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Histoire Lyonel Kaufmann

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Publications

Les 150 ans du Vorort | Documents diplomatiques suisses (Dodis)

13 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

Il y a 150 ans, le 12 mars 1870, fut fondée l’une des plus importantes associations économiques du pays: l’Union suisse du commerce et de l’industrie (USCI, appelée plus souvent Vorort et aujourd’hui devenue economiesuisse). Sous le permalink dodis.ch/R34 de Dodis on peut trouver près de 1000 documents rédigés, reçus ou qui mentionnent l’association patronale de lobbying de l’économie privée. Ces correspondances démontrent de manière éclairante les liens étroits entre la politique, l’administration et le secteur privé dans le domaine du commerce extérieure de la Suisse.

Les documents ainsi présentés nous emmènent dans un voyage à travers l’histoire de la politique économique extérieure de la Suisse: de la participation à l’exposition industrielle de Chicago en 1891 (dodis.ch/42473) ou de la révision de l’accord commercial avec le Japon de 1896 (dodis.ch/42618), en passant par les contacts commerciaux avec le Troisième Reich en 1938 (dodis.ch/46525) et le blocus économique des Alliés en 1940 (dodis.ch/46981), jusqu’à la question d’une adhésion de la Suisse à l’Organisation des Nations Unies (dodis.ch/40699) et de l’intégration européenne dans les années 1970 (dodis.ch/48713).

Source : Les 150 ans du Vorort | dodis.ch

Légende image : Toujours prêt à plaider pour la défense des intérêts économiques suisses à l’étranger. En-tête d’une lettre du Président du Vorort G. Winterberger au Département politique, 7 octobre 1976, dodis.ch/49928.

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Outils enseignement, Publications

« Le Pays des autres », de Leïla Slimani : les fracas de l’histoire marocaine

6 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

La Prix Goncourt 2016 poursuit son entreprise de dévoilement des logiques de domination dans une saga familiale. « Le Pays des autres », premier tome de la trilogie qui paraît ce 5 mars, est une réussite pour Thomas Samson du journal Le Monde.

En clin d’oeil au film « Autant en emporte le vent » (1939) à Vivien Leigh d’ Autant en emporte le vent (1939), qui secoue la tête en pestant : « La guerre, la guerre, la guerre, taratata ! » , La guerre, la guerre, la guerre est le sous-titre que Leïla Slimani a donné à la première partie d’au Pays des autres, une trilogie sur le Maroc, où l’écrivaine est née en 1981. Et ce clin d’œil indique assez la veine dans laquelle l’auteure inscrit son troisième roman : l’ample saga adossée à l’histoire, dont les fracas malmènent les personnages autant qu’ils les poussent à se révéler.

Avec ce roman situé au Maroc entre 1946 et 1956, Leïla Slimani décrit la domination que les colons exercent sur les colonisés autant que celle des hommes sur les femmes – tous statuts confondus. Les « autres » dont le protectorat est le « pays », ce sont, selon les points de vue, les Français ou les Marocains.

Pour Thomas Samson :

« La narration se glisse successivement au côté des personnages, adultes ou enfants, et cette alternance des points de vue donne autant son ampleur à la saga que l’écoulement des années et l’intensité de cette période historique peu racontée par la littérature française. »

La présentation du livre par Gallimard

En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s’éprend d’Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l’armée française. Après la Libération, le couple s’installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu’Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu’elle inspire en tant qu’étrangère et du manque d’argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d’une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l’indépendance de l’ancien protectorat.

Tous les personnages de ce roman vivent dans «le pays des autres» : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse lutter pour leur émancipation. Après deux romans au style clinique et acéré, Leïla Slimani, dans cette grande fresque, fait revivre une époque et ses acteurs avec humanité, justesse, et un sens très subtil de la narration.

« Le Pays des autres. Première partie : La guerre, la guerre, la guerre », de Leïla Slimani, Gallimard, 368 p., 20 €.

-A lire : « Le Pays des autres », de Leïla Slimani : les fracas de l’histoire marocaine

Classé sous :Publications

Des fonds nazis de l’Argentine à la Suisse? | Le Temps

5 mars 2020 by Lyonel Kaufmann

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Un chercheur découvre à Buenos Aires une liste de 12 000 anciens sympathisants nazis, dont beaucoup auraient placé de l’argent auprès de la Schweizerische Kreditanstalt, l’ancêtre de Credit suisse, affirme le Centre Simon Wiesenthal

Le siège de la  Schweizerische Kreditanstalt  (SKA) sur la Paradeplatz de Zurich, en 1895. — © DR
Le siège de la  Schweizerische Kreditanstalt  (SKA) sur la Paradeplatz de Zurich, en 1895. — © DR

La découverte est présentée comme totalement inattendue. L’enquêteur Pedro Filipuzzi raconte que, fouillant des documents dans la cave d’un bâtiment de Buenos Aires, il est tombé par hasard sur ce vieux dossier. L’Argentin n’en croyait pas ses yeux: le document, qui reflète la situation de la fin des années 1930, révèle la liste de 12 000 sympathisants locaux que comptait le nazisme, ainsi que de diverses entreprises qui leur sont associées. Or, ces partisans argentins du IIIe Reich auraient versé de grandes sommes d’argent qui ont fini sur un ou plusieurs comptes d’une même banque suisse, la Schweizerische Kreditanstalt, devenue entre-temps Credit Suisse. Sept décennies plus tard, le Centre Simon Wiesenthal réclame ainsi à la banque qu’elle lui donne accès à ses archives pour déterminer les mouvements de ces comptes, dont le centre soupçonne qu’ils «abritaient de l’argent volé aux victimes juives».

Lire la suite : Des fonds nazis de l’Argentine à la Suisse? | Le Temps

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Publications Balisé avec :39-45, banques, nazisme

Education Maker : Éloge du carburateur de Matthew B. Crawford

18 février 2020 by Lyonel Kaufmann

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Dans « Eloge du Carburateur. Essai sur le sens et la valeur du travail », Matthew B. Crawford restitue l’expérience de ceux qui, comme lui, s’emploient à fabriquer ou à réparer des objets. Cet ouvrage entre en écho avec les tenants du Maker en éducation. Il remet aussi en perspective les origines de la dichotomie entre travail manuel et travail intellectuel. A ce titre, outre le fait que c’est un passionné de moto, sa lecture est intéressante pour replacer philosophiquement le mouvement Maker éducatif. Je vous en propose quelques extraits.

Extrait 1 : origine de la dichotomie entre travail manuel et travail intellectuel

« L’émergence de la dichotomie entre travail manuel et travail intellectuel n’a rien de spontané. On peut au contraire estimer que le XXe siècle s’est caractérisé par des efforts délibérés pour séparer le faire du penser. Ces efforts ont largement été couronnés de succès dans le domaine de la vie économique, et c’est sans doute ce succès qui explique la plausibilité de cette distinction. Mais dans ce cas, la notion même de « succès » est profondément perverse, car partout où cette séparation de la pensée et de la pratique a été mise en œuvre, il s’en est suivi une dégradation du travail. »

— Éloge du carburateur (POCHES ESSAIS t. 440) de Matthew B. CRAWFORD

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Extrait 2 : fondements d’une nouvelle anthropologie sur l’agir humain

« Ce qui revient à poser les fondements d’une nouvelle anthropologie, susceptible d’éclairer notre expérience de l’agir humain. Son objectif serait d’analyser l’attrait du travail manuel sans tomber dans la nostalgie ou l’idéalisation romantique, mais en étant simplement capable de reconnaître les mérites des pratiques qui consistent à construire, à réparer et à entretenir les objets matériels en tant que facteurs d’épanouissement humain. »

— Éloge du carburateur (POCHES ESSAIS t. 440) de Matthew B. CRAWFORD

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Extrait 3 : pensée et action

« Si la pensée est intimement liée à l’action, alors la tâche de saisir adéquatement le monde sur le plan intellectuel dépend de notre capacité d’intervenir sur ce monde. Et c’est bien le cas : pour vraiment connaître une paire de lacets, il vous faut faire l’expérience de les attacher. »

— Éloge du carburateur (POCHES ESSAIS t. 440) de Matthew B. CRAWFORD

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Extrait 4 : ordinateur et esprit humain

« Aussi, lorsqu’un prophète de la société postindustrielle part de l’idée que les systèmes complexes se caractérisent par « l’interaction d’un nombre de variables trop élevé pour que l’esprit puisse les appréhender simultanément et dans un ordre adéquat » et en tire la conclusion qu’« on doit avoir recours à des algorithmes plutôt qu’à des jugements intuitifs dans le processus de décision », il juge indûment le fait que l’esprit humain ne fonctionne pas de la même façon qu’un ordinateur comme une preuve de déficience. C’est là une forme de raisonnement qui semble trahir un préjugé irrationnel à l’encontre des êtres humains. Car en réalité, un esprit humain bien entraîné peut être particulièrement doué pour capter les indices émis par un édifice en feu, jouer aux échecs, déparasiter les circuits électriques d’un véhicule ou Dieu sait quoi encore. »

— Éloge du carburateur (POCHES ESSAIS t. 440) de Matthew B. CRAWFORD

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Concernant Matthew B. Crawford

Matthew B. Crawford est philosophe et réparateur de motos (ou réparateur de motos et philosophe). Il vit à Richmond et enseigne à l’université de Virginie. Matthew B. Crawford était un brillant universitaire, bien payé pour travailler dans un think-tank à Washington. Au bout de quelques mois, déprimé, il démissionne pour ouvrir… un atelier de réparation de motos. À partir du récit de son étonnante reconversion professionnelle, il livre dans cet ouvrage intelligent et drôle l’une des réflexions les plus fines sur le sens et la valeur du travail dans les sociétés occidentales. 

Présentation d’Eloge du carburateur par son éditeur

Mêlant anecdotes, récit, et réflexions philosophiques et sociologiques, Matthew B. Crawford montre que ce « travail intellectuel », dont on nous rebat les oreilles depuis que nous sommes entrés dans l’« économie du savoir », se révèle pauvre et déresponsabilisant. De manière très fine, à l’inverse, il restitue l’expérience de ceux qui, comme lui, s’emploient à fabriquer ou à réparer des objets – ce qu’on ne fait plus guère dans un monde où l’on ne sait plus rien faire d’autre qu’acheter, jeter et remplacer. Il montre que le travail manuel peut même se révéler beaucoup plus captivant d’un point de vue intellectuel que tous les nouveaux emplois de l’« économie du savoir ».

Pour acheter l’ouvrage : https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-__loge_du_carburateur-9782707181978.html

Classé sous :Didactique, Opinions&Réflexions, Publications

Salut d’Auschwitz – Libération

30 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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Cette semaine est consacrée aux Journées de la mémoire pour la prévention des crimes contre l’humanités. A l’approche et durant celles-ci, elle donneront lieu dans les médias à des articles nécessaires concernant soit les témoins encore vivants et la nécessité de la transmission de leur mémoire et de cette histoire européenne, soit aux questions relatives à la place de cette question dans la formation des élèves. Nous vous proposerons le renvois à quelques articles parus à ce propos. Aujourd’hui, le travail de l’artiste Pawel Szypulski présenté dans Libération.

L’artiste polonais et commissaire Paweł Szypulski collectionne les cartes postales envoyées par les touristes après leur visite de l’ancien camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau. Les plus anciennes datent de 1947 – seulement deux ans après la libération du lieu. Le livre «Greetings from Auschwitz» paru aux éditions Patrick Frey présente cette collection de cartes, publiées recto-verso.

Verso : Mes chéris ! Bien le bonjour et bisous d'Auschwitz, Hania. P.S. Le temps est avec nous, grand soleil et il fait chaud (7 mars 1992). Collection Paweł Szypulski - Edition Patrick Frey
Verso : Mes chéris ! Bien le bonjour et bisous d’Auschwitz, Hania. P.S. Le temps est avec nous, grand soleil et il fait chaud (7 mars 1992). Collection Paweł Szypulski – Edition Patrick Frey

—A lire et voir : Salut d’Auschwitz – Libération

Classé sous :Outils enseignement, Publications, sur le web

L’évadé du convoi de la mort | La Liberté

29 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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Cette semaine est consacrée aux Journées de la mémoire pour la prévention des crimes contre l’humanité. A l’approche et durant celles-ci, elles donneront lieu dans les médias à des articles nécessaires concernant soit les témoins encore vivants et la nécessité de la transmission de leur mémoire et de cette histoire européenne, soit aux questions relatives à la place de cette question dans la formation des élèves. Nous vous proposerons le renvois à quelques articles parus à ce propos. Aujourd’hui, un article du journal suisse La Liberté.

24.01.2020. A 11 ans, Simon Gronowski a été sauvé du seul train attaqué sur la route d’Auschwitz. Septante ans après, il a pardonné à un nazi et a tissé une amitié avec un fils de SS.

Tanguy Verhoosel, Bruxelles

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Simon Gronowski (à droite sur la photo) n’a jamais eu de haine ni d’esprit de vengeance envers les nazis. Il a d’ailleurs décidé de pardonner à un garde d’un camp belge d’où il est parti pour Auschwitz.

Né dans une famille juive il y a 88 ans, l’avocat belge Simon Gronowski aurait dû périr dans le camp d’extermination d’Auschwitz, dont on commémorera lundi le 75e anniversaire de la libération, par l’Armée rouge soviétique. Mais à 11 ans, celui qui est aussi un pianiste de jazz renommé a pu s’échapper, en 1943, du convoi de la mort le déportant de Belgique vers la Pologne, où ont été tuées sa mère et sa sœur. Récit de survie.

Lire la suite : www.laliberte.ch

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Outils enseignement, Publications

A Auschwitz, brassage de témoins – Libération

28 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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Cette semaine est consacrée aux Journées de la mémoire pour la prévention des crimes contre l’humanité. A l’approche et durant celles-ci, elles donneront lieu dans les médias à des articles nécessaires concernant soit les témoins encore vivants et la nécessité de la transmission de leur mémoire et de cette histoire européenne, soit aux questions relatives à la place de cette question dans la formation des élèves. Nous vous proposerons le renvoi à quelques articles parus à ce propos. Aujourd’hui, un article du journal Libération. 

Le journal « Libération » s’est intéressé aux visites scolaires réalisées au mémorial du camp de concentration d’Auschwitz. Ce mémorial, qui s’apprête à célébrer le 75e anniversaire de sa libération, doit continuer à transmettre la mémoire de la Shoah à l’heure du tourisme de masse, alors que les survivants disparaissent peu à peu, et que les jeunes générations sont plus éloignées de la guerre.

L’article met en avant que l’utilisation des réseaux sociaux lors de la visite correspond aux langages des jeunes d’aujourd’hui dont il faut avant tout comprendre les motivations et entrer en dialogue avec eux en postant notamment des commentaires sous leur photos plutôt que de les stigmatiser. Grâce à ses campagnes, les responsables notent que les photos indélicates sont en diminution.

Par ailleurs, la question suivante se pose de plus avec la disparition progressive des derniers témoins : Comment continuer à transmettre l’expérience des survivants, sans les survivants ? Ici tout le monde s’accorde à mettre en avant le rôle fondamental de l’école. A ce propos, il faut noter que les programmes scolaires ont évolué, et l’enseignement de la Shoah s’est développé dans de très nombreux pays, en Europe comme aux Etats-Unis. Ces éléments doivent permettre de préparer la visite à Auschwitz. Comme le note Piotr Cywinski, directeur du mémorial ,

«Si le groupe arrive ici alors que les élèves voulaient aller à Europa-Park, ça ne marchera pas.»

–A lire : A Auschwitz, brassage de témoins – Libération

Légende photo d’en-tête : A Auschwitz-Birkenau, le 22 janvier. Photo Michal Luczak

Classé sous :Didactique, Opinions&Réflexions, Publications, sur le web

« L’Esprit européen en exil » : Stefan Zweig, dos à la catastrophe

19 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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Un recueil d’essais inédits des dernières années du célèbre écrivain autrichien montre son impuissance, puis son désarroi, devant le nazisme et la guerre.

La publication de L’Esprit européen en exil, qui recueille des articles, discours et entretiens inédits, présentés et traduits par Jacques Le Rider et Klemens Renolder, permet au lecteur d’aujourd’hui de mieux connaître la vie et les prises de position de cet écrivain, condamné à s’engager alors qu’il se voulait passionnément détaché de tout pouvoir politique. Dans ces textes, il exprime, comme le souligne Jacques Le Rider, la « crise d’identité dans laquelle il a sombré, sa désorientation et son besoin de garder, au-dessus du déferlement des événements, sa propre liberté ».

EXTRAIT

« L’esprit européen existe, sans aucun doute, mais il est encore à l’état latent. Nous avons de cela la même certitude que l’astronome qui voit apparaître dans sa lunette un astre dont ses calculs lui ont révélé la présence. Bien que l’esprit européen ne se soit pas encore manifesté, nous savons avec une certitude ­mathématique qu’il existe. La tâche des intellectuels est de transformer cette force latente en force dynamique. Il leur faudrait essayer de paralyser les forces contraires qui s’y opposent. Tout d’abord, le nationalisme, qui devrait être, en Europe, et depuis longtemps déjà, un phénomène historiquement classé. Nous ne devons laisser passer aucune occasion de souligner que si le nationalisme, qui traduit l’existence de privilèges, existe, ne peut être nié comme tel, il est, dans l’ordre des valeurs, inférieur à l’Europe que nous devons réaliser. »

L’Esprit européen en exil (4 juillet 1936), page 192

« L’Esprit européen en exil. Essais, discours, entretiens (1933-1942) », de Stefan Zweig, traduit de l’allemand (Autriche) par Jacques Le Rider, édité par Jacques Le Rider et Klemens Renoldner, Bartillat, 416 p., 22 €.

Source :« L’Esprit européen en exil » : Stefan Zweig, dos à la catastrophe

Crédit photo ; L’écrivain autrichien Stefan Zweig (1881-1942), au Portugal, en 1938. LA COLLECTION

Classé sous :Opinions&Réflexions, Publications

Taner Akçam, auteur d’« Ordres de tuer. Arménie 1915 » : « Le déni du génocide des Arméniens est une politique d’Etat »

8 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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« Ordres de tuer. Arménie 1915. Les télégrammes de Talaat Pacha et le génocide des Arméniens » (Killing Orders. Talat Pasha’s Telegrams and The Armenian Genocide), de Taner Akçam, traduit de l’anglais par Gilles Berton, préface d’Annette Becker, CNRS Editions, 324 p., 24 €.

Taner Akçam est un sociologue et historien turc, professeur au Centre pour l’étude de l’Holocauste et des génocides de l’université du Minnesota, aux Etats-Unis, et auteur de plusieurs livres importants sur l’histoire turque contemporaine, en particulier Un acte honteux. Le génocide arménien et la question de la responsabilité turque (Denoël, 2008). Dans son nouvel essai, Ordres de tuer. Arménie, 1915, il établit l’authenticité des télégrammes controversés par lesquels les plus hautes autorités ottomanes ordonnèrent, entre 1915 et 1917, la déportation et le massacre des Arméniens – on estime le nombre de victimes à 1,5 million. Sa parution, alors que le sujet continue de faire l’objet d’un déni officiel dans la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, est un événement.

Son interview par le journal Le Monde pour accompagner la sortie de l’ouvrage en français : Taner Akçam, auteur d’« Ordres de tuer. Arménie 1915 » : « Le déni du génocide des Arméniens est une politique d’Etat »

La présentation de l’ouvrage par l’éditeur :

Dès 1915, le gouvernement jeune-turc à la tête de l’Empire ottoman a cherché à présenter l’annihilation du peuple arménien comme un simple projet de déplacement et de réinstallation. A cette fin, des documents accablants ont été très vite détruits et ceux qui ne l’ont pas été sont considérés jusqu’à aujourd’hui par les autorités turques comme des  » faux « . Parmi eux figurent des télégrammes de Talaat Pacha et les mémoires de Naïm Efendi, bureaucrate ottoman qui travaillait au bureau des déportations d’Alep pendant les années 1915-1916.

Ces documents ont longtemps été controversés, et les historiens, en l’absence de preuves suffisantes, évitaient de les citer. Ce livre rouvre le dossier. En véritable enquêteur, Taner Akçam s’est en effet lancé dans une minutieuse analyse de ces mémoires et des télégrammes qu’ils contiennent. En comparant les systèmes de codage de ces câbles avec ceux employés dans d’autres documents conservés dans les Archives ottomanes, en étudiant le papier utilisé et la datation de ces pièces à conviction, en regardant de près les signatures, et en confrontant les événements mentionnés par Naïm Efendi avec d’autres sources, Taner Akçam parvient à démontrer qu’il ne peut y avoir aucun doute sur l’authenticité de ces « ordres de tuer ».

Apportant ainsi de nouvelles preuves quant aux plans d’extermination de la population arménienne, ce livre rend aussi manifeste la politique de destruction systématique par le gouvernement ottoman de toutes traces relatives à ces atrocités.

Livre disponible à partir du 9 janvier.

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Publications

L’esprit d’entreprise français en Chine (1890-1940)

6 janvier 2020 by Lyonel Kaufmann

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La Chine est redevenue un enjeu de la compétition mondiale depuis les années 1980 en adoptant une stratégie de « croissance en économie ouverte ». Ce serait peu ou prou un retour à la situation d’avant l’étatiste communiste instauré dans les années 1950. Mais les rapports de force sont inversés : « les traités inégaux » des années 1840-1860, l’octroi de concessions, la colonisation de Hong Kong qui incarnaient l’impérialisme européen, puis aussi japonais et américain, ont rejoint l’histoire des « humiliations » étudiée aujourd’hui par l’enseignement chinois. Un capitalisme purement autochtone a pris corps, entraîné par l’esprit d’entreprise et d’innovation et une volonté de pouvoir au sein de l’économie mondiale.

Dans le cadre des études qui se multiplient sur les liens entre géopolitique et géoéconomie, la mobilisation des archives des banques ou aussi des consuls de France permet de déterminer la convergence des stratégies diplomatiques, financières, bancaires et commerciales afin d’affûter la compétitivité des intérêts économiques français face aux rivaux, notamment britanniques.

Cette convergence concerne globalement des rapports de force géopolitiques, sur le champ des territoires coloniaux au nom de l’impérialisme territorial (d’où l’Indochine et la Nouvelle-Calédonie), sur celui des accords commerciaux de fourniture d’armements (avec des seigneurs de guerre chinois, dans les années 1920-1930), sur celui des bases militaires navales (en Indochine) ou de la présence de navires de guerre (sur le cours du Yang Ze Kiang, notamment, jusqu’à Wuhan/Hankéou , sur le delta de la rivière des Perles, au sud de Guangzhou/Canton) pour assurer la sécurité de la navigation, notamment face aux pirates ou aux pillards. L’enjeu général est de maintenir la position de la France au sein des « Puissances », les pays qui ont mis peu ou prou la Chine sous tutelle financière, pour qu’elle paye les indemnités imposées après la révolte des Boxers ou qu’elle rembourse quelques emprunts internationaux.

Les rapports de force géoéconomiques s’insèrent dans ce cadre mais le dépassent largement puisque c’est la loi du marché qui s’applique. Dans ce contexte, l’économie des réseaux (guanxi) devient l’enjeu géoéconomique au sein de chaque système productif et marchand régional, au-delà de l’animation du capital de réputation et du portefeuille de savoir-faire.

Cette problématique de l’esprit d’entreprise et de compétition était bel et bien celle de la France des années 1880-1910. Elle subissait la domination thalassocratique, industrielle et commerciale du Royaume-Uni héritée de la première révolution industrielle ; elle voyait les firmes d’outre-Rhin se ruer sur la Chine, développant les concessions allemandes au tournant du xxe siècle. De leur côté, les concessions japonaises et les américaines étaient instituées elles aussi en Chine au fur et à mesure de l’insertion de ces pays parmi les Grands de la deuxième révolution industrielle. Une guerre géoéconomique accompagnait donc les enjeux géopolitiques. Préoccupés de ne pas laisser le champ libre à l’impérialisme britannique, les diplomates français ont donc mobilisé leurs réseaux politiques et patronaux afin que la France prenne sa part du « gâteau chinois » en cours de partage.

Bonin, H. (2019). French Banking and Entrepreneurialism in China and Hong Kong. From the 1850s to 1980s. Abingdon-on-Thames : Routledge.

Lire la suite : L’esprit d’entreprise français en Chine (1890-1940) | Mondes sociaux

Crédit image : Pixabay OpenClipart-Vectors

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Publications

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Un général, des généraux : les coulisses du putsch d’Alger du 13 mai 1958 et le retour de de Gaulle sur un air d’opéra-bouffe

14 juin 2022 Par Lyonel Kaufmann 1 commentaire

Le retour aux affaires de l’Homme du 18-juin a perdu depuis longtemps son aura providentielle. Le scénario d’Un général, des généraux bâti par Nicolas Juncker se fondant strictement sur les faits, il fallait trouver un angle saillant pour conter l’arrivée du messie de Colombey à l’Elysée, précédée du grand cirque de ses apôtres algérois et […]

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“Avec cette lettre cesse le jeu et commence l’indéfendable. Supprimer la formation des maîtres, placer ces nouveaux maîtres “dans des classes”, attendre que certains d’entre eux s’effondrent, et leur signifier par courier hiérarchique que “les élèves ont le droit d’avoir devant eux des enseignants compétents” et que le cas échéant ils feraient mieux “de démissionner”, est une stratégie managériale ayant effectivement déjà fait ses preuves, et dont l’avantage est de révéler à ceux qui l’ignoreraient encore l’étymologie du mot “cynisme”. Comme des chiens. Vous avez, “messieurs qu’on nomme grands”, merveilleusement contribué à l’enrichissement de l’horizon sémantique du cynisme : ce qui était au départ le seul mépris des convenances sociales, désignera désormais également le total et absolu mépris de l’humain.”

14 octobre 2010 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Lettre à Laurence |OWNI

A l’école des jeux de rôle: des gymnasiens dans le quotidien des Romains – Le Temps

4 novembre 2019 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

L’atelier «Qvotidie» propose aux élèves romands de résoudre une enquête dans la Rome antique, un jeu de rôle pédagogique qui complète et rafraîchit les méthodes d’enseignement. Reportage du journal Le Temps au Gymnase Provence à Lausanne. « D’un point de vue pédagogique, «le jeu touche aux compétences transversales du plan d’études romand: collaboration, communication, stratégie d’apprentissage, pensée […]

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France : les nouveaux programmes scolaires bousculent le collège

14 avril 2015 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Après les rythmes scolaires, l’éducation prioritaire, le collège… c’est une réforme majeure que la gauche engage sur le terrain de l’école : celle des programmes, censée entrer en vigueur à la rentrée 2016. Lancée en 2013 par Vincent Peillon, la première version de cette «refonte» de l’école a été remise à la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, […]

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Revue de Presse : Le témoignage exceptionnel du seul déporté volontaire à Auschwitz | Libération

9 avril 2014 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Witold Pilecki témoigne à Varsovie le 3 mars 1948 (Photo PAP. AFP) Varsovie. 19 septembre 1940. Un officier de réserve polonais, Witold Pilecki, se fait volontairement rafler par les Allemands et interner à Auschwitz pour y tisser un réseau de résistance: «Le Rapport Pilecki», à paraître en avril, livre le témoignage exceptionnel de ce héros […]

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