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Histoire Lyonel Kaufmann

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Opinions&Réflexions

Il faut renverser la «classe inversée» ! | Université de Standford

11 janvier 2016 by Lyonel Kaufmann

Le numérique est-il seulement un outil ou dépasse-t-il ce cadre-là ? Transforme-t-il notre manière d’apprendre et de penser ? Doit-il nous amener à changer de pédagogie ? 

Cette fois-ci pas de vidéo, mais une nouvelle de l’Université de Standford concernant les résultats d’une étude récente d’une équipe de chercheurs (2013). Ces résultats vont à l’encontre des démarches actuelles de classe inversée préconisant de commencer par des apports théoriques sous forme notamment de capsules vidéos consultées à domicile avant de réaliser des activités et exercices d’application en classe. Il remet en cause le dispositif traditionnel d’enseignement avec un apport théorique du professeur précédant des activités d’élèves.

Cette nouvelle étude de la Stanford Graduate School of Education renverse la notion que les élèves apprennent mieux en ayant comme première approche une première lecture des vidéos en ligne ou des textes avant de venir en classe pour participer à des projets pratiques. Dans leur étude, les chercheurs de Stanford ont montré que lorsque l’ordre a été inversé, les performances des élèves sont nettement améliorées.

Bien que l’étude a de larges implications sur la meilleure façon d’utiliser les technologies d’apprentissage interactifs, elle met aussi l’accent spécifiquement sur l’enseignement des neurosciences et souligne l’efficacité d’un nouvel environnement d’apprentissage, appelé BrainExplorer, qui a été développé par des chercheurs de Stanford GSE pour améliorer l’enseignement en neurosciences. BrainExplorer est un outil de table qui simule la façon dont le cerveau humain traite les images visuelles (voir la photo d’en-tête).

Les résultats ont été présentés dans le numéro d’Avril-Juin 2013 IEEE Transactions on Learning Technologies.

«Nos résultats suggèrent que les étudiants sont mieux préparés à comprendre une théorie après avoir exploré d’abord par eux-mêmes, et que les interfaces utilisateur tangibles sont particulièrement bien adaptées à cette fin», a déclaré Bertrand Schneider, étudiant diplômé GSE qui a dirigé la recherche sous la direction de Paulo Blikstein, professeur adjoint en éducation.

La conclusion de l’étude suggère que le modèle actuel de la classe inversée devrait être lui-même retourné à l’envers. Les chercheurs préconisent la «classe inversée renversée», dans lequel les vidéos viennent après l’exploration et pas avant.

L’étude étaye ce que beaucoup de chercheurs en éducation et sciences cognitives ont affirmé depuis de nombreuses années (numérique ou pas numérique) : le modèle «exploration d’abord» est une meilleure façon d’apprendre.

L’article en anglais : Classes should do hands-on exercises before reading and video, Stanford researchers say | Stanford News Release

 

Classé sous :Didactique, Histoire active, Médias et technologies, Opinions&Réflexions, Outils enseignement

Quelle pédagogie à l’heure du numérique ?

11 janvier 2016 by Lyonel Kaufmann

Le numérique est-il seulement un outil ou dépasse-t-il ce cadre-là ? Transforme-t-il notre manière d’apprendre et de penser ? Doit-il nous amener à changer de pédagogie ? Voici deux ressources vidéos qui traitent à leur manière de ces questions.

Jean François Ceci, changer de pédagogie à l’ère du numérique :

Doit-on changer de pédagogie à l’ère du numérique ? | Edupronet

En marge de l’ICT4ALL 2015, salon international  des TIC de Hammamet (Tunisie), s’est tenue la première conférence TED organisé autour de l’éducation TEDux, plus particulièrement sur le thème des « pratiques pédagogiques innovantes ». Cet événement a vu se succéder sur scènes des spécialistes en pédagogie et en utilisation des TICE.

Au cours de son intervention,  Jean François Ceci a tenté de répondre à la question que de nombreux enseignants ayant intégré les TICE dans leur enseignement se posent : « Faut-il changer de pédagogie à l’ère du numérique ? ». Même si il ne propose pas de réponse nette est tranchée, l’enseignant universitaire en communication et usages du numérique, apporte quelques pistes de réflexion : sortir du cadre, rendre l’apprentissage plus actif, améliorer le taux de rétention via les pairs, individualiser l’apprentissage, différencier.

Vanessa Lalo : le numérique pour accompagner les apprentissages et « favoriser la prise en compte des intelligences multiples »

Dans cette série autour du sujet de la jeunesse et du numérique, Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialisée dans les jeux vidéo et les usages du numérique, décrypte pour nous les codes et les pratiques numériques chez les jeunes ; elle nous invite à savoir les « détourner » ou les « exploiter » au profit des apprentissages et tout simplement à comprendre comment le numérique fonctionne dans notre société. Une série à suivre sur ludomag.com.

Pour Vanessa Lalo :

«L’espace-temps de la classe va subir des changements au même titre que le numérique modifie notre perception de l’espace-temps : des temps courts, des temps longs adaptés à nos usages actuels et des espaces modifiables, modulables, proposant plusieurs lieux en un espace de classe, contribuant et cadrant tant l’individualité que le collectif (collaboration, temps d’échanges et de partage, temps de recherche ou de réflexion personnel).»

Source: La classe à l’heure du numérique : vers de nouvelles postures d’enseignement ? – Ludovia Magazine

Classé sous :Didactique, Histoire active, Médias et technologies, Opinions&Réflexions

Engager le public d’un musée à vivre l’histoire

10 janvier 2016 by Lyonel Kaufmann

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Dans la vidéo ci-après, Wendy Rowney, Assistant General Manager au Black Creek Pioneer Village suggère plusieurs pistes pour engager le public (les visiteurs de ce village historique) dans l’apprentissage de l’histoire. Elle partage ses réflexions issues d’une recherche menée en 2014 dans laquelle elle et un-e collègue ont enquêté sur ce qui attiraient les visiteurs d’un musée et ce qui les encourageaient à y revenir. Rowney formule 6 suggestions pour engager de façon significative le public sur les sites d’histoire vivante.

Source : Engaging the Public at Living History Sites | ActiveHistory.ca

Il s’agit de la première diffusion d’une des conférences vidéos du colloque «New Directions in Active History: Institutions, Communication, and Technologies» qui a eu lieu du 2 au 4 octobre 2015 à la Huron University College en Ontario. Une vidéo par semaine devrait être diffusée. A suivre donc sur le le site ActiveHistory.ca.

Concernant le Black Creek Pioneer Village, celui-ci a été créé il y a une quarantaine d’année. Il présente la vie d’un village rural typique de la région de Toronto et du sud de l’Ontario entre 1790 et 1860. Il a l’ambition de permettre de faire revivre la vie d’une époque « into the way people lived before cars, digital technology and the dominance of urban culture separated them from the land ».

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BYOD et histoire, une expérience concluante | Chronique no 162

5 janvier 2016 by Lyonel Kaufmann

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Professeur honoraire à Standford et spécialiste de l’histoire des technologies à l’école, Larry Cuban n’est pas un laudateur des technologies, ni un geek. Il s’intéresse à l’utilisation concrète de celles-ci et les observe dans leur capacité à répondre aux besoins des élèves, plus particulièrement ceux issus des classes populaires urbaines. Dans deux billets, il s’attachait à une expérience d’enseignement en histoire où les élèves utilisent leurs propres outils numériques en classe (BYOD). En complément de cette chronique, je vous rappelle l’article suivant publié depuis la parution de cette chronique : Quand le BYOD et la classe inversée renforcent les inégalités scolaires.

Lorsque la démarche du Bring-Your-Own-Devices (BYOD), en français PAP («Prenez vos appareils personnels ») est apparue, c’est-à-dire la pratique consistant à utiliser ses équipements personnels (téléphone, ordinateur portable, tablette électronique) dans un contexte professionnel ou scolaire, Larry Cuban l’avait rejetée concernant le domaine de l’éducation pour trois raisons : premièrement, en raison des difficultés techniques (bande passante, gestion des différentes plateformes), deuxièmement en fonction de contraintes pédagogiques  (par exemple, la distraction et le comportement hors-tâche, la gestion de classe) et enfin, en raison de la question de l’équité.

Depuis, l’utilisation du BYOD s’est développé en milieu scolaire états-uniens et Larry Cuban a voulu en savoir plus et en comprendre les raisons. [Lire plus…] à proposBYOD et histoire, une expérience concluante | Chronique no 162

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A écouter : Quelle pédagogie des mémoires ? France Culture

4 janvier 2016 by Lyonel Kaufmann

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Nous commençons cette année 2016 en parlant de la mémoire. Au-delà des cours d’histoire, il s’agit d’apprendre à se souvenir ensemble, à l’école, des faits, dates, lieux du passé qui fabriquent une mémoire commune, éduquent les consciences : la Révolution française, la Grande Guerre, la Seconde Guerre mondiale et l’histoire douloureuse du XXème siècle. Peut-on parler de pédagogie de la mémoire ? À quoi peut-elle ressembler ?

Nos deux invités, un enseignant au collège et une élue de Paris se sont penchés sur la question.

Avec : Norbert Czarny, écrivain, professeur de lettres, autour de son travail avec le mémorial de la Shoah ; Catherine Vieu-Charier, adjointe au Maire de Paris chargée de la mémoire et du monde combattant

via Quelle pédagogie des mémoires ? – Information – France Culture.

Référence de l’image : Plaque commémorative L. Jennepin © Radio France

Classé sous :Didactique, Histoire active, Histoire savante, Opinions&Réflexions, Outils enseignement

Construire un roman national pluriel ?

14 décembre 2015 by Lyonel Kaufmann

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«Destruction de l’idée républicaine», «éradication de la culture», «paroxysme d’un processus de déculturation»… L’enseignement de l’histoire fait régulièrement l’objet de débats houleux. L’édition 2015, autour de la réforme des programmes du collège, aura été particulièrement virulente. Les historiens Pierre Nora et Jean-Pierre Le Goff, les essayistes Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut, l’ancien ministre de l’Education Luc Ferry ont attaqué frontalement le projet élaboré par le Conseil supérieur des programmes : pas assez chronologique, trop repentant. Libération a demandé à une historienne américaine, Carla Hesse, spécialiste de la Révolution française et professeure à Berkeley (Californie) de commenter la tempête historiographique de l’année. Sa position relative à la nécessité de construire un roman national pluriel ne manquera pas, à son tour, de faire polémique…

La première critique faite aux nouveaux programmes, c’est qu’ils signeraient la fin du «roman national». Un pays a-t-il besoin d’un tel récit ?

«Pour exister, une collectivité a besoin d’un roman national, qui réunit une idée de la temporalité mais aussi de l’espace. La conscience de la temporalité – le sentiment d’exister dans un trajet temporel – est, au niveau cognitif, essentielle à l’individu comme à toute collectivité. Pour agir, dans n’importe quel domaine, mais surtout pour agir en tant que collectivité politique, pour essayer de construire une société plus juste et plus prospère, il nous faut partager une narration collective avec un passé, un présent et un avenir. Il n’y a aucune raison de ne pas pouvoir écrire ce roman au pluriel, en incorporant des voix et des perspectives multiples».

Source : Carla Hesse : «Cette passion publique pour l’histoire est le signe d’une démocratie en pleine vigueur» – Libération

Classé sous :Didactique, Histoire savante, Opinions&Réflexions

Les MOOC gagneraient à adopter des méthodes pédagogiques plus actives | École branchée

21 novembre 2015 by Lyonel Kaufmann

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Une étude récente a démontré que les cours en ligne, dont les MOOC, devraient faire une place plus grande à l’évaluation des apprentissages et reposer sur des méthodes actives.

Les « cours en ligne ouverts à tous », communément appelés les MOOC, ont connu une hausse de popularité importante dans les dernières années, entre autres en raison de leur accessibilité (disponibles à distance) et de leur gratuité. Malgré leur popularité et leur capacité à attirer des apprenants d’horizons variés, leurs impacts sur les apprentissages demeureraient modestes.

Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’université américaine Carnegie Mellon, les MOOC reposeraient trop souvent sur des méthodes pédagogiques passives, comme le visionnement de vidéos, qui ne favoriseraient pas assez les apprentissages des utilisateurs.

Lire la suite : Les MOOC gagneraient à adopter des méthodes pédagogiques plus actives | École branchée

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Revue de Presse : Décidément le numérique n’est pas fait pour la pédagogie !

20 novembre 2015 by Lyonel Kaufmann

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Larry Cuban l’avait fait (Teachers Taught: Constancy and Change in American Classrooms 1890-1990 (Research on Teaching). A discuter et débattre

«L’équipement massif des élèves, des établissements des classes, les projets pour une véritable prise en compte de la place du numérique dans l’éducation, ne peuvent faire l’économie d’un vrai travail sur l’évolution de la forme scolaire. Regardons simplement la place des tables dans la salle, la gestion des espaces dans l’établissement… On parle de classe inversée, parlons d’établissement inversé, qui mettent au centre la trajectoire de l’élève, entre le social et le scolaire au lieu de mettre en premier des programmes pléthoriques, des enseignants formatés, des espaces temps figés. Cependant cette évolution n’est pas liée au numérique, elle ne peut d’abord que se justifier par l’omniprésence du numérique pour ensuite réfléchir aux modèles pédagogiques pertinents pouvant accompagner cette véritable inversion.»

A suivre et à débattre

A lire : Décidément le numérique n’est pas fait pour la pédagogie ! « Veille et Analyse TICE

Classé sous :Médias et technologies, Opinions&Réflexions

Les réseaux sociaux en classe? Faut il continuer?

17 novembre 2015 by Lyonel Kaufmann

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Originally posted on Ma onzième année et les suivantes…

Twitter en classe ?
J’avoue avoir douté depuis vendredi soir.
Pour être honnête, ça fait quelques mois que je doute.
Continuer à utiliser ce réseau social avec mes élèves ? Continuer à utiliser les Réseaux sociaux en pédagogie ?
Twitter ne ressemble plus à ce qu’on a connu « à nos débuts ». Ca fait un peu vieux nostalgique mais c’est un fait. Je pourrais être hypocrite et annoncer : mais si ! Mon Twitter ressemble toujours à celui de mes débuts et c’est vrai. Parce que je choisis toujours, même 6 ans plus tard, à ne subir personne sur les Réseaux Sociaux. Parce que je me désabonne ou je bloque les comptes qui ne me conviennent pas, qui polluent mon flux. Ca a toujours été pour moi une question de choix. C’est ce que j’enseigne toujours à mes élèves : choisissez, ne subissez pas.

Je pourrais donc occulter et…

Voir l’original 534 mots de plus

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Hacker l’auteur ?! Auteur et autorité dans la culture digitale | Chronique no 165

16 novembre 2015 by Lyonel Kaufmann

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« Hacker l’auteur » est un cycle de formation continue organisé par la HEP Vaud et l’Université de Lausanne consacré à la question d’auteur et de propriété intellectuelle à l’ère du numérique et du partage accéléré de l’information. Intervenant le 19 novembre prochain sur cette question à l’école (« L’école: entre création et reproduction des gestes et des savoirs »), j’esquisse dans cette chronique les contours de cette question des manuels scolaires à la publication d’ebooks par des enseignants.

Au centre de cette formation se pose la question suivante : A l’ère du numérique et du partage accéléré de l’information, qu’advient-il de notions comme celles d’auteur et de propriété intellectuelle ?

Plus largement, je m’intéresse à la nature du discours historique produit par l’institution scolaire, au travers d’un outil comme le manuel scolaire (1), ou par l’enseignant dans ses cours et ses supports de cours ? Qu’est-ce être auteur de manuel ou d’ebook ? De quoi l’enseignant d’histoire est-il l’auteur ?

Pour démarrer l’enquête, j’ai pris mon dictionnaire et j’ai lu les définitions d’auteur. Parmi les multiples fournies par Le Larousse, trois ont retenu mon attention :

A. Personne qui est à l’origine de quelque chose de nouveau, qui en est le créateur, qui l’a conçu, réalisé ; initiateur, inventeur : L’auteur d’une découverte.

B. Créateur d’une œuvre didactique, littéraire, artistique, etc. : L’auteur d’un film.

C. Personne qui fait profession d’écrire, homme ou femme de lettres ; écrivain : Un auteur à succès.

Dans ce cadre-là, la qualité d’auteur de manuel ou de support de cours se rattache essentiellement à la notion de créateur d’une œuvre didactique. Par contre, il n’y a pas de production d’un nouveau discours historique. Celui-ci a été préalablement construit et validé dans d’autres cadres ou productions (thèses, ouvrages édités ou articles de revues scientifique, de magazines). Il peut néanmoins arriver qu’un auteur de manuel puisse s’auto-référencer s’il a préalablement publié dans un cadre scientifique. En outre, comme dans le cas du manuel Malet & Isaac, l’auteur peut en faire sa profession de manière principale ou accessoire.

J’ai poursuivi cette première exploration autour de la notion de droit d’auteur. Concernant l’enseignement, l’article « Droit d’auteur » de Wikipedia m’indique que

Les enseignants et formateurs demeurent titulaires des droits d’auteur sur les cours qu’ils dispensent. Leur rémunération ne couvre que la communication d’un enseignement à un public déterminé. Sauf publication en licence de libre diffusion, toute reproduction des cours doit donc faire l’objet d’une autorisation préalable de leur auteur, ce qui pose des questions complexes dans les exemples de pédagogie active où ce sont les élèves qui parfois produisent eux-mêmes leurs cours avec l’aide du formateur, ou quand plusieurs enseignants ou formateurs participent à un même cours.

Cette incise indique, à mon avis, le caractère fort limitatif de l’auteur qu’est l’enseignant relativement à l’enseignement dispensé. En arrière-plan, se profile l’institution scolaire dont l’enseignant fait partie et, quel que soit son rapport à cette dernière, est l’agent. L’auteur tend fortement à disparaître derrière l’agent institutionnel et le discours produit.

Il est est de même des manuels scolaires, y compris lorsque ceux-ci sont produits par des éditeurs privés. Je note ainsi que lorsqu’un manuel acquiert une grande notoriété, c’est l’objet (le manuel) plus que l’auteur qui l’acquiert. Je m’explique. On parle du Malet & Isaac ou du Lavisse, mais on parle de « La Méditerranée » de Fernand Braudel. L’auteur Fernand Braudel ne saurait être confondu entièrement avec son ouvrage. L’auteur est plus que sa production. En outre, dans le cas du Malet & Isaac, d’autres auteurs que MM. Malet & Isaac ont poursuivi la rédaction et l’actualisation du manuel. L’objet et son discours prennent le dessus sur les auteurs.

Aujourd’hui, on parle du Nathan ou du Hatier. Parfois néanmoins on personnalise une collection. Dans ce cadre-là, ce ne sont pas les auteurs à-proprement dit qui sont nommés, mais le directeur de collection. Dans le cas de la collection Jacques Marseille chez Nathan, c’est son aura universitaire et de ses autres travaux qui expliquent grandement cette personnification. Cette dernière donne de la valeur à la collection par rapport à d’autres. A nouveau, les auteurs disparaissent totalement derrière l’objet. Par ailleurs, les manuels scolaires sont, suivant les pays ou régions, soit produits directement sous l’égide de l’institution scolaire qui en choisit les auteurs, soit encadrés, comme en France, par les prescriptions issues des programmes scolaires institutionnels.

Revenons maintenant à l’enseignant producteur de support de cours. Une première constatation peut être faite à la lumière de ce qui précède. La réalisation d’un support de cours, voire d’un manuel à titre d’auteur, de la part d’un enseignant peut relever de la contestation du discours produit par l’institution scolaire ou de l’approche pédagogique inférée.

Ainsi, dans la mouvance de la contestation des institutions apparues dans les années soixante, puis après 1968, on a assisté à une contestation très importante de l’objet manuel scolaire ainsi que de l’enseignement magistral. A ce titre, je pense plus particulièrement aux travaux et la personne de Suzanne Citron (2) et au travail entrepris par le CRAP et les « Cahiers pédagogiques ». Fondamentalement, les années 1970 et les suivantes sont marquées par la réaffirmation du primat de l’enseignant sur le manuel et les critiques du manuel. Ce dernier est accusé de se substituer au professeur au lieu de se borner à lui apporter un outil pédagogique flexible et polyphonique. C’est une rupture forte puisque pendant longtemps, et plus particulièrement au primaire, on attendait des manuels qu’ils présentent une progression rigoureuse, un ensemble de savoirs classés et ordonnés, dispensés ensuite en classe par l’enseignant.

Cependant, après avoir été largement brocardé, le manuel reste un outil incontournable pour une écrasante majorité d’enseignants. Si en 1975, les Cahiers pédagogiques titrait, « Manuels : dangers ! »(no 132), ces mêmes Cahiers opéraient dans leur édito une sorte d’aggiornamento en publiant en 1998 un numéro intitulé « Du bon usage des manuels » (no 369). Néanmoins, à intervalles réguliers, des critiques sont émises à son égard. Ainsi en septembre 2013, un dossier du Monde diplomatique titrait « Manuels scolaires, le soupçon » (3).

A l’ère du numérique et du partage accéléré de l’information, qu’est-il alors advenu ? Un glissement s’est-il opéré de l’enseignant, agent de l’institution, vers l’individu-enseignant ?

Quelques expériences individuelles, voire collective à l’exemple des Clionautes ou de Cliotexte (4), ne sauraient masquer que le paysage reste relativement le même par rapport à la situation ante. Les initiatives individuelles ou collectives de production d’autres manuels restent ainsi marginales même si certains, tel Yann Houry en français (5), publient leurs manuels sur l’iBook Store d’Apple ou si un nouvel éditeur de manuels numériques joue sur l’OpenSource et la collaboration d’enseignants pour diminuer ses frais éditoriaux (http://www.lelivrescolaire.fr). Pour l’institution scolaire, il y a certainement plus à craindre d’entreprises telle que Coursera (http://www.coursera.org/) ou de géants comme Google, Microsoft ou Apple.

Quand un enseignant publie son support de cours ou réalise une forme de manuel pour le diffuser en ligne, ce sont peut-être d’autres questions que celle de l’auteur et de droit d’auteur qu’il s’agirait de poser. Ne s’agit-il pas plutôt d’une manière, pour celui-ci, d’être reconnu, non comme auteur, mais comme un bon professionnel de l’enseignement ? Ne construit-il pas sa légitimité à produire un discours historique en classe ? N’assied-il pas son discours magistral ?

Dans un mémoire professionnel présenté en juin 2014, une de mes étudiantes s’est intéressée aux recueils de documents produits dans le canton de Vaud et au lycée (6). Dans son introduction, celle-ci observait que

« le recueil de documents constitué par un enseignant, tel qu’il nous intéresse ici, agit souvent comme substitut d’un manuel scolaire. En ce sens, même s’il est l’ouvrage d’un ou de plusieurs auteurs, les marques d’énonciation sont absentes, le «je» disparaît. Ceci donne lieu à un sentiment de dépersonnalisation et d’objectivité qui va donner du poids au discours du maître. » (p. 4)

De quoi méditer, me semble-t-il, sur ces différentes pratiques et leurs enjeux.

Notes

(1) C’est l’objet de ma thèse de doctorat, soutenue en 2013, intitulée « Autorité du discours – discours d’autorité. Les manuels scolaires vaudois (1938-1998) ». Voir http://manuelshistoire.ch.

(2) Concernant le parcours et les engagements de Suzanne Citron, je vous encourage à lire Mes lignes de démarcation—croyances, utopies, engagements. Syllepse, paru en 2003. Concernant ses ouvrages, je signale plus particulièrement :

• 1971 : L’École bloquée. Bordas.

• 1984 : Enseigner l’histoire aujourd’hui. La mémoire perdue et retrouvée. Les Éditions ouvrières.

• 1987 : Le Mythe national. L’Histoire de France en question. Les Éditions Ouvrières.

(3) « Manuels scolaires, le soupçon » : http://www.monde-diplomatique.fr/2013/09/LEDER/49606

(4) A noter que les clionautes (http://www.clionautes.org/index.php) hébergent désormais cliotexte (http://clio-texte.clionautes.org).

(5) Yann Houry est un enseignant fort prolixe sur a toîle puisqu’il dispose notamment d’une chaîne iTunes U, d’un site/blog (http://www.ralentirtravaux.com) et de sa chaîne youtube(https://www.youtube.com/user/smuuurff/videos).

(6) Anderegg, A. (2014). Le corpus de documents en classe d’histoire : usage, enjeux et études de cas. Lausanne : Mémoire de Master of Advanced Studies (secondaire II) en didactique de l’histoire.

Ce texte est ma chronique du mois de novembre pour le mensuel du Café pédagogique : Kaufmann, L. (2015). Hacker l’auteur ?! Auteur et autorité dans la culture digitale. Le Café pédagogique, No 165, novembre.

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4 novembre 2019 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

L’atelier «Qvotidie» propose aux élèves romands de résoudre une enquête dans la Rome antique, un jeu de rôle pédagogique qui complète et rafraîchit les méthodes d’enseignement. Reportage du journal Le Temps au Gymnase Provence à Lausanne. « D’un point de vue pédagogique, «le jeu touche aux compétences transversales du plan d’études romand: collaboration, communication, stratégie d’apprentissage, pensée […]

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France : les nouveaux programmes scolaires bousculent le collège

14 avril 2015 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Après les rythmes scolaires, l’éducation prioritaire, le collège… c’est une réforme majeure que la gauche engage sur le terrain de l’école : celle des programmes, censée entrer en vigueur à la rentrée 2016. Lancée en 2013 par Vincent Peillon, la première version de cette «refonte» de l’école a été remise à la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, […]

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Revue de Presse : Le témoignage exceptionnel du seul déporté volontaire à Auschwitz | Libération

9 avril 2014 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Witold Pilecki témoigne à Varsovie le 3 mars 1948 (Photo PAP. AFP) Varsovie. 19 septembre 1940. Un officier de réserve polonais, Witold Pilecki, se fait volontairement rafler par les Allemands et interner à Auschwitz pour y tisser un réseau de résistance: «Le Rapport Pilecki», à paraître en avril, livre le témoignage exceptionnel de ce héros […]

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