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Histoire Lyonel Kaufmann

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Alplab : Change d’altitude, change d’attitude

29 août 2018 by Lyonel Kaufmann

Une présentation du très beau projet pédagogique de mon collègue Ismaël Zosso. En plus dans un lieu qui est cher à mon coeur d’ancien élève de Béthusy : la cabane de Luan.

Le projet de coaching d’altitude « Change d’altitude, change d’attitude » de Alplab est soutenu par l’établissement secondaire de Béthusy et la Direction générale de l’enseignement obligatoire. Ce projet va faire participer quatre classes à un séjour de trois jours à la montagne à la rentrée 2018-19. Cette introduction un peu particulière à l’année scolaire a comme objectif de renforcer les liens entre les enseignants-es et les élèves et de travailler sur des compétences difficiles à mobiliser en classe. Il s’agit d’exercer la communication non-violente, l’écoute attentive de l’autre, l’entraide et la solidarité et le dépassement positif de soi.

Pendant trois jours, les élèves sont accueillis dans la cabane de Béthusy à Luan (www.luan.ch), dans les Préalpes vaudoises. C’est une vieille cabane qui a déjà vu passer des générations d’élèves puisqu’elle est ouverte depuis 1956. Aussi le séjour sera marqué par la simplicité et la sincérité du lieu. Un enseignant de Béthusy et guide de la cabane, M. Zosso-Francolini, encadrera les élèves dans un programme dense.

La montagne nous rend fort – la connaitre et se dépasser.
premier jour : nous réalisons une randonnée qui, si elle ne nécessite pas d’équipement technique spécial, ne demande pas moins d’effort. Nous parcourons la montagne avec des activités de découverte riches en surprise et en créativité. L’effort physique est au rendez-vous comme la fierté d’avoir accompli une ascension pas toute simple.

La montagne est grande mais elle a besoin de nous – la connaitre et travailler.
deuxième jour : une entreprise formatrice dans les métiers de la forêt, le Groupement forestier des Agittes) vient à notre rencontre. Les élèves sont répartis en groupe et vont suivre les professionnels (ingénieur forestier, garde-forestier, bucherons…) dans des travaux de conservation et de maintien de biotopes. Certains groupes suivront les travaux des bucherons, d’autres participeront à l’entretien de petits cours d’eau et d’autres encore entretiendront des sentiers pédestres. Aucun élève ne fera de travaux inappropriés à son âge. Le groupement forestier des Agittes est une entreprise formatrice reconnue habituée aux stagiaires. Collaborer, écouter, sentir la nature et mettre la main à la pâte sont le menu de cette deuxième journée.

La montagne est grande et j’ai besoin d’elle – nous connaitre et nous respecter.
troisième jour: les élèves vont mettre un peu au repos le corps et s’occuper d’eux-mêmes. Il s’agira au travers d’activités de groupes et individuelles de réfléchir, de s’écouter et d’échanger sur l’importance de la bienveillance et de prendre soin (de soi, de la montagne, de la nature, des autres). Nous finirons par une mise en pratique et les élèves bichonneront cette vieille dame de cabane qui les a accueillis.

Durant le séjour, toutes les tâches sont gérées par le groupe. Nous cuisinons ensemble, rangeons ensemble. Pour éviter les pertes d’énergie mentale, le séjour se déroule « à l’ancienne », sans natel ou autres appareils électroniques d’aucune sorte, de jour et de nuit.

Le coût du transport est assuré par la commune de Lausanne, l’encadrement est pris en charge par l’école de Béthusy et la Haute Ecole Pédagogique du canton de Vaud. Les parents ne financent que le logement et les repas.

pour plus d’informations : info(at)alplab.ch

Le site (source de l’information) : http://www.alplab.ch/change-daltitude-change-dattitude/

Prolongement et crédit image : Cabane de Luan, résidence secondaire du Collège Classique Cantonal, CCC sur le site notrehistoire.ch
.

Classé sous :Didactique

Edhem Eldem, L’Empire ottoman et la Turquie face à l’Occident

29 août 2018 by Lyonel Kaufmann

La leçon inaugurale d’Edhem Eldem, prononcée au Collège de France le 21 décembre 2017, a été publiée sous le titre L’Empire ottoman et la Turquie face à l’Occident. Professeur invité, dans le cadre des chaires internationales quinquennales, il y enseigne l’histoire turque et ottomane. Eldem se félicite du « revirement en faveur de l’indigène » car il est le premier Turc à occuper ce poste dans lequel il pourra « parler de et pour lui-même ». Il prend soin de rappeler cependant qu’il a écrit, voici quelques années, un article intitulé : « Sauver l’histoire ottomane des Turcs » dans lequel il critiquait le monopole que certains historiens turcs s’étaient arrogés !


Edhem Eldem, L’Empire ottoman et la Turquie face à l’Occident. Collège de France/Fayard, 76 p., 12 €


Edhem Eldem regrette que l’histoire ottomane soit perçue comme «  un héritage national, nourri par un dosage variable des identités turque et islamique, censées définir l’essence profonde de la nation ». Il juge que les limites de l’admissible ont été dépassées « en raison d’une fusion presque organique entre politique, idéologie et histoire, évidemment au détriment de cette dernière et, bien sûr, en dépit du bon sens ». Il précise que les acteurs politiques, les institutions, l’Éducation nationale, les médias et la culture populaire participent à ce phénomène, isolant formidablement l’historien qui ne se conforme pas à cette « frénésie ». On appréciera le courage d’une telle déclaration alors que le régime de Recep Tayyip Erdoğan cherche fortement à intimider les intellectuels. Précisons qu’Eldem est aussi professeur à l’Université de Boğaziçi à Istanbul et qu’il n’envisage pas de renoncer à son poste.

Source : Main basse sur l’État – En attendant Nadeau

Dans sa leçon inaugurale, il a distingué trois phases :

  • Une relation de « flirt »,  la découverte superficielle de l’Occident passe par les innovations technologiques.
  • L’union, les Ottomans se lancent « dans un remaniement, une reconstruction de l’Etat au milieu du XIXe siècle », mais un essoufflement économique et politique, alors que les nationalismes s’affirment, brise cet élan enthousiaste.
  • Un « divorce », en quelque sorte, explique encore Edhem Eldem ; l’empire ottoman pensant être trahi par l’Europe va se replier sur lui-même.

Toute personne intéressée par cette histoire a la possibilité de suivre le cours dispensé par Edhem Eldem au Collège de France. Son podcast est disponible sur France culture.

Pour vous mettre l’eau à la bouche, le premier cours :

La page d’Edhem Eldem sur le site du Collège de France : https://www.college-de-france.fr/site/edhem-eldem/index.htm

Crédit image : Collège de France

Classé sous :Histoire savante

Livre : « Dans la classe de l’homme blanc – L’enseignement du fait colonial en France »

29 août 2018 by Lyonel Kaufmann

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Comment transmet-on aux nouvelles générations l’histoire de la colonisation ? Si celle-ci a toujours figuré dans les programmes scolaires, son contenu s’est problématisé et politisé au fil du temps, montre la chercheuse Laurence De Cock dans son livre Dans la classe de l’homme blanc – L’enseignement du fait colonial en France des années 1980 à nos jours, publié par les Presses Universitaires de Lyon en août 2018.

Présentation de l’ouvrage par l’éditeur :
Que faire des enfants de l’immigration coloniale et postcoloniale ? L’école doit-elle adapter ses programmes à leur présence ? La question de l’articulation entre l’universalisme républicain et la pluralité culturelle a toujours travaillé l’institution scolaire, mais elle s’est reconfigurée ces quarante dernières années pour répondre aux débats sur l’immigration et la mémoire coloniale. Que faire des héritages d’une histoire douloureuse pour les uns, glorieuse pour les autres, méconnue de beaucoup ?
À partir des archives de l’Éducation nationale, mais aussi des textes officiels et des manuels scolaires, Laurence De Cock retrace les débats qui ont agité l’enseignement de l’histoire de la colonisation depuis les années 1980. En analysant la confection des programmes d’histoire, elle interroge l’influence des débats publics sur leur écriture et montre combien le passé colonial, progressivement saisi par le politique, bouscule en profondeur la fabrique scolaire de l’histoire. Pour un enseignement qui a toujours eu comme finalité de contribuer à l’intégration sociale, les nouvelles demandes de reconnaissance des enfants et petits-enfants d’immigrés sont un facteur de reconfiguration de la discipline historique et des finalités de l’école républicaine.
Laurence De Cock est docteure en sciences de l’éducation, professeure agrégée en lycée et chargée de cours en didactique de l’histoire et sociologie du curriculum à l’Université Paris-Diderot. Elle a notamment publié, avec Benoît Falaize et Corinne Bonafoux, Mémoires et histoire à l’école de la République : quels enjeux ? (Armand Colin, 2007) et dirigé La Fabrique scolaire de l’histoire (Agone, 2017). Elle vient de publier Sur l’enseignement de l’histoire : débats, programmes et pratiques de la fin du XIXe siècle à nos jours (Libertalia, 2018).

Pour commander le livre : http://presses.univ-lyon2.fr/produit.php?id_produit=2033&id_collection=155

Vous pouvez lire quelques extraits de l’introduction de cet ouvrage sur The Conversation : http://theconversation.com/dans-la-classe-de-lhomme-blanc-lenseignement-du-fait-colonial-en-france-102069

Un extrait :

«Comment l’enseignement du fait colonial est-il devenu l’un des contenus scolaires les plus mobilisés dans les débats publics pour, à la manière de la citation d’Alain Finkielkraut donnée plus haut, témoigner d’un malaise dans la République et son école, voire d’un risque pour la nation ?

C’est cette première question qui nous intéresse ici. Elle appelle une analyse pas à pas. Elle charrie un premier implicite : la conviction du caractère performatif de ce qui est enseigné en histoire sur la forme sociale. Par ailleurs, la dramatisation excessive et la croyance en la transitivité entre l’apprentissage des faces sombres du passé colonial et le désamour national témoignent également de l’importance accordée à l’enseignement de l’histoire en France. Dans un essai publié juste après les attentats de 2015 et intitulé Nous sommes la France, Natacha Polony avance même que l’enseignement d’un roman national enchanteur permettrait de lutter contre la radicalisation islamiste des jeunes.

Il est impossible, en outre, de comprendre la sensibilité politique de la thématique coloniale sans se référer à la spécificité de la France, ancienne puissance coloniale et accueillant sur son sol une immigration, dont une grande partie provient des anciennes colonies, et ses descendants. La France est une terre d’immigration coloniale (migrants arrivés du temps des colonies) et postcoloniale (migrants arrivés après la décolonisation). Or le système colonial a été fondé sur le principe d’inégalités juridiques entre les hommes, de domination et d’usage légitime de la violence. »

Complément du 3 septembre 2018 :

Le journal Les Inrocks consacre un passionnant entretien à propos de cet ouvrage en interrogeant avec Laurence De Cock . Laurence De Cock parle notamment des différents moments et manières qui l’ont conduite à s’intéresser à la question de l’enseignement du fait colonial en France et sur son parcours d’enseignante. Cet intérêt l’a amené jusqu’à la conduite de cette thèse qu’elle publie aujourd’hui. Je vous invite ardemment à aller lire cet entretien. J’y extrait modestement le passage où Laurence De Cock s’exprime sur la manière qui, selon elle, conviendrait à l’enseignement du fait colonial en France :

« En fait, idéalement, je pense qu’on ne devrait pas consacrer un chapitre spécifique à la question coloniale. Si je devais reformuler la question, je dirai que l’idée n’est pas de savoir quelle finalité on assigne à l’enseignement du fait colonial, mais de savoir quelle finalité on donne à l’enseignement de l’histoire tout court – à l’intérieur duquel, le fait colonial, comme d’autres points historiques, a son importance. Il faudrait trouver une forme de récit dans lequel la question coloniale serait présente comme allant de soi depuis ses premières officialisations, c’est-à-dire depuis que les Européens ont pris pied sur le continent américain. Cela voudrait donc dire raconter l’histoire du monde, et de la France dans le monde, avec, entre autres choses, ce prisme colonial, qui ne serait pas du tout un élément isolé, qui n’aurait pas de rapport avec le capitalisme, avec la circulation des hommes et des femmes… On pourrait presque dire que ce nouveau récit que j’appelle de mes voeux ferait courir le fait colonial du XVIe siècle jusqu’à nos jours, et que la question coloniale y servirait d’élément d’explication d’un certain nombre de faits historiques qui sont amputés, si on n’y adjoint pas la question coloniale. Et qui risquent, aussi, d’être transformés et faussés si on ne les regarde qu’à travers le prisme colonial. Je crois donc que consacrer des chapitres spécifiques, que ce soit sur la traite, sur les conquêtes, sur les décolonisations etc, est en réalité une manière de poursuivre le cantonnement de cette histoire-là, de faire des avenants au contrat, mais de ne pas trouver les moyens de l’inclure dans une continuité historique qui nous constitue, qui irrigue le monde depuis maintenant cinq siècles.» 

L’article : Comment le “fait colonial” a-t-il été enseigné en France depuis les années 1980 ? | Les Inrocks

Classé sous :Nouvelles de l'histoire

«Journal d’un témoin». Camille Gorgé, diplomate suisse dans le Japon en guerre (1940–1945) | Quaderni di Dodis

28 août 2018 by Lyonel Kaufmann

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Dernier volume de la série «Quaderni di Dodis», « Journal d’un témoin», consacré aux mémoires du diplomate suisse Camille Gorgé dans le Japon de la Deuxième guerre mondiale. Pierre-Yves Donzé, Claude Hauser, Pascal Lottaz et Andy Maître ont publié ce document, de plus de 500 pages et couvrant la période du 7 janvier 1940 au 2 octobre 1945, sous la forme d’une édition thématique et critique.

Ministre de Suisse à Tokyo de 1940 à 1945, Camille Gorgé fait figure de témoin privilégié de cette période tragique de l’histoire mondiale. Ses Mémoires inédits, intitulés «Débâcle au Soleil-Levant: Journal d’un témoin», ont été rédigés dans l’immédiat après-guerre à partir de ses souvenirs, notes personnelles, rapports officiels et correspondances soigneusement mis en récit. Représentant neutre des intérêts de nombreux pays en guerre contre le Japon, Camille Gorgé a ainsi noté faits et réflexions sur son travail diplomatique quotidien et l’évolution du conflit. Ce document inédit de plus de 500 pages, couvrant la période du 7 janvier 1940 au 2 octobre 1945, est présenté ici sous la forme d’une édition thématique et critique. La sélection des extraits choisis, rédigés dans un style élégant et personnel, offre ainsi une perspective originale qui complète les sources diplomatiques habituelles portant sur les relations bilatérales entre la Suisse et le Japon et les événements dramatiques du conflit mondial vécu sur le terrain de l’Asie-Pacifique. Un document unique.

Les «Quaderni di Dodis» sont conçus comme e-book et fonctionnent selon le principe de l’Open Access. Le volume 10 peut être téléchargé gratuitement sous https://www.dodis.ch/q10 dans les formats courants e-reader ou être commandé auprès d’Amazon sous forme de livre par le biais du Print on Demand.

Source de l’information : http://www.infoclio.ch/en/quaderni-di-dodis-10-«journal-dun-témoin»

Classé sous :Histoire savante, Humanités Digitales, Nouvelles de l'histoire, Publications

La visite de Jean-Michel Blanquer à #Ludovia15

21 août 2018 by Lyonel Kaufmann

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La visite du ministre de l’éducation, première du genre, Jean-Michel Blanquer à l’occasion de #Ludovia15

Classé sous :Ludovia

#Ludovia15 : lundi 20 août 2018

21 août 2018 by Lyonel Kaufmann

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La mise en place de l’accueil et la réunion des blogueurs en images

Classé sous :Ludovia

Ce que l’enquête historique doit aux voyages et à la pratique collective

14 août 2018 by Lyonel Kaufmann

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« Par le voyage se découvre la matérialité sensible de l’histoire, son âpreté et son opiniâtreté. […] C’est ce qui ma convaincu n’était pas l’histoire comme discipline, mais son enseignement comme pratique collective. […] Deux idées simples, qui emportaient mon adhésion et que je tâche depuis lors de défendre : la première est qu’enseigner l’histoire est terriblement amusant — on a pas l’air de s’en lasser de sitôt; la seconde est qu’avec l’histoire peut se transmettre et s’éprouver une pensée critique qui a souvent un effet d’émancipation — on ne perd jamais son temps à l’enseigner. »

Patrick Boucheron (2016). Pourquoi faire profession d’historien. Paris: Seuil, Points histoire, p. 74.

Voir les choses en grand ou l’enseignement de l’#histoire par grand vent. Une pratique collective. L’exemple de Georges #Duby.

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Patrick Boucheron (2016). Pourquoi faire profession d’historien. Paris: Seuil, Points histoire, p. 92-93.

enquête #pensée historienne

Classé sous :Histoire savante, Opinions&Réflexions, Publications Balisé avec :Enquête, Enseignement, Georges Duby, Histoire, Patrick Boucheron, pensée historienne, pratiques historiennes

Méthodologie de l’histoire problème selon Michel Foucault

13 août 2018 by Lyonel Kaufmann

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Foucault, M. (1980). La poussière et le nuage. Perrot, M. (dir.) (1980). L’impossible prison. Recherches sur le sytème pénitentiaire au XIXe siècle, p. 32. Cité par Patrick Boucheron (2016). Pourquoi faire profession d’historien. Paris: Seuil, Points histoire, p. 69

Classé sous :Histoire savante Balisé avec :Enquête historique, pensée historienne

Pourquoi l’histoire, pourquoi le Moyen Âge ?

13 août 2018 by Lyonel Kaufmann

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Et vous ?
Patrick Boucheron (2016). Pourquoi faire profession d’historien. Paris: Seuil, Points histoire, p. 61

Classé sous :Histoire savante

A la rencontre de celui qui préserve la mémoire du canton de Vaud – Helvetia Historica

6 août 2018 by Lyonel Kaufmann

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Helvetia Historica a eu l’excellente idée de réaliser un entretien de Gilbert Coutaz, directeur des Archives cantonales vaudoises, qui partira à la retraite l’an prochain. Il revient sur son parcours et sur sa vision du métier d’archiviste, une profession qui joue un rôle déterminant dans la préservation de la mémoire collective.

Dans l’extrait suivant, Gilbert Coutaz s’exprime sur l’évolution qu’ont connue les fonctions sociales de l’archiviste ainsi que sur les effets de l’informatisation des archives.

Quelles sont à votre sens les fonctions sociales de l’archiviste? Ont-elles toujours été les mêmes ou percevez-vous une évolution en la matière?

Selon moi, la profession d’archiviste est fondée sur un certain nombre de convictions. Au début de ma carrière, l’érudition jouait un rôle important. L’archiviste devait être un grand connaisseur du passé pour être à la hauteur des historiens, de façon aussi à être reconnu comme un chercheur.

Avec l’informatique, j’ai vu le métier se modifier. Les supports d’écriture ont évolué. En 1994 déjà, je me suis demandé dans un article si l’informatique ne serait pas le fossoyeur de la mémoire, en prenant conscience qu’un défi considérable serait à relever au cours des années suivantes. Dans le domaine de l’archivistique, l’érudition a par conséquent cédé la priorité à des compétences de gestion.

Bien entendu, cela ne s’est pas passé sans quelques contestations. Lorsque nous avons mis en place des filières professionnelles visant à former des archivistes, des historiens n’ont pas compris que la paléographie ou la chronologie ne seraient pas enseignées. Pourtant, cela ne correspondait plus au marché. Peu à peu, la dimension historique a donc perdu de sa superbe et je me suis aperçu que la valeur refuge de l’archiviste n’était plus le XIIIe siècle, mais des facultés en gestion.

Le rôle de l’archiviste ne se résume pas, selon moi, aux heures de bureau. Il s’agit d’une manière de vivre. Cela ne me demande d’ailleurs pas d’effort particulier, puisque j’éprouve toujours du plaisir à être dans l’action. Cette profession offre de grandes potentialités, à plus forte raison aujourd’hui.

Aux Archives cantonales vaudoises, nous organisons ainsi désormais chaque année une exposition thématique. L’archiviste n’est plus un introverti étrange, mais un extraverti qui doit prendre la parole et communiquer avec l’extérieur. Il est un garde-fou, puisqu’il conserve des documents qui permettent de valider ou de contredire le discours historique. Il doit aussi faire preuve de pédagogie. N’oublions pas que le citoyen participe à la construction de la mémoire.

Les Archives répondent aussi à certaines demandes de la société, en ce qui concerne par exemple le rôle de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale, la stérilisation des handicapés, le placement extrafamilial des enfants. Le politique s’est rendu compte que les archives avaient une utilité dans ces questions, en raison des problèmes qui se posaient. En effet, certains documents avaient été détruits, ce qui rendait difficile la possibilité d’apporter des réponses. Nous avons donc dû remettre en cause notre politique d’évaluation, notamment nos critères d’élimination.

Parallèlement, nous sommes passés d’une histoire officielle à une histoire cantonale, qui intégrait d’autres voix que celle de l’autorité. Il m’a toujours paru nécessaire d’accorder de l’espace à des archives privées, afin de disposer d’une pluralité de points de vue.

— À lire sur helvetiahistorica.org/2018/08/05/gilbert-coutaz-archives-cantonales-vaudoises/amp/

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

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