Merci à Rémy Besson pour sa mise à disposition de sa contribution Le rôle des média généralistes dans le devenir-référence de Shoah (1985-1987) proposée lors du colloque Si la photographie est bonne, organisé par André Gunthert (Lhivic/ EHESS), à l’INHA le 20 octobre 2011.
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Source : Le devenir référence de Shoah (1985-1987)
film&histoire
Revue de presse : Images d'archives : ce qu'elles nous racontent | Télérama
Pas un jour sans qu’un documentaire puise dans la masse surabondante des archives cinématographiques pour rappeler 1914-1918, 1939-1945, Mai 68 ou mai 1981. Prises de vues arrachées au passé, sans lesquelles on n’imagine pas évoquer les événements du XXe siècle, qui fut aussi celui du cinéma. En quoi ces images permettent-elles d’écrire l’Histoire ? L’historien du cinéma Laurent Véray, maître de conférence à l’université Paris-III Sorbonne Nouvelle, explore cette question dans un ouvrage abondamment illustré : Les Images d’archives face à l’Histoire. L’occasion pour Télérama d’aborder l’évolution et la variété des usages qu’en font cinéma et télévision.
Revue de presse : Images d'archives : ce qu'elles nous racontent | Télérama
Pas un jour sans qu’un documentaire puise dans la masse surabondante des archives cinématographiques pour rappeler 1914-1918, 1939-1945, Mai 68 ou mai 1981. Prises de vues arrachées au passé, sans lesquelles on n’imagine pas évoquer les événements du XXe siècle, qui fut aussi celui du cinéma. En quoi ces images permettent-elles d’écrire l’Histoire ? L’historien du cinéma Laurent Véray, maître de conférence à l’université Paris-III Sorbonne Nouvelle, explore cette question dans un ouvrage abondamment illustré : Les Images d’archives face à l’Histoire. L’occasion pour Télérama d’aborder l’évolution et la variété des usages qu’en font cinéma et télévision.
Revue de presse (16 novembre 2011)
- Sur France 3, un téléfilm réécrit l’histoire du procès de Nuremberg | Rue89 – Les téléspectateurs de France 3 ont vécu une expérience un peu surréaliste mardi soir.
Après la diffusion de « J'étais à Nuremberg », une fiction reconstituant avec soin le procès des dignitaires nazis à la fin de Seconde Guerre mondiale, ils ont pu assister à un débat pendant lequel des spécialistes de la période ont pointé les erreurs historiques et curieux parti-pris du téléfilm.
Principal grief soulevé par les invités de « Ce soir ou jamais » : le rôle attribué à Auguste Champetier de RIbes, représentant de la France au sein du Tribunal militaire de Nuremberg, incarné par Patrick Raynal.
Dans plusieurs scènes, on le voit tenter de dissuader son adjoint Pierre Bernard (un personnage inventé pour l'occasion) d'évoquer le rôle de Vichy dans la déportation des juifs de France.
Le problème, c'est que cette scène n'a jamais existé… - L’image de la Suisse | Mots d’images – Les banques, le chocolat, la propreté ou l’horlogerie sont autant de clichés très répandus de la Suisse. Si ces derniers s’inspirent bien de faits concrets, qu’en est-il de tous les mythes, croyances et symboles qui fabriquent l’imaginaire du pays ? Comment sont-ils nés ? Comment fonctionnent-ils ? Gianni Haver, sociologue de l’image, vient de publier L’image de la Suisse pour faire le tour de ces questions. Mots d'image nous en offre un compte-rendu.
Exposition Metropolis : le passé a de l’avenir | Il était une fois le cinéma
- Exposition Metropolis : le passé a de l’avenir | Il était une fois le cinéma – Jusqu’à ce jour, les cinéphiles ne connaissaient de Metropolis qu’une version incomplète, amputée de plus de 30 minutes. Aussi, en 2008, la découverte inespérée d’une copie intégrale du film fait vite figure d’événement. Dans la foulée, la Cinémathèque Française choisit aujourd’hui de rendre hommage à Fritz Lang et à son chef d’œuvre. Une grande exposition comme une jolie revanche sur l’Histoire, pour ce film dont le cinglant échec commercial lors de sa sortie ne laissait pas présager une telle postérité.
Du bruit autour du Führer | Ecrans
«Ils reviennent avec une deuxième apocalypse : deux ans après la série documentaire sur la Seconde Guerre mondiale, le duo Isabelle Clarke-Daniel Costelle livre Apocalypse Hitler narrant la montée au pouvoir dudit dictateur nazi. Avec le même dispositif : des images d’archives colorisées, sonorisées et liées par un commentaire lu par Mathieu Kassovitz. « Comment Hitler a-t-il été possible ? » s’interroge le documentaire, qui couvre les années 1889 à 1934. Si le premier opus (diffusé dans 165 pays) a rencontré un grand succès d’audience — 6,5 millions de téléspectateurs en moyenne par épisode —, il avait également suscité la polémique, notamment au sujet de la colorisation des archives. Apocalypse, la Deuxième Guerre mondiale défendait son dispositif avec des arguments de prime-time et de grand public. Mais, appliqué à la trajectoire d’un seul homme, Adolf Hitler, le procédé se parodie et aboutit à une caricature.»
A cette époque, en 2009, j’avais rédigé la chronique suivante pour le Café pédagogique : «Apocalypse : au delà des prouesse techniques est-ce de l’histoire ?» (2009). Le Café pédagogique, No 105, septembre. Je posais notamment la question suivante à laquelle ma chronique tentait de répondre : cette émission est-elle utilisable en classe d’histoire? Si oui, à quelles conditions?
Mes propos gardent toute leur actualité. La caricature était déjà présente à partir du moment où, concernant le premier Apocalypse, l’essentiel du propos se résumait dès le début de la série à illustrer le propos suivant sur les causes de cette guerre : «Y a un pyromane incroyable, Hitler, qui met le feu à toute la planète.» Un propos totalement désuet historiographiquement puisque l’historien Ian Kershaw, par exemple, disqualifie dans sa biographie d’Hitler tout travail historique qui se contenterait de présenter Hitler en Deus ex machina. Visiblement depuis 2009, Isabelle Clarke et Daniel Costelle n’ont toujours pas mis à jour leur logiciel historique…
Reste le grand Barnum fort bien présenté et résumé par Ecrans qui conclut :
Le docu est un blockbuster, avec Hitler en acteur principal, un vrai sens du montage, de la post-synchro (la sonorisation), de la profondeur de champ et de l’étalonnage (la colorisation). Isabelle Clarke le revendique même dans le dossier de presse : la démarche des auteurs tient du « geste artistique ». Et, s’ils utilisent « les codes narratifs et plastiques du cinéma », c’est parce qu’ils sont « indispensables à une compréhension de l’histoire par le plus grand nombre ». C’est bien ça : Apocalypse Hitler n’est pas un documentaire historique, c’est du cinéma.
Source : Du bruit autour du Führer | Ecrans
Apocalypse Hitler
Documentaire d’Isabelle Clarke et Daniel Costelle
France 2, ce soir 25 octobre 2011 à 20 h 35.
Mise à jour (07.11.2011)
André Gunthert propose un article fort intéressant sur le même documentaire et intitulé Apocalypse ou la trouille de l’histoire.
Concernant la vacuité de la démarche historique de Clarke et Costelle, il indique:
Si la biographie historique n’est plus un genre prisé par les chercheurs, c’est que le rôle des grands personnages, qui ponctuaient autrefois l’histoire comme autant de démiurges, a été sérieusement revu à la baisse, au profit d’une plus grande attention pour les mécanismes économiques et sociaux ou pour d’autres conjonctions de facteurs. Dans cette approche, un personnage aussi caricaturé qu’Hitler a toutes les chances de constituer un piège dont aucun projet narratif ne peut se sortir.
[…]
Quel a été le rôle du chef du parti nazi dans la catastrophe allemande? Les spectateurs d’Apocalypse seraient surpris de découvrir que cette question représente un point focal du débat historiographique, et qu’elle suscite des interprétations diverses et contradictoires. Le rôle déclencheur de la crise de 1929 dans la montée du nazisme est toutefois généralement admis. Dans les deux heures du film de Costelle et Clarke, ce facteur externe décisif est expédié en moins de 40 secondes, au début du 2e épisode, appuyé sur quelques images dont on se demande bien en quoi elles expliquent le lien causal entre misère et fascisme.
Il conclut son article en indiquant :
Apocalypse restera comme le produit typique d’une époque qui craint les apparences du passé, confondant les destinées de l’archive historique et de la production commerciale, mais ne sait pas reconnaître l’archaïsme d’une approche dépassée de l’histoire. C’est moins Costelle et Clarke qu’il faut tenir pour responsables de cet état de fait que France 2, qui n’oserait pas promouvoir un documentaire historique sans le présenter comme un défi technologique, et qui empile les superlatifs pour s’autoconvaincre de diffuser en prime time une vision désuète et terriblement old school de l’histoire.
Etudes Photo n°27 – Le Rapport Karski | Cinémadoc

En 1977, Claude Lanzmann et son équipe ont retrouvé le résistant polonais Jan Karski. Fin 1978, après plus de trente années de silence, Karski accepte d’être filmé à son domicile pendant deux jours. Dans Shoah (1985), Claude Lanzmann octroie trente-neuf minutes à ce témoignage. En 2010, le réalisateur a repris l’entretien original pour réaliser un nouveau film, Le Rapport Karski, diffusé sur la chaîne franco-allemande Arte. À vingt-cinq ans d’intervalle, Shoah et Le Rapport Karski ont été perçus comme des documentaires, c’est-à-dire comme des films donnant un accès le plus direct possible aux paroles des témoins. Si, dans les deux cas, le réalisateur affirme son souhait de transmettre la « vérité », tant les propos qu’il a tenus au sujet de ses films que les choix visuels qu’il a effectués diffèrent. Il apparaît ainsi que la transmission de la vérité à laquelle aspire le réalisateur prend des formes distinctes selon le contexte de réalisation et questionne ainsi plus généralement la part de la médiation dans la réalisation d’un film dit documentaire.
Cet article de Rémy Besson dans Etudes Photos no 27 est donc un article important par rapport à un film régulièrement utilisé ou cité dans l’étude du génocide des Juifs.
Cabeza de Vacam: la découverte de l'Amérique des signes | Culturopoing
Un des événements de ces vacances de Noël : la sortie en France, vingt ans après, d’un film devenu culte au moment des festivités du cinquième centenaire de la découverte de l’Amérique. Cabeza de Vaca (Mexique, 1991) de Nicolás Echevarría est une coproduction hispano-mexicaine qui retrace l’histoire d’un conquistador devenu chamane et défenseur des Indiens du nord du Mexique.

Le film se situe au cœur d’une période très peu représentée dans le cinéma mexicain et mondial, la Conquista espagnole du début du 16e siècle. Il s’inspire librement d’un livre exceptionnel: la Relation de voyage 1527-1537 écrite par Alvar Núñez « Cabeza de Vaca », un explorateur espagnol. Trésorier d’une mission partie d’Espagne en 1527 et qui a fait naufrage, Cabeza de Vaca est parmi les rares survivants de cette expédition condamnée. Après les huit ans d’errance sur lesquels se penche le film, Cabeza de Vaca dirige à Charles Quint le récit de ses aventures – un récit qui parvient jusqu’à nous grâce aux éditions Actes Sud, dans une traduction qui permet de mesurer la valeur du témoignage d’un des plus grands explorateurs de l’histoire moderne – celui qui d’après Henry Miller avait racheté et lavé les chroniques sanglantes de Pizarro et Cortés. Nicolás Echevarría réussit, quant à lui, à nous présenter une œuvre impeccable à la fois au niveau historique, esthétique et initiatique – un véritable film de rupture.
viaNicolás Echevarría – « Cabeza de Vaca » sur Culturopoing.
Koblet, le James Dean suisse | Deux ou trois choses vues de Paris
La projection sur la Piazza Grande de Locarno du film de Daniel von Aarburg «Hugo Koblet, pédaleur de charme» donne l’occasion à André Crettenand de répondre à question : Qu’est-ce qu’un héros suisse?
Dans ce cadre-là, Hugo Koblet déteint par rapport aux héros magnifiés au 19e siècle pour, selon la jolie formule d’André Crettenand, «faire une nation avec des confettis d’Etat»:
ce qui est remarquable, c’est la célébration nouvelle de la star si peu suisse au fond, réussissant sans travailler, dépensier, volage mais si généreux, charmant, bon camarade et amoureux de la vie.
Pour André Crettenant, il ne fait aucun doute que le film est déjà promis au succès. Ne serait-ce que par le contraste avec Ferdi Kübler, l’autre champion suisse du vélo de ces années-là plus proche que Kublet de l’imaginaire du héros national suisse attendu.
L’affirmation de Koblet comme héros national décalé par rapport aux héros nationaux du 19e siècle s’inscrirait parfaitement dans les observations plus générales faites concernant l’évolution des héros nationaux occidentaux. Ainsi, à propos de la figure de Luther et de son traitement au fil des différentes commémorations protestantes en Allemagne, Yves Bizeul ((Bizeul Y. (2010). Le Huguenot résistant et Luther, le colosse aux pieds d’argile. In Cottret B. & Henneton L. (dir). Du bon usage des commémorations. Histoire, mémoire et identité XVIe-XXIe siècle. Rennes: Presses universitaires, p. 67)) note-t-il
il faut bien voir que l’humanisation des anciens héros et la reconnaissance de leurs faiblesses peuvent être des stratégies payantes dans une haute modernité qui vénère moins le «surhomme» goéthéen et nietschéen que l’homme en recherche, traversé de doutes, mais aussi capable de grandeur.
Koblet, le James Dean suisse | Deux ou trois choses vues de Paris.
Film & Histoire : Le débarquement de Normandie
La pause estivale est l’occasion de rattraper ses retards en lecture de toutes sortes. Je vous proposerai donc quelques ouvrages ou lecture en ligne en lien avec le cinéma et l’histoire. Pour le reste, le site tournera très certainement au ralenti. Bon été!
Olivier Wieviorka est l’auteur en 2007 de l’Histoire du débarquement en Normandie – Des origines à la libération de Paris, 1941-1944. A proprement parler son propos n’est pas directement lié aux oeuvres cinématographiques telles Le Jour le plus long ou Il faut sauver le soldat Ryan. Pourtant sa lecture en est un indispensable contrepoint.
En effet, le Jour J, cet événement sur lequel on pense tout savoir et auquel le cinéma semble avoir définitivement forgé une légende, fait l’objet d’un examen particulièrement critique de la part d’Olivier Wieviorka. L’histoire proprement militaire que reprend O. Wieviorka diffère de sa version cinématographique : au jour J, plutôt réussi et pas si meurtrier que cela, succède une épuisante campagne dans le bocage contre une armée allemande bien accrochée. Du 6 juin au 31 juillet, en effet, les armées alliées piétinant sur leurs objectifs eurent à subir des pertes considérables dans des combats rapprochés et brutaux.
Le compte-rendu de la Revue Sciences humaines met aussi en évidence que
Pour la première fois, O. Wieviorka relève l’incidence élevée des pertes par dépression, automutilations, abandons de poste (25 à 33 % des pertes non fatales) et évoque la manière dont les services de santé improvisèrent une prise en charge de ces cas. L’issue viendra de la reprise des succès militaires, mais entretemps le sentiment que ces soldats anglais, canadiens ou américains, même expérimentés, n’allaient pas si souvent combattre la fleur au canon pour la démocratie et contre le nazisme, mais désespéraient souvent de revoir leur pays, s’est imposé au lecteur.
Nous sommes ainsi bien loin de John Wayne et plus proche de la chronique d’hommes ordinaires.
Pour la Revue d’historique des armées, l’ouvrage de Wieviorka
apporte une étude précise, détaillée et qui envisage le débarquement dans tous ses aspects : politiques, économiques, sociaux et diplomatiques. Mais cela reste avant tout un ouvrage d’histoire militaire.
Les comptes-rendus ou interviews:
- Le compte-rendu de la Revue Sciences humaines
- Le compte-rendu de la Revue historique des armées
- l’interview en 2009 du journal Le Monde : Olivier Wieviorka : « Le débarquement est aujourd’hui présenté sous un jour moins triomphaliste »
Pour sa part, l’article fort complet de la Bataille de Normandie sur Wikipedia propose une bibliographie fort utile de cette bataille ainsi qu’une brève filmographie et une galerie de photographies. Bibliographie où l’ouvrage de Wievorka figure en bonne place.
Olivier Wievorka (2007). Histoire du débarquement en Normandie : des origines à la libération de Paris (1941-1944). Paris: Seuil (collection L’univers historique), 441 pages.