
Jean-Luc Einaudi, ou le temps saturé d' »à-présent », par Olivier Favier. | Dormira jamais:
Je n’aime pas beaucoup mon époque. Mon époque rêve de salauds et ne s’éprend que de médiocres. C’est donc avec une joie immense qu’en écoutant hier Fabrice Riceputi au téléphone, j’ai appris qu’il avait troqué la proposition d’un brûlot contre Alain Finkielkraut pour cet hommage appuyé à Jean-Luc Einaudi, autrement dit qu’il avait préféré consacrer une année de sa vie à un « héros moral », comme l’a si bien nommé l’écrivain Mohamed Harbi, plutôt qu’à un triste petit vieillard paumé. Pour achever mon bonheur, l’ouvrage est paru dans les mêmes jours que Le Manifeste pour une contre-offensive intellectuelle et politique d’Édouard Louis et Geoffroy Lagasnerie. Il en est en quelque sorte une parfaite illustration.
La Bataille d’Einaudi, Comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République, de Fabrice Riceputi, préface de Gilles Manceron, Le passager clandestin, octobre 2015.
En lisant le livre de Fabrice Riceputi, je me suis mis en effet à chercher quelles avaient été les œuvres qui m’avaient marqué dans ma compréhension de l’histoire coloniale de l’Algérie. J’en ai trouvé huit, et à ma grande surprise, aucune n’était celle d’un universitaire: pour la conquête me revenait L’honneur de Saint-Arnaud (Paris, Le Seuil, 1993) de François Maspéro, pour la fin du dix-neuvième siècle les nouvelles d’Hector France, pour la guerre elle-même les films La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo et Avoir vingt ans dans les Aurès de René Vautier, pour ses traces dans la France d’aujourd’hui le documentaire L’ennemi intime de Patrick Rotman, et pour son influence néfaste sur une vaste partie du monde le livre et le documentaire Les escadrons de la mort. L’école française de Marie-Monique Robin; pour l’horreur que fut le 17 octobre 1961 et le silence qui s’abattit trop longtemps sur cet événement, le livre de Jean-Luc Einaudi et un poème de Kateb Yacine.
(Via dormirajamais.org)
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