeurer dans la forme […]

blank

Vie numérique : grand écart entre le discours et la pratique…

31 mai 2013 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

See on Scoop.it – Médias sociaux et enseignement « Le décalage est total entre un discours très négatif et pathologisant quant aux nouvelles technologies, et la réalité des pratiques, » résume la sociologue Laurence Allard. En d’autres termes, si nous avons le sentiment d’être addict ou accro, c’est bien plus à cause du discours et des idées […]

blank

03. Résolution de problèmes par coopération

8 mars 2006 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Durant les activités de résolution de problème, les élèves/étudiantEs forment des groupes hétérogènes en compétences, genre et travaillent à la résolution de problèmes. Chaque membre du groupe se voit assigner un rôle précis tel qu’illustrateur/trice, secrétaire, modérateur/trice. Dans ces phases, l’enseignantE fonctionne comme personne-ressource. À l’issue de leur travail, chaque groupe présentera le résultat de […]

blank

Thèse de Ruth Fivaz-Silbermann sur les Juifs refoulés durant la Deuxième Guerre mondiale : apports et limites selon Hans Ulrich Jost | infoclio

6 juin 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La presse se fait l’écho du débat sur les refoulements aux frontières suisses durant la Deuxième Guerre mondiale, débat relancé par la thèse récente de l’historienne Ruth Fivaz-Silbermann. Le coeur du débat porte principalement sur deux points: le nombre de refoulés aux frontières suisses durant la guerre et le rôle joué par Heinrich Rothmund, alors […]

blank

Antiquité et cinéma : 1. Egypte 2. Rome

5 novembre 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Le blog « L’Antiquité au cinéma » nous promet trois billets sur cette thématique. Les deux premiers sont déjà publiés et méritent le détour. Le premier est consacré à l’Egypte antique et le deuxième à Rome. A consommer sans modération. Le cinéma s’est très vite emparé de sujets historiques, et pourtant faire revivre des temps lointains n’est […]

Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons. Lyonel Kaufmann 2004-2025

Creative Commons License Ce contenu est mis à disposition sous un contrat Creative Commons. Lyonel Kaufmann 2004-2025.
Thème Aspire 2.0.1 de Genesis Framework · WordPress · Se connecter

 

Chargement des commentaires…