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Histoire Lyonel Kaufmann

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Nouvelles de l'histoire

What is history for? Or: Doing history/ thinking historically | the many-headed monster

4 août 2015 by Lyonel Kaufmann

Je retiens : «History is not merely about content (facts), it is also a particular and systematic methodology, a distinctive way of reading, thinking, questioning and analysing. »

Last week, I delivered the introductory lecture for a second year undergraduate module, ‘Doing History’, and for various tedious reasons, I also recently spent some time reading, reflecting on and writing about why I consider history to be valuable. In the process, I conducted an entirely unscientific google trawl, trying to gauge what the general perception of the discipline was. I was struck by the fact that the popular or ‘commonsense’ perception of history encourages a rather limited assessment of its social and intellectual usefulness. What exactly do I mean?

via What is history for? Or: Doing history/ thinking historically | the many-headed monster.

Classé sous :Histoire active, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

« Montréal en Histoires » se matérialise | La Presse+

30 juillet 2015 by Lyonel Kaufmann

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C’est sous la forme d’une application ludique et géolocalisée que le premier volet du projet Montréal en Histoires a été lancé hier à la place d’Armes, dans le Vieux-Montréal, en vue des festivités du 375e anniversaire de la métropole, en 2017.

L’application mobile Montréal en Histoires propose un parcours historique sur la base d’une carte interactive, où des capsules de réalité augmentée et des fiches instructives offrent aux technophiles une visite guidée virtuelle – avec narration et images d’époque.

[…]

12 EXPÉRIENCES DE RÉALITÉ AUGMENTÉE
Munis de leur téléphone intelligent ou de leur tablette, les visiteurs peuvent se servir pendant leur parcours des deux nouveaux réseaux sans fil gratuits dans le Vieux-Montréal (MTL-FIBRENOIRE-SBK et MtlWiFi) pour en découvrir les principaux attraits.

Cinquante points d’intérêt et douze expériences en réalité augmentée sont déjà offerts dans le Vieux-Montréal.

D’autres lieux de la métropole devraient s’ajouter à l’application dans les prochaines semaines.

Source : « Montréal en Histoires » se matérialise – La Presse+

Classé sous :Histoire active, Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire, Publications

Apocalypse 10 destins : un outil pédagogique guère nouveau

28 juin 2015 by Lyonel Kaufmann

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S’adressant au classe de l’école et du collège, c’est un outil pédagogique, à première vue, tout à fait nouveau que propose Canopé avec « Apocalypse 10 destins ». Ce dérivé de la série Apocalypse la Première Guerre mondiale se veut une expérience interactive unique, mêlant Bande dessinée animée et archives documentaires. Cependant, analyse faite, cet outil demeure fort éloigné d’une véritable interactivité et des jeux sérieux tout en proposant, pour le collège, quelques thèmes novateurs et des activités développant de véritables compétences chez les élèves.

Apocalypse 10 destins, c’est l’histoire de 10 héros dont la vie va être bouleversée par la Grande Guerre. À partir d’une bande dessinée interactive, il est proposé aux enseignants de faire découvrir à leurs élèves des archives documentaires et de les faire travailler ensuite sur des fiches d’activités dans lesquelles la fiction rejoint la réalité historique.

Pour l’élève, il s’agit de choisir un des personnages présentés, dont 4 personnages féminins, et d’observer sa vie. Il dispose de documents et d’informations complémentaires en consultant la Bande dessinée interactive (en fait une vidéo) de la vie durant la Première Guerre mondiale de son personnage. Suivant les personnages, la vidéo d’un personnage a une durée de 9 à 20 minutes. Chaque destin comporte huit «épisodes». Pour chaque épisode, l’élève dispose, s’il le souhaite, de documents complémentaires.

Pour François Jarraud du Café pédagogique

«L’aspect ludique est limité. Par contre Apocalypse ouvre l’enseignement de la guerre vers des pistes nouvelles. Première nouveauté, cette réalisation franco canadienne propose 4 personnages féminins parmi les 10 qui sont présentés. On peut enfin vivre la guerre avec le regard d’une écolière (belge), d’une infirmière (canadienne), d’une maréchale (allemande), d’une étudiante (britannique). Les personnages masculins sont de milieux sociaux différents et de nationalité différente. On peut vivre la guerre d’un tirailleur  sénégalais, d’un agriculteur français ou celle d’un pêcheur canadien ou d’un décorateur de théatre allemand. Le jeu nous sort donc de la mémoire française pour ouvrir à des regards différents. Et c’est vraiment nouveau.»

Source : Enseignez la 1ère Guerre mondiale avec un jeu sérieux

Par contre, nous sommes loin d’un scénario de ludification (Jouer et apprendre l’histoire avec Game of Thrones. Le Café pédagogique, No 161, mars 2015) ou de jeux sérieux. De ce fait, c’est toujours un récit où l’élève reste très largement passif, pour ne pas dire captif, dans son apprentissage de l’histoire de la Première Guerre mondiale. Par ailleurs, le découpage scolaire en périodes est très contraignant. D’autant que, s’il suit le parcours de tous les personnages, l’élève disposera de quatre heures de récit dialogué et sonorisé, deux heures d’archives vidéo, des centaines de photos, plus de 250 dessins, des effets spéciaux, des textes historiques et des documents inédits. Un volume fort impressionnant, mais largement au-delà du temps qu’il est possible de consacrer en classe d’histoire à ce sujet. Les enseignants partiront donc plutôt directement sur les fiches d’activités des dossiers pédagogiques.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que si la série Apocalypse la Première Guerre mondiale a colorisé les archives pour en faire une guerre tout en couleur, les sources présentées dans la Bande dessinée interactive sont elles en noir/blanc… et c’est une excellente nouvelle. On utilisera donc de préférence le dérivé « Apocalypse 10 destins » à la série « Apocalypse la Première Guerre mondiale » (L’Apocalypse vue par Saint Costelle-Clarke. Aggiornamento hist-geo, 25 mars 2014). D’autant plus que les dossiers pédagogiques sont de qualité.

L’enseignant dispose d’un dossier primaire [La Première Guerre mondiale (1914-1918) : la Grande Guerre – (cycle 3 pour la France et 3e cycle, de la 6e à la 8e année, pour le Canada)] et de 10 dossiers abordant les thématiques suivantes et proposant une approche pluridisciplinaire (histoire ; lettres, sciences et arts) :

  • Point historiographique
  • Les bornes chronologiques
  • L’expérience combattante
  • Les populations civiles, entre engagements et souffrances
  • L’émancipation des femmes : mythe ou réalité ?
  • Les progrès technologiques et scientifiques
  • Les progrès médicaux et chirurgicaux
  • Écrire en temps de guerre
  • Les arts et la Grande Guerre

Concernant l’enseignement primaire, les enseignants et les élèves disposent d’un dossier pédagogique intitulé La Première Guerre mondiale, 1914-1918 : « la Grande Guerre », composé de 6 fiches enseignants et de 6 fiches élèves. Les questions posées aux élèves sont uniquement basées sur la restitution et la compréhension. Les fiches personnages se rapportent au destin de Émilien Meysenot, agriculteur français (fiche 2), de James Corcoran, pêcheur baleinier britannique de Terre-Neuve(fiche 3), d’Ismaël Tangaré, forgeron sénégalais (fiche 4), de Louise Masson, infirmière canadienne, française de Québec (fiche 5) et de Margot Wyckersloot, écolière belge (fiche 6). Il n’y a donc pas de perspective autre que celle des vainqueurs qui est développée pour les élèves du primaires. Limitée à un seul dossier fort classique, l’approche primaire est décevante et en rien novatrice. Dommage…

Concernant le collège, les enseignants disposent d’un article de synthèse historiographique sur la Première Guerre mondiale articulé en trois parties. Premièrement, les approches historiographiques des principaux pays belligérants, France et Canada exceptés. Ensuite, l’article traite de l’historiographie française du conflit. Concernant l’historiographie française, l’article reste essentiellement centré sur la question de « comment les combattants ont-ils tenu ? », articulé autour des tenants du «consentement» et de ceux de la «contrainte». Pour l’historiographie française, l’article conclut avec une ouverture sur le concept de culture de guerre, voire dans le prolongement de l’historien britannique Jay Winter de « cultures de guerres ». Ce pluriel permettant

«d’effectuer des distinctions utiles et des nuances indispensables selon les pays, les régions, les classes sociales, les sexes, en mettant en exergue le fait que la culture de guerre ne serait pas une culture totale, que l’on pourrait généraliser sans y apporter les modérations nécessaires.»

Source : Point historiographique

Enfin, un article évoque l’historiographie canadienne et la différence entre le Canada francophone et le Canada anglophone. Cette partie est plutôt «faible». Le lecteur intéressé aura tout intérêt à lire Le Québec et la Première guerre mondiale 1914-1918 : présentation du dossier thématique de Mourad Djebabla (Université McGill), texte datant de 2009 paru dans Le Bulletin d’histoire politique, vol. 17, no 2 (hiver 2009), p. 17-20. ((Mourra Djebabla est l’auteur du livre  Se Souvenir de la Grande Guerre. La mémoire plurielle de 14-18 au Québec (VLB éditeur, 2004) qui porte sur le récit de la guerre de 1914-1918 dans les manuels québécois francophones.)) D’autant que sur le site de Canope, on y lit des passages de cette présentation sans que le site Canope ne cite soit l’auteur, soit ce travail dans sa bibliographie!

Concernant le Canada et la Première Guerre mondiale, il est étonnant que la question de la conscription ne soit pas abordée. En effet, lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, l’unanimité règne quant à l’intervention du Canada, qui doit soutenir la Grande-Bretagne et participer à son effort de guerre. Dans les villes du Québec, des foules nombreuses expriment leur appui à la cause des Alliés. Mais le vent tourne peu à peu, à mesure que s’envenime la crise ontarienne sur le règlement XVII, qui prévoit l’abolition des écoles françaises d’Ontario. L’ardeur patriotique des Canadiens français refroidit et la contestation québécoise francophone face à la conscription s’accroît. Rapidement, la question de la conscription déchire le Canada : les anglophones, qui sont majoritaires, la soutiennent, tandis que les francophones s’y opposent. En 1917, le gouvernement vote une loi qui rend le service militaire obligatoire. L’opinion publique se déchaîne au cours de l’été et de l’automne de la même année :

La Crise de la Conscription au Québec – 24 juillet 1917 | La Chaîne du Québec

Aux élections de 1918, le résultat de l’élection est sans équivoque : le Québec français vote libéral, le Canada anglais, unioniste ; le premier se retrouve dans l’opposition, et le second, au pouvoir. Au printemps de 1918, des émeutes éclatent à Québec et font rage pendant trois jours. Les militaires tirent sur la foule : cinq civils sont tués et des dizaines de personnes sont blessées.

Comme l’indique le Musée canadien de la Guerre (Conscription, 1917):

«Le débat sur la conscription en 1917 fut l’un des plus violents de l’histoire politique du Canada, et l’un de ceux qui furent le plus source de divisions. Les Canadiens français, ainsi que nombre d’agriculteurs, de syndiqués, d’immigrants non britanniques et d’autres Canadiens, s’opposaient généralement à cette mesure. Les Canadiens anglophones, avec à leur tête le Premier ministre Borden et les principaux membres de son Cabinet ainsi que les immigrants britanniques, les familles de soldats et les Canadiens plus âgés, étaient généralement en faveur.
Le débat sur la conscription se fit l’écho de divisions publiques sur beaucoup d’autres sujets contemporains, dont la langue d’enseignement, l’agriculture, la religion et les droits politiques des femmes et des immigrants. Il devint également un test de l’appui, ou de l’opposition, à la guerre en général.»

Au final, ce n’est que depuis une vingtaine d’année que les historiens canadiens et québécois mettent en lumière la place et le rôle joué par le Québec dans la Grande Guerre. La question de la conscription de 1917-1918 est, dans la mémoire québécoise, assimilée à un «fait identitaire»  (Djebabla, M. (2009). Le Québec et la Première guerre mondiale 1914-1918 : présentation du dossier thématique. In Le Bulletin d’histoire politique, vol. 17, no 2 (hiver 2009), p. 17-20).

Pour les enseignants souhaitant traiter de cette question de la conscription en 1917, le Musée canadien de la Guerre propose d’ailleurs un dossier fort bien fait et une séquence d’enseignement. Dans celle-ci, les élèves sont répartis en trois groupes (fermiers anti-conscription, Canadiens français anti-conscription et Canadiens anglais pro-conscription) et font des recherches sur les arguments pour ou contre la conscription mis de l’avant par le groupe qui leur a été assigné. Les élèves participent ensuite à un débat sur le sujet (Musée canadien de la Guerre : Débat sur la conscription).

Pour en revenir à Apocalypse – 10 destin et à ses dossiers, les enseignants disposent d’un article de synthèse franco-canadien sur la question de l’émancipation des femmes durant la Première Guerre mondiale, intitulé L’émancipation des femmes : mythe ou réalité ?, mais ne proposant pas d’activités spécifiques en classe. Les autres dossiers sont pour leur part constitué chacun d’un article de synthèse, de fichiers téléchargeables et d’une fiche d’activité.

A titre d’exemple, le dossier «Ecrire en temps de guerre» propose une fiche d’activités concernant les différents supports et genres d’écriture qui témoignent aujourd’hui de la Première Guerre mondiale. La deuxième activité propose aux élèves de rédiger un texte à la première personne selon un genre d’écriture. Les genres proposés sont un article de presse, une lettre ouverte, une lettre officielle, une lettre privée, un récit rétrospectif à la 1re personne et un journal intime. Après avoir pris connaissance du sujet qui lui a été attribué et avoir visionné l’extrait d’Apocalypse 10 destins qui lui est associé, les élèves ont à répondre au sujet sous forme d’un texte structuré, en respectant les caractéristiques du genre d’écriture demandé. Les sujets proposés sont les suivants :

Extrait à visionner : destin d’Émilien Meysenot, scène 3, 15 août 1914.

  • Sujet 1 : Imaginez la lettre officielle qu’envoie le soldat Émilien Meysenot à son général, le 16 août 1914, après avoir compris le problème lié àl’uniforme rouge des Français.
  • Sujet 2 : Imaginez la lettre qu’envoie le soldat Émilien Meysenot à son frère, le 16 août 1914, après avoir compris le problème lié à l’uniforme rouge des Français.
  • Sujet 3 : Imaginez le récit que fait Émilien Meysenot de sa première expérience du combat dans son journal le 16 août 1914.

Extrait à visionner : destin de Margot Wyckersloot, scène 4, 19 septembre 1914.

  • Sujet 4 : Margot Wyckersloot a vieilli. À la veille de la Deuxième Guerre mondiale, elle décide de raconter son expérience de la guerre à ses enfants. Imaginez le récit qu’elle fait de sa première rencontre avec les soldats allemands le 19 septembre 1914.
  • Sujet 5 : Imaginez ce qu’écrit Margot Wyckersloot dans son journal intime, le 19 septembre 1914, après sa première rencontre avec des soldats allemands.
  • Sujet 6 : Imaginez la lettre qu’envoie Margot Wyckersloot, le 20 septembre 1914, à son frère mobilisé pour lui raconter sa première rencontre avec des soldats allemands.

Extrait à visionner : destin de Dim Seed, scène 3, 24 décembre 1914.

  • Sujet 7 : Imaginez l’article que le reporter Dim Seed écrit après avoir assisté aux fraternisations de Noël 1914.
  • Sujet 8 : Imaginez la lettre qu’envoie le soldat Émilien Meysenot à sa fiancée Joséphine après les fraternisations de Noël 1914.
  • Sujet 9 : Émilien Meysenot a vieilli. À la veille de la Deuxième Guerre mondiale, il décide de raconter son expérience de la guerre à ses enfants. Imaginez le récit qu’il fait de la fraternisation de Noël de décembre 1914.

Extrait à visionner : Destin de Vera Pringle, scène 3, 20 mai 1915.

  • Sujet 10 : Imaginez la lettre ouverte que Vera Pringle fait publier dans les journaux afin de réclamer le droit de vote pour les femmes,suite à leur engagement dans l’effort de guerre.
  • Sujet 11 : Imaginez l’article que Dim Seed écrit au début de l’année 1916 sur l’engagement des femmes dans l’effort de guerre.
  • Sujet 12 : Imaginez la lettre que Susan, la mère de Vera Pringle, envoie au patron de l’usine d’armement dans laquelle elle travaille pour lui demander un salaire équivalent à celui des hommes.

Contrairement au dossier primaire, les activités proposées peuvent être de niveaux taxonomiques élevés et développent, de cette manière, de véritables compétences chez les élèves. Avec le destin de Vera Pringle, c’est également le destin d’une personne représentative d’un pays vaincu qui est abordé. Il est cependant dommage que l’activité de restitution finale se limite à faire observer les différences entre les divers genres d’écriture. Il serait intéressant d’amorcer un véritable travail de comparaison entre les pays belligérants symbolisés par ces différents personnages. A cet effet, il faut signaler le travail réalisé entre 2007 et 2009 par le collectif Regards croisés sur la Première Guerre mondiale (http://europe14-18.eu/preview_site/fr/pages/projet.htm) qui proposait notamment une méthodologie et une boîte à outil pour construire des séquences d’enseignement en la matière.

Classé sous :Didactique, Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions Balisé avec :14-18, Canada, France, jeux sérieux, multimédia

Charleston : bouleversante oraison funèbre de Barack Obama

27 juin 2015 by Lyonel Kaufmann

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Barack Obama a prononcé à Charleston, devant les 6000 personnes présentes dans l’église Emanuel, une bouleversante oraison funèbre au pasteur Clementa Pinckney. Il a parlé, il a scandé, il a même chanté, avec son coeur. Et avec une passion qui fait de son discours un moment puissant et absolument inédit de l’histoire américaine.

«Si nous pouvons trouver cette grâce, tout est possible. Si nous pouvons la toucher, tout peut changer. Une grâce étonnante. Une grâce étonnante.»

Après avoir, vendredi 26 juin, prononcé ces mots lors de l’éloge funèbre du pasteur Clementa Pinckney, assassiné dans son église le 17 juin avec huit autre personnes, Barack Obama a marqué une longue pause d’une dizaine de secondes. Puis il a commencé à chanter a cappella «Amazing Grace», un des hymnes chrétiens les plus connus au monde, composé en 1779.
L’image est très forte, et restera indéniablement comme une des plus marquantes de la présidence Obama.
L’entier de l’oraison funèbre de Barack Obama à Charleston :

L’article du Temps consacré à cette oraison : Charleston: Barack Obama prononce et chante une inouïe oraison funèbre.

Mes précédents articles sur les discours de Barack Obama :
Sur les discours d’Obama et ses références aux sermons dans les Eglises : Révérend Obama ?
Sur le recours à l’histoire dans les discours de Barack Obama : « An American Dream » : Obama et l’histoire.

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, sur le web Balisé avec :BarackObama, discours

Le pédalo mémoriel. Les commémorations de 14-18 et les arts de la mémoire : une approche institutionnelle | ParenThèses

26 juin 2015 by Lyonel Kaufmann

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Profitant de l’organisation d’une semaine d’activités à l’Université Saint-Louis – Bruxelles (23-27 février 2015) orientées autour de la Grande Guerre, on a jugé bon sur ParenThèses de reprendre quelques éléments de réflexion présentés par N. Offenstadt lors de sa conférence du lundi 23 février. Celle-ci se voulait inaugurale à la semaine et devait proposer une réflexion critique sur la logique commémorative (A quoi sert le centenaire de la Grande Guerre ? Un premier retour réflexif.

Je note :

La majeure partie de la conférence prononcée par N. Offenstadt fut consacrée à expliciter une typologique des mémoires de la Grande Guerre. L’historien français a ainsi relevé quatre types distincts de rapport à la Première Guerre mondiale. Dans l’ordre, l’orateur a relevé des mémoires 1) sociales, 2) nationales, 3) silencieuses et 4) clivées.

Où il apparaît qu’à l’instar de la Belgique :

il y a des pays pour lesquels la mémoire de la Grande Guerre clive la société. C’est notamment le cas de la Belgique. En l’occurrence, il s’agit d’un clivage interne au pays. Dans le cas de la Hongrie, on observe plutôt un clivage par rapport à l’extérieur des frontières puisque ce pays rumine toujours le partage opéré en 1920 par le traité de Trianon, l’amputant d’une partie importante de son territoire historique.

La Suisse s’apparente à une mémoire quelque peu clivée en raison de la grève générale de 1918 et du Röstigraben tant au moment du conflit qu’actuellement avec la vision a-historique de la Suisse largement développée par l’UDC.

Par ailleurs, je note que le rythme des différentes commémorations autour de 1914-1918 ne diminue pas alors qu’il reste encore plus de trois ans avant la fin des commémorations du conflit. Pour s’en rendre compte, il suffit de suivre la veille « Autour du Centenaire 14-18 » sur Scoop.it (http://www.scoop.it/t/autour-du-centenaire-14-18).

A lire  : Le pédalo mémoriel. Les commémorations de 14-18 et les arts de la mémoire : une approche institutionnelle | ParenThèses

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Faire aimer et apprendre l’histoire | Café pédagogique no 160

25 juin 2015 by Lyonel Kaufmann

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Beau programme et noble ambition que de vouloir tout à la fois « faire aimer et apprendre l’histoire (et la géographie)» ! C’est l’ambition et le titre d’un ouvrage paru l’été dernier au Québec et dans lequel j’ai participé, et d’une certaine manière également le Café pédagogique. 

 

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Destiné en premier lieu aux futurs enseignants québécois d’histoire et géographie, le titre est à la fois une profession de foi (faire aimer) animant, on l’espère, tout enseignant d’histoire au service de l’apprendre l’histoire. Les deux n’étant pas antinomiques, mais complémentaires : l’un ne va pas sans l’autre. Marc-André Ethier pose dans son introduction (p. 1-11) les ambitions de l’ouvrage de la manière suivante :

«Un fil directeur rattache tous ces textes : la recherche empirique. Les auteurs de ce collectif s’adossent en effet à un riche corpus de recherches menées notamment en didactique des sciences sociales à travers le monde depuis plus de 30 ans. Il ressort de ces recherches que les techniques disciplinaires pertinentes peuvent être enseignées de façon explicite quand la situation leur donne du sens et que les élèves ressentent un besoin de les apprendre, que ce sentiment soit provoqué par l’enseignement ou, ce qui est plus rare, soit déjà là. Le caractère inductif d’un enseignement n’entre pas en contradiction avec un bon enseignement explicite, pour donner des exemples à la mode».

Cependant, «dans les deux cas [inductifs ou déductif], l’enseignement doit être adapté à ceux à qui l’on enseigne […] et à ce que l’on veut qu’ils apprennent […]». Il s’agit «qu’il y ait cohérence entre les moyens mis en oeuvre et les fins choisies».

 

Destiné en premier lieu aux futurs enseignants d’histoire et de géographie québécois, cet ouvrage didactique regroupe une brochette d’auteurs francophones (Québec, Belgique, France et Suisse) qui s’attachent à fournir des outils didactiques concernant l’ensemble des facettes du métier d’enseignants. Il permet à des enseignants plus confirmés de faire le point sur les différents aspects du métier ou de disposer d’une première approche concernant des aspects qui leur seraient moins familiers. Comme le précise Marc-André Ethier,

«Les auteurs ont en commun de considérer que les cadres cognitifs ne sont pas innés et que les connaissances ne se reçoivent ni ne s’enregistrent directement. […] Le sujet construit ses connaissances de façon active avec tous les outils dont il dispose. Par conséquent, ce qu’un élève apprend — et comment il l’apprend — découle autant de ses connaissances antérieures, de l’interaction avec ses pairs ou avec l’environnement physique, de ses expériences empiriques ou logiques que de la transmission sociale (famille, école, culture, rapports sociaux de production, etc.) ou des facteurs biologiques (la maturation de l’arbre dendritique, les conditions d’endocriniennes, etc.)».

L’ouvrage est organisé en quatre parties. La première partie replace la discipline historique dans son cadre épistémologique. La seconde s’attache aux programmes, à l’enseignement et à l’évaluation. La troisième s’intéresse aux techniques disciplinaires telles la lecture et l’interprétation des sources écrites ou l’histoire orale. La quatrième présente les ressources du milieu : les musées, l’intégration des jeux vidéos, du web ou des films dans la leçon d’histoire.

Si en rapport avec cette chronique, notre lecteur trouvera plus particulièrement son intérêt dans la quatrième partie avec l’intégration dans son enseignement du film, des jeux vidéos, des blogues ou wikipédia, d’autres chapitres ne manqueront pas de l’intéresser. 

Ainsi, la découverte des spécificités des programmes d’histoire du Québec ne manquera pas de dépasser le simple exotisme de la situation pour faire prendre conscience, si nécessaire, au lecteur du fort caractère d’ancrage local de tout programme d’histoire. Déplacé de France au Québec ou de la Belgique en Suisse, le lecteur se trouve vite dépourvu de repères historiques pour les appréhender. Autrement dit, les programmes d’histoire restent encore très fortement liés à des thématiques nationales et identitaires. Comment construire alors le futur citoyen d’un monde mondialisé?

Par contre, ce même lecteur constatera qu’aujourd’hui, dans toutes les régions du monde, l’histoire et son enseignement restent instrumentalisés à des fins politiques. Il adhérera sans problème à l’affirmation de Micheline Dumont — présentant les interventions du Parti conservateur à Ottawa (niveau fédéral) et du Parti québécois alors au pouvoir (niveau régional) dans l’élaboration ou la modification des programmes d’histoire — que «l’histoire est mobilisée par tous les États et leurs adversaires». 

Si les questions de l’évaluation vous intéressent, je ne saurais trop vous recommander de lire le chapitre rédigé par Mathieu Bouhon (p. 127-153), professeur en didactique de l’histoire à l’Université catholique de Louvain (Belgique). Il replace notamment et historiquement les modèles pédagogiques et les modes d’évaluation qui en découlent. 

Jusqu’en 1970, c’est le modèle pédagogique de l’empreinte qui domine auquel correspondent des évaluations basées sur des questions de restitution. Entre 1970 et 1980, le modèle de l’enseignement est celui de la découverte, de la pédagogie par objectifs et des méthodes actives. L’évaluation formative fait son apparition en complément de l’évaluation sommative, de même que les cours dialogués s’agrémentent d’exercices morcelés. Aux questions de restitution, les évaluations ajoutent des procédures d’analyse et des évaluations de savoir-faire méthodologiques, propres ou non, aux sciences sociales. Enfin, dans les années 1990-2000, on assiste à la remise en cause de ces types d’évaluation sous l’influence du socio-constructivisme et des avancées de la psychologie cognitive. On s’intéresse alors au mode de pensée historique ou géographique des élèves et on intègre les savoirs en situations. Au niveau de l’évaluation, il s’agit désormais d’évaluer des compétences qui est un savoir agir en situation. 

L’évaluation par compétence se fonde sur la mobilisation et l’utilisation efficace d’un ensemble de ressources dans un ensemble de situations déterminées. L’élève doit mener à bien une tâche. On ne saurait évaluer des compétences si cette évaluation n’est pas critériée. Mathieu Bouhon s’attache ensuite à la question et des exemples d’évaluation de productions d’élèves et à leurs démarches menant à ces production ainsi qu’aux difficultés inhérentes à ce type de démarche et à leurs évaluations, nécessairement basées sur une évaluation critériée. Cette dernière distinguera soigneusement des critères que l’on retrouvera d’une évaluation à l’autre et des indicateurs propres à une situation d’évaluation. 

Pour sa part, le lecteur régulier de cette chronique ne sera pas dépaysé en lisant mon chapitre (p. 337-351), rédigé en collaboration avec Alexandre Lanoix, consacré au Web 2.0 et à l’histoire. Nous y parlons d’apprendre avec le Web 2.0, de construire l’histoire avec Wikipedia ou un wiki, de construire l’histoire multimédia à l’aide de youtube et de la culture du remix et, enfin, de faire écrire l’histoire aux élèves (à l’aide d’un blogue ou de twitter) et d’en débattre en ligne. Ce lecteur ne sera donc pas étonné de retrouver en bibliographie des renvois à différentes chroniques publiées ici même. Ce chapitre illustre les va-et-vient constants que j’effectue entre mon activité professionnelle de didacticien de l’histoire, ma veille technologique, la rédaction de chroniques pour le Café pédagogique et le développement de ma réflexion sur l’usage des médias et des technologies. 

L’ouvrage est distribué au Québec uniquement, mais il est possible de l’acheter au format numérique : Éthier, M. A., Lefrançois, D., & Demers, S. (2014). Faire aimer et apprendre l’histoire et la géographie au primaire. Éditions Multimondes inc. http://multim.com/titre/?ID=389

 

Lyonel Kaufmann, Professeur formateur, Didactique de l’Histoire, Haute école pédagogique du canton de Vaud, Lausanne (Suisse)

 

Référence : Kaufmann, L. (2015). Faire aimer et apprendre l’histoire-géo. Le Café pédagogique, No 160, février

 

Classé sous :Didactique, Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire, Publications

Histoire du Québec : Quand Philippe Couillard joue à l’instituteur national

14 juin 2015 by Lyonel Kaufmann

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Il est toujours particulièrement intéressant, voire fascinant, d’observer que la vision historique, développée par Philippe Couillard, chef du parti libéral québécois et actuel premier ministre de la Province du Québec, trouve sa source dans un ouvrage auprès du premier manuel connu d’histoire du Canada, rédigé par Joseph-François Perrault en 1831…

Dans son édition du 13 juin, Le journal Le Devoir, nous apprend que devant quelque 1600 militants réunis à Montréal pour le Congrès du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, premier ministre de la Province du Québec, a livré, samedi, un vibrant plaidoyer pour que les Québécois se réapproprient l’histoire de leur pays, le Canada.

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Philippe Couillard, à Québec, lors de la cérémonie du Jour du souvenir du 11 novembre 2014. Source : Wikipedia

« Nous ne renoncerons pas à notre histoire ou notre avenir, à un pays né de la collaboration et du désir d’unité. Une histoire qui a des moments si beaux qu’il faudrait mieux les enseigner à nos enfants. »

La collaboration entre Louis-Hypolyte La Fontaine et Robert Bladwin inspire le chef libéral. « Par exemple, cette histoire de Baldwin et de La Fontaine qui, ensemble, ont combattu pour le gouvernement responsable et démocratique, chacun de leur côté, mais ensemble également au point où un jour Baldwin a décidé qu’il allait être candidat à Rimouski et La Fontaine a décidé d’être candidat à Toronto parce qu’ils portaient la démocratie et le gouvernement responsable. Ils ont été élus comme ça. » 

« On voudrait nous faire oublier ces moments », a poursuivi Philippe Couillard en visant ses adversaires indépendantistes. Le chef libéral a aussi parlé des liens entre les Patriotes de Louis-Joseph Papineau et le mouvement de rébellion du Haut-Canada, dirigé par William Lyon Mackenzie, puis de l’alliance entre John A. Macdonald et George-Étienne Cartier, qui a mené à la création de la fédération canadienne en 1867. « On voudrait nous faire oublier cette histoire, renoncer à l’alliance entre Cartier et Macdonald qui a permis de jeter les bases de la fédération, mais également de mettre en place des mesures qui assurent la promotion et la protection du caractère français du Québec. »

(Source : Couillard: les enfants québécois devraient mieux connaître l’histoire de leur pays, le Canada | Le Devoir)

Cette déclaration de Philippe Couillard intervient alors que je lis l’ouvrage L’Histoire nationale à l’école québécoise. Regards sur deux siècle d’enseignement. ((Bouvier, F., Allard, M., Aubin, P., & Larouche, M.-C. (sous la direction de). (2012). L’Histoire nationale à l’école québécoise. Regards sur deux siècles d’enseignement. Québec: Septentrion.)) Je ne peux que rapprocher ces déclarations du premier manuel connu d’histoire du Canada, rédigé par Joseph-François Perrault en 1831 et observer que sa conception de l’histoire traverse toujours les débats politiques québécois.

L'histoire nationale à l'école québécoise

Par ailleurs, il est fascinant d’observer que, pour une partie de son récit, Perrault prend modèle pour la période du Régime français (c. 1743-1763) sur un récit antérieur d’un jésuite, Pierre-François-Xavier Charlevoix, datant de 1744. Pour, le début du Régime anglais (1763-1791), son modèle est celui de l’historien d’origine britannique William Smith et de son History of Canada : from its first descovery to the year 1791 publié en 1815.

Dans la préface à sa deuxième partie de son Histoire du Canada, paru en 1832 ((Perrault, J-F. (1832). Abrégé de l’histoire du Canada. Deuxième partie : Depuis sa conquête par les Anglais en 1759 et 1760 jusqu’à l’établissement d’une Chambre d’assemblée en 1792. Québec : P. & W. Ruthven.)), il fournit son interprétation de son histoire du Canada. Aujourd’hui encore, on y trouve son écho dans les propos tenus par Philippe Couillard.

Perrault

«Il semble que la Providence m’a préservé presque seul, de toute la génération existante lors de la Conquête du Canada, pour rendre hommage aux Anglais de la conduite sage et judicieuse qu’ils ont tenue envers les Canadiens; des grâces et faveurs que leur Rois leur ont accordées, et des avantages qui sont résultés aux uns et autres.

Puisse ce petit ouvrage imprimer ces bienfaits dans le coeur de leurs Enfan[t]s, leur faire aimer et soutenir l’intérêt d’une Nation qui les a, en toutes occasions, bravement protégé, défendu, et n’a cessé d’accumuler des faveurs sur le Pays.»

(Perrault 1832 : préface)

Concernant l’enseignement de l’histoire au Québec, cet ouvrage de Perrault est capital, car il va servir de modèle à de nombreux auteurs de manuels. Il en forme le modèle dominant. Pour Michel Allard ((Allard, M. (2012). L’enseignement de l’histoire nationale (1831-1873). Du premier manuel au premier programme. In F. Bouvier, M. Allard, P. Aubin, & M.-C. Larouche (sous la direction de), L’Histoire nationale à l’école québécoise. Regards sur deux siècles d’enseignement (pp. 23-70). Québec: Septentrion, p. 32))

«En s’inspirant d’un historien britannique, il est à l’origine d’une interprétation de l’histoire nationale minimisant les conséquences négatives et maximisant les effets positifs de la Conquête britannique. Cette interprétation circule encore tant dans la société québécoise que dans les programmes d’études…»

Et j’ajouterai dans les discours de Philippe Couillard.

6580021 L

A cette interprétation de la Conquête bonne-ententiste, l’historien François-Xavier Garneau opposera, au cours des années 1850, une interprétation plus nationaliste au sens canadien-français. Cette histoire offre la deuxième trame interprétative majeure de l’histoire du Canada français qui se développera du côté des Indépendantistes québécois. ((Garneau, F.-X. (1856). Abrégé de l’histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à 1840, à l’usage des maisons d’éducation. Québec: A. Côté.))

«Le premier grand nom à retenir de ce XIXe siècle tumultueux, après celui de Papineau en qui s’incarna l’espoir de libération politique, est celui de l’historien Garneau en qui s’incarna l’émerveillement du passé français. Son Histoire du Canada, publiée de 1845 à 1848, fut pour le Canada français l’équivalent de ce qu’a été le Génie du christianisme pour le catholicisme français du XIXe siècle. (…) L’Histoire de Garneau fut à la fois un plaidoyer et un acte de foi. L’insuccès de la révolte de 1837-38 et sa dure répression avaient laissé toutes les classes de la population dans un profond désenchantement. Les propositions du Rapport de Lord Durham visant à l’union des deux Canadas et à une assimilation progressive de la population française par une massive immigration britannique semblaient compromettre irrévocablement le destin de la nation canadienne-française. Pour contrecarrer l’esprit de défaitisme, Garneau entreprend de rappeler aux Canadiens français qu’ils ont un passé et que ce passé est glorieux.»

Falardeau, J.-C. (1964). Un annonciateur de grandeur: François-Xavier Garneau (1809-1866). In L’essor des sciences sociales au Canada français. Québec: Ministère des Affaires culturelles, p. 14-15. Cité par Encyclopédie de L’Agora (http://agora.qc.ca/Dossiers/Francois-Xavier_Garneau)

Pour Garneau, la Conquête ne produit pas que des bienfaits. Si la paix règne dans tout le pays après 1760 lorsque les armes sont déposées, ce calme est dû non à l’attitude des vainqueurs, mais, pour Garneau, au fait que «les habitants ruinés, décimés par le feu sur tant de champs de bataille, ne songèrent plus qu’à se renfermer dans leurs terres pour réparer leurs pertes» (Garneau 1856: 178).

L’ambition de Garneau est clairement affirmée dans son Discours préliminaire de son ouvrage Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours ((Garneau, F.-X. (1852). Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours. Québec: Imprimé par J. Lovell.)):

«Si l’on envisage l’histoire du Canada dans son ensemble, depuis Champlain jusqu’à nos jours, en voit qu’elle se partage en deux grandes phases que divise le passage de cette colonie de la domination française à la domination anglaise, et que signalent la première, les guerres avec les Sauvages et les provinces qui forment aujourd’hui les Etats-Unis; la seconde, la lutte politique et parlementaire des Canadiens ((dans le sens canadien-français)) pour leur conservation nationale. La différence des armes, entre ces deux époques, nous les montre sous deux points de vue distincts; mais c’est sous le dernier qu’ils m’intéressent davantage. Il y a quelque chose de touchant et de noble tout à la fois à défendre la nationalité de ses pères, cet héritage sacré qu’aucun peuple, quelque dégradé qu’il fût, n’a jamais ôsê répudier publiquement. Jamais cause plus grande et plus sainte n’a inspiré un cœur haut placé, et mérité la sympathie des hommes généreux.

[…]  le Canada a été soumis à de grandes vicissitudes, qui ne sont pas de son fait, mais qui tiennent à la nature de sa dépendance coloniale, les progrès n’y marchent qu’à travers les obstacles, les secousses sociales, et une complication qu’augmentent de nos jours la différence des races mises en regard par la métropole; les haines, les préjugés, l’ignorance et les écarts des gouvernans et quelquefois des gouvernés. Les auteurs de l’union des deux provinces du Canada, projetée en 1822 et exécutée en 1840, ont étayé cette mesure de diverses raisons spécieuses pour couvrir d’un voile légal une grande injustice. L’Angleterre, qui ne veut voir dans les Canadiens français que des colons turbulens, des étrangers mal affectionnés, feint de prendre pour des tentatives républicaines leur inquiétude, leur attachement à leurs institutions et à leurs usages menacés, artifice indigne d’un grand peuple. L’abolition de leur langue, et la restriction de leur franchise électorale pour les tenir, malgré leur nombre, dans la minorité et la sujétion, ne prouvent que trop qu’elle ne croit rien de ce qu’elle dit, et que ni les traités, ni les actes publics les plus solennels, n’ont pu l’empêcher de violer des droits d’autant plus sacrés qu’ils servaient d’égide au faible contre le fort.

Mais quoiqu’on fasse, la destruction d’un peuple n’est pas chose aussi facile qu’on pourrait se l’imaginer.

Nous sommes loin de croire que notre nationalité soit à l’abri de tout danger. Comme bien d’autres nous avons eu nos illusions à cet égard, illusions qui s’envolent chaque jour devant les intrigues, et la corruption qui rappellent certaines époques de l’histoire de l’Irlande.

Mais, dans le vrai, l’existence du peuple canadien n’est pas plus douteuse aujourd’hui, qu’elle ne l’était il y a un demi siècle. Notre destinée est de lutter sans cesse, tantôt contre les barbares qui couvrent l’Amérique, tantôt contre une autre race qui, jetée en plus grand nombre que nous dans ce continent, y a acquis depuis longtemps une prépondérance, qui n’a plus rien à craindre. Nous ne comptions que 60,000 âmes en 1760 et nous dépassons aujourd’hui 700,000.»

Les termes du débat sont ainsi posés dès le 19e siècle et il se poursuit aujourd’hui. Philippe Couillard a fait le choix de la Conquête bonne-ententiste alors que d’autres présentent la Conquête de 1760 «comme une défaite militaire fondamentale ayant entravé toute la suite de l’histoire du Québec par ses conséquences politiques, sociales et économiques. Seule l’indépendance du Québec pourrait pallier éventuellement cet état de fait» ((L’Histoire nationale à l’école québécoise : 12)). Dans les deux camps, l’histoire est instrumentalisé pour appuyer sa vision politique.

Classé sous :Didactique, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Le « roman national » au collège serait une nouveauté « radicale »

3 juin 2015 by Lyonel Kaufmann

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En Suisse comme en France, les tenants du roman national se réfère  à l’enseignement de l’histoire au primaire et non à l’enseignement de l’histoire collège qui était centré sur les humanités classiques et une histoire générale.

Extrait de l’article de Claude Lelièvre sur Mediapart :

Le « roman national » au collège serait une nouveauté, car il n’a jusqu’alors existé qu’à l’école communale (et c’est cet enjeu qui est fondamentalement au centre actuel des polémiques -politiques- sur l’enseignement de l’histoire, venant pour l’essentiel des « droites extrêmes »).

Pierre Nora sait très bien que ce serait une nouveauté puisque dans son article célèbre sur « Lavisse, instituteur national », il indique qu’Ernest Lavisse ( le promoteur fondamental de ce qui sera appelé plus tard le  »roman national ») «  ne donna tant de lui-même au primaire que parce que seule y est étudiée l’histoire de la France » ( ( « Lieux de mémoire », Gallimard, 1997, premier volume , page 254).

Tout le monde devrait en effet avoir en mémoire que les livres d’histoire de la communale commençaient certes (sous la troisième République, et au moins jusqu’à la quatrième République) par la Gaule, les Gaulois, puis les Gallo-romains ; mais que ceux de la classe de sixième traitaient – eux – de l’Antiquité (à savoir pour l’essentiel de l’Egypte, de la Grèce et de l’Asie mineure, puis de l’Empire romain).

Lire la suite : Le « roman national » au collège serait une nouveauté « radicale »

Pour la situation dans le canton de Vaud, lire ma thèse : Autorité du discours – Discours de l’autorité : les manuels d’histoire vaudois 1938-1998 : manuelshistoire.ch

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

L’histoire de Caen en réalité augmentée (QR Codes et tags NFC)

30 mai 2015 by Lyonel Kaufmann

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La ville de Caen a lancé en mai 2015 deux dispositifs permettant de découvrir son histoire au fil de ses rues à l’aide de QR Codes et de tags NFC.

Pionnière en matière de technologie sans contact depuis dix ans, l’agglomération Caen la Mer a reçu le label Territoire leader du mobile sans contact. Associé au musée de Normandie, Caen  souhaite maintenant appliquer ces innovations à la culture et au patrimoine.

Avec IStoryPath, application disponible sur tablette et smartphone, trois parcours sont consultables par les visiteurs de la ville: Caen été 44, le château de Caen et Parcs & jardins.

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L’application se décompose en trois parties : le contenu, une frise et une carte. Après avoir sélectionné l’un des trois thèmes proposés sur la table numérique à l’église Saint-Georges, l’utilisateur choisit ses points d’intérêts. Ainsi, pour le thème Château de Caen, quatorze lieux lui sont proposés.

Pour chaque point d’intérêt, un historique du lieu et des photos d’archives fournies par des historiens.

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Avec «Caen, été 44», l’itinéraire entraîne les visiteurs en 12 étapes dans le quotidien des caennais lors de la Bataille de Normandie du 6 juin au 19 juillet 1944. Comment ont-ils assuré leur approvisionnement en vivres et biens de consommation courante ? Comment étaient organisés les secours, les soins médicaux ? Quels furent les moyens mis en place pour lutter contre les incendies après la destruction de la caserne des pompiers ?

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Le circuit peut être parcouru à pied en 1 h 30 environ.

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Source : L’histoire de Caen se revit dorénavant grâce aux QR codes et tags NFC

Classé sous :Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire, sur le web

À 102 ans, elle passe et obtient enfin sa thèse, rejetée sous le nazisme pour «raisons raciales» | Slate

15 mai 2015 by Lyonel Kaufmann

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À 102 ans, le 7 mai 2015, Ingeborg Rapoport a reçu dans son salon à Berlin trois professeurs de l’Université de Hambourg pour soutenir pendant 45 minutes la thèse qui lui avait été refusée en 1938, sous le IIIe Reich. Le Wall Street Journal raconte l’histoire de cette réhabilitation particulièrement tardive. Ingeborg Rapoport deviendra en juin la diplômée la plus âgée du monde.
Ingeborg Syllm, de son nom de jeune fille, soumet une première fois sa thèse de néonatologie –étude consacrée aux nouveaux-nés– à l’Université de Hambourg à 25 ans. Elle a planché sur la diphtérie, une maladie alors mortelle pour beaucoup d’enfants en Europe et aux États-Unis. Mais sa mère est juive et, cinq ans après l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, la jeune femme voit sa demande rejetée: les autorités académiques de Berlin invoquent des «raisons raciales». On lui refuse le droit de présenter son travail à l’oral. «Une honte pour l’Allemagne est une honte pour la science», commente-t-elle.
C’est alors une pratique courante. Comme elle, plusieurs milliers de professeurs et d’étudiants non aryens sont renvoyés de l’université. Certains sont déportés. Le doyen de l’Université de Hambourg s’illustre particulièrement dans cette voie en déclarant «le premier institut national-socialiste de l’enseignement suppérieure du Reich» et en créant des unités de biologie de la race et de la loi coloniale.
Ingeborg Syllm part aux États-Unis en 1938, …

La suite Slate.fr http://ift.tt/1PKjrnA

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, sur le web Balisé avec :39-45, nazisme

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