L’utopie de cette « nation-réseau », comme l’appellent certains, s’inspire du fonctionnement du champ scientifique et se fonde sur quatre principes. Tout d’abord, l’échange et la coopération se font entre spécialistes, pouvant être distants physiquement mais ayant les mêmes intérêts, participant aux mêmes revues, aux mêmes colloques. C’est ensuite une communauté d’égaux où le statut de chacun repose essentiellement sur le mérite, évalué par les pairs qui vont tester, commenter, améliorer vos propositions. Le débat est donc largement ouvert et ne peut être clos par un argument d’autorité. L’information circule librement. La coopération est donc une valeur centrale au sein de cette utopie, car elle permet de réaliser des tâches inaccessibles à un individu isolé, comme la création d’un logiciel. Grâce à Internet, la rapide circulation de l’information permet une grande transparence qui facilite la coopération. Mais la transparence permet aussi d’identifier la compétition entre les équipes. Cette nation-réseau est enfin un monde à part, clos, réservé aux usages académiques, où le commerce n’a pas sa place. Coopération, gratuité, absence de hiérarchie, libre accès à l’information : les pionniers d’Internet sont porteurs d’une utopie forte, qu’ils mettent en pratique. Au cours des années 1980, d’autres acteurs tels que les hackers, inspirés par la contre-culture hippie, défendront le Net comme outil communautaire et écologique.
Nouvelles de l'histoire
Rétrospective 2009: mes chroniques du Café pédagogique
Avant de démarrer véritablement l’année 2010, voici le récapitulatif de mes chroniques mensuelles publiées sur le site du Café pédagogique, rubrique Histoire. Cette collaboration a démarré en novembre 2008 et se poursuivra en 2010.
Articles publiés en 2009
- «Concevoir avec ses élèves un canular historique est-ce faire de l’histoire?» (2009). In Le Café pédagogique, No 99, janvier
Tous les moyens sont-ils permis pour arriver à ses fins en matière de formation d’élèves ou d’étudiant-e-s à la pensée historique ? Être pédagogue consiste parfois à prendre des chemins de traverse, mais à partir de quel moment ceux-ci ne sont plus éthiquement défendables et ne permettent-ils plus de construire un apprentissage à nature historique ? C’est la question que je soumets à votre sagacité au travers de la démarche suivie par le professeur T. Mills Kelly du Département d’Histoire et d’Histoire de l’Art de la George Mason University (http://chnm.gmu.edu/history/faculty/kelly) dans son cours Lying About the Past (fichier au format .pdf).
- «Quand Barack Obama forme les enseignants français d’histoire à l’événement historique» (2009). In Le Café pédagogique, No 100, février
En ce début d’année 2009, j’avais suivi avec intérêt la discussion initiée sur la liste H-Français à la suite de la cérémonie d’investiture de Barack Obama. Cette discussion a donné lieu également à une synthèse publiée sur les Clionautes, par Jean-Pierre Meyniac (L’événement historique et le professeur d’histoire – Qu’est-ce qu’un événement historique). J’y reviens dans cette chronique pour en tirer quelques enseignements concernant l’étude de l’événement historique en classe d’histoire et en terme de formation professionnelle des enseignant-e-s.
- «Louis XVI au cinéma: une aubaine pour le travail en classe?» (2009). In Le Café pédagogique, No 101, mars
Après le portrait en 2005 de Marie-Antoinette par Sophia Coppola, c’est cette fois-ci le portrait de Louis XVI et l’évocation de sa fuite et son arrestation à Varennes qui soulèvent quelques interrogations sur le traitement des personnages historiques dans les œuvres de fiction à la suite de la diffusion le 24 février 2009 sur France 2 d’un docu-fiction intitulé «L’évasion de Louis XVI», deuxième volet de la collection «Ce jour-là, tout a changé» consacrée aux grandes journées de l’Histoire de France.
- «Jean Calvin et la Réforme: enseigner une question sociale vive?» (2009). In Le Café pédagogique, No 102, avril
Rien de tel pour un enseignant souhaitant disposer d’une mise à jour de l’historiographie d’un sujet qu’une commémoration. Ainsi en est-il de la commémoration du 500e anniversaire de la naissance de Jean Calvin à Noyon. Rien de tel non plus pour s’interroger de la place occupée la Réforme dans l’histoire scolaire. Enfin l’actualité autour des récentes réactions autour des propos du pape Benoit XVI et de l’évêque d’Orléans relativement au préservatif finit d’actualiser les relations entre les fidèles et l’Eglise catholique au cours des siècles. Dans une école laïque ou dans des pays partagés sur le plan confessionnel, ces derniers développements ont quelques caractéristiques de ces fameuses questions sociales vives.
- «Les blogs en histoire-géo: les enseignants ouvrent les portes sur leurs pratiques» (2009). In Le Café pédagogique, No 103, mai
De la rentrée scolaire de 2007 à aujourd’hui, les blogs pédagogiques ont connu un développement spectaculaire et important en histoire-géo comme dans d’autres disciplines. Ils offrent un très intéressant point de vue sur les pratiques effectives des enseignant-e-s de la discipline. Pour autant que la recherche en mesure bien tout l’intérêt.
- «Histoire 1.0 versus Histoire 2.0: entre rivalités et complémentarités» (2009). In Le Café pédagogique, No 104, juin
Si depuis la rentrée 2007 les blogs pédagogiques ont rencontré un succès certain, le tour est-il venu au web 2.0 de supplanter définitivement le web 1.0 avec le développement des réseaux sociaux et leurs usages pédagogiques ou n’est-ce réservé qu’à quelques «happy few» ?
- «Apocalypse : au delà des prouesse techniques est-ce de l’histoire ?» (2009). In Le Café pédagogique, No 105, septembre
Lors de cette rentrée 2009, l’enseignant d’histoire ne peut échapper au barnum médiatique construit autour du docu-fiction en 6 épisodes «Apocalypse» de Costelle & Clarke, diffusé par France 2 comme il ne pouvait échapper l’année dernière et sur la même chaîne à «14-18, le bruit et la fureur». Cela suffit-il pour qu’une telle émission soit utilisable en classe d’histoire? Si oui, à quelles conditions?
- «Une ville dans le siècle (1): Berlin et la chute du Mur (1989-2009)» (2009). In Le Café pédagogique, No 106, octobre
En novembre 2009, les commémorations du vingtième anniversaire de la Chute du Mur de Berlin battront leur plein. C’est peut-être et aussi l’occasion de traiter l’ensemble de l’histoire du XXe siècle au travers de l’histoire de Berlin. Petit tour d’horizon de ressources à disposition sur la toile et de leur utilisation possible.
- «Une ville dans le siècle (2) : Berlin 1914-1989»(2009). In Le Café pédagogique, No 107, novembre
Dans cette deuxième chronique consacrée à Berlin, il s’agit cette fois-ci de s’arrêter sur le traitement de l’ensemble de l’histoire du XXe siècle au travers de l’histoire de cette ville.
- «Le Web plus efficace que la classe?» (2009. In Le Café pédagogique, No 108, décembre
En cette fin d’année 2009, toute une série d’informations récoltées et publiées sur la toîle met en perspective les utilisations des technologies dans l’enseignement et invite à la réflexion relativement à leur utilisation dans l’enseignement de l’histoire. Petit tour d’horizon en quatre tableaux.
Articles publiés en 2008
- «Commémorer ou enseigner 14-18?» (2008). In Le Café pédagogique, No 97, novembre
Dans le maelström du quatre-vingt-dixième anniversaire de la signature de Rethondes et alors que le dernier poilu a disparu au début 2008, le Pathos (la mémoire) déploie tous ses effets au détriment du Logos (l’histoire). Comment comprendre cette hypertrophie de la mémoire alors que, du fait de la disparition du dernier témoin, cette guerre entre de plein pied dans l’histoire ? Peut-on encore parler d’enseignement de l’histoire si cette mémoire occupe tout l’espace y compris à l’école ? Que peut-on faire en classe si l’on souhaite en 2008 enseigner l’histoire de cette période plutôt que sa mémoire ? Cet article tente d’apporter quelques réponses à ces questions.
- «Réflexions sur Wikipedia à partir d’une polémique récente relative à l’article Colbert» (2008). In Le Café pédagogique, No 98, décembre
A intervalle régulier, l’encyclopédie en ligne Wikipedia est prise à partie par une certaine intelligentsia journaliste et intellectuelle. Dernièrement le flambeau a été repris par le nouveau magazine littéraire Books sur son site, via une chronique hebdomadaire intitulée WikiGrill. La qualité de ces chroniques est fort inégale, néanmoins un article de Joël Cornette, historien spécialiste de l’Ancien Régime, tente de régler son compte à l’article de l’encyclopédie consacré à Colbert (Colbert, ministre impeccable sur Wikipédia). Wikipedia serait-elle la seule encyclopédie à reproduire encore aujourd’hui un tel portrait sans nuance ? Les références bibliographiques d’autres matériaux disponibles seraient-elles plus à jour que celles de Wikipedia ? Que faire notamment de Wikipedia avec les élèves ?
Bonne(s) lecture(s) et bonne année 2010.
Ces bobines qui firent l’actualité | Libération
Cinéactualités de Pierre Philippe aux Editions Omniscience. Un livre et un DVD soit une sélection des meilleures archives Pathé et Gaumont diffusées au cinéma de 1908 jusqu’à la fin des années 60.
Le cinéaste Pierre Philippe propose en soixante extraits de films de rendre hommage à «l’un des genres les plus négligés du cinéma».
Il en excave une sélection éclectique, mêlant le futile et l’historique, le people et le politique, le fait divers sordide et les paillettes en une traversée subjective du siècle.
Les documents historiques (assassinat d’Alexandre Ier sur la Canebière en 1934, Front populaire, incendie du Reichstag, Mai 68…) côtoient des informations insolites, comme ce film tourné pendant la Seconde Guerre mondiale, où les cheveux sont récupérés dans les salons de coiffure et transformés en pull ou chaussons pour faire face à la pénurie. Ou ce défilé de mode en robes en cellophane transparentes, prétexte à exhiber des petites culottes coquines.
En dépit de sa fascination pour les Cinéactualités, Pierre Philippe ne passe pas sous silence leur côté obscur : propagande, pseudo direct (telle la capture de Bonnot, dont on ne sait si les images sont authentiques ou tournées a posteriori), mise en scène (l’assassinat de Louis Leplée), analysant en creux l’évolution de leur grammaire, ainsi que leur tendance «au formatage, au raccourcissement, jusqu’à devenir de digestes flashs annonciateurs de nos informations d’aujourd’hui».Source: http://www.liberation.fr/medias/0101611750-ces-bobines-qui-firent-l-actualite
Cinéactualités de Pierre Philippe accompagné d’un livre (éditions Omniscience), 39 €
Historiens japonais et chinois toujours divisés sur le massacre de Nankin – Le Monde.fr
Après trois ans d’âpres discussions, des experts japonais et chinois n’ont pas réussi à rapprocher leurs points de vue sur l’histoire douloureuse de l’occupation japonaise en Chine dans les années 30 et 40, en particulier sur le massacre de Nankin de 1937.
Dix historiens de chaque pays avaient été chargés en 2006 de passer en revue l’histoire des relations sino-japonaises depuis l’époque médiévale jusqu’à l’époque moderne. Mais lors d’une conférence de presse tenue jeudi soir à l’issue des travaux, ces experts ont reconnu qu’ils n’étaient pas parvenus à avoir une position commune sur le massacre commis en 1937 par les troupes nippones dans la capitale chinoise de l’époque, Nankin (est de la Chine).
Histoire 2.0 (weekly)
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Le Web plus efficace que la classe?
En cette fin d’année, toute une série d’informations récoltées et publiées sur la toîle met en perspective les utilisations des technologies dans l’enseignement et invite à la réflexion relativement à leur utilisation dans l’enseignement de l’histoire. Petit tour d’horizon en quatre tableaux.
- – By spoutnik ogik
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Qu’Aline se dépêche de revenir, svp! Et j’ai crié, crié… Staline, pour qu’il revienne ! – Causeur.fr
Alors que le 130ème anniversaire du petit père des peuples sera fêté dans quelques jours, un sondage paru dans la presse russe vendredi indique que 54% des personnes interrogées ont une opinion favorable de Staline contre seulement 8% qui pensent le contraire.
Le plagiat numérique fait bouger les évaluations universitaires
Selon une étude de Jo Badget et Jon Scott, Université de Leicester (UK), les logiciels utilisés par les universités pour traquer les plagiaires on des effets sur les pratiques pédagogiques. Les enseignants prennent conscience que les travaux qu’ils donnent peuvent être copiés-collés à partir de Google. Du coup ils développent deux actions : former les étudiants à cette question, d’autre part changer les types d’exercices.
L’étude : Dealing with plagiarism in the digital age (format .pdf)
La source: L’Expresso du 21 Décembre 2009
Le Top 100 des outils numériques en éducation
Jane Hart du Centre for Learning and Performance Technologies (C4LPT) en Grande-Bretagne a compilé les résultats de 278 professionnels de l’enseignement du monde entier qui ont établi leur Top 10 des outils technologiques d’apprentissage de 2009. [1] La synthèse de ces résultats a permis à Jane Hart d’établir le Top 100 en 2009 des outils technologiques utilisés en la matière. De plus, ces résultats sont comparés avec les classements établis précédemment en 2007 et 2008.
D’une manière générale, j’observe le développement des logiciels en ligne (Google Docs par exemple) au détriment des logiciels traditionnels (PowerPoint ou Word) autrement dit l’informatique dans les nuages (Cloud computing: http://fr.wikipedia.org/wiki/Informatique_dans_les_nuages) s’impose progressivement aussi en milieu éducatif. Les réseaux sociaux et de partage forment également la deuxième tendance forte. C’est ainsi que twitter passe de la 11e en 2008 à la première en 2009, youtube de la 18e à la 3e place.
Le classement pour les cinq premières places est le suivant dans l’ordre: twitter, delicious, youtube, google reader, google docs.
Par ailleurs, quel sera l’impact du développement de cette informatique dans les nuages sur l’unité de lieu, de temps et d’action qu’est généralement la classe/l’établissement scolaire ? En effet, le cloud computing tend à distendre et déplacer le temps et l’espace scolaire hors des lieux traditionnels de l’enseignement. De plus, ce temps passé hors la classe augmente sans que le temps scolaire en/devant la classe tant des enseignants que des élèves ne diminue.
[1] La liste exhaustive des personnes consultées et de leur classement est consultable en ligne ici: http://c4lpt.co.uk/recommended/top10tools.html
TwHistory : reconstituer l'histoire en 140 caractères
TwHistory est un site web dédié à des reconstitutions historiques via Twitter. Le site a commencé avec la reconstitution de la bataille de Gettysburg par l’entremise de personnages-clés liés à cette bataille et notamment le président Lincoln. La crise des missiles de Cuba a fourni les bases de la deuxième reconstitution.
Dans le cadre de TwHistory, il faut notamment faire preuve d’un bel esprit de synthèse lorsqu’il s’agit, par exemple, de synthétiser en 140 caractères le fameux discours de Lincoln prononcé après cette bataille.
Lors de cette reconstitution, 100 personnes participèrent à l’événement au travers d’un compte dédié à un personnage historique et d’un hastag commun. Chaque personnage historique dispose donc de son propre compte twitter et parle à la première personne de telle sorte à favoriser l’impression que l’événement se déroule en temps réel. Pour les créateurs de TwHistory, une telle démarche permet aux participants de
- de développer du contenu favorisant la compréhension et la connaissance d’un personnage historique
- de développer leurs connaissances historiques au travers de l’analyse des sources historiques
au travers d’une démarche fortement participative et collaborative. De telles démarches paraissent particulièrement intéressante à développer en classe d’histoire ne serait-ce parce qu’elles développent de véritables compétences d’analyse et de synthèse, voire de créativité, chez les élèves. On peut envisager que chaque élève prenne en charge un personnage historique, dans une situation donnée, ou de le faire par groupe, chaque élève ayant ensuite la responsabilité de rédiger un ou plusieurs messages.
Le Web plus efficace que la classe ?
En 2009, Barbara Means publie les résultats d’une recherche commandée par le ministère de l’Education américain compilant un grand nombre d’études réalisées entre 1996 et 2008 autour de l’éducation en ligne.
Au final, les meilleurs résultats sont obtenus lorsque les cours combinent l’apprentissage en ligne et les cours en face à face. Pour autant, tout prolongement de cours en ligne n’améliore pas la situation. En effet, la recherche a mis en évidence que les bénéfices sont moindres lorsque les enseignants se contentent de compléter leurs cours par quelques vidéos ou exercices en ligne. Ce dernier élément est largement à méditer puisqu’il s’agit de la plus grande partie des éléments développés en ligne lorsque j’observe des sites ou des blogs réalisés par des enseignant-e-s en histoire.
L’étude: Barbara Means et al., « Evaluation of evidence-based practices in online learning: A meta-analysis and review of online learning studies », Center for Technology in Learning, juin 2009. www.ed.gov/about/offices/list/opepd/ppss/reports.tml#edtech
Le compte-rendu de la revue Sciences humaines à la base de ce billet: Le Web plus efficace que la classe ?