• Passer à la navigation principale
  • Passer au contenu principal
  • Passer à la barre latérale principale
Histoire Lyonel Kaufmann

Histoire Lyonel Kaufmann

  • Mes Publications
  • Blog
  • Cours
    • Planifier
    • Film&Histoire
  • A propos

Didactique

1914 et 1944 : deux commémorations en 2014 pour le prix d'une ?

11 octobre 2013 by Lyonel Kaufmann

L’année 2014 sera marquée par une double commémoration, celle de la première guerre mondiale et celle de la Libération. Pour cerner les dimensions à la fois historique, politique et mémorielle de ces événements à venir,Le Monde sollicité le regard de Jean-Noël Jeanneney et de Pierre Nora.

Pierre Nora commence en observant une dérive commémorative concernant la France ces dernières années et le passage d’un modèle historique à un modèle mémoriel. Notons que la publication par Pierre Nora des Lieux de mémoire n’est pas pour rien dans ce mouvement…

Jean-Noël Jeanneney note lui l’opposition binaire entre 1789 et 1914. D’un côté, après avoir clivé la France tout au long du 19e siècle, la Révolution française fédère le regard des Français et unifie la France. De l’autre, 14-18 est d’abord vécu sous l’angle de l’Union sacrée avant que cette union ne se lézarde sous les coups de la durée du conflit.

Concernant les deux commémorations de 2014,Pierre Nora pense que celle de 1914 sera très mémorielle, « soulevant une émotion à laquelle on ne s’attendait pas » alors que celle de 1944 sera très disputée historiquement « parce que la guerre, l’Occupation, la Libération ont laissé les Français très divisés ».

A suivre…

Jean-Noël Jeanneney et Pierre Nora: « Faire sentir la différence des temps » | Le Monde

 

Classé sous :Opinions&Réflexions

Aux armes, historiens | Le Monde

11 octobre 2013 by Lyonel Kaufmann

Aux armes, historiens !

Vendredi 4 octobre, dans l’une des innombrables émissions de télévision où il s’emploie à briser les tabous qui parasitent encore nos consciences, Eric Zemmour a posé un mot sur les cercueils des femmes, des hommes, des enfants qui venaient de mourir à Lampedusa : « Envahisseurs ». Sans que ce terme suscite de réactions marquantes dans le studio, il a pu marteler que « ces gens-là sont des envahisseurs » et conclure d’un rictus fanatique : « Ils prennent leurs risques ! » Campé dans cet espace pseudo-subversif mais authentiquement indigne que d’aucuns nomment « politiquement incorrect », il a asséné des propos où l’abjection morale s’avançait bardée d’aberrations historiques – sur le droit d’asile, d’abord. Le vocabulaire était guerrier, le délire martial, l’offensive d’autant plus funeste qu’elle demeurait sans riposte.

Alors que s’ouvrent les 16es Rendez-vous de l’histoire, qui portent sur le thème de « la guerre », il faut appeler les historiens à se montrer plus offensifs. Effrayés par le brouillage des cartes comme par le déséquilibre des forces, beaucoup d’entre eux sont tentés de se réfugier derrière les remparts du pur savoir. Ce repli serait regrettable.

Tout à la fois indigné par les propos d’Eric Zemmour, je partage l’avis de Jean Birnbaum, journaliste au journal Le Monde, que l’historien doit être dans la Cité et participer à ses débats.

Classé sous :Histoire active, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Quelle mémoire pour les fusillés de 14-18? Un point de vue historien

4 octobre 2013 by Lyonel Kaufmann

De 1914 à 1918, 741 jeunes soldats français ont été condamnés et fusillés. La mission du centenaire vient de remettre son rapport, sous la direction d’Antoine Prost. Les faits sont troublants : le nombre de fusillés est directement lié à la durée d ela guerre. 1914 et 1915 sont les pires années où l’armée entend installer son autorité. On fusille pour refus d’obéissance (60 en 1915) ou « abandon de poste » (148 la même année).
Aujourd´hui, alors que la stigmatisation des familles n’existe plus et que notre regard à changé à leurs propos, que faire ? Quatre pistes sont abordées et discutées dans ce rapport :

  • Ne rien faire
  • Décréter une réhabilitation générale
  • Procéder à une réhabilitation au cas par cas
  • Une déclaration solennelle, éventuellement renforcée par un projet pédagogique.

Pédagogiquement, aborder la guerre sous cet angle amène les élèves à saisir l’originalité de ce conflit et, en même temps, à saisir les enjeux contemporains de la mémoire.

Le rapport au format .pdf : http://centenaire.org/sites/default/files/references-files/rapport_fusilles.pdf

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions, Publications, sur le web Balisé avec :14-18, commémorations, fusillés

Problématiser, mais vraiment, en classe d'histoire | Chronique no 145

3 octobre 2013 by Lyonel Kaufmann

blank

La parution récente de « Didactique et enseignement de l’histoire-géographie au collège et au lycée» de Yannick Mével et Nicole Tutiaux Guillon permet de faire le point sur la question de la problématisation et du problème en classe d’histoire. 

145_chronique

Préalablement, l’ouvrage de Yannick Mével et Nicole Tutiaux-Guillon propose par chapitre d’aborder une question concrète d’enseignant tels que développer l’autonomie des élèves (chapitre 7) ou lire et écrire en histoire géographie (chapitre 8). Pour chaque chapitre, les auteurs croisent recherches en didactique et expériences en classes et offrent des réflexions, des pistes de travail et des exemples pratiques. Dans leur introduction à l’ouvrage [1], les auteurs identifient trois séries de problèmes posés aux enseignants de la discipline :

  1. celle posée par les contenus : comment les choisir ? comment articuler ses savoirs avec les «représentations sociales» des élèves? que faire des questions sociales vives et des controverses dans les savoirs savants ?
  2. celle en relation avec la manière d’apprendre à penser le monde: comment problématiser les savoirs ? comment apprendre à raisonner en histoire-géographie ?
  3. celle posée par la mise au travail des élèves : comment les faire écrire? quelles tâches, quelles consignes, quel questionnement, quel dialogue mettre en oeuvre ?

En ce sens, l’ouvrage intéressera à la fois les futurs enseignants en formation et les enseignants ayant déjà de l’expérieuce.

«Problématiser» fait l’objet du chapitre 4 de l’ouvrage. Cette question de la problématique devrait être le premier choix didactique qui s’impose lors de la préparation d’une séquence ou d’une leçon.  Souvent cependant question et problématique sont confondues et notamment en observant les questions posées dans les manuels scolaires. Il s’agit également de réfléchir aux relations entre les questions posées dans les manuels, les problématiques de recherche des historiens, les points de vue prescrits dans les programmes et les fils directeurs de nos séquences d’enseignement. Et au final, il y a la question suivante : «comment un problème conçu par l’enseignant peut-il devenir le problème des élèves ?» ou mieux encore «comment suivre le principe énoncé en 1916 par Dewey : toute leçon doit être une réponse à une question que les élèves se posent?».

En observant les questions ou problématiques figurant en tête de chapitre, des doubles pages, des dossiers ou des aides à la préparation du baccalauréat des manuels, les auteurs indiquent que

«Toutefois la supposée problématique n’est souvent que la transformation formelle du libellé du sujet en interrogation […]. Quant au point de vue (scientifique, entendons-nous) il reste banni. Il y a là procédé rhétorique plus que réelle incitation à problématiser.» [2]

En d’autres termes, toute question ne fait pas forcément problème pour les élèves et encore moins problème de nature historique. Par ailleurs, comment poser un problème à l’élève sans l’autoriser à avoir son point de vue sur la question et à en débattre ? En effet, en consultant le dictionnaire sous «problème» celui-ci est susceptible d’avoir plusieurs solutions et de prêter à discussion. Or, nos exercices scolaires sont construits, sauf exceptions, sous le principe de l’entonnoir conduisant à LA réponse qu’elle soit celle du manuel ou celle de l’enseignant. De plus, les problèmes sont de différentes natures et ne conduisent ni au même type de réponse, ni aux mêmes procédures de résolution.

Face à cette situation, Mével et Tutiaux-Guillon propose leur définition de la problématique en enseignement de l’histoire-géographie :

«la problématique est une question qui oriente l’organisation des faits historiques ou géographiques pour construire un discours qui fait sens. Elle se présente sous la forme d’une question ouverte (éventuellement une hypothèse) et ouvre sur un processus de recherche et de tri d’informations, puis sur leur interprétation. Cette démarche est dialectique : le traitement des informations contribue à la transformation de la problématique. C’est l’ensemble de ce processus que l’on nomme problématisation. Il ne saurait donc s’opérer sur la seule base d’un étonnement ou d’une curiosité. Le processus nécessite des connaissances en amont et permet la production de connaissances nouvelles (pour l’élève).» [3]

Après cette mise au point, les auteurs proposent ensuite des pistes de problématisation. C’est ainsi qu’ils présentent un exemple de problématique pour les Grandes Découvertes :

«Les Grandes découvertes, vues comme une succession de voyages au long cours ou d’exploration listent trop de dates ! Une problématique peut créer des liens entre ces faits : en 2de pour répondre à la question «les empires portugais et espagnols sont-ils le résultat d’un partage du monde entre les rois ou celui du hasard des voyages ?» il faut bien mettre en ordre les événements les uns par rapport aux autres. Cette construction de sens permet de mieux retenir les dates en les organisant par exemple entre un avant et un après Tordesillas. Ici problématiser aide à passer d’une liste à une structure chronologique.» [4] ou comme le mentionnait François Furet, passer d’une histoire-récit à une histoire-problème. [5]

Il s’agit également d’apprendre à problématiser le plutôt possible aux élèves. Les auteurs proposent notamment de donner une liste de questions à des élèves de 6e et de leur demander de les classer entre celles à laquelle une réponse factuelle suffit et celles qui incitent à réfléchir. On peut également leur demander, dès le primaire, d’argumenter le choix d’une question à laquelle ils devront répondre.

Dans le cadre d’un raisonnement hypothético-déductif, proposer aux élèves de formuler des hypothèses c’est aussi probématiser. Ainsi, pour notre part et concernant les civilisations pré-colombiennes, avons-nous proposé, après une mise en situation à nos élèves de 6e de formuler des hypothèses sur les raisons qui pouvaient conduire à la disparition d’une civilisation. Une fois, la liste des hypothèses validées par la classe, les élèves ont étudié différentes civilisations précolombiennes. Au terme de leur travail de recherche d’informations, ils devaient indiquer et argumenter à laquelle (ou auxquelles) de ces hypothèses initiales la fin/chute de leur civilisation correspondait.

Enfin, il peut s’agir pour les élèves d’interroger les documents fournis dans nos cours en leur fournissant des documents convergents ou présentant des points de vue différents (sources ou textes d’historiens).

On peut notamment demander aux élèves de construire les questions auxquelles le/les document(s) permettent de répondre, leur demander de les classer en justifant/argumentant leur choix et en discutant entre/avec eux : quel document est le plus important pour la compréhension de notre sujet ou répond le mieux à notre question initiale? lequel apporte un point de vue différent/divergent ? quel est l’intru?, etc.

On peut aussi fournir des sources permettant d’organiser la classe en deux (ou plusieurs) groupes, l’un défendant l’idée que Napoléon est le continuateur de la Révolution française et l’autre celle qu’il en est le fossoyeur. Les élèves extraient des documents des éléments permettant de défendre leur point de vue dans le cadre d’un débat à ce propos. Au terme de celui-ci, un tableau regroupe les arguments utilisés à partir duquel les élèves rédigeront un texte de synthèse. Ce dernier pourra ensuite être comparé à un texte d’historien à ce propos.

Comme l’indiquent Mével et Tutiaux-Guillon de telles démarches ou énigmes intriguent les élèves et les incitent à réfléchir et «les conduit à en chercher une résolution, et, pour y arriver, à construire un problème qui n’apparaissait pas». En problématisant, c’est également toute la question du rapport des élèves au savoir historique qui est mise en jeu et «c’est mobiliser des raisonnements spécifiques» à notre discipline.

Notes

[1] Mével, Y., Tutiaux-Guillon, N. (2013). Didactique et enseignement de l’histoire-géographie au collège et au lycée. Paris: Publibook, p. 9-10.

[2] op. cit., p. 100.

[3] op. cit., p. 105-106

[4] op. cit., p. 108

[5] Furet, F. (1982). L’atelier de l’histoire. Paris: Flammarion, pp. 76-77

Ce texte est ma chronique revue du mois de septembre pour le mensuel du Café pédagogique : https://www.cafepedagogique.net/2013/09/22/145_lachronique/

Classé sous :Didactique, Outils enseignement

Stratégies d'apprentissage : réduire l'écart de performance entre élèves favorisés et élèves défavorisés

19 septembre 2013 by Lyonel Kaufmann

Les résultats de l’enquête PISA montrent que l’écart de performance entre élèves favorisés et élèves défavorisés pourrait se réduire sensiblement si ces derniers avaient une meilleure connaissance des stratégies efficaces d’apprentissage.
Si l’enquête PISA ne permet pas d’établir des liensde causalité au sens strict, ses résultats laissent penser que l’une des façons dont l’avantage socio-économique se traduit par une meilleure performance en compréhension de l’écrit consiste à offrir aux élèves davantage de possibilités de connaître les stratégies d’apprentissage les plus efficaces. Les parents issus de milieux favorisés sont, par exemple, plus susceptibles de passer du temps à faire la lecture à leurs enfants lorsqu’ils sont petits et de leur lire des histoires. Ils sont également plus susceptibles de discuter avec leurs enfants, une fois ces derniers devenus adolescents, de questions politiques et sociales, et de s’intéresser à leurs lectures.

Le document au format .pdf : http://www.oecd-ilibrary.org/docserver/download/5k40hdhb8knn.pdf?expires=1379582910&id=id&accname=guest&checksum=1C4D4F6DC5B3C61615C4CCF66A025964

Classé sous :Outils enseignement, Publications

Compte-rendu : Le roman de l’histoire connectée | La Vie des idées

13 septembre 2013 by Lyonel Kaufmann

blank

arton2396-a584eUn recueil d’articles révèle la diversité des registres et des thèmes abordés par l’historien Sanjay Subrahmanyam, de Vasco de Gama jusqu’au 11 septembre 2001. Faisant preuve d’un sens de l’observation sociologique aigu et d’une grande culture, c’est par son esprit critique et sa liberté de pensée et d’expression qu’il surprend le plus ses lecteurs.

Le compte-rendu : Le roman de l’histoire connectée | La Vie des idées

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire Balisé avec :globale, Histoire, Historiographie, RevuePresse

Compte-rendu : La machinerie économique nazie | La Vie des idées

12 septembre 2013 by Lyonel Kaufmann

blank

blankDans un ouvrage de référence, Adam Tooze s’efforce de relire l’histoire du IIIe Reich – depuis la lutte contre le chômage jusqu’au génocide des Juifs – à travers le prisme de l’économie. Il montre que l’effort d’armement et l’effort de guerre ont été financés par la fiscalité, l’épargne forcée et l’exploitation des territoires occupés en Europe.

Formé à Cambridge, aujourd’hui professeur à l’université de Yale, Adam Tooze a mené à bien un projet ambitieux : non seulement écrire une histoire économique complète et détaillées de l’Allemagne nazie – et ce projet était grandement le bienvenu – mais aussi, de façon plus problématique, relire toute l’histoire du IIIe Reich (notamment son histoire diplomatique et sociale, ainsi que la Shoah) à travers le prisme de l’économie. Avec des résultats plus ou moins convaincants cependant pour La Vie des idées.

Recensé : Adam Tooze, Le Salaire de la destruction. Formation et ruine de l’économie nazie, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Les Belles Lettres, 2012. 806 p., 29, 50 €.
Le compte-rendu : La machinerie économique nazie – La Vie des idées

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, sur le web

Revue de presse : Jack l'Eventreur tweete sa version des faits

10 septembre 2013 by Lyonel Kaufmann

Plus d’un siècle après son premier assassinat présumé, Jack L’Eventreur revient sur les circonstances de l’affaire. Une mise au point historique sur Twitter.
Il y a 125 ans, Jack L’Eventreur, dit The Ripper, commettait son premier crime barbare. Le début d’une saga meurtrière déformée, fantasmée par la presse de l’époque et nos contemporains à travers le cinéma, la musique et les romans littéraires sous couvert de récits historiques. Différentes interprétations qui ont peu à peu déformé la réalité d’une société vivant sous l’égide victorien.
History Press profite de ce sombre anniversaire pour réaffirmer son expertise historique. Partant du meurtre de Mary Ann Nichols, le 31 août 1888,  la société donne la parole à l’assassin en lui créant un profil imaginaire sur Twitter via @WChapelRealTime. Une démarche dans la lignée de celles opérées par Le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux et 1 Malaysia for Youth (iM4U). Ces deux organismes ont investi les réseaux sociaux pour retracer les évènements de la guerre 14-18 et l’anniversaire de l’Indépendance de la Malaisie. Des occasions données aux jeunes générations de se réapproprier leur histoire.

Lire la suite : Jack l’Eventreur tweete sa version des faits

Classé sous :Histoire active, Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire Balisé avec :Histoire, numérique, RevuePresse, TwHistory, twitter

Revue de presse : Bilan noir pour le tableau blanc dans les écoles | Le Devoir

22 août 2013 by Lyonel Kaufmann

Problèmes techniques, manque de formation pour les enseignants, simple remplacement du tableau noir dans le cadre d’un enseignement restant majoritairement magistral et utilisé la plupart du temps comme écran de télévision ou d’écran de projection, le Tableau Blanc Interactif (TBI) au Québec est en échec dans cette étude menée auprès de 800 enseignants par Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), et son équipe.
Le constat est sans appel et le TBI rejoint les très nombreuses solutions techniques implantées sans véritable réflexion, ni moyens consacrés à la formation et à l’accompagnement des enseignants. Sans parler de la nécessité de préalablement faire évoluer les pratiques pédagogiques plutôt que de miser sur le seul outil technologique pour y arriver.
D’autant que, souvent, ce sont les lobbys industriels qui poussent à l’investissement. Tel est ainsi le cas pour le TBI au Québec. En effet, lancé par le gouvernement Jean Charest en février 2011, ce programme de 240 millions sur cinq ans pour doter toutes les écoles du Québec de TBI a été pointé du doigt lorsque les médias ont révélé qu’un ancien membre du cabinet Charest était lobbyiste pour l’entreprise Smart Technologies, qui a fourni la quasi-totalité des TBI des écoles québécoises. Depuis le nouveau gouvernement québécois a mis le programme au frigo (congélateur?).

Bilan noir pour le tableau blanc dans les écoles | Le Devoir

Classé sous :Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire, Outils enseignement Balisé avec :blogcafé, école, Histoire, médiaTICE, Réforme, RevuePresse, TBI

Chronique de l'été : Les générations X, Z et C et l'avenir de l'école

20 août 2013 by Lyonel Kaufmann

blank

Je mets à profit la pause estivale pour publier en ce mois d’août mes chroniques mensuelles du Café pédagogique. Avant la pause estivale, ma dernière chronique s’intéressait à la question de savoir si les différentes générations arriveraient-elles à s’accorder sur l’école ou si cette dernière finirait par imploser. Bonne lecture.

blank

En 2012, il était de bon ton de pourrir le web et les élèves en étant enseignant de littérature. En 2013, le monde éducatif montre une situation plus complexe à de nombreux égards. Une question demeure néanmoins : les différentes générations arriveront-elles à s’accorder sur l’école ou celle-ci implosera-t-elle?

Plusieurs enquêtes ou articles récents m’ont récemment interpellé et indiquent, malgré les résistances, que le numérique prend une place de plus en plus considérable concernant le monde scolaire jusqu’aux portes de la classe.

En préambule, je constate une évolution importante de la place du numérique à l’école. En effet, l’évolution sur trente ans est considérable. Lorsque j’ai débuté ma carrière d’enseignant à la fin des années 1980, peu d’enseignants disposaient d’un ordinateur à l’école ou à la maison. Ce n’était pas qu’une question de prix, même si l’institution favorisait l’équipement personnel des enseignants au travers d’accords de prix préférentiels, négociés avec les fabricants d’ordinateurs.

Aujourd’hui, quelques rares enseignants résistent peut-être encore, mais globalement tous utilisent un ordinateur dans la préparation de leurs enseignements ou dans le cadre de la gestion administrative scolaire. C’est ainsi le cas dans l’expérience «un ordinateur pour tous» du Département des Landes:

« Les vrais changements ont lieu hors des collèges. Les enseignants ont totalement intégré l’ordinateur dans leur travail de préparation des cours. Les collégiens sont très satisfaits d’avoir un ordinateur portable. Certains se sont fait scolariser dans les Landes pour en bénéficier. Ils l’utilisent massivement pour le travail scolaire et assez peu pour le ludique (même si c’est techniquement prévu sur les machines). Le ludique passe plutôt sur leur ordinateur fixe à la maison. Le portable est donc bien perçu par eux comme un support d’enseignement. Les élèves aimeraient qu’il soit davantage utilisé en classe. Le rapport souligne la dextérité avec laquelle les collégiens tapent leurs textes et utilisent l’ordinateur. » [1]

Ceci au moment où tablettes et smartphones annoncent une nouvelle évolution et expliquent, peut-être et surtout pour les smartphones, les raisons de l’opposition de l’institution et des enseignants à l’utilisation de ces outils en classe.

L’espace scolaire n’est donc pas si immobile et rétif au numérique qu’il peut paraître, même si comparativement à la majeure partie du secteur tertiaire, il a pris du retard. En effet, s’il est un lieu où le numérique peine à faire sa place, « malgré la quasi-généralisation de l’équipement et les pratiques numériques personnelles des enseignants et des familles, malgré la multitude d’expériences et d’initiatives depuis au moins deux décennies », c’est bien dans l’activité en classe même. [2]

Tout autour de la classe, par contre, le numérique se diffuse dans le domaine éducatif et en premier lieu, chez les enseignants. C’est ainsi qu’une enquête réalisé auprès d’enseignants américains des écoles secondaires débouche sur le constat que les technologies numériques sont devenues essentielles à leur enseignement et à leurs actes professionnels. Bien que les enseignants interdisent ou restreignent l’utilisation de Wikipedia par leurs élèves, ils les utilisent largement dans la préparation de leurs cours. Comparativement à l’ensemble des adultes utilisant internet aux Etats-Unis, les enseignants recourent même à Wikipedia à des taux beaucoup  plus élevés (87% contre 53%). [3] Paradoxe quand tu nous tiens.

blank

Du côté des élèves, un article récent du journal Le Monde confirme que les usages du numériques « encerclent » l’espace de la classe lorsque Facebook devient la plate-forme d’aide aux devoirs entre élèves. [4] Et, si les enseignants leur interdisent en classe l’utilisation de Wikipedia, les élèves y recourent, une fois rentré à la maison, pour faire leurs devoirs. Dans sa présentation des Pratiques numériques médiatiques des jeunes, enjeux et perspectives, Michel Guillou relève ainsi que 74% des 8-16 ans utilisent internet pour faire des recherches pour l’école alors que 65% des 12-17 ans disent ne jamais utiliser internet sur le lieu de leur scolarité tout en étant 50% entre 8 et 17 ans à avoir utilisé leur mobile en classe… [5] Toujours paradoxale, non, l’éducation nationale ?

Du côté des parents appartenant à la Génération Y, Bruno Devauchelle s’interrogeait récemment, dans un article du Café pédagogique, sur les conséquences de leur arrivée et de leur imprégnation du numérique dans la relation parents-écoles.  [6] Pour Bruno Devauchelle,

«Si dans la relation à l’école, primaire, au collège l’arrivée de parents Y ne semble pas changer beaucoup les relations, c’est avec le lycée, et en particulier l’orientation scolaire que les aptitudes numériques des parents peuvent prendre de l’importance.»

En outre,

« Il n’est probablement pas loin le temps où certains exigeront la prise en compte de la « mobilité multiplateforme » désormais au coeur des questionnements de tous les services informatiques. La continuité communicationnelle devient une situation ordinaire : d’un lieu à l’autre, d’une machine à l’autre, chacun souhaite disposer de mes « outils de travail » personnels, familiaux, sociaux, professionnels. »

A nouveau, les usages du numériques « encerclent » l’espace de la classe sans véritablement y pénétrer. Néanmoins la question se pose de savoir jusqu’à quand la classe restera rétive au numérique et à quel moment les barrières de la classe céderont. Cette question est essentielle, car ignorer les pratiques du numériques des élèves hors la classe revient à créer des inégalités entre élèves non seulement dans la maîtrise des outils, mais dans les apprentissages scolaires. Comme l’illustre parfaitement les résultats d’une enquête menée par Stéphanie de Vanssay sur les devoirs numériques :

« comment les élèves peuvent-ils considérer ces outils comme un moyen parmi d’autres s’ils sont absents, ou quasi absents, de l’école, voire diabolisés encore par de nombreux enseignants ? De plus, s’en servir à bon escient et de façon efficace nécessite un apprentissage largement laissé à la charge des parents. » [7]

D’autre part, à force d’être utilisé massivement hors la classe pour des tâches scolaires, le numérique pourrait zapper définitivement la classe. Dans les deux cas, ce serait au détriment de l’Ecole de la République. Pendant ce temps-là, au Danemark et depuis 2010, on passe le bac en surfant sur Google et Wikipedia. [8] Interrogé par le journal Le Point, Steen Larsen, conseiller au ministère danois de l’éducation précise que «les examens se tenaient déjà depuis plusieurs années au format numérique. Ils étaient sur des CD-Rom, sans connexion possible au Web. Après réflexion, nous avons voulu renforcer le lien entre les TIC (technologies de l’information et de la communication) et les élèves, qui utilisaient déjà Internet pendant les cours. C’est plus cohérent : apprentissages et évaluations sont désormais réalisés dans les mêmes conditions.»

Sur ces derniers propos, je vous souhaite un bon été et d’excellentes vacances scolaires.

Lyonel Kaufmann, Professeur formateur,

Didactique de l’Histoire, Haute école pédagogique du canton de Vaud, Lausanne (Suisse)

Référence du Café pédagogique : Kaufmann, L. (2013). Les générations X, Z et C et l’avenir de l’école. Le Café pédagogique, No 144, juin

Notes

[1] Landes : Les TICE seules peuvent-elles changer la pédagogie ?
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/04/24[…]

[2] Numérique et éducation : le trouble et la trouille :
http://dkaplan.tumblr.com

[3] Quelle est l’utilisation de wikipedia par les enseignants?
https://lyonelkaufmann.ch/histoire/2013/03/05/how-teachers[…]

[4] Facebook, nouvelle porte d’entrée dans l’adolescence :
https://lyonelkaufmann.ch/histoire/2013/03/24/facebook-nouve[…]

[5] Quelles sont les pratiques numériques des jeunes (dossier) | Netpublic :
http://www.netpublic.fr/2013/03/pratiques-numeriques-des-jeunes/

[6] Y a-t-il des parents Y ? Travailler avec les parents à l’ère du numérique :
http://bit.ly/12CXJyw

[7] As-tu fais tes devoirs numériques?
http://ecolededemain.wordpress.com/2013/02/26/as-tu-fai[…]

[8] Au Danemark, on passe le bac en surfant sur Google et Wikipedia. Le Point.fr – Publié le 11/06/2013 à 16:58 – Modifié le 18/06/2013 à 16:27 :
http://www.lepoint.fr/societe/au-danemark-on-passe-le-b[…]

Classé sous :Didactique, Médias et technologies, Opinions&Réflexions

  • « Aller à la page précédente
  • Page 1
  • Pages provisoires omises …
  • Page 97
  • Page 98
  • Page 99
  • Page 100
  • Page 101
  • Pages provisoires omises …
  • Page 139
  • Aller à la page suivante »

Barre latérale principale

Lyonel Kaufmann

blankHistorien & Blogueur En savoir plus…

Derniers articles

Abstract painting, coloring, modern art

Une histoire fragmentée ? Liens et ruptures dans un paysage de la recherche et de l’éducation en pleine remise en question (Journées suisses d’histoire 2025)

11 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Dans le cadre des journées suisses d’histoire à Lucerne (juillet 2025), j’ai eu le plaisir d’assister et de réaliser le compte rendu pour infoclio.ch de la table ronde intitulée Fragmentierte Geschichte? Verbindungen und Brüche in einer sich ausdifferenzierenden Forschungs- und Bildungslandschaftm à laquelle participaient du côté francophone Nadine Fink (HEP Vaud) et François Vallotton (Université […]

blank

Vernissage : Plateforme Assistance et coercition (16.09.2025)

10 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

ÉVÉNEMENT 🗓️ Enseigner une histoire longtemps tue. Écouter les voix de celles et ceux qui l’ont vécue. Cinq témoins romands prennent la parole dans un nouveau média éducatif pour aborder les mesures de coercition à des fins d’assistance et des placements extrafamiliaux en Suisse. Conçue pour les élèves dès le secondaire I, la plateforme «Assistance […]

blank

Restes humains issus de contextes coloniaux en Suisse. Un état des lieux

9 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Ce rapport donne un aperçu général de la question des restes humains conservés dans les musées suisses. Ce rapport s’appuie sur une enquête menée entre 2023 et 2025 et fournit pour la première fois un état des lieux des restes humains («ancestral remains») acquis dans des contextes coloniaux et conservés dans des musées et collections […]

blank

Jean-Pierre Azéma (1937-2025)

15 juillet 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

J’apprends par France Culture que l’historien Jean-Pierre Azéma est mort à l’âge de 87 ans. Spécialiste du régime de Vichy et de la Résistance, il a profondément marqué l’historiographie contemporaine, en contribuant à éclairer une page longtemps restée trouble de l’histoire nationale. Mais Jean-Pierre Azéma ne fut pas seulement un historien du papier : en […]

blank

Lectures de l’été : IA et éducation

1 juillet 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

L’été est toujours un moment où enfin on dispose de temps, où le flux interrompu et stressant du quotidien ralenti quelque peu. Il est favorable au farniente, à la lecture de polar, mais aussi à la réflexion. Je vous propose ainsi trois articles que je vais prendre le temps de lire attentivement consacrés à des […]

Décès du documentariste Marcel Ophüls à 97 ans

26 mai 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Décès du documentariste Marcel Ophüls à 97 ans. Le maître français du documentaire historique est mort samedi dans sa maison du sud-ouest de la France, a-t-on appris lundi auprès de sa famille. Fils du grand cinéaste allemand Max Ophüls (“ La Ronde”, “Lola Montès”…), Marcel Ophüls avait fui l’Allemagne nazie enfant pour s’installer en France, avant de […]

blank

Passion Médiévistes : Hors-série 34 – Le Moyen Âge au cinéma

22 avril 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

À l’occasion de l’édition 2025 du Festival international du film court d’Angoulême, deux invités sont venus croiser, dans cet épisode hors-série de Passion Médiévistes, leurs expériences sur les représentation du Moyen Âge au cinéma. Les invités : Cet épisode vient proposer les regards complémentaires d’un réalisateur et d’un historien pour interroger la manière dont le […]

Tirés de nos archives

blank

Des incroyables cartes et infographies du XIXe siècle

12 février 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Entre 1849 et 1851, l’illustrateur topographique et graveur Emslie et l’éditeur Reynolds conçurent des diagrammes scientifiques représentant dans un grand livre de douze pages intitulé Geological Diagrams. A l’époque, les illustrateurs et cartographes contribuaient beaucoup au développement de l’accessibilité et de la visibilité de la recherche scientifique en créant des cartes, des illustrations et diagrammes […]

blank

Traverser les Alpes au cours du néolithique | Découvertes archéologiques

12 mars 2018 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Les découvertes des archéologues concernant le site d’habitation palafittique de Riedmatt, dans le canton de Zoug, intéresseront les enseignants romands de 5e/6e Harmos concernant le thème des transports au néolithique (Atelier de l’histoire 5e/6e – Thème 4 : Au Néolithique – Vie quotidienne). Ces découvertes indiquent bien que nos connaissances de la périodes et les hypothèses […]

blank

La première carte routière de la Grande-Bretagne | Strange Maps

10 août 2009 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Le toujours remarquable et spectaculaire blog Strange Maps, nous offre ici une remarquable réalisation avec cette première carte routière datant de 1675, réalisée par John Ogilby (1600-1676) qui produisit à la fin d’une vie tumultueuse (voir l’article de Strange Maps) ce Britannnia Atlas considéré comme le premier atlas routier de Grande-Bretagne. Détail de The Road From […]

blank

Plus de 3000 photos d’Annemarie Schwarzenbach en libre accès

18 novembre 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Pionnière du reportage, Annemarie Schwarzenbach a mené une vie hors du commun pour son époque. A l’occasion du 75e anniversaire de sa mort, les Archives littéraires suisses mettent en ligne gratuitement quelques 3000 photos prises au cours de ses voyages. Une excellente initiative ! On la connaissait davantage en tant qu’auteure littéraire qu’en tant que […]

Rends l’argent Le jour où l’argent est enfin devenu une question de femmes

27 octobre 2020 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Saviez-vous qu’il a fallu attendre 1965 pour qu’en France (oui, en France), les femmes mariées aient le droit d’ouvrir un compte en banque? Que la première femme à entrer dans la Bourse l’a fait en 1967? Que pendant longtemps, le mariage a surtout été une question d’argent? Dans ce deuxième épisode de Rends l’argent, Titiou interroge sa […]

blank

Commémoration du bombardement d'Hiroshima : une mémoire sous contrôle national | Histoire, Mémoire et Société

12 août 2013 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

50 000 : c’est le nombre de japonnais qui se sont rendus à la cérémonie commémorative du bombardement d’Hiroshima le 6 août 2013, 68 ans après la catastrophe. Ils étaient déjà 50 000 en 2012 et plusieurs dizaines de milliers en 2011, quelques mois seulement après le drame de Fukushima. Il s’agit donc aujourd’hui d’une des cérémonies […]

blank

Intelligence artificielle, éthique et société | The International Review of Information Ethics (IRIE)

11 juillet 2020 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La Revue internationale de l’éthique de l’information (IRIE) (The International Review of Information Ethics (IRIE)) vient de publier le volume 28 qui rassemble des articles sur l’intelligence artificielle, l’éthique et la société. Ce numéro est issu de la conférence AI, Ethics and Society conference que le Kule Institute for Advanced Study (KIAS) a organisée. Ce […]

Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons. Lyonel Kaufmann 2004-2025

Creative Commons License Ce contenu est mis à disposition sous un contrat Creative Commons. Lyonel Kaufmann 2004-2025.
Thème Aspire 2.0.1 de Genesis Framework · WordPress · Se connecter

 

Chargement des commentaires…