C’est en 1983 que Richard Stallman lance le mouvement du logiciel libre avec le projet GNU. Deux ans plus tard, il crée la Free Software Foundation. Depuis, il parcoure le monde avec un mot d’ordre: défendre les libertés numériques. Fin août, il a fait un crochet à Bruxelles à l’invitation de son vieux complice Nicolas Pettiaux, l’organisateur d’Educode. EPN ressources a recueilli ses propos.
En premier lieu, Richard Stallman rappelle l’importance, pour le monde de l’enseignement, de la formation et des pouvoirs publics, de garantir aux citoyens une liberté essentielle: celle de pratiquer une activité numérique sans être suivi à la trace.
Cela implique 4 libertés :
- Tout d’abord, la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de le modifier pour qu’il effectue vos tâches informatiques comme vous le souhaitez.
- En deuxième lieu, l’accès au code source est une condition nécessaire pour pouvoir le modifier et l’adapter à vos besoins ».
- Mais tout le monde n’est pas programmeur. « Il faut donc, c’est la troisième liberté, pouvoir redistribuer des copies, c’est à dire aider votre voisin non programmeur.
- Il faut enfin avoir la liberté de distribuer aux autres des copies de vos versions modifiées.
Le libre, condition fondamentale de l’exercice de la citoyenneté
« Il faudrait refuser tout équipement ne fonctionnant pas en logiciel libre pour uniquement utiliser des applications qui sont contrôlées par une communauté d’utilisateurs. Ce sont eux qui doivent avoir le pouvoir, pas les développeurs. J’ai lancé le système d’exploitation GNU en 1984 dans ce but : pour qu’on puisse utiliser un ordinateur en toute liberté. En 91, le système était presque complet. Seul manquait le noyau. C’est à ce moment que quelqu’un d’autre, Linus Torvalds, en a publié un : Linux. Mais il n’était pas libre. En 92, il l’a rendu libre et la combinaison GNU/Linux a été le premier système d’exploitation libre à pouvoir fonctionner dans un PC. Cette liberté est fondamentale pour l’exercice de la citoyenneté. C’est pour cela que les écoles, et plus globalement tout le secteur de la formation et de l’enseignement, devraient uniquement enseigner du logiciel libre pour transmettre ces valeurs démocratiques de solidarité et de partage. Cela permettrait en outre à une nouvelle génération de programmeurs de maîtriser leur art. Enseigner l’utilisation d’un programme non libre, c’est implanter la dépendance à l’égard de son propriétaire, en contradiction avec la mission sociétale de l’école. L’école ne doit pas confier l’activité informatique de ses élèves à des Google, Apple ou Microsoft. Cela ne devrait pas être toléré dans une société démocratique qui défend la liberté et l’éthique! »
Des propos à méditer alors que du Québec au canton de Vaud, des plans numériques éducatifs ambitieux débutent leur mise en place.
Source : Richard Stallman: non aux logiciels privateurs de liberté – EPN Ressources
Crédit image : Pixabay. CC0 Creative Commons. Libre pour usage commercial. Pas d’attribution requise