
Présenté à Cannes, Loving de Jeff Nichols s’inspire d’un épisode marquant de l’histoire du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Le parti pris du cinéaste Jeff Nichols consiste à mettre en scène ce récit non comme « l’affaire Loving vs Virginie« , mais comme le récit de la vie de deux personnages nommés Richard et Mildred, que rien ne destinait a priori à entrer dans les livres d’histoire.
Les faits :
Les plaignants, Mildred Jeter, une femme noire et Richard Perry Loving, un homme blanc, étaient résidents en Virginie. Ils s’étaient mariés en juin 1958 dans le District de Columbia voisin, ayant quitté la Virginie pour échapper à une loi de cet État interdisant les mariages « inter-raciaux ». À leur retour en Virginie, ils furent arrêtés chez eux au milieu de la nuit par le shérif du comté agissant sur une dénonciation anonyme. Ils furent accusés de violation de l’interdiction, plaidèrent coupable, et furent condamnés à un an de prison, avec suspension de la sentence pour vingt-cinq ans à condition qu’ils quittent l’État de Virginie. Le juge, Leon Bazile, faisant écho à l’interprétation du XVIIIe siècle par Johann Friedrich Blumenbach du terme « race », proclama que : « Dieu Tout-puissant créa les races blanches, noires, jaunes, malaises et rouges, et les plaça sur des continents séparés. Et, sauf l’interférence avec ses dispositions il n’y aurait aucune cause pour de tels mariages. Le fait qu’il sépara les races montre qu’il n’avait pas pour intention qu’elles se mélangent. »
Les Lovings déménagèrent pour le District de Columbia, et en 1963 commencèrent une série de procès pour faire casser leur condamnation au motif du quatorzième amendement de la constitution des États-Unis, qui fut tranchée par la Cour suprême.
Source : Loving v. Virginia — Wikipédia
Le film :
Cette histoire, Jeff Nichols prend le temps de nous la raconter, de donner chair et épaisseur à ses personnages. Il s’attarde sur les moments d’intimité et les gestes de tendresse, les repas en famille et les plaisirs simples, le passage des années et les enfants qui grandissent… L’histoire, la grande, n’entrera dans le film que par la bande.
L’avis de Zéro de conduite :
«Cette attention accordée l’humanité de ses personnages, portée par une mise en scène d’une exemplaire sobriété, est le moteur à la fois d’un mélo bouleversant et d’un des plus beaux films sur le mouvement des droits civiques : jamais le cinéma ne nous a fait sans doute ressentir aussi douloureusement l’horreur des lois ségrégationnistes, qui déniaient à certains êtres humains les droits les plus élémentaires.»
Zéro de conduite : Loving : l’histoire à hauteur de couple
Loving de Jeff Nichols, Etats-Unis, 2016, Durée : 123 mn Sélection Officielle, en compétition
Laisser un commentaire