Entreprise mémorielle ou histoire? Et faut-il ou non commémorer le 11 septembre en classe d’histoire ? Actuellement une seule vision mémorielle est développée : celle des Etats-Unis. Est-ce la mémoire du «vainqueur»? A suivre.
Sur le rapport des événements à l’histoire et la mémoire :
«Ces commémorations sont et seront généralement accompagnées d’une envolée d’analyses politico-historico-géographico-médiatiques. Les journalistes ne rencontreront d’ailleurs aucun mal à remplir des heures et des heures de programmes car tout le monde a envie de raconter son 11 septembre, du prisonnier dans sa cellule à l’employée de hotline dans son open space.
Les historiens ont été en revanche beaucoup plus prudents dans leurs déclarations autour de cet évènement qualifié un peu trop souvent et rapidement d’ « historique ». Qui sommes-nous en effet pour juger de la place d’un attentat dans une chronologie en devenir ?»
Sur la vision mémorielle actuelle:
Pour l’instant, la chronologie impose encore une lecture essentiellement géopolitique de l’événement. Le modèle américain mobilise toute sa puissance pour convaincre le monde de la légitimité de sa politique étrangère, quitte à instrumentaliser un peu les passions mémorielles.
Pour en revenir à l’histoire, le traitement en classe d’histoire de cet événement devrait alors s’inscrire, à mon avis, dans le cadre de l’histoire des Etats-Unis au 20e siècle ou après 1945.
Une autre piste consisterait à travailler sur la notion d’événement historique. Qu’est-ce qui en fait sa spécificité, quels sont les éléments nécessaires pour que l’on puisse parler d’événement historique, le 11-Septembre est-il déjà ou non un événement historique?
Je conclurai en indiquant que les programmes d’histoire contemporaine et les manuels ont toujours cherché à incorporer l’histoire la plus récente en leur sein. Avant même qu’un discours ou un découpage historique ne soit construit. Il n’est donc pas étonnant que la question du 11-Septembre soit déjà une question à l’école et dans les programmes ou manuels d’histoire.
Source : 11 septembre 2001 : les enjeux d’une commémoration – le Plus.