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Histoire Lyonel Kaufmann

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Didactique

Réflexions sur l’engagement numérique et social : #Twitter (2007-2022)

12 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann

C’est probablement la discussion la plus vive depuis quelques années concernant un réseau social depuis le rachat de Twitter par Elon Musk et le phénomène de migration qui s’en suit depuis.

Ca m’a pris dix ans pour être déçu du capitalisme (Google). Super pour toi, moi ça m’a pris trois mois (Twitter). Twittons – Manu Cornet (11.08.2022). Utilisation libre avec attribution.

En même temps, il y a longtemps que l’esprit initial de Twitter s’est progressivement perdu pour devenir au fil du temps le repaire des trolls en tout genre et de la fausse nouvelle.

Le réseau a connu un sursaut en excluant Donald Trump (notamment) de sa plate-forme et un départ d’une partie de ses affidés sans que fondamentalement Twitter retrouve son esprit initial.

Si le départ d’une partie des abonnés sur Mastodon n’est pas actuellement suffisamment significatif concernant le devenir de Twitter (quelques centaines de milliers par plus sur plus de 300 millions d’abonnés), il s’accompagne actuellement d’une défiance de ses annonceurs qui, elle, est bien plus problématique à court terme pour la viabilité du réseau social.

Pour ma part, la situation actuelle m’amène à réfléchir sur mon utilisation actuelle, passée et futur sur les réseaux sociaux.

En effet, Twitter a été très longtemps mon réseau social préféré. J’y ai adhéré en juillet 2007 soit un peu plus d’un an après sa création (mars 2006).

Twitter a longtemps été un réseau social pour happy few (acceptation stendhalienne) réunissant en premier lieu des passionnés de la technologie. J’y ai ainsi progressivement constitué un réseau de personnes actives dans l’éducation dite aujourd’hui numérique ou en lien avec l’histoire. Mon réseautage professionnel est ainsi immédiatement devenu mondial dans des domaines où nous n’étions initialement que quelques-uns en Suisse et même dans la Francophonie, voire dans le monde.

Dans cette première époque de mon utilisation du réseau, j’y développais, même en 140 caractères, des échanges forts et significatifs. Nous nous renforcions mutuellement dans nos approches et aussi nos convictions éducatives. La bienveillance était de mise, probablement favorisée par une forme d’entre soi. J’y ai fait de très belles rencontres virtuelles qui pour certaines n’ont eu lieu dans le monde réel que bien des années après et toujours de manière admirable et riche.

Je ne saurai dire exactement quand une inflexion s’est produite.

Probablement qu’une première inflexion est venue lorsque le réseau est sorti de cet entre soi et que mon nombre d’abonnés a augmenté (aujourd’hui j’en suis à 2745 abonnements et 2887 abonnés[^En consultant, après le brouillon initial de ce billet, le nombre d’abonnés sur mon profil, j’ai perdu 8 abonnés. J’ai aussi 6 abonnements en moins. Je peux imaginer qu’il s’agit de personnes qui viennent de quitter twitter à la suite du rachat par E. Musk.]). La discussion est devenue moins fluide. Mes tweets se sont composés de plus en plus d’annonces de publications de mes billets de blogs, de retweets et de like, mais moins de vraies conversations entre les gens. https://mastodon.social/@marie_peltier/109310630427792492/embed

Dans un échange avec Marie Peltier remonte elle à 2013 et au conflit syrien pour le début de cette inflexion (quelle nomme enfer)

Le deuxième phénomène qui m’a marqué réside dans l’arrivée des trolls en rapport avec les questions de l’enseignement et de l’enseignement numérique. Leur violence s’est particulièrement manifestée durant le ministère de Najat Vallaud-Belkacem (2015-2016), le fait qu’elle soit femme et d’origine marocaine n’y ait à mon avis pas étrangère, même si à terme le résultat aurait probablement été le même. J’y ai été choqué par le manque d’éthique et de respect de la personne de la part de personnes dont la profession devrait les rendre exemplaires sur ce point.

Pour ma part, je n’y ai pas été confronté, mais cela m’a amené à prendre progressivement une distance plus grande et grandement inconsciente.

Pourtant, malgré ses dérives (et il faudrait encore ajouter que pendant longtemps la publicité a été absente ou très modeste sur la plate-forme), je restais attaché à Twitter. Le bannissement du super mega troll planétaire en chef (D. Trump pour ne pas le nommer) a, à ce propos, été une bouffée d’oxygène et de fierté finalement à l’égard de ce réseau social.

Avec l’arrivée officielle d’Elon Musk, j’ai alors fait le pas de non seulement m’inscrire sur Mastodon, mais également de reprendre des formes de microblogging telle que je les pratiquais à mes débuts sur Twitter.

Visiblement je ne suis pas le seul a retrouver sur Mastodon le twitter originel.

En effet, rapidement, j’ai retrouvé sur Mastodon la fraîcheur et le dynamisme que j’avais rencontré sur Twitter en 2007. Je m’en réjouis, mais cela me questionne également sur la suite et des conditions me permettant de m’éviter l’évolution que j’ai connue sur Twitter.

A suivre…

Classé sous :Médias et technologies, Opinions&Réflexions, Publications

Un massacre de « voisins sur leurs voisins » : La Saint-Barthélemy

9 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann

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Ce très intéressant podcast (07.11.2022 – 24 minutes) de l’émission Les voies de l’histoire de eu!radio est consacré au massacre de la Saint-Bathélemy et au travail de l’historien Jérémie Foa.

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« Les Voies de l’Histoire » sur euradio est une émission du Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA), le laboratoire d’histoire de l’Université de Nantes, animée par Virgine Adane, maîtresse de conférences en histoire moderne.

Dans cet épisode, Virginie Adane reçoit Jérémie Foa, maître de conférences habilité à diriger des recherches à Aix-Marseille Université et membre du laboratoire TELEMME. Ensemble, ils reviennent sur le massacre des protestants le 24 août 1572 et sur cet épisode des guerres de religion.

Le lien vers l’émission pour écouter le podcast : https://euradio.fr/emission/4BZ4-les-voies-de-lhistoire/K7BR-un-massacre-de-voisins-sur-leurs-voisins-la-saint-barthelemy#

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

Réflexions sur l’engagement numérique et social : les défis du Web décentralisé

9 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann

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Mes premiers pas sur Mastondon ont généré des échanges et des découvertes comme je n’en avais pas rencontrés depuis longtemps. Grace à Yannick Rochat, j’y dois la découverte de l’article Challenges in the Decentralised Web: The Mastodon Case publié en 2019 de Aravindh Raman, Sagar Joglekar, Emiliano De Cristofaro, Nishanth Sastry et Gareth Tyson. En 2019, il s’agissait de la recherche la plus importante relativement à Mastodon. Je vous propose une synthèse de cet important article et quelques-uns de ses passages traduits en français concernant le retour à un Web décentralisé.

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Le partage original de l’article par Yannick Rochat:

L’introduction de l’article pose, à mon avis fort bien, le cadre de la réflexion et de la discussion plus large que Mastodon, mais qui y est abordée par ce prisme :

*Le Web décentralisé (DW) a récemment connu un nouvel élan, avec un certain nombre de plateformes DW comme *Mastodon*, *PeerTube* et Hubzilla qui gagnent en popularité. Celles-ci offrent des alternatives aux réseaux sociaux traditionnels comme Twitter, YouTube et Facebook, en permettant l’exploitation d’infrastructures et de services Web sans propriété ni contrôle centralisés. Bien que leurs services diffèrent grandement, les plateformes DW modernes reposent principalement sur deux innovations clés : premièrement, leur logiciel libre permet à quiconque de mettre en place des serveurs indépendants (« instances ») auxquels les gens peuvent s’inscrire et qu’ils peuvent utiliser au sein d’une communauté locale ; et deuxièmement, elles s’appuient sur des protocoles de fédération afin que les instances puissent s’interconnecter, en mode pair-à-pair (peer-to-peer), pour offrir un réseau intégré à l’échelle mondiale.*

Le première spécificité de ce Web décentralisé par rapport tant aux réseaux usuels qu’aux anciennes instances du monde du logiciel libre réside dans le fait que des instances indépendantes, faciles à démarrer et à gérer pour des personnes généralement bénévoles, interagissent avec d’autres instances décentralisées recourant au même protocole.

Premièrement, ils décomposent leurs offres de services en serveurs indépendants (« instances ») que tout le monde peut facilement démarrer. Dans le cas le plus simple, ces instances permettent aux utilisateurs de s’inscrire et d’interagir les uns avec les autres localement (par exemple, en partageant des vidéos), mais elles permettent également une interaction inter-instances via la deuxième innovation, c’est-à-dire la fédération. Cela implique de s’appuyer sur des protocoles décentralisés pour permettre aux instances d’interagir et d’agréger leurs utilisateurs afin d’offrir un service intégré à l’échelle mondiale.

C’est cette fédération entre les instances qui est appelée Fediverse.

Tout système ne pouvant pas générer que des avantages, certains défis ou questions se posent néanmoins que les auteurs de l’article observent ensuite à travers le cas de Mastodon. Cette instance était déjà, avant ses derniers jours et le rachat de Twitter par Elon Musk, l’instance la plus utilisée du Fediverse.

Le principal défi est celui des pressions naturelles à la centralisation (s’abonner à l’instance du Fediverse comportant le plus d’abonnés par exemple). Le deuxième défi est probablement la résistance de ces instances aux activités malveillantes à grande échelle (par exemple, les robots spammeurs). Le troisième défi est celui de la protection de l’utilisateur contre la la perte de données pendant les pannes d’instance.

Leur analyse a porté sur 67 millions de toots (messages) durant 15 mois.

Il est à noter qu’en 2019 s’il existait un large éventail d’instances et, avant la migration en cours des utilisateur•trices de twitter, la pression existait déjà en faveur de la centralisation du dispositif, pression exercée par les utilisateurs, les infrastructures et les défaillances (pannes) des instances.

Ces défaillances touchaient tous les types d’instances et la nature volontaire de nombreux opérateurs d’instance, c’est-à-dire que les instances à faible disponibilité, ne jouaient aucun rôle en la matière :

les défaillances se produisent sur des instances dans tout le spectre de la popularité – il y a un certain nombre d’instances qui hébergent plus de 100K toots qui connaissent des pannes.

En résumé, les défaillances d’instances ne sont pas rares et peuvent avoir un impact qui dépasse leur base d’utilisateurs locale en raison de l’interconnexion (fédérée) entre les instances des utilisateurs.

En même temps, certaines instances très influentes fonctionnent comme des « mangeoires » pour le reste du réseau. Plus une instance génère de toots, plus la probabilité qu’ils soient répliqués à d’autres instances est élevée (corrélation 0,97), soulignant ainsi l’importance d’un petit nombre d’instances. Il s’agit donc d’une autre forme inhérente de centralisation.

Paradoxalement (ou pas), cela confirme que la décentralisation des instances est le meilleur garant contre les effets d’une défaillance d’un serveur. En effet, après avoir effectué des simulations à partir des données récoltées, les auteurs notent que par exemple

la suppression des 10 premières instances n’entraîne plus que 2,1 % de toots indisponibles (contre 62,69 % sans réplication).

Voici maintenant les éléments principaux de leur conclusion :

Nous avons constaté que la décision de conception de Mastodon de donner à chacun la possibilité de créer sa propre instance indépendante a conduit à un écosystème actif, avec des instances couvrant une grande variété de sujets. Cependant, un thème commun dans notre travail a été la découverte de formes apparentes de centralisation au sein de Mastodon. Par exemple, 10 % des instances hébergent presque la moitié des utilisateurs, et certaines catégories présentent une dépendance remarquable à un petit ensemble d’instances. Cela s’étend aux pratiques d’hébergement, avec trois AS hébergeant près de deux tiers des utilisateurs.

Nos simulations ont également confirmé que ces pressions naturelles vers la centralisation entraînent des points de défaillance potentiels. […] des pannes dans seulement 10 instances peuvent supprimer presque la moitié de tous les toots. […] À la recherche de mesures d’atténuation possibles, nous avons expérimenté des stratégies de réplication simples pour constater que la disponibilité peut être considérablement améliorée en copiant les toots sur des instances secondaires, c’est-à-dire en réduisant le niveau de centralisation. […]

Nous soutenons que si ces problèmes sont ignorés, le DW risque de converger vers un système semi-centralisé.

A mon avis, ce risque de semi-centralisation existe d’autant plus avec la migration actuelle. La politique adoptée par certaines instances de ne plus accepter de nouveaux comptes au-delà d’une certaine limite est un bon moyen de l’éviter pour autant qu’elle soit adoptée par ces grandes instances identifiées par les auteurs de l’article. Autrement, les anciens utilisateurs de twitter, habitués par la recherche de LA GRANDE INSTANCE, vont prioritairement ouvrir leur compte auprès de ces instances et accélérer ainsi une centralisation mal venue pour la qualité des échanges.

Dès lors aussi, l’augmentation du nombre de nouveaux utilisateurs rejoignant Mastodon, doit s’accompagner d’une augmentation proportionnelle d’instances pour les accueillir.

Ce message d’Eugen, fondateur de Mastodon, du 07 novembre 2022 est encourageant.

Il s’agirait aussi et peut-être de réfléchir à splitter (automatiquement) en deux les instances dès qu’elle atteignent un certains nombres de membres.

La décentralisation du web était la norme au début de l’Internet et elle doit le revenir. Pour notre bien commun.

Le lien vers l’article (en .pdf) : Raman, A. et al. (2019, October). Challenges in the decentralised web: The mastodon case. In Proceedings of the Internet Measurement Conference (pp. 217-229).

Classé sous :Médias et technologies, Opinions&Réflexions, Publications Balisé avec :empowerment, engagement, fediverse, mastodon, websocial

Les 20 ans du «Rapport Bergier» (mercredi 30 novembre) | Journée d’étude

7 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann

© Chappatte dans Le Temps (mars 2002), Suisse.

20 ans après sa publication, le «rapport Bergier» continue à imprimer une marque profonde dans l’histoire de la Suisse et la pratique de la recherche historique, et pas seulement celle qui est consacrée à la Seconde Guerre mondiale. Le 30 novembre, l’Université de Lausanne organise unejournée d’étude. Celle-ci s’interrogera sur la postérité des travaux de la commission chargée de la rédaction de ce rapport.

© Chappatte dans Le Temps (mars 2002), Suisse.

© Chappatte dans Le Temps (mars 2002), Suisse.

USAGES ET MÉSUSAGES DES RECHERCHES HISTORIQUES

Comment les commissions indépendantes d’experts se sont développées ces dernières années ?

Quelles trajectoires professionnelles ont suivi les chercheur·ses engagé·es dans les recherches ?

Quelles sont les marges de libertés pour la recherche dans un contexte de controverses ?

Mercredi 30 novembre 2022

Programme:

  • 10h30 (Géopolis 1628) – Conférence d’introduction: «Le rapport Bergier (2002-2022): quel bilan?» (Marc Perrenoud)
  • 11h00 (Géopolis 1628) – Première table ronde: «L’atelier de l’historien.ne sous contraintes: l’expérience au sein de la Commission Bergier et après» (Valérie Boillat, Suzanne Peters, Gilles Forster)
  • 14h30 (Géopolis 1620) – Deuxième table ronde: «Faire de l’histoire en Suisse: un parcours semé d’embûches» (Rodrigo Lopez, Flavio Eichmann, Alix Heiniger, Sandra Bott)
  • 16h00 (Géopolis 2879) – Troisième table ronde: «Le rapport Bergier: acquis et pistes pour des recherches à venir» (Sébastien Guex, Pierre Eichenberger, Christina Späti, Claire-Lise Debluë)
  • 19h00 (Palais de Rumine, Aula Magna) – Grand débat: «De la neutralité scientifique à la neutralisation des controverses?» (Matthieu Leimgruber, Flavio Eichmann, Marc Perrenoud, Anne-Françoise Praz, Janick Schaufelbuehl)

Source : https://news.unil.ch/display/1667766406606

Pour aller plus loin :

  • Le site de la commission indépendante d’experts Suisse – Seconde Guerre Mondiale
  • Le débat pour les dix ans du rapport à l’UNIL
  • P. Boschetti, «Le rapport Bergier pour tous»

Pour se préparer :

https://youtu.be/mKj6ybCex3Y

Classé sous :histodons, Histoire active, Histoire savante, Opinions&Réflexions

L’histoire c’est… : représentation de l’histoire et pensée historienne chez les futur.e.s enseignant.e.s d’histoire

4 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann

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A l’occasion de mon congé scientifique et de mon séjour à l’Université de Sherbrooke, j’ai eu l’occasion ce jeudi midi 3 novembre de donner une conférence au Centre de recherche sur l’enseignement et l’apprentissage des sciences (CREAS). A noter qu’il s’agit d’une conférence adaptée de ma présentation réalisée à l’occasion de la 6e Conférence internationale de l’IRAHSSE – Trois-Rivières – Septembre 2022

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Le titre complet de ma présentation était L’histoire c’est… : représentation de l’histoire et pensée historienne chez les futur.e.s enseignant.e.s d’histoire de la Haute École Pédagogique du canton de Vaud (Lausanne, Suisse).

Le résumé de l’intervention :

Depuis 2010 et l’adoption du Plan d’études romand (PER), l’enseignement de l’histoire préconise, au travers d’une démarche d’enquête spécifique, de développer la pensée historienne chez les élèves.

Nous avons interrogé le vécu-élève et les représentations de l’histoire de futur.e.s enseignant.e.s primaire (cycle 2 PER) formés à la HEP Vaud (n=442).

Il s’agissait de déterminer dans quelle mesure ces deux variables sont susceptibles de faciliter ou d’interférer avec une formation visant au développement d’une pensée historienne chez leurs futurs élèves.

Ces résultats ont été mis en relation avec le modèle élaboré par l’équipe de didactique de l’histoire (Fink, Kaufmann, de Mestral & Honoré) et adapté du modèle de Fink / Gautschi concernant les conceptions de la discipline scolaire, les positionnements historiographique et épistémologique ainsi que les convictions personnelles des étudiant·es de la HEP Vaud qui suivent la didactique de l’histoire au secondaire.

La présentation en ligne : https://monurl.ca/histoirecreas

#histoire #didactique #enseignement #histodon #histodons

Classé sous :CartoDidacHistoire, Didactique, Publications

InfoClio : Façonner l’avenir ? Prospective et sciences historiques (04.11.2022)

11 octobre 2022 by Lyonel Kaufmann

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Scénarios, prévisions, trends, simulations – Les usages de la prospective se sont développés dans l’après-guerre et connaissent actuellement un nouvel essor. Le secteur privé, la recherche et l’administration conçoivent des projections d’avenir afin de faire face aux défis actuels : prévoir les conséquences du réchauffement climatique, répondre aux incertitudes liées aux conflits militaires et politiques, anticiper les évolutions sociales et techniques. Le colloque infoclio.ch 2022 se penche sur l’histoire de la prospective, aborde l’avenir des bibliothèques, et se demande enfin si l’histoire peut être une science prospective.

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La première session s’intéresse à l’histoire de la prospective. Trois historiennes présentent comment les connaissances sur l’avenir se sont rationalisées au cours du XXe siècle, stimulées par la puissance de calcul des ordinateurs. Elles exposent également la place qu’ont prises les études prospectives dans les pratiques de gouvernance.

La seconde session est consacrée aux bibliothèques et à leurs stratégies d’avenir. Comment font-elles face à la transformation rapide des supports d’information ? Peut-on anticiper les futures habitudes de lecture du public ? Comment garantissent-elles la pérennité de leurs missions dans le temps ? Trois interventions ainsi qu’une table ronde répondent à ces questions.

La troisième session se concentre sur la modélisation historique. Deux chercheurs spécialisés dans la production et l’évaluation de données historiques présentent leurs travaux actuels. La table ronde conclusive discute des contributions possibles des sciences historiques à la préparation de l’avenir, et des présupposés qui sous-tendent les sciences prospectives.

La manifestation fera l’objet d’une traduction simultanée Allemand – Anglais (sessions 1 & 3) et Allemand-Français (session 2) (avl dolmetscher)

Le programme est particulièrement alléchant et la thématique peu commune dans nos domaines. Courez-y !

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Programme
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Classé sous :Histoire savante, Humanités Digitales, Nouvelles de l'histoire

Peter Seixas (1947-2022) nous laisse la pensée historique en héritage

10 octobre 2022 by Lyonel Kaufmann

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Atteint d’un cancer et en stade terminal, l’immense didacticien canadien de l’histoire Peter Seixas a choisi de nous quitter cette fin de semaine. Il nous laisse une œuvre d’une importance capitale pour notre champ. Mes pensées vont à sa famille et à ses nombreux amis.

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Peter Seixas (1947-2022)

Peter Seixas a enseigné les études sociales au secondaire à Vancouver pendant 15 ans et a obtenu un doctorat en histoire de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) en 1988.

Ses travaux sur la pensée historique et la conscience historique ont transformé le domaine de l’enseignement de l’histoire, et ont été reconnus au niveau national et international. En 2001, il a reçu une prestigieuse chaire de recherche du Canada et a fondé le Centre for the Study of Historical Consciousness de la Colombie-Britannique (www.cshc.ubc.ca), qui a rassemblé des étudiants diplômés des facultés d’éducation et des arts de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), ainsi que de nombreux universitaires et étudiants diplômés nationaux et internationaux, autour du lien entre l’historiographie, la mémoire collective et l’enseignement de l’histoire.

Il est l’auteur de nombreux articles dans des revues canadiennes et internationales, l’éditeur de Theorizing Historical Consciousness (University of Toronto Press 2004), et le co-éditeur avec Peter Stearns et Sam Wineburg de Knowing, Teaching and Learning History : National and International Perspectives (New York University Press 2000).

Parmi les nombreux prix qu’il a reçus pour ses recherches, il est le lauréat du prix William Gilbert de l’American Historical Association, qui reconnaît les contributions exceptionnelles à l’enseignement de l’histoire par la publication d’articles dans des revues, du National Council for Social Studies Exemplary Research Award et du prix Constance Rourke de l’American Studies Association. Ses contributions à l’enseignement de l’histoire ont été reconnues par le British Columbia Social Studies Teachers’ Association Innovation Award (2007), et le Ontario History and Social Science Teachers’ Association National Leadership Award (2007).

Il a été le directeur du projet The Historical Thinking Project, qui a travaillé à au développement de la pensée historique dans les programmes d’études provinciaux canadiens anglophones, le perfectionnement professionnel, le matériel de classe et les évaluations. Il a pris sa retraite de l‘University of British Columbia en juin 2016, mais avait continué d’écrire.

Sur Facebook, Carla Peck, professeure d’enseignement des études sociales au département d’enseignement élémentaire de l’Université de l’Alberta et directrice de l’important projet Thinking Historically for Canada’s Future, lui a rendu un bel hommage :

On se souviendra également de M. Seixas comme d’un « modèle de vie érudite » et d’un « collègue et mentor d’une générosité sans faille ». J’ai fait l’expérience de sa gentillesse dans des échanges quotidiens, qu’il s’agisse des trajets presque quotidiens en voiture pour se rendre au campus et en revenir (je dis à mes amis que j’étais l’étudiant diplômé le plus gâté de l’histoire !), des délicieuses gâteries au chocolat ou des dîners de vacances avec sa famille et ses amis (parmi de nombreux autres exemples). C’est ce dont je me souviendrai le plus de Peter. Son héritage se perpétuera dans sa famille, ses amis, ses étudiants et dans sa bourse d’études. Dans le dernier e-mail que je lui ai envoyé, il y a une semaine, j’ai pu le remercier pour les nombreux cadeaux qu’il a partagés avec moi : son esprit brillant, son mentorat, son sens de l’humour, sa nature attentionnée, sa patience, son amour du chocolat….. Je lui ai dit que moi, et tant d’autres, ne l’oublierons pas. Il était et restera un géant. Qu’il repose dans une paix éternelle. (Carla Peck)

Pour une liste des publications les plus marquantes de Peter Seixas : http://www.thenhier.ca/en/content/seixas-peter.html

Classé sous :Didactique, Nouvelles de l'histoire

Enseigner l’histoire au Québec en prenant en compte la vision autochtone

1 octobre 2022 by Lyonel Kaufmann

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En cette journée nationale de la vérité et de la réconciliation (30.09.2022), je vous propose ce texte qui revient et développe des éléments présentés à l’occasion de la 6e édition du colloque de l’Association internationale de recherche pour la didactique de l’histoire et des sciences sociales (AIRDHSS) qui s’est tenu à Trois-Rivières du 22 au 24 et de la publication qui l’accompagnait.

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Photo : Journée nationale de la vérité et de la réconciliation – Montréal – 30.09.2022

La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est, au Canada, un jour férié fédéral célébré le 30 septembre qui vise à promouvoir les efforts de réconciliation avec les peuples [autochtones »Autochtones du Canada ». Elle a d’abord été créée comme jour de commémoration en 2013, puis elle est élevée au rang de fête légale en 2021.


Introduction

Dans leur chapitre de l’ouvrage accompagnant la 6e édition du colloque de l’Association internationale de recherche pour la didactique de l’histoire et des sciences sociales (AIRDHSS) qui s’est tenue à la sortie de l’ouvrage en septembre 2022, Vallée-Longpré et Stan (2022) soulignent en introduction de leur chapitre que depuis une dizaine d’années, les revendications autochtones connaissent un nouvel essor dans le sillage de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada (2015).

Leur chapitre analyse l’historique des revendications autochtones en matière d’enseignement de l’histoire et conclut

Alors que dans les années 1960, les revendications au sujet de l’enseignement de l’histoire font écho aux aspirations nationalistes de la société québécoises de l’époque, au XXIe siècle, les revendications rejoignent les luttes communautaires et particularistes qui visent la reconnaissance par l’État du caractère distinctif des communautés qui le composent. (Vallée-Longpré & Stan, 2022, p. 52)

La situation dans les années 1960

Dans son mémoire déposé en mars 1962, le Comité de survivance indienne (CSI) soulignait que la population blanche connaissait mal les Autochtones, présentés de manière folklorique et perçus comme « »des sauvages » vêtus de peaux, coiffés de plumage, vivant de chasse et de pêche et habitant des tentes. Véhiculée par les films, les livres et le théâtre, cette vision se retrouve à l’école. Les jeunes y apprennent à voir les Autochtones comme des êtres cruels et barbares» (résumé par Vallée-Longpré et Stan, 2022, p. 45).

Les auteurs du rapport préconisent alors de rectifier ce récit historique en proposant une version alternative où la place des Autochtones correspond à leur importance historique (Vallée-Longpré et Stan, 2022, p. 46). En 1980, un manuel autochtone verra le jour : David Blanchard Seven Generation emphasized text(1980)

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Ce manuel est consultable en ligne : https://archive.org/details/sevengenerations0000blan

Les discussions relativement aux nouveaux programmes de 2017

Relativement aux nouveaux programme de 2017, le Conseil en éducation des Premières Nations du Québec (CEPN) milite désormais pour une reconnaissance des communautés autochtones comme ayant des parcours historiques différents tout en visant à rallier à leurs luttes la société dans son ensemble (environnement, droits des femmes) (Vallée-Longpré & Stan, 2022, p. 52-53).

A l’occasion du colloque de Trois-Rivières de l’AIRDHSS, une table-ronde a été organisée le jeudi 23 septembre relativement à l’enseignement de l’histoire et des sciences sociales dans les communautés autochtones au Québec. Dans celle-ci, Bruno Rock, Coordonnateur des projets éducatifs du CEPN indiquait que relativement à l’élaboration des ces programmes (2014-2017), les Premières Nations avaient fait 72 recommandations et que les deux principaux gains consistaient au remplacement du mot « Amérindiens » par « Premières Nations » (ou « Autochtones ») et à la plus grande place accordée dans le programme à la très douloureuse question des des pensionnats autochtones. Sur ce deuxième point, Bruno Rock indiquait que ce gain avait été obtenu de justesse, dans la dernière version du programme.

Au CEPN, nous recommandons d’utiliser le terme Premières Nations lorsque l’on parle des nations amérindiennes (ainsi appelées dans le programme) de l’Amérique du Nord. A notre avis, il s’agit du terme le plus adéquat et le plus représentatif ; c’est d’ailleurs le terme utilisé par plusieurs organisations (CEPN, APNQL, etc.) Autochtone peut également être utilisé dans un sens plus large qui inclut les métis, les Inuit et autres groupes se qualifiant d’Autochtones. Pour ce qui est de la question de la désignation des Premières Nations au cours de l’Histoire, nous recommandons de ne pas utiliser les termes contemporains aux époques étudiées. La seule exception que nous voyons concernerait le cas où l’on discute de la Loi sur les Indiens. Effectivement, le mot Indien s’y retrouve partout et il serait difficile de transformer les textes. (CEPN, 2016a, p. 1)

Le CEPN souhaitait également que les programmes utilisent les termes employés par les différentes nations elles-mêmes :

nous recommandons que lorsque les documents parlent d’une nation spécifique, il faudrait toujours, dans la mesure du possible, utiliser le nom auquel cette dernière se réfère. Par exemple, les Algonquins devraient être les Anishinabegs (Anishinabe au singulier). » (CEPN, 2016a, p. 3) «

Vallée-Longpré et Stan (2022, p. 49) soulignent que cette demande a été reçue favorablement et que les manuels ont été revus.

Il n’en demeure pas moins que le constat global du CEPN concernant les nouveaux programmes d’histoire rejoignent les constats faits près de 60 ans auparavant par le Comité de survivance indienne (CSI)

On parle ‘beaucoup‘ des Premières Nations au début soit avant et un peu après le contact, ensuite, elles disparaissent presque du cursus. » (CEPN, 2016a, p. 20)

Le CEPN en appelle finalement à décoloniser l’histoire, « autrement dit, d’adopter une logique différente et suivant plus l’esprit des Premières Nations » (CEPN, 2016a, p. 21).

Les constats et recommandation de la Commission vérité et réconciliation pour le Canada (CVR)

De son côté, dans son sixième volume de son rapport final, la Commission de vérité et réconciliation (CVR) abordait la question de la réconciliation consistant à

à établir et à maintenir une relation de respect réciproque entre les peuples autochtones et non autochtones dans ce pays. Pour y arriver, il faut prendre conscience du passé, reconnaître les torts qui ont été causés, expier les causes et agir pour changer les comportements.

Pour la CVR, cette reconciliation passe notamment par l’éducation. Elle y consacre l’entier de son chapitre 4 (L’éducation en vue de la réconciliation, p. 131 et ss.). Elle part du constat que la majeure partie de la population canadienne adulte a appris que l’histoire du Canada a commencé avec l’arrivée des premiers explorateurs européens dans le Nouveau Monde et que depuis longtemps, l’édification de la nation est le thème principal des programmes d’histoire du Canada, et les Autochtones, mis à part quelques exceptions notables, sont dépeints comme des spectateurs, pour ne pas dire des obstacles, à cette entreprise.

Pour y parvenir, la CVR compte notamment sur les démarches historiennes de critiques des sources (p. 140) : 

À l’ère numérique, où les élèves ont facilement accès à une foule de renseignements concernant les traités, les droits des autochtones ou les torts historiques comme les pensionnats, les élèves doivent apprendre à évaluer eux-mêmes la crédibilité de ces sources. En tant que citoyens actifs, ils doivent être en mesure de participer à des débats sur ces questions armés de connaissances factuelles et d’une compréhension approfondie du passé.

La commission se réfère également au modèle de la pensée historienne de Seixas et Morton (2012) et son sixième concept “comprendre la dimension éthique des interprétations historiques” en indiquant (p. 140)

Il est tout aussi important pour les élèves de comprendre le côté éthique de l’histoire. Ainsi, ils doivent être en mesure de porter des jugements éthiques sur les actions de leurs ancêtres tout en reconnaissant que les valeurs morales de l’époque pouvaient être très différentes des leurs. Ils doivent être capables de prendre des décisions éclairées au sujet des obligations que doit respecter la société d’aujourd’hui pour corriger les injustices historiques. Cette prise de conscience éthique permettra de nous assurer que les citoyens de demain sont conscients et se soucient des injustices du passé qui ont des répercussions sur leur propre avenir.

Cité par Vallée-Longpré et Stan (2022, p. 53), Helga Bories-Sawala parle, pour sa part, de «vide historique» en la matière dans les programmes québécois et les manuels qui en découlent (des années 1970 au programme de 2006):

C’est-à-dire que malgré la place accordée aux premiers occupants avant l’arrivée des Européens, les programmes restent silencieux sur les évolutions des sociétés autochtones entre le début du XIXe siècle et le XXe siècle. Ce «tunnel» a pour effet de donner «l’impression que les Autochtones semblent appartenir à un passé lointain plutôt qu’à une histoire en évolution» (Bories-Sawala & Martin, 2020a, p. 38)

L’analyse de Bories-Sawala & Martin rejoint celle faite par la CVR sur l’ensemble du territoire canadien (vol. 6, p. 132–133 ):

Avant 1970, les manuels scolaires partout au pays représentent les peuples autochtones comme étant soit des guerriers sauvages ou de simples spectateurs sans grande importance relativement à la grande histoire du Canada : l’histoire de la colonisation européenne. À compter du début des années 1980, l’histoire des peuples autochtones est parfois présentée de façon plus positive, mais on souligne la pauvreté et les dysfonctions sociales observées dans les communautés autochtones sans toutefois présenter le contexte historique nécessaire pour aider les élèves à comprendre comment et pourquoi ces conditions sont survenues. En raison de cette omission, la plupart des Canadiens croient que les peuples autochtones étaient et sont toujours responsables des situations dans lesquelles ils se trouvent et qu’il n’existe pas de causes externes. Les Autochtones sont donc présentés comme un problème social et économique qui doit être résolu.

Dans les manuels de la réforme de 2017

Les manuels euroquébécois et autochtones

Bories-Sawala & Martin (2020b) a procédés à l’analyse des quatre manuels euro-québécois et un manuel autochtone publiés à la suite de la réforme de 2017.

En conclusion, Bories-Sawala arrive au constat suivant

Sans tenir compte de toutes les nuances que nous avons pu relever au cours de notre lecture intense de tous ces manuels, nous pouvons, pour ce qui est des derniers parus, de part et d’autre, constater une certaine convergence. Il s’est avéré possible, du côté autochtone, de d’ouvrir le regard « auto-historique » pour aboutir à l’écriture d’une histoire du Québec et du Canada, et l’histoire euro-canadienne récente a intégré, du moins partiellement, des recommandations autochtones. Bien entendu, les proportions accordées aux différents acteurs, aux évolutions, l’importance de tel ou tel événement ou personnage, voire leur simple mention ou non, restent différentes. […] . Il en est de même pour l’autre grande distinction entre les manuels autochtones et les manuels du régime général : l’absence de toute suggestion didactique misant entièrement sur les capacités didactiques de l’enseignant-e d’un côté, et la surabondance de l’appareil didactique, décliné, de plus, selon les critères prévus par le programme, et prescrivant des exercices « en route vers l’épreuve » d’un schématisme souvent réducteur, de l’autre (Bories-Sawala & Martin, 2020b, p. 669).

Il n’en demeure pas moins que

La plupart des désaccords seront du côté de l’appréciation de telle ou telle réalité historique, de l’importance que l’on y accorde, bref : la construction du sens. (Bories-Sawala & Martin, 2020b, p. 669)

Deux points méritent particulièrement d’être relevés.

Le premier concerne le « choc microbien » auquel les autochtones ont été soumis à l’arrivée des Européens et la « réduction » du 19è siècle

La reconnaissance des maladies d’origine européenne comme facteur essentiel ayant ouvert la brèche à la colonisation reste encore embryonnaire dans le programme et les manuels euro-québécois. L’interdépendance des divers aspects de la « réduction » : surchasse du bison, famine, répression des rébellions, spoliation territoriale, traités et création des réserves, mise sous tutelle juridique, assimilation culturelle, y compris par les pensionnats, reste à préciser, dans bien de cas, y compris par le programme ministériel. (Bories-Sawala & Martin, 2020b, p. 669-670)

Le second est relatif aux différentes théories du peuplement de l’Amérique du Nord et les demandes des Premières Nations concernant les premiers occupants du territoire. La CEPN ne souscrivant pas à la théorie de migration asiatique qui aurait peuple le continent américain il y a 15 000 ans, Les Premières lui préfèrent leurs histoires de la création. (CEPN, 2016a, p. 1)

Nous croyons que l’occasion est opportune pour expliquer les différentes théories de peuplements (par le Pacifique, par les Solutréens et l’Atlantique, etc.) et ainsi expliquer qu’il n’existe pas de certitudes scientifiques sur la provenance du peuplement et encore moins sur sa datation. Ce qui est certain, c’est qu’il est beaucoup plus ancien que ce que l’on croyait dernièrement. […]. Considérant ces incertitudes, nous recommandons de présenter quelques-unes des histoires de la création du monde chères aux Premières Nations du Québec, il en existe plusieurs, mais il y en a deux principales (une pour les Algonquiens et une pour les Iroquoiens) qui couvrent plusieurs nations à quelques variantes près. Ces histoires de la création du monde viennent confirmer la vision que les Premières Nations ont de leurs présences en Amérique, cette présence est immémoriale.

Bories-Sawala & Martin notent qu’il s’agit du « seul argument quelque peu incompatible avec une présentation de l’histoire selon une historiographie scientifique» (Bories-Sawala & Martin, 2020b, p. 39).

Plus largement, pour Bories-Sawala & Martin (2020b, p. 673)

l’hypothèse d’une nécessaire altérité radicale entre une auto-histoire autochtone et euroquébécoise, discutée au tout début de notre démarche (cf. introduction au volume 1, p. 14-16) ne s’est pas confirmée au regard des approches didactiques autochtones.

Cependant, et nous conclurons ce parcours sur ce point, le plus grand défi consiste à sortir les Autochtones d’une posture de victime pour leur conférer un posture d’agents historiques :

Une reconnaissance des Autochtones comme agents historiques, conscients de leurs intérêts et agissant en conséquence, plutôt que de les enfermer dans le rôle de victimes éternels, tout au long de l’histoire de leurs rapports avec les « Blancs », non seulement rapprocherait le discours des manuels autochtones et euro-québécois et correspondrait à une représentation plus juste de l’histoire. Bories-Sawala & Martin (2020b, p. 678)

Ce serait probablement le début d’une véritable réconciliation.

Bibliographie

Blanchard, D. (1980). Seven Generations : A History of the Kanienkehaka. Kahnawake Survival School. Consultation en ligne : https://archive.org/details/sevengenerations0000blan.

Bories-Sawala, H. E., & Martin, T. (2020a). Eux et nous : La place des Autochtones dans l’enseignement de l’histoire au Québec (Vol. 1). Université de Bremen. Lien http://classiques.uqac.ca/contemporains/Martin_Thibault/Martin_Thibault.html

Bories-Sawala, H. E., & Martin, T. (2020b). Eux et nous : La place des Autochtones dans l’enseignement de l’histoire au Québec (Vol. 3). Université de Bremen. Lien http://classiques.uqac.ca/contemporains/Martin_Thibault/Martin_Thibault.html

Conseil en Education des Premières Nations (CEPNa) (2016a). Le nouveau programme d’histoire du Québec et du Canada de 3e secondaire : Analyses et recommandations, septembre.

Conseil en Education des Premières Nations (CEPN( (2016b). Le nouveau programme d’histoire du Québec et du Canada de 4e secondaire : Analyses et recommandations, novembre.

Comité de survivance indienne [CSI] (1962). Mémoire présenté à la Commission d’enquête royale sur l’enseignement dans la province de Québec. Le document est consultable à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) à Montréal.

Seixas, P. & Morton, T. (2012). The Big Six Historical Thinking Concepts. Toronto: Nelson

Vallée-Longpré, J., & Stan, C. A. (2022). Enseigner l’histoire au Québec en prenant en compte la vision autochtone : Étude de cas sur des propositions des associations autochtones depuis les années 1960. In Larouche, M.-C., Bouvier, F. Fillon, P.-L. (dir) Tensions dans l’enseignement de l’histoire nationale et des sciences sociales. Vues québécoises et internationales (p. 39‑55).

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Classé sous :CartoDidacHistoire, Didactique, Histoire active, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

J37 Université de Montréal – Journal de bord (06.09.2022)

7 septembre 2022 by Lyonel Kaufmann

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Depuis le 1er premier août 2022, j’ai débuté un congé scientifique d’une durée de 6 mois. Durant ces six mois, je serai essentiellement au Québec pour rendre visite à mes collègues canadien•nes et à leurs étudiant•es. En ce mardi 6 septembre, je débute ma première étape de mon périple scientifique à l’Université de Montréal avec mes collègue de la didactique de l’histoire et de l’Univers social.

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L’Université de Montréal (UdeM) est située sur les flancs du Mont-Royal. C’est est une université publique canadienne du Québec. Elle est l’un des sept établissements d’enseignement supérieur ayant leur siège social à Montréal, ainsi que l’une des cinq grandes universités du Canada et la deuxième en nombre d’étudiants.


Au Pavillon Marie-Victorin 1 Ailes C-D, j’y retrouve mes deux collègues M.-A. et A. ainsi que d’autres membres de l’équipe de la didactique d’histoire.

Au début d’après-midi, j’assiste aussi au tout premier cours (3h) de leur cursus en Univers social (Sciences humaines) pour des étudiants de 3ème année de BAC (équivalent Bachelor, mais en quatre ans au Québec). Au premier semestre, ce premier cours est centré sur la matière (histoire, géographie) en lien avec les programmes de l’Univers social.


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C’est une initiation à la méthode historique (pensée historienne) et géographique devant susciter, auprès des étudiant•es, la réflexion sur les débats et les enjeux liés à l’enseignement de ces disciplines au primaire. Il s’agit aussi pour eux de cerner, dans les programmes d’étude, les concepts-clés, les repères culturels et les connaissances de l’enseignement en Univers social.

Les travaux certificatifs demandés aux étudiant•es durant ce semestre sont au nombre de trois et abordent, individuellement ou en équipe, des aspects de la méthode historienne et géographique (fortement liée au Québec à l’histoire).

Au deuxième semestre, ils suivront encore un autre cours (3h) qui, celui-ci, sera à proprement parlé un cours de didactique de l’Univers social.


De manière intéressante, le cours débute par deux activités comparables à celle quenous avons également au premier cours avec nos étudiant•es du Bachelor primaire (5–8) de la HEP Vaud.

Il est demandé, d’abord aux étudiant•es, d’indiquer, selon eux, quelles sont les visées de l’enseignement des sciences humaines au primaire. Ensuite, il leur est demandé de décrire leur expérience en tant qu’élève dans les cours d’histoire et de géographie.

Leurs conceptions et leur rapport d’élève à la discipline sont tout à fait semblables à ceux de nos étudiant•es du Bachelor primaire à la HEP Vaud. Les trois éléments ressortant majoritairement de leur expérience d’élève en histoire et géographie sont : apprentissage par coeur, répétitif, ennuyant.

Deux pays, même combats…

#canada🇨🇦 #québec #montréal #université #didactique #histoire


  1. Frère Marie-Victorin, né Conrad Kirouac le 3 avril 1885 à Kingsey Falls, Québec, et mort le 15 juillet 1944 à Saint-Hyacinthe dans la même province, est un religieux, frère des écoles chrétiennes, botaniste, enseignant, professeur d’université, intellectuel et écrivain québécois. Au XXe siècle, il est surtout connu pour ses travaux en botanique qui ont probablement culminé avec la publication de sa Flore laurentienne et l’élaboration de l’herbier Marie-Victorin. Il est le fondateur du Jardin botanique de Montréal (clin d’oeil, je réside à deux pas du Jardin botanique durant ce congé). Il fut également associé à la fondation de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences, créée en 1923 à Montréal, désormais dénommée Acfas (deuxième clin d’oeil à mes collègues de la HEP Vaud qui s’y rendent régulièrement). ↩︎

Classé sous :CartoDidacHistoire

J35 Musée de l’Holocauste Montréal (04.09.2022)

5 septembre 2022 by Lyonel Kaufmann

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Depuis le 1er premier août 2022, j’ai débuté un congé scientifique d’une durée de 6 mois. Durant ces six mois, je serai essentiellement au Québec pour rendre visite à mes collègues canadien•nes et à leurs étudiant•es.

Actuellement je suis à Montréal. En ce premier dimanche du mois, certains musées offrent l’entrée gratuite aux visiteurs. Cela a été l’occasion pour moi de découvrir le Musée de l’Holocauste à Montréal (https://museeholocauste.ca).

Même si pensez connaître l’histoire de l’extermination des Juifs en Europe durant la Deuxième Guerre mondiale, je ne peux que vous encourager à découvrir ce musée et cette histoire raconté par des survivant•es.

À chaque étape historique, les objets et les témoignages de survivants ajoutent une dimension humaine à la présentation de l’Histoire.


Etiqueté

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Pour moi, le premier object poignant a été ce « bout de tissu », triangle jaune et triangle noir, porté par un déporté vers 1938. Sa matérialité, même derrière la vitrine, dit tout.


La vie des Juifs dans l’Allemagne nazie

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J’ai découvert aussi en réponse à l’exclusion qui les frappe toute l’énergie et la richesse que la communauté juive allemande déploie pour résister et continuer à vivre dans un environnement de plus en plus hostile.

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L’adieu d’une mère, novembre 1943

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Il y a aussi cette lettre griffonnée à la hâte bouleversante d’une mère à sa fille.

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L’application qu’il est possible de télécharger à l’accueil fourni le tout aussi bouleversant témoignage de Sara Schichter, sa fille, les sanglots dans la voix à l’évocation de ce message (https://mobileguide.io/mhm/fr/2589626238/1).


L’accueil au Canada

Le Musée rend également compte des difficultés d’accès au Canada pour les Juifs, les campagnes antisémites, mais aussi les marques de soutien.

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Et tant d’autres choses encore…

Prévoyez deux heures pour la visite lors de votre passage à Montréal pour ce musée. Adresse :

Musée de l’Holocauste

Montréal

5151, ch. de la Côte-Sainte-Catherine

H3W 1M6 Montréal

#canada🇨🇦 #québec #montréal #musée #Holocauste #Shoah #histoire #39-45 #roadtrip #roadbook

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