Dans des systèmes politiques où l’histoire adopte une géométrie variable, et au fur et à mesure que se dévoilent traîtres, agents de l’étranger, ennemis du peuple et autres renégats, l’image fixe est toujours en retard d’une purge ou d’une révision. D’où la tentation de la falsifier. En 1987, Alain Jaubert en détaillait les techniques (retoucher, détourer, découper, effacer) dans un ouvrage intitulé Le Commissariat aux Archives. Les photos qui falsifient l’histoire.
En 2020, dans son blog consacré à la politique américaine. Richard Hétu nous apprend que l’Administration nationale des archives et des documents américaine présente sous son toit une exposition sur le centenaire du mouvement des suffragettes qui inclut des photos de la marche des femmes organisée à Washington au lendemain de l’investiture de Donald Trump, le 21 janvier 2017.
Or, comme le révèle le Washington Post, certaines des photos ont été modifiées pour obscurcir le nom de Trump sur des affiches critiquant le président ou des mots, y compris chatte et vagin, employés dans divers messages. D’aucuns ont trouvé le procédé indigne d’une institution comme les Archives nationales et plutôt digne de la Chine ou de la Corée du Nord.
Dans un premier temp, les responsables de l’agence ont justifié leur décision en faisant valoir qu’ils ne voulaient pas entrer dans la «controverse politique actuelle». Puis elles ont reconnu que c’était une erreur :
We made a mistake.
As the National Archives of the United States, we are and have always been completely committed to preserving our archival holdings, without alteration. pic.twitter.com/VTWOS4R7GY
— US National Archives (@USNatArchives) January 18, 2020
Source : La Photo du jour | Le blogue de Richard Hétu
Crédit photo : Photos Getty Images