A mes yeux, Nicolas Sarkozy se distingue de ses prédécesseurs sur trois points. D’abord parce qu’il a fait de l’histoire – et je crois que c’est sans équivalent – un élément central de sa campagne. […]
La deuxième originalité tient au fait que Nicolas Sarkozy utilise l’histoire sur un mode très particulier, qui privilégie l’émotion aux dépens de l’analyse. C’est ce qu’illustre la façon dont il a convoqué la figure de Guy Môquet […].
Enfin, Nicolas Sarkozy détonne en mettant en scène de façon très spectaculaire son intérêt pour l’histoire. […]
En cela, il a pleinement pris la mesure du rôle que jouent les images en matière de ” communication sur l’histoire “. Sur ce terrain, toutefois, François Mitterrand lui avait déjà ouvert la voie,
Propos de Patrick Garcia, maître de conférences à l’université de Cergy-Pontoise et chercheur associé à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP-CNRS). Auteur d’une thèse sur la commémoration du bicentenaire de la Révolution de 1789, il travaille actuellement sur le rapport des différents présidents de la Ve République à l’histoire de France. Propos recueillis par Thomas Wieder.
Dans la foulée du troisième point relevé par Monsieur Patrick Garcia, je dirais qu’il est remarquable à quel point certains dirigeants – ou « leaders » si l’on préfère, qu’ils soient civils ou militaires, utilisent l’histoire et ses images pour se légitimer et s’imposer comme figure charismatique.
Sans qu’ils soient nécessairement présidents, sur leurs CV ou dans leur bio, sous la rubrique « Hobbies » ou « Temps libre », après « la famille » on lit souvent « lecture » avec la précision « livres d’histoire, biographies ». Et le discours est assez régulièrement ponctué des poncifs du type « l’histoire nous enseigne que … » et de références à de « grands figures » leur servant de modèle d’action, partant qui devraient dès lors servir aussi de modèles à celles·ceux qui les écoutent. […Non, non, Lyonel, je n’ai pas cité Obama, sûr ;-)].
Du coup, je ne trouve pas que Nicolas Sarkozy « détonne » tant que cela, parce que les dirigeants évoqués avant privilégient aussi l’émotion aux dépens de l’analyse (deuxième point de Monsieur Garcia). Dans le cas contraire, il n’y aurait aucun intérêt à utiliser l’histoire pour frapper l’imaginaire des récepteurs du message dans un discours qui cherche plus à faire voir et à faire croire qu’à dire le vrai.
Euh, là, j’espère ne pas avoir été trop poncif 😉