L’excellent site Zéro de conduite (L’actualité éducative au cinéma) propose son compte-rendu du film, attendu sur la Croisette, de Sofia Coppola consacré à Marie Antoinette.
Le titre donne immédiatement le ton de l’article: Marie Antoinette en ado lassante
Sur le plan historique, Zéro de conduite s’appuie justement sur l’analyse des films tournés par des Américains sur la Révolution française —analyse qui bien entendu n’a pas attendu le film de Sofia Coppola. La parole est donnée au maître ès histoire au cinéma : Marc Ferro (in Cinéma, vision de l’histoire, Ed. du Chène, 2003) :
« tourner les fastes de l’aristocratie et de la cour offre un cadre merveilleux pour les « usines à rêve » ; ce qui n’est pas le cas de la misère paysanne ou de la collecte de la taille . (…) Aux Etats-Unis, où la révolution est globalement rejetée par la société depuis l’indépendance, celle-ci joue le rôle de catastrophe et elle anime le genre favori des cinéastes, le mélodrame. On y retrouve toujours un personnage de victime, une jolie femme de préférence, et là Marie-Antoinette ainsi que madame du Barry jouent les vedettes ; un traitement pathétique fait adopter au spectateur le point de vue de la victime. La Révolution, comme l’a bien montré l’historien du cinéma Jean-Louis Bourget, exerce la fonction de la catastrophe, ce qui, en profondeur, connote ces films d’une signification réactionnaire. »
A ceci près, précise Zéro de conduite que le film de Sofia Coppola ne va pas jusqu’à la catastrophe : le film s’arrête au moment du départ pour Paris. Pour le reste, Zéro de conduite n’y va pas avec le dos de la cuillère relativement aux intentions de la cinéaste :
Le film s’ouvre sur un personnage digne de Sissi impératrice, se rebellant contre l’étiquette, puis Marie-Antoinette devient une sorte de fashion victim à la Paris Hilton […]
Seule les allusions à l’amitiés franco-américaine trouvent grâce aux yeux de Zéro de conduite
En revanche les allusions appuyées à une certaine amitié franco-américaine, peuvent se lire comme une révérence de Sofia Coppola à une certaine idée de la culture française (Gilles Jacob, les groupes Air et Phoenix, les macarons Ladurée), et à son public qui l’avait jusqu’à présent plébiscitée.
Mais
Cela ne suffit pas à imprimer un souffle et du rythme à un film qui rate le virage de la nostalgie désenchantée que sait d’habitude donner Sofia Coppola à ses œuvres.
Si après cela vous osez l’utilisez en classe d’histoire pour y enseigner la Révolution française…
[Marie Antoinette de Sofia Coppola. 2005. Durée : 2 h 03. Sortie le 24 mai 2006. Distribution : Pathé]
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