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Histoire Lyonel Kaufmann

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Nouvelles de l'histoire

Neandertal est en chacun de nous

4 février 2020 by Lyonel Kaufmann

Les métissages entre l’homme de Neandertal et « Homo sapiens » ont laissé des traces dans le génome de l’ensemble de la population humaine actuelle, et pas seulement chez les non Africains, comme on le supposait.

Crânes de « sapiens » (à gauche) et de Néandertalien (à droite), exposés pour comparaison au Musée d’histoire naturelle de Cleveland (Ohio). MIKE BAXTER / CLEVELAND MUSEUM / CC BY SA 2.0

En 2010, l’ébauche de la séquence du génome de l’homme de Neandertal avait créé la surprise : l’analyse de l’ADN ancien de trois individus révélait que ce cousin disparu avait croisé Homo sapiens et que cette rencontre avait été féconde, puisqu’une partie du génome néandertalien se retrouvait dans celui des populations actuelles non africaines : de 1 % à 4 % de leur ADN était un héritage néandertalien. Cette estimation, qui s’est depuis affinée pour parvenir à une moyenne de 2 % d’ADN néandertalien, était en partie fondée sur l’hypothèse qu’aucun métissage n’avait pu intervenir avec des populations anciennes africaines, et que le génome de celles-ci pouvait servir de base de comparaison « neutre ».

C’était compter sans la bougeotte consubstantielle à Homo sapiens : cette hypothèse était erronée, et il y a bien aussi une part de Neandertal chez les Africains d’aujourd’hui, comme « dans chaque population humaine moderne étudiée à ce jour », conclut une étude qui sera publiée le 20 février dans la revue Cell. Joshua Akey (université de Princeton) et ses collègues ont développé une méthode probabiliste d’analyse génétique pour parvenir à cette conclusion et éclairer cette « histoire partagée » avec Neandertal. Elle leur a précisément permis de s’affranchir d’une des limites des comparaisons utilisées précédemment, dépendantes d’un génome africain « de référence » dans lequel l’héritage néandertalien était supposé négligeable.

Comment l’expliquer ? Pas par un croisement direct qui serait intervenu entre des Néandertaliens et des populations africaines, estiment les chercheurs, mais plutôt par le retour en Afrique d’Homo sapiens européens, qui étaient, eux, porteurs d’ADN néandertalien du fait de croisements intervenus antérieurement. Autre enseignement précieux : une première sortie d’Afrique d’Homo sapiens, il y a environ 200 000 ans, aurait donné lieu à des croisements avec des Néandertaliens. Mais pas à une descendance sapiens durable en Europe. C’est lors d’une sortie d’Afrique plus récente que notre espèce se serait vraiment répandue en Eurasie et à nouveau métissée avec Neandertal. Par le jeu de migrations ultérieures, cet ADN « néandertalien » serait parvenu en Afrique.

-A lire : Neandertal est en chacun de nous | Le Monde

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

L’évadé du convoi de la mort | La Liberté

29 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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Cette semaine est consacrée aux Journées de la mémoire pour la prévention des crimes contre l’humanité. A l’approche et durant celles-ci, elles donneront lieu dans les médias à des articles nécessaires concernant soit les témoins encore vivants et la nécessité de la transmission de leur mémoire et de cette histoire européenne, soit aux questions relatives à la place de cette question dans la formation des élèves. Nous vous proposerons le renvois à quelques articles parus à ce propos. Aujourd’hui, un article du journal suisse La Liberté.

24.01.2020. A 11 ans, Simon Gronowski a été sauvé du seul train attaqué sur la route d’Auschwitz. Septante ans après, il a pardonné à un nazi et a tissé une amitié avec un fils de SS.

Tanguy Verhoosel, Bruxelles

IMG_2944
Simon Gronowski (à droite sur la photo) n’a jamais eu de haine ni d’esprit de vengeance envers les nazis. Il a d’ailleurs décidé de pardonner à un garde d’un camp belge d’où il est parti pour Auschwitz.

Né dans une famille juive il y a 88 ans, l’avocat belge Simon Gronowski aurait dû périr dans le camp d’extermination d’Auschwitz, dont on commémorera lundi le 75e anniversaire de la libération, par l’Armée rouge soviétique. Mais à 11 ans, celui qui est aussi un pianiste de jazz renommé a pu s’échapper, en 1943, du convoi de la mort le déportant de Belgique vers la Pologne, où ont été tuées sa mère et sa sœur. Récit de survie.

Lire la suite : www.laliberte.ch

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Outils enseignement, Publications

Soirée publique : Carl Lutz et l’engagement citoyen: obéir ou désobéir?

25 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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À l’occasion de la Journée de la mémoire 2020, la HEP Vaud organise une soirée ouverte au public, le 29 janvier prochain, sur le thème de l’engagement citoyen, de la désobéissance civile et du délit de solidarité.

Un premier temps de la soirée sera dédié au diplomate suisse Carl Lutz qui, à l’insu de sa hiérarchie, a dirigé la plus grande opération collective de sauvetage de Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Un second temps permettra d’élargir la réflexion aux enjeux actuels de la désobéissance. Nos invités débattront de l’engagement citoyen, de la désobéissance civile et du délit de solidarité. Ils en interrogeront les motivations, les justifications, les légitimités, les contraintes. Il s’agira in fine de questionner un espace possible à l’école et, plus généralement, dans l’espace public démocratique, pour une éthique de la désobéissance. Qu’apprenons-nous de celles et ceux qui enfreignent les lois d’un État pour défendre les droits humains?

Programme

18h15 Accueil et introduction par Nadine Fink et Nathalie Masungi

18h30 Projection du film «Carl Lutz, un diplomate en résistance»

Présentation et commentaire par Frédéric Hayat, vice-président du Cercle Carl Lutz

19h30 Débat: Les actes de désobéissance aux lois en vigueur: un modèle à suivre en démocratie?

Avec la participation de:

  • Pablo Cruchon, Amnesty International Suisse
  • Niels de Dardel, avocat, membre du comité de la Fondation Paul Grüninger
  • Anita Halasz, secrétaire générale du Cercle Carl Lutz
  • François Wisard, historien, Département fédéral des affaires étrangères
  • Débat animé par Barbara Fournier, responsable de la communication, HEP Vaud

20h15 Apéritif pour continuer la discussion sur un mode informel

Informations pratiques

Projection et débat

29 janvier 2020, 18h15

Aula des Cèdres, HEP Vaud

Av. de Cour 33bis

Manifestation publique, entrée libre

Cliquez pour télécharger le flyer

Renseignements: uer-sh(at)hepl.ch

Classé sous :Nouvelles de l'histoire

Une historienne découvre la plus ancienne vue de Venise, un dessin datant du XIVe siècle

20 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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Une vue de Venise remontant au XIVe siècle, dessin considéré comme la plus ancienne représentation de la Cité des Doges connue à ce jour, a été découverte par une chercheuse de l’université écossaise de St Andrews.

Le dessin considéré comme la plus ancienne vue de la ville de Venise. (AFP PHOTO / MINISTRY OF CULTURAL ACTIVITIES OF HERITAGE AND TOURISM)
Le dessin considéré comme la plus ancienne vue de la ville de Venise. (AFP PHOTO / MINISTRY OF CULTURAL ACTIVITIES OF HERITAGE AND TOURISM)

Le dessin, découvert par l’historienne Sandra Toffolo, fait partie d’un manuscrit racontant le voyage de Niccolò da Poggibonsi, un pèlerin italien qui s’est rendu à Jérusalem au cours de la période 1346-1350. « La découverte de cette vue de la ville a de grandes conséquences pour notre connaissance des représentations de Venise, car elle montre que la ville exerçait déjà très tôt une grande fascination sur ses contemporains« , a expliqué Sandra Toffolo.

Selon l’historienne de l’art, Kathryn Blair Moore, qui l’explique dans un article publié en 2018 sur le site de l’université de Cambridge, le manuscrit de Niccolò da Poggibonsi correspond à l’émergence d’un nouveau genre, celui du « guide de pèlerinage« . « Contrairement aux guides latins des siècles précédents, la volonté d’inclure ensemble des illustrations qui recréent l’expérience du pèlerinage et la description inédite de la prose suggèrent que l’ouvrage peut être considéré comme le texte fondamental pour le genre du guide illustré du pèlerinage« , écrit l’experte.

Source : France Info

Classé sous :Nouvelles de l'histoire

États- Unis : le commissariat aux archives au temps de Trump

20 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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Dans des systèmes politiques où l’histoire adopte une géométrie variable, et au fur et à mesure que se dévoilent traîtres, agents de l’étranger, ennemis du peuple et autres renégats, l’image fixe est toujours en retard d’une purge ou d’une révision. D’où la tentation de la falsifier. En 1987, Alain Jaubert en détaillait les techniques (retoucher, détourer, découper, effacer) dans un ouvrage intitulé Le Commissariat aux Archives. Les photos qui falsifient l’histoire.

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En 2020, dans son blog consacré à la politique américaine. Richard Hétu nous apprend que l’Administration nationale des archives et des documents américaine présente sous son toit une exposition sur le centenaire du mouvement des suffragettes qui inclut des photos de la marche des femmes organisée à Washington au lendemain de l’investiture de Donald Trump, le 21 janvier 2017.

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Or, comme le révèle le Washington Post, certaines des photos ont été modifiées pour obscurcir le nom de Trump sur des affiches critiquant le président ou des mots, y compris chatte et vagin, employés dans divers messages. D’aucuns ont trouvé le procédé indigne d’une institution comme les Archives nationales et plutôt digne de la Chine ou de la Corée du Nord.

Dans un premier temp, les responsables de l’agence ont justifié leur décision en faisant valoir qu’ils ne voulaient pas entrer dans la «controverse politique actuelle». Puis elles ont reconnu que c’était une erreur :

We made a mistake.

As the National Archives of the United States, we are and have always been completely committed to preserving our archival holdings, without alteration. pic.twitter.com/VTWOS4R7GY

— US National Archives (@USNatArchives) January 18, 2020

Source : La Photo du jour | Le blogue de Richard Hétu

Crédit photo : Photos Getty Images

Classé sous :Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions Balisé avec :Feedly, IFTTT

Note de synthèse : enseignement de l’histoire et pensée computationnelle

16 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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Depuis près d’une dizaine d’années, la pensée computationnelle (computational thinking) occupe une place grandissante au sein de la recherche en éducation. Qu’en est-il de l’origine de ce terme et de sa définition ? Qu’elle en peut être sa traduction dans notre enseignement de l’histoire ?

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Postulée par Seymour Papert en 1996, la pensée computationnelle est le processus réflexif impliqué dans la formulation de problèmes et de leurs solutions de manière que leur résolution puisse être effectuée par un agent de traitement de l’information. La pensée computationnelle s’intéresse à la résolution de problèmes, à la conception de systèmes ou même à la compréhension des comportements humains en s’appuyant sur les concepts fondamentaux de l’informatique théorique,

Concernant ce concept en éducation, Jeannette Wing est souvent citée en référence. Dans un article paru en 2011, Jeannette Wing soutient que la pensée computationnelle est une compétence fondamentale émergente qui devrait faire partie intégrante de l’éducation. Basiquement, la « pensée computationnelle » se composerait d’un ensemble d’outils de réflexion pour permettre à quelqu’un de décomposer un problème dans le genre d’étapes logiques dont un ordinateur aurait besoin pour résoudre ce problème.

Au niveau conceptuel, la pensée computationnelle se décompose en
– Logique (prévision et analyse)
– Algorithmes (étapes et règles)
– Décomposition (décomposition en parties)
– Modèles (repérer et utiliser des similitudes)
– Abstraction (suppression des détails inutiles)
– Évaluation (jugement)

Pour certains critiques cependant, la pensée computationnelle n’est qu’un nouvel emballage ou avatar de la science informatique.

[Lire plus…] à proposNote de synthèse : enseignement de l’histoire et pensée computationnelle

Classé sous :Didactique, Humanités Digitales, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Rififi dans les Humanités numériques :  les Archives d’État de Venise rompent avec l’EPFL

14 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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Les Archives d’État de Venise ont cessé, le 27 décembre 2019, unilatéralement toute collaboration avec la haute école vaudoise après sept années.

Dans leur communiqué, les responsables des archives vénitiennes dénoncent notamment des «erreurs méthodologiques» en matière de transfert et de conservation des données. Ils reprochent aussi à l’EPFL de vouloir mettre à disposition sur internet «une série d’images sans vérification scientifique».

Les Archives d’État disent également regretter le manque de transparence de l’EPFL, les relations entre les deux parties étant jugées «pas suffisamment exhaustives et claires». Le financement du projet, dont a bénéficié l’EPFL, pose également problème aux Italiens.

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Malgré ce coup d’arrêt, l’EPFL assure que Venice Time Machine pourra continuer sans les archives de la ville, en «s’appuyant sur des collaborations avec d’autres institutions que les Archives», comme par exemple l’Université Ca’Foscari de Venise.

Source : https://24heures.ch/31434147

Dans un article daté du 30 décembre 2019, le journal en ligne Bon pour la tête (BPLT) nous en dit plus sur la nature du différent :

« Une des pierres d’achoppement reste l’accessibilité des données: la direction lausannoise de VTM souhaite une disponibilité sur le web en mode «open», Venise répond que c’est impossible et veut des accords spécifiques sur «quelles données et comment». »

Source : https://bonpourlatete.com/actuel/clap-de-fin-entre-l-epfl-et-les-archives-d-etat-de-venise

Auparavant, dans un interview de BPLT du 3 octobre 2019, Gianni Penzo Doria, directeur des Archives répondait de la manière suivante à la question « Quels sont les avantages du projet Time Machine pour la ville de Venise ou pour l’Italie? »

« Le projet scientifique est de nature strictement informatique, il n’est d’aucun apport historique ou archivistique. Ses retombées se bornent donc à la divulgation de milliers d’images, totalement dénuées de pertinence en termes de fiabilité et de conservation du patrimoine. De plus, il n’existe aucun plan de conservation à long terme pour les images. Qu’en restera-t-il dans 5 ou 10 ans? Et qui peut garantir l’exhaustivité de l’information fournie? »

On peut y lire une opposition épistémologique fondamentale entre les méthodes de travail des informaticiens et des archivistes.

La question financière apparaît également en filigrane dans ce même interview lorsque le directeur est interrogé sur le financement du projet :

« Le projet bénéficie d’un financement suisse et d’un financement européen. Pas un seul euro n’est allé aux archives de l’Etat de Venise. »

On assiste également à de nouvelles formes de captation patrimoniale, via les humanités numériques :

« Il est surprenant que le professeur Kaplan affirme avoir fourni des fonds indirectement, par le biais d’appareils – scanners et serveurs – et de reproductions numériques: ce matériel [était] utilisé pour le travail à Lausanne! Il n’apporte strictement rien aux archives d’État de Venise. »

Source : https://bonpourlatete.com/actuel/pas-un-seul-euro-n-est-alle-aux-archives-d-etat-de-venisem

A suivre puisque la direction du projet de Venice Time Machine promet d’annoncer «les prochaines étapes de son développement dans les prochaines semaines» (BPLT, 30.12.2019).

NB : il est à noter que la revue Passé simple, no 50, comprend également un article sur ce sujet et intitulé « À Venise, la machine à remonter le temps au point mort » (p. 22-23). 

Crédit photo : Grand Canal Venise (2015) © Lyonel Kaufmann

Classé sous :Humanités Digitales, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

« Babylon Berlin », une immersion dans la capitale allemande des années 1920

10 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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La série « Babylon Berlin » propose une grande fresque historique qui débute en 1929 alors que la République de Weimar est en pleine déliquescence. Doublée dʹune solide intrigue policière, elle questionne les similitudes avec nos sociétés dʹaujourdʹhui.
Le titre de la série juxtapose deux villes aux caractéristiques bien particulières. D’un côté Babylone, dont le mythe porte en lui l’image de la décadence et qui prêta son nom à la « grande prostituée » de l’Apocalypse de Jean. De l’autre Berlin, comme une Babylone moderne, secouée entre deux guerres par les révolutions alentour.

Pour une fois, une fiction allemande, la plus chère production télévisuelle de ce pays, ne s’intéresse pas directement à la Deuxième Guerre mondiale. Elle s’ancre dix ans plus tôt, dans une période qui voit s’achever la République de Weimar, née à la fin de la Première Guerre mondiale pour être effacée en 1933 et laisser la place au Troisième Reich.

« Babylon Berlin« , saison 1 inédite, diffusée en bicanal à partir du 5 janvier 2020 sur RTS Un, à revoir en version originale sous-titrée et en version française durant 5 semaines sur Play RTS (avec logo rouge).

Source : https://www.rts.ch/info/culture/cinema/10994083–babylon-berlin-une-immersion-dans-la-capitale-allemande-des-annees-1920.html

Classé sous :Nouvelles de l'histoire

Taner Akçam, auteur d’« Ordres de tuer. Arménie 1915 » : « Le déni du génocide des Arméniens est une politique d’Etat »

8 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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« Ordres de tuer. Arménie 1915. Les télégrammes de Talaat Pacha et le génocide des Arméniens » (Killing Orders. Talat Pasha’s Telegrams and The Armenian Genocide), de Taner Akçam, traduit de l’anglais par Gilles Berton, préface d’Annette Becker, CNRS Editions, 324 p., 24 €.

Taner Akçam est un sociologue et historien turc, professeur au Centre pour l’étude de l’Holocauste et des génocides de l’université du Minnesota, aux Etats-Unis, et auteur de plusieurs livres importants sur l’histoire turque contemporaine, en particulier Un acte honteux. Le génocide arménien et la question de la responsabilité turque (Denoël, 2008). Dans son nouvel essai, Ordres de tuer. Arménie, 1915, il établit l’authenticité des télégrammes controversés par lesquels les plus hautes autorités ottomanes ordonnèrent, entre 1915 et 1917, la déportation et le massacre des Arméniens – on estime le nombre de victimes à 1,5 million. Sa parution, alors que le sujet continue de faire l’objet d’un déni officiel dans la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, est un événement.

Son interview par le journal Le Monde pour accompagner la sortie de l’ouvrage en français : Taner Akçam, auteur d’« Ordres de tuer. Arménie 1915 » : « Le déni du génocide des Arméniens est une politique d’Etat »

La présentation de l’ouvrage par l’éditeur :

Dès 1915, le gouvernement jeune-turc à la tête de l’Empire ottoman a cherché à présenter l’annihilation du peuple arménien comme un simple projet de déplacement et de réinstallation. A cette fin, des documents accablants ont été très vite détruits et ceux qui ne l’ont pas été sont considérés jusqu’à aujourd’hui par les autorités turques comme des  » faux « . Parmi eux figurent des télégrammes de Talaat Pacha et les mémoires de Naïm Efendi, bureaucrate ottoman qui travaillait au bureau des déportations d’Alep pendant les années 1915-1916.

Ces documents ont longtemps été controversés, et les historiens, en l’absence de preuves suffisantes, évitaient de les citer. Ce livre rouvre le dossier. En véritable enquêteur, Taner Akçam s’est en effet lancé dans une minutieuse analyse de ces mémoires et des télégrammes qu’ils contiennent. En comparant les systèmes de codage de ces câbles avec ceux employés dans d’autres documents conservés dans les Archives ottomanes, en étudiant le papier utilisé et la datation de ces pièces à conviction, en regardant de près les signatures, et en confrontant les événements mentionnés par Naïm Efendi avec d’autres sources, Taner Akçam parvient à démontrer qu’il ne peut y avoir aucun doute sur l’authenticité de ces « ordres de tuer ».

Apportant ainsi de nouvelles preuves quant aux plans d’extermination de la population arménienne, ce livre rend aussi manifeste la politique de destruction systématique par le gouvernement ottoman de toutes traces relatives à ces atrocités.

Livre disponible à partir du 9 janvier.

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Publications

L’esprit d’entreprise français en Chine (1890-1940)

6 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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La Chine est redevenue un enjeu de la compétition mondiale depuis les années 1980 en adoptant une stratégie de « croissance en économie ouverte ». Ce serait peu ou prou un retour à la situation d’avant l’étatiste communiste instauré dans les années 1950. Mais les rapports de force sont inversés : « les traités inégaux » des années 1840-1860, l’octroi de concessions, la colonisation de Hong Kong qui incarnaient l’impérialisme européen, puis aussi japonais et américain, ont rejoint l’histoire des « humiliations » étudiée aujourd’hui par l’enseignement chinois. Un capitalisme purement autochtone a pris corps, entraîné par l’esprit d’entreprise et d’innovation et une volonté de pouvoir au sein de l’économie mondiale.

Dans le cadre des études qui se multiplient sur les liens entre géopolitique et géoéconomie, la mobilisation des archives des banques ou aussi des consuls de France permet de déterminer la convergence des stratégies diplomatiques, financières, bancaires et commerciales afin d’affûter la compétitivité des intérêts économiques français face aux rivaux, notamment britanniques.

Cette convergence concerne globalement des rapports de force géopolitiques, sur le champ des territoires coloniaux au nom de l’impérialisme territorial (d’où l’Indochine et la Nouvelle-Calédonie), sur celui des accords commerciaux de fourniture d’armements (avec des seigneurs de guerre chinois, dans les années 1920-1930), sur celui des bases militaires navales (en Indochine) ou de la présence de navires de guerre (sur le cours du Yang Ze Kiang, notamment, jusqu’à Wuhan/Hankéou , sur le delta de la rivière des Perles, au sud de Guangzhou/Canton) pour assurer la sécurité de la navigation, notamment face aux pirates ou aux pillards. L’enjeu général est de maintenir la position de la France au sein des « Puissances », les pays qui ont mis peu ou prou la Chine sous tutelle financière, pour qu’elle paye les indemnités imposées après la révolte des Boxers ou qu’elle rembourse quelques emprunts internationaux.

Les rapports de force géoéconomiques s’insèrent dans ce cadre mais le dépassent largement puisque c’est la loi du marché qui s’applique. Dans ce contexte, l’économie des réseaux (guanxi) devient l’enjeu géoéconomique au sein de chaque système productif et marchand régional, au-delà de l’animation du capital de réputation et du portefeuille de savoir-faire.

Cette problématique de l’esprit d’entreprise et de compétition était bel et bien celle de la France des années 1880-1910. Elle subissait la domination thalassocratique, industrielle et commerciale du Royaume-Uni héritée de la première révolution industrielle ; elle voyait les firmes d’outre-Rhin se ruer sur la Chine, développant les concessions allemandes au tournant du xxe siècle. De leur côté, les concessions japonaises et les américaines étaient instituées elles aussi en Chine au fur et à mesure de l’insertion de ces pays parmi les Grands de la deuxième révolution industrielle. Une guerre géoéconomique accompagnait donc les enjeux géopolitiques. Préoccupés de ne pas laisser le champ libre à l’impérialisme britannique, les diplomates français ont donc mobilisé leurs réseaux politiques et patronaux afin que la France prenne sa part du « gâteau chinois » en cours de partage.

Bonin, H. (2019). French Banking and Entrepreneurialism in China and Hong Kong. From the 1850s to 1980s. Abingdon-on-Thames : Routledge.

Lire la suite : L’esprit d’entreprise français en Chine (1890-1940) | Mondes sociaux

Crédit image : Pixabay OpenClipart-Vectors

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Publications

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Antiquité et cinéma : 1. Egypte 2. Rome

5 novembre 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Le blog « L’Antiquité au cinéma » nous promet trois billets sur cette thématique. Les deux premiers sont déjà publiés et méritent le détour. Le premier est consacré à l’Egypte antique et le deuxième à Rome. A consommer sans modération. Le cinéma s’est très vite emparé de sujets historiques, et pourtant faire revivre des temps lointains n’est […]

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