
La loi du sang: Penser et agir en nazi de Johann Chapoutot
Face à l’horreur des crimes du IIIe Reich, un réflexe a dominé pendant de longues années dans le sens commun comme dans une partie de la littérature scientifique: rejeter le national-socialisme vers la déviance, la perversion ou l’irrationalité. Cela passait, pour les hiérarques du régime, par une peinture grotesque de leurs tares, une psychologisation tendancielle, qui se retrouve sous une forme populaire et réussie chez un Robert Merle ou un Dino Buzzati (dans la nouvelle Pauvre petit garçon!), mais qui contribue à dépolitiser les parcours de ces hommes. Du point de vue de la pensée nazie, l’anathème est restée presque entière: «pensée nazie» reste, encore aujourd’hui, un oxymore. Or, sans chercher le moins du monde à normaliser le nazisme, ce rejet dans la déviance n’aide pas à comprendre ce phénomène qui a conduit à la mort de millions de personnes. Les nationaux-socialistes, quand ils commirent leurs crimes, utilisaient un répertoire théorique censé justifier leurs actes, toute une série de «discours normatifs». Il est confortable de se dire que le IIIe Reich était une barbarie pure; il est plus intéressant, quoique moins rassurant, de comprendre qu’il existait une véritable «conception du monde» nazie, qui justifiait et assumait le crime. C’est à disséquer cette «conception du monde» que s’est employé l’historien Johann … Lire la suite
Je note :
«Le parti-pris méthodologique de l’ouvrage peut surprendre. En effet, il s’agit d’une plongée totale dans le logos nazi. Il y a d’abord peu de références à l’historiographie: l’ouvrage est tourné vers les sources, leur exposition, leur mise en cohérence, voire en système. Les citations sont, de ce fait, très nombreuses, et donnent au public français un accès bienvenu à des textes qui sortent des sentiers souvent bien rebattus des auteurs les plus cités – Hitler le premier. Plus surprenant, une bonne partie de l’ouvrage est écrit au discours indirect libre. La visée est claire: proposer une compréhension immersive de la normativité nazie. On retrouve cette démarche dans le sous-titre même du livre: «Penser et agir en nazi».»
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