Le 13 mars 2020, il y a deux ans, c’est la stupéfaction en Suisse: le Conseil fédéral annonçait la fermeture des écoles pour freiner la pandémie de Covid-19. Avec la mise en place dans l’urgence des cours à distance, le numérique s’est alors retrouvé au centre de l’attention. Comment son usage dans les classes a-t-il évolué depuis? La crise sanitaire a servi d’accélérateur.
Pour Christophe Cattin, le président de la Commission pour l’éducation numérique, un organe de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP) «La pandémie a permis de démystifier le numérique» :
«D’un côté, les peurs sont tombées. De nombreux enseignants qui ne voulaient pas s’y mettre ont réalisé que Microsoft Teams ou Educlasse, la plateforme des cantons de Berne et du Jura, n’étaient finalement pas si compliqués et pouvaient même être très utiles. A l’inverse, ceux qui pensaient que le numérique à l’école allait tout résoudre ont adopté un discours plus nuancé. On a vu que le numérique ne rendait pas forcément l’apprentissage meilleur ou plus rapide, et que le distanciel exacerbait les inégalités. L’expérience des deux dernières années a permis de poser certaines limites.»
Si le numérique s’impose dans la classe, il n’est pas forcément au coeur des activités des élèves, mais plutôt dans l’accompagnement et l’augmentation de l’activité de l’enseignant ainsi que l’illustre l’exemple suivant dans l’article d’Heidi,news :
«Mon prof de math, par exemple, fait son cours sur un beamer puis le partage en ligne. C’est très utile, par exemple si la correction d’un exercice en classe va trop vite. Mon prof de philo, qui a pourtant 64 ans, y met les PowerPoint qu’il présente, des consignes d’exposés. Désormais, les devoirs et les évaluations doivent même obligatoirement être annoncés sur Classroom. Il y a vraiment un avant et un après.»
Dans ce cadre, le numérique reste alors largement à la périphérie de l’activité et des pratiques pédagogiques elles-mêmes. Olivier Solioz, vice-président du Syndicat des enseignantes et enseignants de Suisse romande (SER), exprime bien les questions et les doutes concernant l’utilisation à proprement parler pédagogique du numérique :
«Il y a des réflexions sur l’optimisation du temps de travail en classe, avec l’adoption de modèles de type “classe inversée”. Mais aussi sur le développement de moyens d’enseignements plus interactifs. Parmi les sites et les applications que les enseignants ont utilisées ces dernières années, il convient désormais d’opérer un grand tri et de déterminer ce qui apporte un vrai plus à l’enseignement.»
Il reste donc bien du chemin à faire…
Source : Numérique à l’école: ce que la pandémie a changé – Heidi.news