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Histoire Lyonel Kaufmann

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Covid-19: une opportunité de se lancer dans l’enseignement à distance? | Pédagoscope

17 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

Ma ressource du matin est un excellent podcast réalisé par ma collègue Ariane Dumont (Pédagoscope) de la HEIG-VD avec Amaury Daele de la HEP-VD. Je ne peux que vous conseiller de l’écouter en cette période d’enseignement à distance.

Ariane Dumont
Ariane Dumont

Présentation :

En raison du coronavirus, les institutions réfléchissent à des solutions pour permettre le bon fonctionnement des enseignements et des apprentisssages. Enseigner à distance s’impose comme une solution idéale, oui mais voilà, enseigner à distance est très différent d’enseigner en présence et on peut basculer d’un mode à l’autre du jour au lendemain.

Pédagoscope en parle avec le Professeur Amaury Daele, de la Haute Ecole Pédagogique de Lausanne.

Amaury Daele
Amaury Daele

Le professeur Amaury Daele tient un blog sur la pédagogie de l’enseignement supérieur et il est un spécialiste de l’hybridation.

Le podcast : https://podcasts.apple.com/ch/podcast/covid-19-une-opportunité-se-lancer-dans-lenseignement/id1484771645?i=1000467888110

En complément : Fiches enseignement à distance-Freebie

Le billet d’Ariane Dumont qui accompagne ce podcast (et le résume) : http://pedagoscope.ch/enseigner-a-distance/

Les références accompagnant son billet :

  • Angelo, T. A., & Cross, K. P. (1993). Classroom assessment techniques: a handbook for college teachers (2nd ed). Jossey-Bass Publishers.
  • Bain, K. (2004). What the Best College Teachers Do. Harvard University Press.
  • Barkley, E. F. (2009). Student Engagement Techniques : A Handbook for College Faculty. John Wiley and Sons.
  • Berthiaume, D., & Rege Colet, N. (Éd.). (2013). La pédagogie de l’enseignement supérieur : Repères théoriques et applications pratiques (Vol. 1). Peter Lang.
  • Brauer, M. (2011). Enseigner à l’université. Conseils pratiques, astuces, méthodes pédagogiques. Armand Colin.
  • Leclercq, D. (Éd.). (1998). Pour une pédagogie universitaire de qualité. Mardaga.
  • Svinicki, M., & McKeachie, W. J. (Eds.). (2011). McKeachie’s teaching tips. Strategies, research, and theory for college and university teachers (13th ed.). Wadsworth.

Toute belle journée à vous toutes et tous.

Crédit photo : Pixabay License. Free for commercial use. No attribution required

Classé sous :Cours et séminaires, Didactique, Enseignement à distance, Opinions&Réflexions, Outils enseignement, Publications

L’avenir radieux du Blended Learning… sous conditions | elearning letter

16 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

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Depuis ce week-end, l’enseignement à distance occupe très largement les esprits des enseignant.es et professeur.es de tout degré. A ce propos, aujourd’hui, le terme de Blended Learning est régulièrement utilisé. Derrière ce terme nouveau, il y a une réalité bien plus ancienne que met en évidence Jean-Michel Pauline (Directeur Général, Babylon.fr) . Cependant les technologies numériques lui permettent d’évoluer en permanence… pour le meilleur si la pédagogie reste au cœur de la formation ! Jean-Michel Pauline rappelle également quelques principes de base d’un enseignement à distance. Extrait. Bonne lecture et courage.

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Le Blended Learning, ce n’est pas une révolution…

Jean-Michel Pauline : En effet, il serait grand temps de désacraliser le vocabulaire, car le blended learning n’a rien de nouveau ! N’importe quel formateur digne de ce nom – je ne parle pas du formateur Powerpoint évidemment – l’a toujours pratiqué dans ses cours en salle : apports de connaissance, cas concrets, travaux de groupe, jeux de rôle…

Traçabilité, pédagogie suffisent-elles ?

Jean-Michel Pauline : Non, il y faut aussi l’attrait graphique des modules à distance : le défilement de fichiers Word soutenus par une voix off de synthèse et illustrés par des images tirés d’un catalogue “Merlin l’Enchanteur”, c’est du passé ! […]

Une autre condition, c’est celle de la souplesse qu’il est nécessaire d’avoir sur les durées de formation en fonction des modalités : 45 minutes pour un module ou un webinaire, 10 minutes pour une brique élémentaire d’acquisition ou de révision, une journée pour une phase de mise en application des savoirs : toutes les options sont possibles, car c’est la pédagogie et la prise en compte du travail quotidien de l’apprenant qui doivent dicter le choix de la solution. Aucune étude scientifique n’autorise à prononcer un oukase sur telle ou telle durée. La seule donnée à retenir étant que l’attention baisse au bout de 10 minutes, il faut mettre l’alternance des modalités au cœur de la pédagogie, même, et a fortiori, lorsque la formation se joue 100% à distance !

Source : L’avenir radieux du Blended Learning… sous conditions | elearning letter

Crédit photo : Photo de Markus Spiske sur Unsplash

Classé sous :Enseignement à distance

La « distance sociale » : Les implications de la pandémie de la grippe espagnole en 1918-1919 | Active history

15 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

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Dans Active History, l’historienne canadienne Esyllt W. Jones propose un intéressant article relativement à la grippe espagnole de 1918-1919 et la met en relation avec notre situation actuelle, liée au COVID-19. Je vous en propose ici sa traduction.

Pour une historienne de la grippe pandémique, ce sont des jours étranges. Le passé entre en collision avec le présent. Comme si un fil conducteur avait émergé, maintenant, nous reliant à ceux qui ont fait face, à leur manière, à une expérience partagée à l’échelle mondiale en 1918-1919.

Un groupe d'infirmières à High River, Alberta, porte des masques faciaux pour tenter de repousser la grippe espagnole, octobre 1919. Archives de Glenbow 3452-2.
Un groupe d’infirmières à High River, Alberta, porte des masques faciaux pour tenter de repousser la grippe espagnole, octobre 1919. Archives de Glenbow 3452-2.

J’ai été honoré d’entendre les récits que les familles ont nourris et maintenus en vie sur la grippe de 1918-1919, les histoires de leur peuple, comment ils ont persisté et comment leur vie a été changée par une épidémie qui a tué plus de 50 000 Canadiens et 50 millions de personnes dans le monde. Pendant une grande partie du XXe siècle, l’histoire ne s’est pas beaucoup souciée des récits de leur vie. À tel point que l’histoire de la grippe n’a pas vraiment perturbé la tendance de la modernité, ni le récit progressif de la médecine moderne. Ceci malgré le fait que les médecins, les infirmières et les agents de santé publique qui ont combattu la grippe ont honnêtement révélé leur agonie et leur sentiment d’échec à l’époque. « Il n’est pas question de garder le loup hors de la bergerie », a déclaré un médecin hygiéniste britannique après la fin de la pandémie. C’était à la fois un cri de ralliement et une déclaration de chagrin.

C’est comme vivre au milieu d’une histoire que vous avez déjà lue, tout en espérant une meilleure fin. Le déroulement est effrayant, mais il n’y a pas de surprises. Qu’est-ce qui vous est familier ? Le courage des prestataires de soins de santé et la capacité à faire passer les besoins des autres en premier. Les exigences énormes qui leur sont imposées et les risques qu’ils prennent chaque jour. Les histoires récentes de familles qui ont passé des journées dans des maisons avec des proches décédés. La suggestion de fosses communes. En 1918-1919, la frontière entre les morts et les vivants était perméable, et pour certains, cette porte ne s’est jamais refermée ; leur vie était peuplée d’esprits et de fantômes.

Mais il ne s’agit pas pour autant que l’histoire se répète. Après tout, il n’est pas trop tard pour que nous puissions éviter 50 millions de morts. L’histoire ne nous détermine pas. Mais la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui pourrait le faire. Les lignes de fractures sociales qui sont apparues lors de la pandémie de 1918-1919 étaient profondes, et largement ignorées dans les discours publics de l’époque. Néanmoins, il n’y a pas eu une seule expérience de la grippe. Il y avait l’image dominante de la grippe comme une maladie démocratique à laquelle tout le monde était également sensible, et puis il y avait un ensemble de réalités divisées qui reflétaient les inégalités sociales sous-jacentes. Le taux de mortalité des autochtones était plusieurs fois supérieur à celui des Canadiens non autochtones, et certaines communautés étaient presque anéanties : un autre événement dans une longue relation entre le colonialisme et la maladie. Les travailleurs urbains qui avaient un accès limité aux soins sont morts non seulement d’une infection, mais aussi de l’inégalité inscrite sur leur corps, en combattant le virus dans des logements surpeuplés et mal ventilés, en choisissant de travailler ou de mourir de faim, sans économies pour faire face à la perte de revenus ou pour enterrer les morts. Jeunes travailleurs célibataires. Des agriculteurs pauvres qui sont tombés malades et n’ont pas pu vaincre les infections secondaires après être retournés trop tôt dans leurs champs et leurs granges.

Bien que la couverture médiatique et les messages de santé publique suggèrent aujourd’hui que nous sommes tous en danger pour le Covid-19, nous ne sommes pas également en danger. Il ne s’agit pas d’une seule pandémie, mais d’une myriade d’histoires qui finiront par montrer que nous ne sommes pas tous dans le même bateau. Une question clé qui façonnera la façon dont l’histoire de Covid-19 est écrite par les historiens est de savoir si, et comment, nos gouvernements et nous-mêmes choisissons d’y répondre.

Allons-nous considérer Covid-19 comme une menace pour le corps social, et pas seulement pour l’individu ? La « distanciation sociale » a du sens du point de vue de la santé publique, mais aux oreilles d’un historien, elle semble être une métaphore d’un problème plus profond. En 1918, à Winnipeg, la communauté a mobilisé des ressources pour s’assurer que les victimes et leurs familles ne se retrouvent pas sans nourriture, sans vêtements, sans literie propre ou sans accès à des soins de soutien. Des bénévoles, des voisins, des organisations ethniques, des syndicats, des églises – beaucoup (surtout des femmes) ont joué ce rôle, en distribuant de la nourriture, en répondant aux appels à l’aide, en collectant des fonds, en donnant de l’argent aux familles qui en avaient besoin, en les aidant à enterrer leurs morts avec dignité. Les boucs émissaires étaient peu nombreux. Ce n’était pas suffisant pour éviter la souffrance, mais c’était quelque chose.

Comme Rebecca Solnit l’a fait remarquer en évoquant la possibilité d’une solidarité à la suite de catastrophes, les histoires de pandémie sont potentiellement porteuses d’espoir. Ce sont des récits sur l’action et le choix humains, autant que sur les microbes.

Lorsque les échecs des réponses gouvernementales à la pandémie ont été exposés en 1918-1919, une prise de conscience accrue de l’inégalité corporelle, ainsi qu’une confiance mutuelle, ont constitué la base des demandes pour quelque chose de mieux : pour un système de santé qui ne soit pas construit sur l’inégalité. Dans les années 1920, et de plus en plus lors des catastrophes économiques et écologiques des années 1930, les voix en faveur d’une médecine socialisée sont devenues de plus en plus convaincantes. Les premiers programmes de santé socialisés au Canada, promulgués par le CCF de la Saskatchewan en 1944-45, sont nés de l’action d’une génération qui se souvenait de deux guerres mondiales et d’une pandémie mondiale. D’une certaine manière, ils s’imaginaient non pas au bout du monde, seuls sur son bord, mais vivant dans un avenir meilleur.

Esyllt W. Jones est professeure d’histoire et membre à temps partiel du département des sciences de la santé communautaire de la faculté de médecine de l’université du Manitoba, et doyen des études à St John’s. Elle est l’auteure de Influenza 1918: Disease, Death and Struggle in Winnipeg3, et éditrice avec Magda Fahrni de Epidemic Encounters: Influenza, Society and Culture in Canada, 1918-19204. Son ouvrage le plus récent, Radical Medicine 5, se concentre sur l’histoire des soins de santé socialisés au Canada.

Source et article original en anglais : The Distance Between Us: The Implications of Pandemic Influenza in 1918-1919 – Active History

Ce travail est sous licence Creative Commons Attribution-NoDerivatives 4.0 International License.

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions, Publications

Les 150 ans du Vorort | Documents diplomatiques suisses (Dodis)

13 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

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Il y a 150 ans, le 12 mars 1870, fut fondée l’une des plus importantes associations économiques du pays: l’Union suisse du commerce et de l’industrie (USCI, appelée plus souvent Vorort et aujourd’hui devenue economiesuisse). Sous le permalink dodis.ch/R34 de Dodis on peut trouver près de 1000 documents rédigés, reçus ou qui mentionnent l’association patronale de lobbying de l’économie privée. Ces correspondances démontrent de manière éclairante les liens étroits entre la politique, l’administration et le secteur privé dans le domaine du commerce extérieure de la Suisse.

Les documents ainsi présentés nous emmènent dans un voyage à travers l’histoire de la politique économique extérieure de la Suisse: de la participation à l’exposition industrielle de Chicago en 1891 (dodis.ch/42473) ou de la révision de l’accord commercial avec le Japon de 1896 (dodis.ch/42618), en passant par les contacts commerciaux avec le Troisième Reich en 1938 (dodis.ch/46525) et le blocus économique des Alliés en 1940 (dodis.ch/46981), jusqu’à la question d’une adhésion de la Suisse à l’Organisation des Nations Unies (dodis.ch/40699) et de l’intégration européenne dans les années 1970 (dodis.ch/48713).

Source : Les 150 ans du Vorort | dodis.ch

Légende image : Toujours prêt à plaider pour la défense des intérêts économiques suisses à l’étranger. En-tête d’une lettre du Président du Vorort G. Winterberger au Département politique, 7 octobre 1976, dodis.ch/49928.

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Outils enseignement, Publications

BD préhistorique : André Chéret, le père de « Rahan », est mort | Le Monde

6 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

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Le dessinateur, âgé de 82 ans, s’est éteint jeudi 5 mars. En 1969, il avait crée, avec le scénariste Roger Lécureux, décédé en 1999, le plus célèbre héros préhistorique de la bande dessinée. Cette fois-ci, Rahan est définitivement orphelin.

Extrait de l’épisode « L’Enfance de Rahan ». Editions Soleil
Extrait de l’épisode « L’Enfance de Rahan ». Editions Soleil

Rahan, pacifiste et humaniste

Successeur de Vaillant, le magazine Pif – bientôt rebaptisé Pif gadget – est lancé en 1969. Il faut des séries nouvelles pour remplir les pages de cette revue émanant du Parti communiste français (eh oui). Rahan sera du tout premier numéro, avec un épisode intitulé Le Secret du soleil. Le duo qu’André Chéret forme alors avec le scénariste Roger Lécureux va bousculer l’imaginaire de plusieurs générations d’adolescents (principalement des garçons).

Voyageant d’un clan à l’autre, Rahan s’avère être aussi, et avant tout, un pacifiste convaincu, un humaniste acharné, un solitaire altruiste n’ayant de cesse d’enseigner ses savoirs à ses congénères bipèdes – « ceux qui marchent debout », ainsi qu’ils sont désignés dans la série.

Extrait de l’épisode « L’Arbre roi ». Editions Soleil
Extrait de l’épisode « L’Arbre roi ». Editions Soleil

La notoriété du « fils des âges farouches » va conduire les éditions Vaillant à publier un trimestriel indépendant et homonyme, Rahan. Doté également d’un gadget, il offrira à ses jeunes lecteurs l’occasion de parader dans la cour du collège ou du lycée avec un collier à dents d’auroch autour du cou ou un coutelas d’ivoire (en plastique, en fait) sous la ceinture.

C’est bien une partie de ma jeunesse qui disparaît en même temps qu’un auteur d’une BD ayant nourri mon imaginaire préhistorique.

-A lire : André Chéret, le père de « Rahan », est mort

Crédit photo en-tête : Rahan. Editions Soleil

Classé sous :Nouvelles de l'histoire

« Le Pays des autres », de Leïla Slimani : les fracas de l’histoire marocaine

6 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

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La Prix Goncourt 2016 poursuit son entreprise de dévoilement des logiques de domination dans une saga familiale. « Le Pays des autres », premier tome de la trilogie qui paraît ce 5 mars, est une réussite pour Thomas Samson du journal Le Monde.

En clin d’oeil au film « Autant en emporte le vent » (1939) à Vivien Leigh d’ Autant en emporte le vent (1939), qui secoue la tête en pestant : « La guerre, la guerre, la guerre, taratata ! » , La guerre, la guerre, la guerre est le sous-titre que Leïla Slimani a donné à la première partie d’au Pays des autres, une trilogie sur le Maroc, où l’écrivaine est née en 1981. Et ce clin d’œil indique assez la veine dans laquelle l’auteure inscrit son troisième roman : l’ample saga adossée à l’histoire, dont les fracas malmènent les personnages autant qu’ils les poussent à se révéler.

Avec ce roman situé au Maroc entre 1946 et 1956, Leïla Slimani décrit la domination que les colons exercent sur les colonisés autant que celle des hommes sur les femmes – tous statuts confondus. Les « autres » dont le protectorat est le « pays », ce sont, selon les points de vue, les Français ou les Marocains.

Pour Thomas Samson :

« La narration se glisse successivement au côté des personnages, adultes ou enfants, et cette alternance des points de vue donne autant son ampleur à la saga que l’écoulement des années et l’intensité de cette période historique peu racontée par la littérature française. »

La présentation du livre par Gallimard

En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s’éprend d’Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l’armée française. Après la Libération, le couple s’installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu’Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu’elle inspire en tant qu’étrangère et du manque d’argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d’une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l’indépendance de l’ancien protectorat.

Tous les personnages de ce roman vivent dans «le pays des autres» : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse lutter pour leur émancipation. Après deux romans au style clinique et acéré, Leïla Slimani, dans cette grande fresque, fait revivre une époque et ses acteurs avec humanité, justesse, et un sens très subtil de la narration.

« Le Pays des autres. Première partie : La guerre, la guerre, la guerre », de Leïla Slimani, Gallimard, 368 p., 20 €.

-A lire : « Le Pays des autres », de Leïla Slimani : les fracas de l’histoire marocaine

Classé sous :Publications

Des fonds nazis de l’Argentine à la Suisse? | Le Temps

5 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

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Un chercheur découvre à Buenos Aires une liste de 12 000 anciens sympathisants nazis, dont beaucoup auraient placé de l’argent auprès de la Schweizerische Kreditanstalt, l’ancêtre de Credit suisse, affirme le Centre Simon Wiesenthal

Le siège de la  Schweizerische Kreditanstalt  (SKA) sur la Paradeplatz de Zurich, en 1895. — © DR
Le siège de la  Schweizerische Kreditanstalt  (SKA) sur la Paradeplatz de Zurich, en 1895. — © DR

La découverte est présentée comme totalement inattendue. L’enquêteur Pedro Filipuzzi raconte que, fouillant des documents dans la cave d’un bâtiment de Buenos Aires, il est tombé par hasard sur ce vieux dossier. L’Argentin n’en croyait pas ses yeux: le document, qui reflète la situation de la fin des années 1930, révèle la liste de 12 000 sympathisants locaux que comptait le nazisme, ainsi que de diverses entreprises qui leur sont associées. Or, ces partisans argentins du IIIe Reich auraient versé de grandes sommes d’argent qui ont fini sur un ou plusieurs comptes d’une même banque suisse, la Schweizerische Kreditanstalt, devenue entre-temps Credit Suisse. Sept décennies plus tard, le Centre Simon Wiesenthal réclame ainsi à la banque qu’elle lui donne accès à ses archives pour déterminer les mouvements de ces comptes, dont le centre soupçonne qu’ils «abritaient de l’argent volé aux victimes juives».

Lire la suite : Des fonds nazis de l’Argentine à la Suisse? | Le Temps

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Publications Balisé avec :39-45, banques, nazisme

5 activités pédagogiques pour promouvoir un apprentissage en profondeur | Innovation pédagogique

2 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

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Lorsque nous enseignons ou formons, nous souhaitons évidemment que nos apprenants soient capables d’utiliser ce qu’on leur transmet dans des situations où ils seront face à des problèmes nouveaux, qu’ils n’auront pas vu pendant leur formation. Cette capacité s’appelle le transfert de connaissance. Mais quelles méthodes pédagogiques permettent de développer cette capacité ? Que faire faire à nos apprenants ? Cet article du blog Innovation Pédagogique présente 5 activités pédagogiques ayant démontré leurs effets positifs sur le développement de la capacité de transfert des apprenants.

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Introduction

On peut distinguer deux grands objectifs d’apprentissage : la mémorisation et le transfert (Mayer, 2002). La mémorisation est la capacité à se rappeler ou à reconnaître du contenu déjà présenté. Par exemple, réciter une définition, un chiffre… Le transfert est la capacité à utiliser ce qui a été présenté dans une situation nouvelle. Par exemple, appliquer ou adapter une méthode dans un contexte nouveau.

La capacité à réaliser un transfert est directement liée à la manière dont nos connaissances sont organisées (Ambrose et al., 2010). Pour que de nouvelles informations soient réutilisables par la suite la suite il faut que celles-ci soient fortement 1) reliées entre elles et 2) reliées à nos connaissances antérieures.

Pour réaliser un apprentissage en profondeur, il y a une véritable construction des connaissances à réaliser. Celle-ci comprend à la fois l’établissement de liens (Mayer, 1992), mais aussi le développement de la capacité d’inhibition, c’est-à-dire à la capacité à ne pas activer certains liens sous certaines conditions (Borst et al., 2015).

5 activités pédagogiques pertinentes

De nombreuses activités pédagogiques sont de natures génératives. L’article du blog Innovation Pédagogique présente 5 d’entre elles choisies selon trois critères : 1) elles ont été étudiées expérimentalement de nombreuses fois et de manière rigoureuse, 2) elles ont montré un impact fort sur la capacité de transfert et 3) elles sont facilement utilisables dans un contexte d’enseignement ou de formation. Comme ces techniques ont été étudiées de nombreuses fois, elles n’ont rien d’original. L’objectif de ce qui suit n’est pas de proposer de « nouvelles méthodes d’enseignements », mais d’avoir à la fois une confirmation scientifique de l’efficacité de certaines activités pédagogiques ainsi que des recommandations issues de la recherche sur leurs utilisations.

La liste des activités et les recommandations associées se basent en grande partie sur l’analyse de la littérature effectuée par Fiorella et Mayer (Fiorella et Mayer, 2015 ; Fiorella et Mayer, 2016).

Ces cinq activtés à découvrir sur le blog Innovation Pédagogique :

  1. Tester
  2. Susciter le questionnement
  3. Faire résumer
  4. Les tableaux de comparaison
  5. Les cartes conceptuelles

Pour chacune de ces entrées, l’article vous présente l’activité, en fournit un exemple et des recommandations pour une utilisation en classe-

Conclusions

Les activités qui permettent de favoriser une réelle compréhension sont dites génératives. Elles demandent d’établir des liens entre les informations présentées et de les relier à ses connaissances initiales. Ceci s’effectue par la génération d’hypothèses qui ne sont pas présentes dans les documents d’études.

Cinq activités facilement utilisables en formation ont été présentées dans cet article. Un point important est que celles-ci sont efficaces même en l’absence de retours de la part de l’enseignant ou du formateur. Ainsi, les faire réaliser est bénéfique même si l’on ne peut fournir de commentaires aux apprenants sur leur travail. Évidemment, c’est encore mieux si l’on peut le faire (Hattie et Timperley, 2007).

On voit aussi apparaître au travers de toutes les recommandations spécifiques à chacune des activités un principe général : guider les apprenants les plus en difficulté. Ce constat rejoint le principe d’inversion de l’efficacité des techniques en fonction de l’expertise de l’apprenant (Kalyuga, 2007) : les novices progressent plus avec des activités guidées alors que les experts progressent plus avec des activités ouvertes.

Bibliographie

Ambrose, S. A., Bridges, M. W., DiPietro, M., Lovett, M. C., & Norman, M. K. (2010). How does the way students organize knowledge affect their learning ? In How Learning Works : Seven Research–Based Principles for Smart Teaching (1re éd.). Jossey Bass.

Borst, G., Aïte, A., & Houdé, O. (2015). Inhibition of misleading heuristics as a core mechanism for typical cognitive development : Evidence from behavioural and brain-imaging studies. Developmental Medicine & Child Neurology, 57, 21‑25.

Chi, M. T. H., Bassok, M., Lewis, M. W., Reimann, P., & Glaser, R. (1989). Self-explanations : How students study and use examples in learning to solve problems. Cognitive Science, 13(2), 145‑182.

Chi, M. T. H., Adams, J., Bogusch, E. B., Bruchok, C., Kang, S., Lancaster, M., Levy, R., Li, N., McEldoon, K. L., Stump, G. S., Wylie, R., Xu, D., & Yaghmourian, D. L. (2018). Translating the ICAP Theory of Cognitive Engagement Into Practice. Cognitive Science, 42(6), 1777‑1832.

Chi, M. T. H., & Wylie, R. (2014). The ICAP Framework : Linking Cognitive Engagement to Active Learning Outcomes. Educational Psychologist, 49(4), 219‑243.

Fiorella, L., & Mayer, R. E. (2015). Learning as a Generative Activity : Eight Learning Strategies that Promote Understanding. Cambridge University Press.

Fiorella, L., & Mayer, R. E. (2016). Eight Ways to Promote Generative Learning. Educational Psychology Review, 28(4), 717‑741.

Halpern, D. F., & Hakel, M. D. (2003). Applying the Science of Learning to the University and Beyond : Teaching for Long-Term Retention and Transfer. Change : The Magazine of Higher Learning, 35(4), 36‑41.

Harlen, W., & Elstgeest, J. (1994). Manuel de l’UNESCO pour l’enseignement des sciences à l’école primaire : Activités d’atelier pour la formation des maîtres.

Hattie, J., & Timperley, H. (2007). The Power of Feedback. Review of Educational Research, 77(1), 81‑112.

Kalyuga, S. (2007). Expertise Reversal Effect and Its Implications for Learner-Tailored Instruction. Educational Psychology Review, 19(4), 509‑539.

Kezar, A. (2018). How Colleges Change : Understanding, Leading, and Enacting Change (2e éd.). Routledge.

Mayer, R. E. (1992). Cognition and instruction : Their historic meeting within educational psychology. Journal of Educational Psychology, 84(4), 405.

Mayer, R. E. (2002). Rote Versus Meaningful Learning. Theory Into Practice, 41(4), 226‑232.

Mayer, R. E. (2009). The Promise of Multimedia Learning. In Multimedia Learning (2e éd.).

Rittle-Johnson, B., & Loehr, A. M. (2016). Instruction Based on Self-Explanation. In Handbook of Research on Learning and Instruction (2e éd.). Routledge.

Source : 5 activités pédagogiques pour promouvoir un apprentissage en profondeur

Licence : CC by

Crédit photo : Photo de NeONBRAND sur Unsplash

Classé sous :Didactique, Outils enseignement

«Thiel le Rouge, un agent si discret» @ Cinema Rex – Vevey vendredi 28 février 2020

26 février 2020 by Lyonel Kaufmann

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A l’occasion de la sortie du film de Danielle Jaggi «Thiel le Rouge, un agent si discret», le cinéma Rex à Vevey propose une séance spéciale en présence de Danielle Jaggi, d’Alain Campiotti et de moi-même. A l’issue de la projection, nous aurons notamment l’occasion d’évoquer de la place du communisme et de la Guerre froide en Suisse dans les manuels scolaires vaudois et romands (Une histoire sans histoire? La Suisse et le communisme dans les manuels scolaires). La séance est à 18h30.

Toutes les séances de ce programme spécial
Toutes les séances de ce programme spécial

Concernant le documentaire et la personne de Reynold Thiel, voici quelques éléments issus d’un article du journal Le Temps :

Danielle Jaeggi retrace dans un documentaire à la première personne le destin d’un Neuchâtelois qui, aux côtés de son père, créera en pleine guerre froide une entreprise destinée à contourner l’embargo américain pour faire commerce avec le bloc de l’Est.

Mais qui est le mystérieux «Double-Mètre», ce citoyen suisse évoqué par le résistant et communiste français Jean Jérôme (1906–1990) dans ses Mémoires? Le journaliste Alain Campiotti a voulu le savoir. Après une longue enquête, il publiait dans les colonnes du Temps, en 2008, un feuilleton en 30 épisodes intitulé Thiel le Rouge. Il y retraçait le destin du Neuchâtelois Reynold Thiel, décédé à 53 ans, en 1963, dans le crash d’un avion Swissair au décollage de Kloten. Thiel était très grand, d’où son surnom de «Double-Mètre».

(…)

Un peu plus de dix ans après l’enquête d’Alain Campiotti, Thiel le Rouge est aujourd’hui un documentaire réalisé par… Danielle Jaeggi, la fille de François. Avant de se plonger dans le récit publié par Le Temps, elle n’avait que des connaissances limitées des activités de son père, un homme cultivant l’art du secret. S’il parlait volontiers du communisme de manière idéologique et théorique, pas question d’aborder au grand jour son engagement.

L’article : Cinéma: «Thiel le Rouge», à l’ombre du communisme

La bande-annonce :

A  signaler que le film est produit par une sympathique société veveysanne Louise productions.

Photo en-tête : Reynold Thiel et sa deuxième femme — © Louise Productions

Classé sous :Histoire active, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Les « deepfakes », ces fausses vidéos créées pour nous influencer

22 février 2020 by Lyonel Kaufmann

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Cet article de Christine Dugoin-Clément complète utilement l’article précédent de Nadia Naffi, Université Laval consacré à l’hypetrucage (L’hypertrucage: une grave menace pour notre sécurité et la démocratie).

Christine Dugoin-Clément, IAE Paris – Sorbonne Business School

Entre l’affaire Cambridge Analytica, les tentatives d’ingérence dans les élections françaises et les opérations d’influence en Ukraine, les méthodes visant à influencer les populations sont maintenant perçues comme une réalité par les opinions publiques occidentales. Or, un nouveau phénomène émerge depuis quelques années avec le développement de l’intelligence artificielle (IA) et ses potentialités de création et d’apprentissage : les deepfakes, ou hypertrucages en français. Quelle est la nature de ces contenus de synthèse ? Comment leur utilisation pourrait influencer les opinions publiques ?

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Image d’une fausse vidéo présentant l’ancien président des États-Unis Barack Obama, avec des éléments de cartographie faciale permettant de réaliser des fausses vidéos.
(AP Photo)

Qu’est-ce qu’un deepfake ?

Les hypertrucages sont des matériaux de synthèse, qui « truquent » avec beaucoup de réalisme des vidéos ou fichiers audio. On parle de deepfakes car ces contenus sont créés avec la technologie d’apprentissage profond (deep learning), qui applique la simulation de réseaux neuronaux à des ensembles de données massives, ici pour créer un faux réaliste. Grâce à ses capacités d’apprentissage, l’IA reconnaît et apprend ce à quoi ressemble un « visage source » sous différents angles, puis le transpose sur une cible (souvent un acteur pornographique). Le visage source apparaît comme un masque au rendu très réaliste. Ces hypertrucages sont aujourd’hui connus notamment grâce à contrefaçons impliquant des acteurs célèbres comme Nicolas Cage. Le niveau de réalisme est tel que le public prendra facilement la fausse vidéo pour la réalité.

Collection de deepfakes présentant Nicolas Cage dans des films dans lesquels il n’a pas joué.

Ce réalisme est à l’origine d’une vidéo d’alerte réalisée par Jordan Peele en 2018. Dans ce film, on voit Barack Obama insulter le président Trump… alors que ce sont en fait les propos de Peele plaqués sur le visage d’Obama. Cette vidéo à visée pédagogique se conclut par une mise en garde suggérant de rester alertes devant les contenus que l’on visionne. Elle reflète la crainte qu’inspirent ces supports quant à leur capacité d’influencer des opinions publiques qui ne seraient pas en mesure de discerner la supercherie, impactant ainsi potentiellement les équilibres internes des États ou les équilibres géopolitiques, notamment dans des contextes de tension.

Des gendarmes et des voleurs pour générer des deepfakes

La technique de fabrication de deepfake la plus populaire est celle des generative adversarial network. Leur fonctionnement repose sur la mise en concurrence de deux réseaux neuronaux sur le modèle du gendarme et du voleur. Alors que le réseau « générateur » (le voleur) produit des contenus artificiels, le « discriminateur » (le gendarme) le compare avec le matériel d’origine afin de trier les vraies images et celles modifiées. En s’appuyant sur ces résultats, le générateur affine sa méthode et crée un nouvel hypertrucage plus difficile à discerner, et ainsi de suite jusqu’à ce que la discrimination soit impossible. Ce niveau de réalisme fait dire à la MIT Technology Review que les deepfakes sont une arme parfaite pour ceux qui voudraient influencer les marchés financiers ou le résultat d’élections. L’apparition de diverses applications permettant de créer de fausses vidéos pourrait facilement permettre à un large public de les exploiter dans des buts différents.

Le sujet est pris très sérieux à la veille des élections présidentielles américaines. À ce titre, le Media Forensics de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) a été financé à échelle 28 millions de dollars jusqu’en 2020 pour mener des travaux de détection des deepfakes. Quatre techniques sont étudiées : la synchronisation labiale, la détection d’incohérence sonore et de l’espace de la vidéo (taille de la pièce, acoustique) ; l’identification des chutes de cadre et l’insertion de contenu. Facebook, Microsoft et d’autres acteurs privés étudient aussi le sujet. Aujourd’hui, plusieurs structures annoncent pouvoir détecter de 95 à 97 % des deepfakes. Les 3 à 5 % restant représentent néanmoins un grand nombre d’images potentiellement fausses, quand on sait que Facebook reçoit environ 350 millions d’images par jour et que 8 millions de vidéos y sont consultés quotidiennement. Aussi il semble pertinent de comprendre ce qui poussera un spectateur à croire un contenu proposé.

On croit mieux ce que l’on croit… déjà

Les facteurs psychologiques qui favorisent la croyance dans le contenu proposé sont aussi importants que l’authenticité apparente du deepfake présenté. En effet, il est toujours plus facile, tentant, de croire ce qui convient à nos aspirations, croyances et valeurs. Par exemple, peu après l’investiture de Donald Trump, son attaché de presse déclarait que la cérémonie avait réuni plus de spectateurs qu’aucune autre. La vérité était facilement observable en comparant deux photographies. Malgré cela, de nombreux partisans du président Trump continuaient de dire que cette inauguration réunissait plus de monde car ils s’étaient persuadés de l’importance de la foule malgré les éléments objectifs.

Ainsi, si une information met en avant des éléments contredisant les croyances préexistantes d’un individu, il aura tendance à contorsionner les faits pour les aligner sur ses croyances ou à les rejeter immédiatement. Dans ce contexte, un contenu ciblant les facteurs émotionnels ou les valeurs d’un individu sera plus crédible, et cela quasi indépendamment de la qualité du support présenté. En outre, la simple visualisation d’un contenu peut participer à renforcer la croyance du spectateur quand bien même ce dernier saurait qu’il ne s’agit pas d’un support empreint de vérité.

Un autre facteur déterminant la confiance donnée a un contenu est lié à la personne transmettant l’information : 51 % des personnes sondées affirment croire en l’information délivrée par l’entremise d’une connaissance contre 34 % dans le cas où le contenu n’aurait pas été transmis par une personne connue. Connaître le transmetteur de l’information abaisse le seuil de vigilance, limitant notamment la vérification des sources, un des premiers pas pour débusquer les fausses nouvelles. Selon cette même étude, la même tendance se retrouve dans la diffusion du message, s’il vient d’une personne connu 34 % des sondés le retransmettront contre 24 % dans le cas contraire. On peut supposer que la tendance à repartager un contenu accroîtra avec le réalisme du contenu proposé. Or la crédibilité de tout faux augmente avec sa popularité, avec le nombre de personnes à l’avoir lu, vu et partagé : avec sa viralité.

La viralité sur les réseaux, un facteur déterminant ?

Le modèle des réseaux sociaux interdit le contrôle institutionnel de la véracité de contenus pouvant devenir viraux, ce qui renforce la crainte que les fausses vidéos deviennent des outils d’influence. Or, si les réseaux sociaux ont explosé, plusieurs points laissent penser que les deepfakes ne seront pas une révolution si massive. Le premier est en lien direct avec un des effets pervers des réseaux : l’effet bulle. En choisissant leurs centres d’intérêt, les internautes donnent des informations personnelles rendant ainsi possible la création d’un profil, ce qui permet aux algorithmes de proposer prioritairement des contenus adaptés aux préférences du « client », majoritairement des éléments confirmatoires. Ceci crée une sorte d’enfermement. Cet effet d’enfermement pourrait limiter la viralité permettant à un hypertrucage de devenir un acteur d’influence idéologique de premier plan.

En pratique, une large part de l’auditoire touché par le deepfake serait alors déjà convaincue du message véhiculé, ce qui renforcerait des croyances mais ne créerait pas de basculement idéologique. Grâce aux effets bulles, les fausses vidéos seraient cantonnées à un auditoire restreint, souvent déjà conquis par l’idée véhiculée. Néanmoins, ces effets bulles pourraient être outrepassés par le développement de divers deepfakes servant la même finalité mais visant diverses valeurs et croyances, donc différents profils sociologiques, touchant ainsi plusieurs strates de population qui partageraient l’hypertrucage dans leurs propres cercles et en accroîtraient ainsi à la viralité.

Le nombre de fausses vidéos augmente, et il pourrait devenir fréquent pour un internaute d’en visualiser alors que leur détection resterait problématique. L’influence des deepfakes résiderait donc aussi dans l’incapacité des individus à les discriminer de la réalité, les poussant à tout croire ou, par réaction, à ne plus rien croire – ce qui serait également dommageable pur la société civile.

Cependant, certains points peuvent modérer l’angoisse engendrée par l’essor des deepfakes. Tout d’abord leur apparente authenticité n’est pas le seul facteur de croyance. Les fausses vidéos s’approchent en cela des faux plus classiques et il est possible qu’il y ait une adaptation sociétale, comme lors de l’apparition de la photographie où de nombreux montages pullulèrent. Quand la technologie était encore peu connue, les clichés étaient considérés comme une preuve absolue. Cependant, avec le temps, la société a appris à prendre une certaine distance face à ce média. Enfin, si la fréquence des hypertrucages augmente dans la sphère politique, 96 % d’entre eux restent des contenus pornographiques.

Quelles que soient les évolutions à venir, les deepfakes constituent une arme supplémentaire dans l’arsenal des outils mobilisables lors de campagnes d’influence. Leur apparente authenticité et leur potentielle viralité doivent être prises en compte car le public sera de plus en plus confrontés à ce type de contenus.The Conversation

Christine Dugoin-Clément, Analyste en géopolitique, chercheuse à Paris 1-la Sorbonne ( IAE) et à Saint Cyr Coëtquidan., IAE Paris – Sorbonne Business School

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Classé sous :Humanités Digitales, Médias et technologies, Opinions&Réflexions

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