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Histoire Lyonel Kaufmann

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Histoire savante

Sur le travail de récolte des témoignages de survivant·es de la Shoah par l’équipe de Steven Spielberg et leurs derniers développements

25 novembre 2023 by Lyonel Kaufmann

    Où quand je redécouvre un passage du livre La mémoire saturée (2013) de Régine Robin sur les témoignages recueillis par Spielberg de survivant·es de la Shoah et que je le replace en rapport avec la recréation de témoignages au moyen de l’Intelligence artificielle (IA) recourant à des procédés comparables à ceux utilisés par ChatGPT pour répondre à des prompts.

    En 1994, à l’époque du succès de La liste de Schindler, Steven Spielberg décide de lancer à Los Angeles la fondation Shoah. Créée en 1999, l’USC Shoah Foundation s’est depuis transformée en une collection de plus de 55’000 interviews. Chaque entrevue a été enregistrés en vidéo.

    David Traum, a leader at the USC Institute for Creative Technologies (ICT), converses with Pinchas Gutter, a Holocaust survivor, as part of the New Dimensions in Testimony. Lien : https://viterbischool.usc.edu/news/2022/07/uscs-biggest-wins-in-computing-and-ai/

    Depuis 2011, l’USC Shoah Foundation et l’ITC (Institute for Creative Technologies) ont mis au point un nouvel outil permettant de modéliser les survivants encore en vie sous la forme d’hologrammes interactifs, répondant aux questions des visiteurs ou depuis 2022 des internautes avec iwitness.

    Concernant ce nouvel outil, le site le présente de la manière suivante :

    Rencontrez Mona Golabek. Dans cette biographie interactive pour le projet Willesden, les étudiants et les éducateurs peuvent poser des questions qui suscitent des réponses en temps réel à partir d’une vidéo préenregistrée de Mona – engageant ainsi une conversation virtuelle avec elle.

    Au cours des trois prochains mois, nous vous invitons à nous aider à tester la biographie interactive de Mona. Si vous recevez une réponse qui ne vous semble pas pertinente, veuillez cliquer sur l’icône du drapeau dans la transcription à côté de la réponse incorrecte. Ainsi, si vous apprenez de la biographie interactive de Mona, la biographie interactive de Mona apprendra aussi de vous.

    Dimensions in Testimony a été développé en association avec l’Illinois Holocaust Museum and Education Center, avec la technologie de l’USC Institute for Creative Technologies et le concept de Conscience Display. L’intégration dans le témoignage est rendue possible grâce au soutien généreux de la Snider Foundation.

    Source : Iwitness (https://iwitness.usc.edu/dit/monagolabek)

    Ce nouvel outil, comme d’une certaine manière le précédent, n’est pas sans faire penser à ChatGPT et à ses prompts, sauf qu’ici le témoin répond sous la forme d’un holograme.

    Ces procédés interpellent sur la nature même du « témoignage » ainsi produit puisque celui-ci est à chaque fois recréé à partir des questions posées. D’ailleurs, Bertrand (2013) en appelait une réflexion sur la valeur des documents ainsi produits :

    Cela ne sera cependant possible qu’à condition qu’une réflexion soit menée sur la valeur de ces documents que nous produisons pour la postérité et qui répondent dans le cas présent davantage à des objectifs mémoriels qu’historiques.

    Dans son ouvrage La mémoire saturée, Régine Robin rappelait très à propos que, dès 1998, Annette Wieviorka s’interrogeait sur le dispositif de collecte mis en place par Spielberg et l’USC Shoah Foundation. Régine Robin en concluait que le récit était littéralement piégé par le dispositif qui l’encadre :

    C’est cette voix d’outre-Auschwitz que les témoignages oraux essaient aussi de nous transmettre.

    Puis Steven Spielberg vint… Il prit le relais avec de gros moyens. Plus de cinquante mille récits furent recueillis. Annette Wieviorka insiste sur le fait que le passage de l’équipe de Yale à la Visual History Foundation de Spielberg a modifié le dispositif de collecte. Le témoignage pensé par l’équipe de Spielberg est calibré, dit-elle. Il dure environ deux heures, avec un avant, la période d’avant guerre (20 % du temps), une période de l’après-libération des camps, le retour à la vie « normale » (20 % du temps), et 60 % consacré à la période de guerre. À la fin de la collecte, le survivant laisse un message sur « ce qu’il souhaiterait laisser en héritage pour les générations à venir » et la famille du survivant peut se joindre à lui, à ce moment précis. Annette Wieviorka poursuit : « Alors que les interviews de Yale étaient largement non directives, que leur durée n’était pas limitée, celles menées par les équipes Spielberg le sont selon un protocole commun à tous les pays. Les vidéos sont envoyées à Los Angeles, numérisées et indexées. À la pointe de la technologie, ces témoignages numérisés devraient être disponibles sur un serveur, et, devant son écran, le jeune, dont la Fondation Spielberg souhaite qu’il soit éduqué, pourra consulter grâce à des index les extraits de ces témoignages. Il pourra aussi consulter toutes sortes d’informations connexes : archives familiales du témoin, photos concernant les événements auxquels se réfèrent les témoins, carte indiquant le site du camp ou du ghetto dont il est question, etc.» (Wieviorka, 1998, 149).

    Le récit est alors littéralement piégé par le dispositif qui l’encadre, la structure du récit qui le porte. Il n’y a plus de place pour le grincement des temps, l’impossible articulation de la mémoire profonde et de la mémoire ordinaire. Tout se passe alors dans le cadre de la mémoire ordinaire, même l’horreur, sans qu’elle ait à « décoller » de son récit, tendu vers son happy end, la fin du cauchemar, la création ou la recréation d’une famille, d’une carrière, le chemin de l’utilité sociale, le salut.

    Robin, R. (2003)

    Références :

    Bertrand, M. (2013, 1er août). Les fantômes de la mémoire vous racontent la Shoah. Histoire, Mémoire et Société (ISSN : 2261-4494). Consulté 21 février 2023, à l’adresse http://histoiredememoire.over-blog.com/article-les-fantomes-de-la-memoire-vous-racontent-la-shoah-119342394.html

    Robin, R. (2003). La mémoire saturée. Paris: Stock.

    Wieviorka, A. (1998). L’Ère du témoin, Paris, Plon, p. 149.

    Classé sous :EdNum, histodons, Histoire savante, Humanités Digitales, Médias et technologies, Opinions&Réflexions

    Tous les récits du monde – La Vie des idées

    17 novembre 2023 by Lyonel Kaufmann

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    Sebastian Conrad, professeur d’histoire globale à la Freie Universität de Berlin, est spécialiste d’histoire intellectuelle et a notamment travaillé sur l’Allemagne et le Japon. Ses éclairages sur les liens entre le nationalisme allemand et la mondialisation ont largement renouvelé l’histoire nationale. Et c’est en praticien confirmé de l’histoire globale qu’il a proposé, en 2016, l’ouvrage What is Global History ?, analyse remarquée du phénomène historiographique et de ses multiples ramifications (une première version avait été publiée en allemand dès 2013). Aujourd’hui traduit en français, l’ouvrage permet de dresser un panorama qui demeure très actuel des promesses et des apories de l’histoire globale. Didactique, appuyé sur des exemples éclairants qui montrent bien les apports de telle ou telle enquête et ses inscriptions historiographiques, Qu’est-ce que l’histoire globale ? apparaît comme une sorte de guide de voyage dans les méandres de l’histoire globale.

    Sebastian Conrad, Qu’est-ce que l’histoire globale ? Paris, Nouveau Monde éditions, 2023, 280 p., 20,90 €.

    Le compte rendu de l’ouvrage par La Vie des idées : https://laviedesidees.fr/Tous-les-recits-du-monde

    Classé sous :Histoire savante, Publications

    Enquête inédite sur le rôle de l’une des principales banques du Brésil dans l’esclavage

    11 octobre 2023 by Lyonel Kaufmann

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    Une action en justice visant Banco do Brasil a été sollicitée par des historiens, qui ont étudié les relations entre la plus ancienne banque publique du pays et la traite négrière au XIXᵉ siècle. Selon eux, tout le système financier de l’époque profitait de l’esclavage.

    blank Siège de la Banque du Brésil entre 1815 et 1829, la maison Leuzinger à Rio de Janeiro a été rénovée en 1860. Archives historiques du centre culturel de la Banco do Brasil

    Le ministère public fédéral brésilien (MPF) a notifié à Banco do Brasil (BB), le mercredi après-midi 27 septembre 2023, l’ouverture d’une enquête civile publique visant à examiner l’implication de l’institution dans l’esclavage et le trafic de captifs africains au cours du 19e siècle.

    Cette action, sans précédent dans le pays vise à lancer un mouvement pour demander des réparations historiques aux grandes institutions brésiliennes centenaires – tant étatiques que privées – qui ont participé d’une manière ou d’une autre à l’esclavage dans le pays ou l’ont encouragé.

    L’enquête a été proposée par un groupe de 14 historiens issus de 11 universités, qui ont effectué des recherches et rédigé un texte sur ce que l’on sait des relations de la Banco do Brasil avec l’économie esclavagiste et ses négociants.

    Ils ont découvert, par exemple, que parmi les fondateurs et les actionnaires de la BB se trouvaient certains des plus célèbres marchands d’esclaves de l’époque, dont José Bernardino de Sá, considéré comme le plus grand trafiquant d’Afrique de l’époque.

    Trois procureurs ont accepté la suggestion et ont intenté une action en justice dans le but d’amener la banque publique à reconnaître et à prendre des mesures pour enquêter sur ses actions pendant l’esclavage et les rendre publiques. 

    Dans le document envoyé à Banco do Brasil, le Ministère public fédéral fixe un délai de 20 jours au président de la banque pour répondre à une série de questions :

    « la position de la banque sur sa relation avec le trafic de personnes noires réduites en esclavage », « des informations sur le financement effectué par la banque et sa relation avec l’esclavage », « des informations sur les trafiquants de personnes réduites en esclavage et leur relation avec la banque » et « des initiatives de la banque avec des objectifs spécifiques de réparation en relation avec cette période ».

    Après la publication du rapport, la Banco do Brasil a envoyé une note indiquant qu’elle avait l’intention de collaborer avec le Ministère public:

    « Banco do Brasil est à la disposition du ministère public fédéral pour continuer à jouer un rôle de premier plan et à impliquer l’ensemble de la société dans la recherche d’une accélération du processus de réparation »(Extrait).

    Mais, après tout, comment la Banco do Brasil a-t-elle participé à l’esclavage ?

    Lors de sa création, l’objectif de l’institution était de faire face à la pénurie de crédit et de monnaie dans l’Empire portugais, mais ses activités devaient se limiter au financement public. Toutefois, selon les historiens, une partie des fonds de la banque provenait des droits perçus sur les navires destinés au commerce africain.

    « L’esclavage et le commerce des esclaves ont également financé indirectement l’établissement de la banque par le biais de souscriptions », écrivent les chercheurs.

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    Ancêtres des billets de banque, les tickets BB ont commencé à circuler en 1810. Archives historiques du centre culturel de la Banco do Brasil.

    En d’autres termes, le gouvernement impérial accordait des titres de noblesse aux esclavagistes et aux commerçants illégaux qui déposaient de l’argent à la banque.

    En proie à des difficultés financières, cette première BB a été dissoute en 1829 puis refondée en 1833, mais cette phase n’a duré que peu de temps.

    C’est lors de la refondation de 1853 que le lien entre la Banco do Brasil et l’esclavage s’est resserré, selon les chercheurs.

    Ils ont découvert, par exemple, que d’importants marchands d’esclaves faisaient partie du groupe d’hommes d’affaires qui ont signé l’accord de refondation de l’institution.

    Bien que renaissant sous la forme d’une banque privée, la BB avait des objectifs publics, tels que le contrôle du marché du crédit et le monopole de l’émission de la monnaie.

    L’un des hommes d’affaires fondateurs de la BB est José Bernardino de Sá, qui en devient le principal actionnaire en 1853. L’un des hommes les plus riches de l’Empire, le magnat possédait des fermes, d’innombrables propriétés et même un théâtre au centre de Rio de Janeiro.

    Mais son activité principale était la traite des Africains, explique l’historien Thiago Campos Pessoa qui étudie la vie du passeur depuis des années et qui, il y a quelques mois, a découvert son nom parmi les fondateurs de la Banco do Brasil.

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    Hommes et femmes asservis travaillant dans les plantations de café au Brésil. NY Public Library.

    Selon Pessoa, Bernardino de Sá disposait d’un hangar au nord de Luanda, la capitale de l’Angola, où il laissait les Africains kidnappés jusqu’à ce qu’ils soient embarqués. Ils arrivaient sur les côtes de São Paulo et de Rio de Janeiro et étaient ensuite laissés dans les fermes de l’homme d’affaires jusqu’à ce qu’ils soient commercialisés. On estime que le trafiquant a fait passer 20 000 Africains entre 1825 et 1851.

    Au cours des années suivantes, la traite s’est intensifiée avec le consentement et la participation de l’Empire. On estime qu’environ 753 000 Africains ont été amenés illégalement au Brésil en seulement deux décennies, entre 1830 et 1850.

    À titre de comparaison, pendant toute la période de l’esclavage au Brésil, qui a duré environ 300 ans, 5 millions de personnes ont été amenées au Brésil.

    Les liens de la BB avec l’esclavage

    Bien que la BB ait compté parmi ses fondateurs des marchands d’esclaves, dans quelle mesure la banque était-elle liée à l’esclavage et quelle part de son argent provenait de ce système ?

    Pour Clemente Penna, chercheur à l’Université fédérale de Santa Catarina (UFSC) et également signataire du document, le système financier de l’époque « dépendait de l’esclavage », mais des recherches académiques sont encore nécessaires pour déterminer le rôle de chaque institution.

    « C’était une économie où il y avait peu de monnaie officielle en circulation. Ce qui existait, c’était un système basé sur des obligations, des hypothèques, des lettres de change… Les gens qui avaient beaucoup d’argent liquide étaient les trafiquants. Ce sont donc eux qui ont financé l’État, les titres de créance et le capital des banques », explique-t-il.

    Les recherches de l’historien, qui a analysé 3’000 saisies de dettes à Rio de Janeiro entre 1830 et 1860, montrent que les esclaves étaient même utilisés comme garantie pour rembourser des prêts.

    Vers des réparations historiques ?

    Pour le procureur Julio Araujo, l’enquête contre Banco do Brasil pourrait être le point de départ de discussions sur les réparations historiques dans le pays :

    « Nous devons affronter cette discussion, car ce passé et cette mémoire font partie de notre présent et l’affectent encore, à travers les inégalités sociales et le racisme structurel. La société et les principales institutions brésiliennes doivent se regarder dans le miroir et affronter cette question ».

    Sources :

    • Enquête inédite sur le rôle de l’une des principales banques du Brésil dans l’esclavage. Courrier international. Lien : https://www.courrierinternational.com/article/justice-enquete-inedite-sur-le-role-de-l-une-des-principales-banques-du-bresil-dans-l-esclavage
    • Exclusivo | Banco do Brasil é alvo de inquérito inédito sobre papel na escravidão e MPF pede reparação. BBC News Brasil. Lien : https://www.bbc.com/portuguese/articles/c89w05408pjo

    Classé sous :Histoire active, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

    Préhistoire : au commencement des sociétés humaines | L’Histoire

    10 octobre 2023 by Lyonel Kaufmann

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    Le magazine L’Histoire vient de sortir un numéro spécial consacré à la Préhistoire. Il offre un état actualisé des savoirs concernant un domaine de recherche en constantes mutations. Ne boudez pas votre plaisir (en kiosque jusqu’au mois de décembre).

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    La présentation du numéro

    Il y a 3 millions d’années apparaissent les premières espèces de la lignée humaine ; il y a 20 000 ans, au temps de la dernière glaciation, Homo sapiens a atteint tous les continents ; il chasse le renne en Europe et orne les grottes de peintures fascinantes.

    Que s’est-il passé entre les deux ? Que savons-nous de ces chasseurs-cueilleurs : leur langage, leur alimentation, leur organisation ?

    Les travaux des archéologues, appuyés sur la génétique, les études chimiques ou l’ethnologie, nous livrent aujourd’hui une connaissance plus intime des hommes, des femmes et des enfants qui vivaient au Paléolithique.

    L’éditorial : La préhistoire, c’est de l’histoire !

    Les divisions historiques canoniques ont la vie dure. Depuis le XIX »siècle, c’est l’écriture qui sépare la préhistoire et l’histoire. Mais les peuples sans écriture ont, eux aussi, une histoire. Et si la recherche sur les périodes lointaines est fondée sur des vestiges infiniment ténus (pierres taillées, ossements), la découverte de la datation au carbone 14 en 1950, les progrès de l’archéologie ou la paléogénétique permettent d’appréhender de plus près les premiers humains. C’est ainsi une préhistoire plus humaine qu’on peut désormais reconstituer, celle d’hommes, de femmes, d’enfants, généralement nomades, vivant et chassant en groupe.

    Il faut renoncer aussi à la quête du « premier homme » ou du « premier ancêtre ». Et même à la succession linéaire : australopithèques, Homo habilis, Homo erectus, qui mène à Homo sapiens. En fait, l’évolution dessine un buissonnement, un bouquet, avec des branches mortes et des métissages. Les caractéristiques biologiques propres à Sapiens, bipédie, taille du cerveau, forme du crâne et de la dentition, résultent probablement de ce processus lent-qui se poursuit…

    On en sait beaucoup aujourd’hui sur cette histoire des commencements. Les humains apparaissent il y a 2,8 millions d’années, avec le genre Homo, davantage carnivore et qui vit dans la savane. Entre-temps, un de nos lointains ancêtres a fabriqué les premiers outils, il y a 3,3 millions d’années, point de départ retenu pour le Paléolithique. L’espace s’élargit avec Homo erectus, qui s’aventure en Eurasie il y a 1,8 million d’années, et atteint l’Insulinde. Mais c’est Homo sapiens, dont le plus vieux spécimen, 300 000 ans, a été découvert en 2017 au Djebel Irhoud, au Maroc, qui va peupler la Terre entière.

    Reste que l’humanité fut longtemps plurielle. En Eurasie, Néandertal, Sapiens et Denisova cohabitent plusieurs dizaines de milliers d’années. Nos gènes portent d’ailleurs les traces de leurs métissages. Néandertal et Sapiens connaissent des évolutions parallèles : amélioration de l’outillage, parures, sépultures vers 120 000 ans. Une pensée symbolique qui témoigne de l’existence du langage.

    Qu’est-ce qui a, alors, fait le succès de Sapiens, demeuré seul représentant du genre Homo? Une complexité sociale accrue ? Des réseaux d’échanges à grande échelle favorisant l’exogamie, mais aussi la circulation des biens, des idées et des symboles ? Ou une capacité toute particulière à modifier son environnement ? Chacun conclura. Mais, sans doute, cette humanité paléolithique, immergée parmi les autres êtres vivants, nous fait voir l’histoire autrement.

    L’Histoire

    Sommaire du numéro

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    En couverture : montage associant une figure anthropomorphe et des mains « négatives », vers 7 000 avant le présent, ornant la Cueva de las Manos, Patagonie, Argentine (lberfoto/Bridgeman Images – Marcos Veiga/W-J Pics/Science Photo library).

    Source : https://www.lhistoire.fr/parution/collections-101

    Classé sous :BP13/22SHS Enseigner les sciences humaines et sociales aux cycles 1 et 2, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

    Est-ce que tout le monde peut faire de l’histoire?

    7 octobre 2023 by Lyonel Kaufmann

    building castle figures facade

    Nota Bene et Manon Bril (C’est une autre histoire), deux youtubeur·euses, ont réalisé en 2018 cette capsule vidéo intitulée Est-ce que tout le monde peut faire de l’histoire? Pour les étudiant·es du Bachelor primaire, cette capsule offre une utile révision sur certains éléments abordés au BP13SHS, plus particulièrement au cours 1 et 2. Pour les autres non historien·es, c’est une excellente introduction à la question.

    -Mes chers camarades, bien le bonjour, je m’appelle Benjamin, de la Chaine Nota Bene. Et je vous présente Manon, de la chaîne “c’est une autre histoire”.
    Aujourd’hui, on a décidé de répondre ensemble à une question à laquelle on est souvent confrontés : est-ce que tout le monde peut faire de l’histoire ?
    -Et on s’est dit que ça serait très intéressant d’y répondre ensemble parce qu’on tient tous les deux une chaîne d’histoire et qu’on a deux parcours complètement différents !
    -Hé oui, en effet, pour ma part j’ai fait des études d’audiovisuel donc je ne suis pas historien de formation, mais vidéaste professionnel.
    -Et moi (Manon) je suis actuellement en train de finir ma thèse d’histoire, donc je suis historienne mais pas vidéaste de formation.
    -Bah déjà pour répondre à la question “est-ce que tout le monde peut faire de l’histoire”, il faut expliquer en quoi ça consiste faire de l’histoire.

    Voici une partie de la transcription de cette vidéo, elle a été publiée sur le blog de la Fédération internationale pour l’histoire publique : https://ift.tt/2LEK5Ex. Merci à eux.

    (Manon) L’histoire c’est l’exploration du passé. C’est une enquête pour comprendre ce qui s’est passé. C’est la science de la reconstruction du passé de l’humanité, sous un aspect général ou spécifique, selon un lieu et une époque. Ça permet de comprendre d’où on vient, et de mieux appréhender où on est maintenant mais attention, certainement pas de prédire le futur. D’y réfléchir oui, éventuellement de tirer des leçons du passé mais attention ! Ce n’est pas le but premier de l’histoire, et ça sort de ses plates-bandes.

    (Benjamin) Le travail de l’historien consiste à questionner les sources historiques. C’est à dire toutes les traces humaines du passé que l’on peut collecter et celles-ci peuvent être extrêmement variées. Ce sont des objets de la vie quotidienne qui nous sontparvenus, des documents administratifs, des écrits littéraires ou artistiques, des œuvres d’art, des documents de presse, des fossiles, des éléments architecturaux, des monnaies, des photographies, etc. Toute chose provenant de la période, de la zone et de la thématique qui concernent le sujet. Et d’ailleurs souvent, l’historien travaille à partir des recherches que d’autres disciplines ont produites sur ces sources, notamment l’archéologie.

    (Manon) L’historien analyse les sources en questionnant leur contexte de production, qui les a créées, dans quelle intention, pour quel destinataire, dans quel contexte politique, social etc… Il recoupe ces documents entre eux pour essayer de dégager une analyse et comprendre au mieux ce qui s’est passé, quelles idées étaient véhiculées à l’époque, comment les gens vivaient, se sentaient etc… Il faut avoir de la méthode, trouver les sources pertinentes, les interpréter avec justesse, replacer ensuite les faits les uns par rapport aux autres, en définissant leurs causes et leurs conséquences potentielles.

    (Manon) Du coup, vous vous en doutez bien, ceci demande des compétences précises et une formation d’historien. Il y a une méthodologie propre à l’histoire, et ça n’est pas du tout inné. Il faut pouvoir tirer un maximum des sources, sans non plus leur faire dire plus que ce qu’elles ne disent vraiment. Le but c’est de s’approcher un maximum de ce qui s’est passé, même si parfois, il faut bien reconnaître qu’on ne peut faire que des hypothèses, mais qu’on n’a pas forcément tous les éléments ou toutes les techniques nécessaires. Le but c’est donc de présenter toutes les hypothèses possibles, sans prendre parti, et éventuellement d’en mettre une plus en avant lorsque le matériel permet de le faire.

    (Benjamin) Oui, d’ailleurs c’est une science qui se perfectionne avec le temps et aussi les nouvelles technologies. Et oui, on utilise aussi, en histoire, des logiciels divers et variés, pour répertorier, analyser, classer les sources et des bases de données de plus en plus immenses. Avec internet, par exemple, on a accès à beaucoup plus de choses, de publications, qui se trouvent partout dans le monde et qui n’étayent pas forcément si facile d’accès avant. L’archéologie, mais aussi la sociologie, l’anthropologie et autres disciplines nous permettent aussi de faire de nouvelles découvertes, qui permettent d’enrichir, parfois de contredire, ce qu’on avait établi avant.

    (Manon) En effet, chaque nouvelle étude dresse le tableau d’un pan du passé qui s’imbrique dans le réseau de ce qu’on sait déjà, le précise, ou parfois même le contredit. Quand on fait de l’histoire, il faut aussi connaître l’état de la recherche sur le sujet qu’on traite, se positionner par rapport à ce qui a été fait avant, pour toujours apporter quelque chose de nouveau. Et les sujets d’étude sont infinis. Les courants historiques se sont structurés avec le temps et ont beaucoup évolué. Depuis longtemps, par exemple, on ne se soucie plus de faire uniquement l’histoire des grands personnages, des rois des France etc, mais aussi d’étudier les habitudes des gens, traiter des sujets qui paraissaient moins nobles comme la prostitution au Moyen Âge !

    (Benjamin) En effet, la discipline a bien évolué depuis ses débuts, dès l’Antiquité, pour se structurer en discipline scientifique à partir du XIXe siècle. Les premiers ouvrages ressemblaient parfois plutôt à des mémoires, et étaient très subjectifs, on se souciait surtout de la qualité du style et de produire un ouvrage moralisateur. Petit à petit on a essayé de se détacher de ce ton là pour tendre vers un maximum d’objectivité, même si l’objectivité totale est illusoire. Et oui, même s’il essaye d’avoir un maximum de détachement vis-à-vis de son objet d’étude, l’historien est forcément biaisé par le filtre de son éducation, de ses convictions, de ses centres d’intérêt. Pour autant, il y a une nuance éthique, avec le fait de déformer volontairement les faits. Donc, en faisant de l’histoire on s’efforce d’échapper à ça, mais l’objectivité totale ça n’existe pas. Mais même dans un dictionnaire, ça n’existe pas, si tu accordes deux fois plus de texte à la notice sur Ravel qu’à celle de Brahms, c’est déjà une forme de subjectivité, même en listant simplement des faits. Mais c’est quand même autre chose qu’écrire un pamphlet sur la musique de Brahms, qui a longtemps été étiquetée comme “injouable”.

    (Manon) Alors, vous l’aurez compris, faire de l’histoire ce n’est pas la même chose qu’apprendre par cœur un maximum de dates et de faits, ça, ça ne fait pas de vous un historien. Un érudit, certes, mais ce n’est pas la même chose que parvenir à reconstituer le passé en tâchant d’approcher au maximum du passé tel que le montrent les sources. Sinon c’est comme si on disait que faire de la médecine c’était juste pouvoir réciter tous les noms des organes. Bref, ça demande un savoir-faire scientifique. C’est là qu’on fait la différence entre les passionnés et les historiens. On voit souvent des contributions à l’histoire locale ou familiale avec un épinglage des faits minutieux, mettant sur le même plan tout type de document, signalant, par exemple, avec scrupule toute la liste des noms qui ont servis à retaper la clôture de l’église de Saint Pinpouin les oies, le 18 août 1966.

    Classé sous :BP13/22SHS Enseigner les sciences humaines et sociales aux cycles 1 et 2, Didactique, Histoire savante

    Quand la pénurie de logements était le problème des ouvriers – Musée national – Blog sur l’histoire suisse

    7 octobre 2023 by Lyonel Kaufmann

    Le lotissement Limmat I, construit en 1908, est le premier immeuble locatif zurichois d’utilité publique. Photo de Ralph Hut, 2003. Baugeschichtliches Archiv

    En Suisse, les premiers débats autour de la crise du logement remontent à la seconde moitié du XIXe siècle. La «question du logement ouvrier», comme on l’appelait alors, mit les autorités communales à l’épreuve et donna même lieu à des émeutes. Le blog du Musée national suisse revint sur ce sujet méconnu de l’histoire suisse avec un article très complet et comportant plusieurs sources.

    Carte postale de l’exposition suisse sur le travail à domicile, vers 1900. Zentralbibliothek Zürich

    Cette famille zurichoise travaillant à domicile vit dans un espace particulièrement exigu, servant à la fois de cuisine, de salon et de chambre à coucher. Carte postale de l’exposition suisse sur le travail à domicile, vers 1900. Zentralbibliothek Zürich

    Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la vie quotidienne de la population suisse fut marquée par des changements révolutionnaires. Les bouleversements que connut le pays à cette époque sont présentés dans un ouvrage historique de référence, «Das Neue kommt» («place à la nouveauté»). L’arrivée du chemin de fer marqua le début d’une nouvelle ère. Mais l’industrialisation se révéla tout aussi déterminante. Grâce au développement de la machine à vapeur et de l’énergie électrique, les usines pouvaient désormais être exploitées loin des cours d’eau, dont la production industrielle dépendait jusqu’alors.

    Invitation à une assemblée populaire pour discuter de la crise du logement. Luca Trevisan, _Das Wohnungselend der Basler Arbeiterbevölkerung in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts_, 1989, p. 105

    Invitation à une assemblée populaire pour discuter de la crise du logement. Luca Trevisan, Das Wohnungselend der Basler Arbeiterbevölkerung in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts, 1989, p. 105. e-periodica.ch

    https://blog.nationalmuseum.ch/app/uploads/luca-trevisan-300×202.jpg
    Cet essor fulgurant entraîna le développement des villes. Et la croissance urbaine s’accéléra, comme le montre l’exemple de Bâle: le nombre d’habitants de la ville doubla une première fois sur une période de 70 ans jusqu’à la moitié du XIXe siècle, une deuxième fois au cours des 30 années suivantes, puis une troisième fois durant les deux dernières décennies du XIXe siècle. Entre 1893 et 1897 (l’époque qui vit naître le Musée national), la population de Zurich augmenta de 9400 habitants par an. Cette croissance correspond à un taux de 7,3%, un chiffre six fois supérieur au taux de croissance actuel. Dans l’ensemble du pays, la population urbaine se vit multipliée par six entre 1850 et 1910. Jamais l’urbanisation n’a été aussi forte qu’entre 1888 et 1900.

    Lire la suite : Quand la pénurie de logements était le problème des ouvriers – Musée national – Blog sur l’histoire suisse

    Crédit image en-tête : Le lotissement Limmat I, construit en 1908, est le premier immeuble locatif zurichois d’utilité publique. Photo de Ralph Hut, 2003. Baugeschichtliches Archiv

    Classé sous :BP13/22SHS Enseigner les sciences humaines et sociales aux cycles 1 et 2, Cours et séminaires, Histoire savante

    Ouvrage : Aux Origines du Roman National –  Margot Renard 2023

    18 avril 2023 by Lyonel Kaufmann

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    Renard. M- (2023). Aux Origines du Roman National. La construction d’un mythe par les images, de Vercingétorix aux Sans-Culottes (1814-1848). Paris: Mare et Martin, 302 pages

    L’ouvrage examine la manière dont s’est construit le roman national français et le rôle que les images y ont joué dans la première moitié du XIXe siècle. La nécessité d’unifier la nation en réconciliant les Français s’impose après les troubles révolutionnaires. L’histoire nationale fournit aux peintres et aux illustrateurs un répertoire de nouveaux sujets se substituant à l’histoire antique, à l’histoire sainte ou à la mythologie. De Saint Louis rendant la justice sous son chêne au ralliement au panache blanc d’Henri IV, en passant par le Serment du Jeu de Paume, tout un catalogue d’épisodes héroïques sert à construire un imaginaire national. Ce livre entend donc revenir sur les origines de cette construction imagée qui au XIXe siècle contribue à forger une mémoire partagée, dont les représentations, les enjeux comme les stéréotypes sont encore vivaces aujourd’hui.

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    A partir d’un corpus constitué d’éditions illustrées de différents ouvrages historiques, Margot Renard montre comment, par l’image, s’est fabriqué un récit national postrévolutionnaire, dans le contexte de la monarchie constitutionnelle (1814-1848). La période est celle du questionnement sur les origines, dans une lecture progressiste de la part d’historiens qui construisent un référentiel commun. Le texte et l’image jouent alors de l’imaginaire identitaire, autour d’une nouvelle historiographie marquée par des auteurs comme Augustin Thierry, Prosper de Barante ou Adolphe Thiers.

    L’autrice montre comment le récit et les illustrations se répondent, exposant une « vision spectaculaire » des événements, mise en scène par l’iconographie : « Les illustrateurs de ces histoires de la Révolution Française ont tenté d’en offrir une vision satisfaisant à la fois au désir de divertissement et à l’exigence d’exactitude que les historiens mettent en place dans les années 1820-1830 ». 

    A côté de la Révolution Française, la quête des origines donne lieu à des publications majeures, à l’image des Récits des temps mérovingiensd’Augustin Thierry (version illustrée en 1866), succès d’édition, où les méconnaissances historiques sont comblées par un imaginaire fantasmé, fait de rites sanglants et de progrès vers la civilisation. Les Francs deviennent les « figures majeures du récit national » et l’auteur « fait des Gaulois et des Francs les ancêtres du Tiers-Etat et de la noblesse ».  

    Margot Renard analyse également le rôle des images dans la pédagogie et dans la création d’une culture visuelle commune. Le choix de l’apprentissage par l’image, dès avant les manuels scolaires illustrés célèbres de la Troisième République, est très fort au cœur du XIXe siècle. 

    Source : L’histoire de France par les images au XIXe siècle | non-fiction.fr

    Classé sous :Histoire savante, Publications

    Restitution d’oeuvres: faut-il vider nos musées? rts.ch

    7 mars 2023 by Lyonel Kaufmann

    La Suisse a restitué à l'ambassade du Pérou une sculpture de la culture Chavín, le 8 février 2023. [Keystone]

    A la suite des indépendances africaines dans les années 1960, un mouvement en faveur du rapatriement des œuvres du continent, conservées dans les musées européens, a été lancé par les élites intellectuelles et politiques locales. Aujourd’hui, les demandes de rapatriement de biens ne faiblissent pas et opposent deux visions.

    L’invité/e : Floriane Morin et Marc-André Renold « La restitution des objets dʹart ». Vertigo /28 min. / 28.02.2023

    Afrique, Amérique du Sud, Asie, et même entre pays européens, les restitutions de biens culturels sont un caillou dans la chaussure des Etats coloniaux ou ayant tiré profit de la colonisation, comme la Suisse. Deux visions s’opposent, l’une qui demande le retour des œuvres dans leur pays d’origine, l’autre qui s’abrite parfois derrière la règle: tout ce qui rentre au musée reste au musée.

    La Suisse a restitué à l'ambassade du Pérou une sculpture de la culture Chavín, le 8 février 2023. [Keystone]

    La Suisse a restitué à l’ambassade du Pérou une sculpture de la culture Chavín, le 8 février 2023. [Keystone]

    Pourtant, la Suisse vient de restituer une tête sculptée de la culture Chavín au Pérou, vieille de 2500 ans. Le Musée d’ethnographie de Genève (MEG) a récemment restitué à la Confédération amérindienne d’Haudenosaunee (Amérique du Nord) deux objets sacrés acquis sans consentement il y a près de 200 ans.

    Interview de l’historienne de l’art Benedicte Savoy, spécialiste des spoliations / Vertigo / 8 min. / 28.02.2023

    Source : Restitution d’oeuvres: faut-il vider nos musées? – rts.ch – Arts visuels

    Classé sous :Histoire savante, Opinions&Réflexions

    Quel regard auront les archéologues de l’an 4023 sur notre époque? Musée romain Lausanne-Vidy

    6 mars 2023 by Lyonel Kaufmann

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    L’exposition « Retour vers le futur antérieur » se met dans la peau d’un archéologue du futur. Au Musée romain de Lausanne-Vidy, les visiteurs peuvent découvrir des vestiges du 20e et 21e siècle, tels qu’ils pourraient être interprétés dans 2000 ans. C’est aussi une manière de sensibiliser le public à la complexité du métier et à la durabilité de nos objets.

    Toute la complexité du travail des archéologues est mise en lumière à travers cette exposition imaginée il y a 20 ans par Laurent Flutsch, l’ancien directeur du Musée romain de Lausanne-Vidy.

    L’exposition met aussi en lumière une constatation: très peu de matériaux utilisés aujourd’hui survivront ces deux prochains millénaires. En 4023, il ne restera qu’une infime partie de nos objets du quotidien.

    Quand on visite une exposition d’archéologie, on n’a pas conscience que ce qu’on voit ne représente qu’une très petite proportion de ce qu’était la culture d’une époque. On a essayé de mettre en perspective le fait que tous les objets en plastique, en tissu etc. disparaîtront. Et il nous restera le métal, le verre.

    Séverine André, conservatrice au Musée romain de Lausanne-Vidy.

    L’exposition est visible jusqu’au 25 septembre 2023. Pour les informations pratiques : https://lausanne-musees.ch/fr_CH/exhibitions/retour-vers-le-futur-anterieur-tresors-archeologiques-du-21e-siecle.

    Source : Quel regard auront les archéologues de l’an 4023 sur notre époque? – rts.ch – Arts visuels

    Classé sous :Histoire active, Histoire savante

    Les différents modes d’écriture de l’histoire et leurs effets sur les pratiques historienne.

    8 février 2023 by Lyonel Kaufmann

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    Journée d’études internationale et ateliers CUSO organisés par Claire-Lise Debluë (Laboratoire Histoire & Cité) et Raphaëlle Ruppen Coutaz (Section d’histoire, Faculté des lettres). Depuis quelques années, et à plus forte raison après le « tournant numérique », le livre, l’article ou la conférence scientifiques n’ont plus le monopole des formes d’écriture de l’histoire. La diffusion des résultats de la recherche emprunte aujourd’hui des canaux de plus en plus divers, contribuant par là à redéfinir les conditions mêmes du travail de l’historien·ne.

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    Hecla Electrics Pty Ltd, Workers Assembling Electrical Products, circa 1930. Photo de Museums Victoria sur Unsplash

    Depuis quelques années, et à plus forte raison après le « tournant numérique », le livre, l’article ou la conférence scientifiques n’ont plus le monopole des formes d’écriture de l’histoire. La diffusion des résultats de la recherche emprunte aujourd’hui des canaux de plus en plus divers, contribuant par là à redéfinir les conditions mêmes du travail de l’historien·ne. Une multitude de pratiques (écriture collaborative, crowdsourcing, pratiques commémoratives), d’outils (blogs, visualisation, 4D) et de canaux de diffusion (expositions, podcasts, documentaires, jeux vidéo, séries TV, etc.) se sont en effet développés et s’offrent désormais aux chercheurs et chercheuses désireux·se·s d’explorer de nouveaux formats d’écriture ou de s’adresser à de nouveaux publics, non sans, toutefois, soulever d’importantes questions d’ordre épistémologique et pratique.

    Quelles formes, quels canaux privilégier pour communiquer les résultats de la recherche ? Comment tenir compte au mieux du public auquel on s’adresse, qu’il soit spécialiste ou non ? Quelle place accorder aux formes nouvelles d’écriture de l’histoire ayant émergé avec le tournant numérique ? Comment identifier et acquérir le savoir-faire nécessaire ? Cette journée d’études et les ateliers pour doctorant·e·s ont pour objectif de faire un état des lieux de ces nouveaux outils et de ces nouvelles pratiques du métier d’historien·ne, d’explorer leurs possibles, mais aussi d’évoquer leurs limites. Ils visent également à s’interroger sur la manière dont ces nouvelles formes de production et de diffusion des savoirs historiques façonnent en retour notre manière de faire de la recherche et nourrissent notre compréhension du passé.

    Lors de cette rencontre, il s’agira de s’intéresser à des initiatives transpériodes déployées dans des contextes aussi différents que ceux de la recherche fondamentale, de l’enseignement, de la médiation ou de l’histoire publique, et d’explorer certains de leurs possibles à partir de cas concrets. La journée d’études et les ateliers pour doctorant·e·s se déroulent sur un jour et demi (jeudi et vendredi matin). La journée d’études est publique et est constituée de trois volets : une série de conférences par des expert·e·s du domaine, une série de présentations « flash » autour de projets récents ou en cours, et une table ronde pour clore la journée. La matinée du vendredi, réservée aux doctorant·e·s (20 au maximum), est organisée autour de trois ateliers. Elle consiste à expérimenter de nouveaux modes d’écriture de l’histoire, sur la base des recherches menées par les participant·e·s. Ce programme s’adresse aux doctorant·e·s en histoire, de toutes périodes.

    Avec : Thomas Cauvin, Université du Luxembourg, C2DH; Caroline Muller, Université Rennes 2; Frédéric Clavert, Université du Luxembourg, C2DH; Sylvain Venayre, Université Grenoble-Alpes; Mylène Pardoën, CNRS; Olga Cantón Caro, SCMS/Université de Lausanne; Mathias Howald, écrivain, Collectif Caractères mobiles; Marie Sandoz, Université de Bâle et Roxane Gray, Université de Lausanne.

    Organisé par: 

    Claire-Lise Debluë (Laboratoire Histoire & Cité) et Raphaëlle Ruppen Coutaz (Section d’histoire, Faculté des lettres)

    Dates et lieu: jeudi 8 et vendredi 9 juin 2023, Université de Lausanne.

    Le programme: https://news.unil.ch/document/1675692782998.D1675693116844

    S’inscrire (gratuit) : https://framaforms.org/les-differents-modes-decriture-de-lhistoire-et-leurs-effets-sur-les-pratiques-historiennes (délai au 15.03.2023)

    Classé sous :histodons, Histoire savante, Humanités Digitales

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