L’Europe affichait encore une économie florissante à la veille de la Première Guerre mondiale. Les échanges entre nations allaient bon train, tandis que les frontières n’existaient pratiquement que sur le papier. Tout changea ce jour fatidique du 28 juillet 1914 avec l’éclatement du conflit. La Suisse disposait alors d’un stock de quelque 30 000 tonnes de céréales panifiables. L’approvisionnement à plus long terme en denrées alimentaires, en fourrage et en engrais se trouva menacé, poussant la Confédération à ordonner l’augmentation de la culture de céréales sur le sol suisse en 1917.

C’est dans ce contexte que l’homme d’affaires suisse Jean Bucher prit la direction de l’Allemagne afin d’y rencontrer un fabricant de machines agricoles. Il consigna ses observations dans plusieurs carnets, décrivant par exemple son trajet en train de décembre 1916 en ces termes: «À Tuttlingen, une infirmière monta à bord en compagnie d’un soldat âgé d’environ 22 ans, sortant de l’hôpital de la ville… La vie ne semblait plus revêtir grand intérêt aux yeux de ce Prussien qui pestait contre les officiers et espérait ne plus jamais devoir participer à une telle boucherie s’il en réchappait.»
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