Tout évolue dans le cours de l’histoire, y compris la façon d’écrire l’histoire elle-même. Longtemps portée par les chantres des « grandes nations », elle a donné un travers belliqueux à nos manuels d’histoire : l’exaltation des guerres du passé, des batailles et des grands généraux ont accompagné notre enfance. La réconciliation franco-allemande est certes passée par là, mais un bref coup d’œil à l’actualité littéraire nous convaincra que la gloire virile de la guerre (pour l’empire ou l’indépendance, peu importe) tient toujours une place dans les imaginaires nationaux, sur fond de drapeaux, fanfares et défilés militaires. Le culte du dieu Mars, c’est-à-dire de la violence organisée entre États, continue de faire recette auprès du grand public.
Dès lors, cela a-t-il un sens d’écrire un livre sur la paix internationale, cette figure modeste de l’histoire ? Régulièrement bafouée au nom de la « raison d’État », elle a certes pour elle sa patience infinie, qui lui confère quelque chose d’héroïque au regard de ses faiblesses évidentes. On la trouve toujours de retour au lendemain des grandes guerres qui ont dévasté notre continent, et elle est la compagne discrète des Européens de l’Ouest depuis bientôt soixante-dix ans. Elle a même connu une brève heure de gloire au moment de la chute du bloc soviétique — lorsqu’elle devint la clé de voûte d’une Union européenne bientôt élargie à vingt-sept membres.
L’ouvrage de Bruno Arcidiacono, historien des relations internationales, apporte un éclairage original à ce sujet en explorant la genèse de l’idée de la paix entre États.
Lire la suite : La paix, toujours recommencée – La Vie des idées.
Recensé : Bruno Arcidiacono, Cinq types de paix. Une histoire des plans de pacification perpétuelle (XVIIe-XXe siècles), Paris, PUF, 2011, 465 p., 32 €.
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