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Histoire Lyonel Kaufmann

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Nouvelles de l'histoire

Réflexions sur l’engagement numérique et social : #Mastodon (2022-…)

18 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann

Après un précédent billet en forme de bilan succinct de mon utilisation de Twitter, ce billet est consacré à mes premiers pas sur Mastodon.

Note : ce billet a été rédigé avant la nouvelle vague de migration d’utilisateur•trices qui a débuté jeudi soir suite aux informations de différents médias indiquant un nouveau départ important d’employés de Twitter suite à un ultimatum d’Elon Musk.

Image par Gerd Altmann sur Pixabay

Comme je l’indiquais en conclusion de mon précédent billet,

j’ai retrouvé sur Mastodon la fraîcheur et le dynamisme que j’avais rencontré sur Twitter en 2007. Ca me réjouit, mais cela me questionne également sur la suite et des conditions me permettant de m’éviter l’évolution que j’ai connue sur Twitter.

Plusieurs personnes ont écrit tout récemment sur ce nouveau départ d’ancien•nes de Twitter pour rejoindre Mastodon. Iels présentent aussi les principales caractéristiques de Mastodon pour ces #TwitterMigrants.

Parmi ceux-ci, je vous invite à prendre connaissance du billet d’Olivier Ertzscheid Le Mastodon(te) et l’oiseau bleu (6 novembre 2022).

Olivier Ertzscheid souligne également les parallèles entre le Mastodon de 2022 avec le Twitter des années 2006-2008:

Enfin on y observe une primo-socialisation de rupture avec les habitudes désormais prises sur Twitter. Cette primo-socialisation (qui existait aussi à l’époque sur Twitter) consiste en une série d’actes énonciatifs et de rituels “simples” : se présenter (avec le hashtag #introduction ou #introductionfr), saluer les gens qui vous suivent ou que vous suivez, prendre un temps pour leur répondre plutôt que de simplement les retweeter (comme il n’est pas possible de “liker” un pouet, on est par exemple “contraint” de répondre aux gens qui vous saluent à votre arrivée – ou de choisir de les ignorer).

Pour sa part, Sitharus (https://cloudisland.nz/@sitharus) souligne qu’au-delà de l’ancien Twitter, Mastodon est un écho de l’ancien internet fait d’abord d’interactions humaines et non d’algorithmes ou de publicités ciblées :

I keep seeing people say Mastodon is nothing like Twitter. And they’re right.
Mastodon is an echo of the old internet, it’s decentralised, chaotic. What you get depends on your sysadmin. You can’t search, everything has to be shared to you by a human. Networks split apart and rejoin. What you see is your unique connection to it.
Is this good? Maybe. But for me that’s the internet I grew up with. No algorithms, no targeted adverts, just human interaction, and it was glorious. Source : https://cloudisland.nz/@sitharus/109294473158535073

Visiblement cela perturbe certains utilisateur•trices de twitter (et pas que depuis une semaine):

Je suis sur Mastodon (depuis 2 ans et demi en fait) et je ne comprends rien mais rien du tout, j’ai un abonné et je ne sais même pas comment en avoir un être…
Louise_tt@mastodon.social— Louise Tourret (@louisetourret) November 5, 2022

(Bon elle pousse un peu, car elle a 231 personnes qui la suivent et 43 abonnements. A se demander d’ailleurs si en poussant le bouchon un peu loin, elle ne tient pas à retenir les gens sur twitter.)

Plusieurs éléments m’incitent à penser que Mastodon représente, pour moi, l’opportunité de retrouver le goût de l’échange et du partage plutôt que celui de l’audience.

A ce jour, sur Twitter je dispose de 2’737 abonnements et 2’874 abonnés me suivent (Nombre en légère diminution ces dernières semaines). Après quelques jours, sur Mastodon, je disposais de 157 Abonnements et 119 Abonné·e·s me suivaient. (Au 18.11.2022, ce chiffre est respectivement de 220 Abonnements et 245 Abonné·e·s). Mon ratio est assez comparable à d’autres

Roberts, too, hasn’t yet decided if she will close her Twitter account, but she was surprised by how quickly her following grew on Mastodon. Within a week of signing up and alerting her nearly 23,000 Twitter followers, she has amassed over 1,000 Mastodon followers. Source : https://www.cnn.com/2022/11/05/tech/mastodon/index.html

Cette situation représente l’occasion de se reconnecter humainement aux gens et d’engager la conversation :

This also is very much like early Twitter. I joined in 2007. Twitter was a cheap group SMS service, it connected you to your friends not to companies and celebrities.
I get that I’m not like most people. I grew up in a very conservative rural area so the internet has always been my connection to friends and peer groups, a way to converse with people rather than a way to escape or get famous. Source : https://cloudisland.nz/@sitharus/109294529463983422

D’ailleurs, pour le créateur de Mastodon, l’engagement par « like » ou « retweet » favorisent sous certaines formes, des phénomènes toxiques (harcèlement, bashing, trolls):

I’ve made a deliberate choice against a quoting feature because it inevitably adds toxicity to people’s behaviours. You are tempted to quote when you should be replying, and so you speak at your audience instead of with the person you are talking to. It becomes performative. Even when doing it for « good » like ridiculing awful comments, you are giving awful comments more eyeballs that way. No quote toots. Thank’s. Source : https://mastodon.social/@Gargron/99662106175542726

Par ailleurs, en tant qu’éducateur, à un moment donné, il doit être question de cohérence, d’éthique et de citoyenneté numérique dans nos usages des réseaux sociaux. Avec les derniers développements concernant l’entreprise Twitter, cette heure est, pour moi, venue comme l’indique justement Benedicte Bassogna

Lors de ma réunion de classe avec les parents d’élèves, plusieurs parents m’ont demandé : et si Elon Musk rachète #Twitter , que ferez-vous ? Alors voilà, contrairement aux pronostics, nous y sommes . Et en trois jours 3500 personnes ont été virées froidement à distance. 1/2— benedicte assogna▶️🐘 @assognabene (@Bassogna) November 5, 2022

D’autant plus lorsque l’ancienne avocate en droits de l’homme de #Twitter, Shannon Raj Singh, annonce que l’équipe des droits de l’homme, chargée de protéger les utilisateurs, de l’entreprise a entièrement été éliminée le 4 novembre 2022 par Elon Musk.

Yesterday was my last day at Twitter: the entire Human Rights team has been cut from the company.

I am enormously proud of the work we did to implement the UN Guiding Principles on Business & Human Rights, to protect those at-risk in global conflicts & crises including Ethiopia,— Shannon Raj Singh (@ShannonRSingh) November 4, 2022

Et que TechCrunch annonce qu’il en est de même par exemple de l’équipe chargée du développement d’une intelligence artificielle (IA) éthique et de la transparence de l’algorithme :

Musk dissolved a team known internally as META, which was well-respected for its exploratory work in ethical AI and algorithmic transparency. Source : TechCrunch

Il en est de même de l’équipe chargée de lutter contre la désinformation. Ceci à trois jours des élections américaines de mi-mandats. Concernant la curation, le tweet de Richie Assaly, producteur numérique au Toronto Star:

Looks like Elon Musk fired the entire curation team.

These were the folks who tackled misinfo, contextualized conversations via the ‘Explore’ page, and helped make Twitter an unmatched source for breaking news.

This will make Twitter noisier, more dangerous & less interesting— Richie Assaly (@rdassaly) November 4, 2022

Mastodon représente ainsi une opportunité de me reconnecter avec des pratiques sociales numériques remontant aux années 1990 et aux débuts des années 2000.

A la suite d’Olivier Ertzscheid et à certaines conditions, je suis relativement optimiste dans la capacité de Mastodon à nous éviter de retomber dans les dérives connues par la suite par Twitter et les réseaux sociaux :

Un des enjeux majeurs pour l’avenir de Mastodon, si la migration des usage(r)s se confirme, c’est celui de la modération au travers de différentes instances, chacune étant à ce titre entièrement autonome dans son fonctionnement et dans ses règles. Si certains analystes se montrent déjà pessimistes sur le sujet, je suis de mon côté plutôt optimiste et convaincu que le fait d’une architecture décentralisé, la philosophie globale de l’outil et l’histoire de son développement, mais aussi les formes d’administration à la fois singulière et collectives qui fondent les relations entre les différentes instances de Mastodon, permettront d’aller vers un modèle vertueux, une forme de sagesse des foules telle que je l’analysais ici à partir des travaux (notamment) de James Surowiecki. Source : Le Mastodon(te) et l’oiseau bleu

A suivre…

Classé sous :Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions, Publications

Un massacre de « voisins sur leurs voisins » : La Saint-Barthélemy

9 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann

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Ce très intéressant podcast (07.11.2022 – 24 minutes) de l’émission Les voies de l’histoire de eu!radio est consacré au massacre de la Saint-Bathélemy et au travail de l’historien Jérémie Foa.

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« Les Voies de l’Histoire » sur euradio est une émission du Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA), le laboratoire d’histoire de l’Université de Nantes, animée par Virgine Adane, maîtresse de conférences en histoire moderne.

Dans cet épisode, Virginie Adane reçoit Jérémie Foa, maître de conférences habilité à diriger des recherches à Aix-Marseille Université et membre du laboratoire TELEMME. Ensemble, ils reviennent sur le massacre des protestants le 24 août 1572 et sur cet épisode des guerres de religion.

Le lien vers l’émission pour écouter le podcast : https://euradio.fr/emission/4BZ4-les-voies-de-lhistoire/K7BR-un-massacre-de-voisins-sur-leurs-voisins-la-saint-barthelemy#

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

InfoClio : Façonner l’avenir ? Prospective et sciences historiques (04.11.2022)

11 octobre 2022 by Lyonel Kaufmann

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Scénarios, prévisions, trends, simulations – Les usages de la prospective se sont développés dans l’après-guerre et connaissent actuellement un nouvel essor. Le secteur privé, la recherche et l’administration conçoivent des projections d’avenir afin de faire face aux défis actuels : prévoir les conséquences du réchauffement climatique, répondre aux incertitudes liées aux conflits militaires et politiques, anticiper les évolutions sociales et techniques. Le colloque infoclio.ch 2022 se penche sur l’histoire de la prospective, aborde l’avenir des bibliothèques, et se demande enfin si l’histoire peut être une science prospective.

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La première session s’intéresse à l’histoire de la prospective. Trois historiennes présentent comment les connaissances sur l’avenir se sont rationalisées au cours du XXe siècle, stimulées par la puissance de calcul des ordinateurs. Elles exposent également la place qu’ont prises les études prospectives dans les pratiques de gouvernance.

La seconde session est consacrée aux bibliothèques et à leurs stratégies d’avenir. Comment font-elles face à la transformation rapide des supports d’information ? Peut-on anticiper les futures habitudes de lecture du public ? Comment garantissent-elles la pérennité de leurs missions dans le temps ? Trois interventions ainsi qu’une table ronde répondent à ces questions.

La troisième session se concentre sur la modélisation historique. Deux chercheurs spécialisés dans la production et l’évaluation de données historiques présentent leurs travaux actuels. La table ronde conclusive discute des contributions possibles des sciences historiques à la préparation de l’avenir, et des présupposés qui sous-tendent les sciences prospectives.

La manifestation fera l’objet d’une traduction simultanée Allemand – Anglais (sessions 1 & 3) et Allemand-Français (session 2) (avl dolmetscher)

Le programme est particulièrement alléchant et la thématique peu commune dans nos domaines. Courez-y !

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Programme
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Classé sous :Histoire savante, Humanités Digitales, Nouvelles de l'histoire

Peter Seixas (1947-2022) nous laisse la pensée historique en héritage

10 octobre 2022 by Lyonel Kaufmann

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Atteint d’un cancer et en stade terminal, l’immense didacticien canadien de l’histoire Peter Seixas a choisi de nous quitter cette fin de semaine. Il nous laisse une œuvre d’une importance capitale pour notre champ. Mes pensées vont à sa famille et à ses nombreux amis.

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Peter Seixas (1947-2022)

Peter Seixas a enseigné les études sociales au secondaire à Vancouver pendant 15 ans et a obtenu un doctorat en histoire de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) en 1988.

Ses travaux sur la pensée historique et la conscience historique ont transformé le domaine de l’enseignement de l’histoire, et ont été reconnus au niveau national et international. En 2001, il a reçu une prestigieuse chaire de recherche du Canada et a fondé le Centre for the Study of Historical Consciousness de la Colombie-Britannique (www.cshc.ubc.ca), qui a rassemblé des étudiants diplômés des facultés d’éducation et des arts de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), ainsi que de nombreux universitaires et étudiants diplômés nationaux et internationaux, autour du lien entre l’historiographie, la mémoire collective et l’enseignement de l’histoire.

Il est l’auteur de nombreux articles dans des revues canadiennes et internationales, l’éditeur de Theorizing Historical Consciousness (University of Toronto Press 2004), et le co-éditeur avec Peter Stearns et Sam Wineburg de Knowing, Teaching and Learning History : National and International Perspectives (New York University Press 2000).

Parmi les nombreux prix qu’il a reçus pour ses recherches, il est le lauréat du prix William Gilbert de l’American Historical Association, qui reconnaît les contributions exceptionnelles à l’enseignement de l’histoire par la publication d’articles dans des revues, du National Council for Social Studies Exemplary Research Award et du prix Constance Rourke de l’American Studies Association. Ses contributions à l’enseignement de l’histoire ont été reconnues par le British Columbia Social Studies Teachers’ Association Innovation Award (2007), et le Ontario History and Social Science Teachers’ Association National Leadership Award (2007).

Il a été le directeur du projet The Historical Thinking Project, qui a travaillé à au développement de la pensée historique dans les programmes d’études provinciaux canadiens anglophones, le perfectionnement professionnel, le matériel de classe et les évaluations. Il a pris sa retraite de l‘University of British Columbia en juin 2016, mais avait continué d’écrire.

Sur Facebook, Carla Peck, professeure d’enseignement des études sociales au département d’enseignement élémentaire de l’Université de l’Alberta et directrice de l’important projet Thinking Historically for Canada’s Future, lui a rendu un bel hommage :

On se souviendra également de M. Seixas comme d’un « modèle de vie érudite » et d’un « collègue et mentor d’une générosité sans faille ». J’ai fait l’expérience de sa gentillesse dans des échanges quotidiens, qu’il s’agisse des trajets presque quotidiens en voiture pour se rendre au campus et en revenir (je dis à mes amis que j’étais l’étudiant diplômé le plus gâté de l’histoire !), des délicieuses gâteries au chocolat ou des dîners de vacances avec sa famille et ses amis (parmi de nombreux autres exemples). C’est ce dont je me souviendrai le plus de Peter. Son héritage se perpétuera dans sa famille, ses amis, ses étudiants et dans sa bourse d’études. Dans le dernier e-mail que je lui ai envoyé, il y a une semaine, j’ai pu le remercier pour les nombreux cadeaux qu’il a partagés avec moi : son esprit brillant, son mentorat, son sens de l’humour, sa nature attentionnée, sa patience, son amour du chocolat….. Je lui ai dit que moi, et tant d’autres, ne l’oublierons pas. Il était et restera un géant. Qu’il repose dans une paix éternelle. (Carla Peck)

Pour une liste des publications les plus marquantes de Peter Seixas : http://www.thenhier.ca/en/content/seixas-peter.html

Classé sous :Didactique, Nouvelles de l'histoire

Enseigner l’histoire au Québec en prenant en compte la vision autochtone

1 octobre 2022 by Lyonel Kaufmann

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En cette journée nationale de la vérité et de la réconciliation (30.09.2022), je vous propose ce texte qui revient et développe des éléments présentés à l’occasion de la 6e édition du colloque de l’Association internationale de recherche pour la didactique de l’histoire et des sciences sociales (AIRDHSS) qui s’est tenu à Trois-Rivières du 22 au 24 et de la publication qui l’accompagnait.

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Photo : Journée nationale de la vérité et de la réconciliation – Montréal – 30.09.2022

La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est, au Canada, un jour férié fédéral célébré le 30 septembre qui vise à promouvoir les efforts de réconciliation avec les peuples [autochtones »Autochtones du Canada ». Elle a d’abord été créée comme jour de commémoration en 2013, puis elle est élevée au rang de fête légale en 2021.


Introduction

Dans leur chapitre de l’ouvrage accompagnant la 6e édition du colloque de l’Association internationale de recherche pour la didactique de l’histoire et des sciences sociales (AIRDHSS) qui s’est tenue à la sortie de l’ouvrage en septembre 2022, Vallée-Longpré et Stan (2022) soulignent en introduction de leur chapitre que depuis une dizaine d’années, les revendications autochtones connaissent un nouvel essor dans le sillage de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada (2015).

Leur chapitre analyse l’historique des revendications autochtones en matière d’enseignement de l’histoire et conclut

Alors que dans les années 1960, les revendications au sujet de l’enseignement de l’histoire font écho aux aspirations nationalistes de la société québécoises de l’époque, au XXIe siècle, les revendications rejoignent les luttes communautaires et particularistes qui visent la reconnaissance par l’État du caractère distinctif des communautés qui le composent. (Vallée-Longpré & Stan, 2022, p. 52)

La situation dans les années 1960

Dans son mémoire déposé en mars 1962, le Comité de survivance indienne (CSI) soulignait que la population blanche connaissait mal les Autochtones, présentés de manière folklorique et perçus comme « »des sauvages » vêtus de peaux, coiffés de plumage, vivant de chasse et de pêche et habitant des tentes. Véhiculée par les films, les livres et le théâtre, cette vision se retrouve à l’école. Les jeunes y apprennent à voir les Autochtones comme des êtres cruels et barbares» (résumé par Vallée-Longpré et Stan, 2022, p. 45).

Les auteurs du rapport préconisent alors de rectifier ce récit historique en proposant une version alternative où la place des Autochtones correspond à leur importance historique (Vallée-Longpré et Stan, 2022, p. 46). En 1980, un manuel autochtone verra le jour : David Blanchard Seven Generation emphasized text(1980)

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Ce manuel est consultable en ligne : https://archive.org/details/sevengenerations0000blan

Les discussions relativement aux nouveaux programmes de 2017

Relativement aux nouveaux programme de 2017, le Conseil en éducation des Premières Nations du Québec (CEPN) milite désormais pour une reconnaissance des communautés autochtones comme ayant des parcours historiques différents tout en visant à rallier à leurs luttes la société dans son ensemble (environnement, droits des femmes) (Vallée-Longpré & Stan, 2022, p. 52-53).

A l’occasion du colloque de Trois-Rivières de l’AIRDHSS, une table-ronde a été organisée le jeudi 23 septembre relativement à l’enseignement de l’histoire et des sciences sociales dans les communautés autochtones au Québec. Dans celle-ci, Bruno Rock, Coordonnateur des projets éducatifs du CEPN indiquait que relativement à l’élaboration des ces programmes (2014-2017), les Premières Nations avaient fait 72 recommandations et que les deux principaux gains consistaient au remplacement du mot « Amérindiens » par « Premières Nations » (ou « Autochtones ») et à la plus grande place accordée dans le programme à la très douloureuse question des des pensionnats autochtones. Sur ce deuxième point, Bruno Rock indiquait que ce gain avait été obtenu de justesse, dans la dernière version du programme.

Au CEPN, nous recommandons d’utiliser le terme Premières Nations lorsque l’on parle des nations amérindiennes (ainsi appelées dans le programme) de l’Amérique du Nord. A notre avis, il s’agit du terme le plus adéquat et le plus représentatif ; c’est d’ailleurs le terme utilisé par plusieurs organisations (CEPN, APNQL, etc.) Autochtone peut également être utilisé dans un sens plus large qui inclut les métis, les Inuit et autres groupes se qualifiant d’Autochtones. Pour ce qui est de la question de la désignation des Premières Nations au cours de l’Histoire, nous recommandons de ne pas utiliser les termes contemporains aux époques étudiées. La seule exception que nous voyons concernerait le cas où l’on discute de la Loi sur les Indiens. Effectivement, le mot Indien s’y retrouve partout et il serait difficile de transformer les textes. (CEPN, 2016a, p. 1)

Le CEPN souhaitait également que les programmes utilisent les termes employés par les différentes nations elles-mêmes :

nous recommandons que lorsque les documents parlent d’une nation spécifique, il faudrait toujours, dans la mesure du possible, utiliser le nom auquel cette dernière se réfère. Par exemple, les Algonquins devraient être les Anishinabegs (Anishinabe au singulier). » (CEPN, 2016a, p. 3) «

Vallée-Longpré et Stan (2022, p. 49) soulignent que cette demande a été reçue favorablement et que les manuels ont été revus.

Il n’en demeure pas moins que le constat global du CEPN concernant les nouveaux programmes d’histoire rejoignent les constats faits près de 60 ans auparavant par le Comité de survivance indienne (CSI)

On parle ‘beaucoup‘ des Premières Nations au début soit avant et un peu après le contact, ensuite, elles disparaissent presque du cursus. » (CEPN, 2016a, p. 20)

Le CEPN en appelle finalement à décoloniser l’histoire, « autrement dit, d’adopter une logique différente et suivant plus l’esprit des Premières Nations » (CEPN, 2016a, p. 21).

Les constats et recommandation de la Commission vérité et réconciliation pour le Canada (CVR)

De son côté, dans son sixième volume de son rapport final, la Commission de vérité et réconciliation (CVR) abordait la question de la réconciliation consistant à

à établir et à maintenir une relation de respect réciproque entre les peuples autochtones et non autochtones dans ce pays. Pour y arriver, il faut prendre conscience du passé, reconnaître les torts qui ont été causés, expier les causes et agir pour changer les comportements.

Pour la CVR, cette reconciliation passe notamment par l’éducation. Elle y consacre l’entier de son chapitre 4 (L’éducation en vue de la réconciliation, p. 131 et ss.). Elle part du constat que la majeure partie de la population canadienne adulte a appris que l’histoire du Canada a commencé avec l’arrivée des premiers explorateurs européens dans le Nouveau Monde et que depuis longtemps, l’édification de la nation est le thème principal des programmes d’histoire du Canada, et les Autochtones, mis à part quelques exceptions notables, sont dépeints comme des spectateurs, pour ne pas dire des obstacles, à cette entreprise.

Pour y parvenir, la CVR compte notamment sur les démarches historiennes de critiques des sources (p. 140) : 

À l’ère numérique, où les élèves ont facilement accès à une foule de renseignements concernant les traités, les droits des autochtones ou les torts historiques comme les pensionnats, les élèves doivent apprendre à évaluer eux-mêmes la crédibilité de ces sources. En tant que citoyens actifs, ils doivent être en mesure de participer à des débats sur ces questions armés de connaissances factuelles et d’une compréhension approfondie du passé.

La commission se réfère également au modèle de la pensée historienne de Seixas et Morton (2012) et son sixième concept “comprendre la dimension éthique des interprétations historiques” en indiquant (p. 140)

Il est tout aussi important pour les élèves de comprendre le côté éthique de l’histoire. Ainsi, ils doivent être en mesure de porter des jugements éthiques sur les actions de leurs ancêtres tout en reconnaissant que les valeurs morales de l’époque pouvaient être très différentes des leurs. Ils doivent être capables de prendre des décisions éclairées au sujet des obligations que doit respecter la société d’aujourd’hui pour corriger les injustices historiques. Cette prise de conscience éthique permettra de nous assurer que les citoyens de demain sont conscients et se soucient des injustices du passé qui ont des répercussions sur leur propre avenir.

Cité par Vallée-Longpré et Stan (2022, p. 53), Helga Bories-Sawala parle, pour sa part, de «vide historique» en la matière dans les programmes québécois et les manuels qui en découlent (des années 1970 au programme de 2006):

C’est-à-dire que malgré la place accordée aux premiers occupants avant l’arrivée des Européens, les programmes restent silencieux sur les évolutions des sociétés autochtones entre le début du XIXe siècle et le XXe siècle. Ce «tunnel» a pour effet de donner «l’impression que les Autochtones semblent appartenir à un passé lointain plutôt qu’à une histoire en évolution» (Bories-Sawala & Martin, 2020a, p. 38)

L’analyse de Bories-Sawala & Martin rejoint celle faite par la CVR sur l’ensemble du territoire canadien (vol. 6, p. 132–133 ):

Avant 1970, les manuels scolaires partout au pays représentent les peuples autochtones comme étant soit des guerriers sauvages ou de simples spectateurs sans grande importance relativement à la grande histoire du Canada : l’histoire de la colonisation européenne. À compter du début des années 1980, l’histoire des peuples autochtones est parfois présentée de façon plus positive, mais on souligne la pauvreté et les dysfonctions sociales observées dans les communautés autochtones sans toutefois présenter le contexte historique nécessaire pour aider les élèves à comprendre comment et pourquoi ces conditions sont survenues. En raison de cette omission, la plupart des Canadiens croient que les peuples autochtones étaient et sont toujours responsables des situations dans lesquelles ils se trouvent et qu’il n’existe pas de causes externes. Les Autochtones sont donc présentés comme un problème social et économique qui doit être résolu.

Dans les manuels de la réforme de 2017

Les manuels euroquébécois et autochtones

Bories-Sawala & Martin (2020b) a procédés à l’analyse des quatre manuels euro-québécois et un manuel autochtone publiés à la suite de la réforme de 2017.

En conclusion, Bories-Sawala arrive au constat suivant

Sans tenir compte de toutes les nuances que nous avons pu relever au cours de notre lecture intense de tous ces manuels, nous pouvons, pour ce qui est des derniers parus, de part et d’autre, constater une certaine convergence. Il s’est avéré possible, du côté autochtone, de d’ouvrir le regard « auto-historique » pour aboutir à l’écriture d’une histoire du Québec et du Canada, et l’histoire euro-canadienne récente a intégré, du moins partiellement, des recommandations autochtones. Bien entendu, les proportions accordées aux différents acteurs, aux évolutions, l’importance de tel ou tel événement ou personnage, voire leur simple mention ou non, restent différentes. […] . Il en est de même pour l’autre grande distinction entre les manuels autochtones et les manuels du régime général : l’absence de toute suggestion didactique misant entièrement sur les capacités didactiques de l’enseignant-e d’un côté, et la surabondance de l’appareil didactique, décliné, de plus, selon les critères prévus par le programme, et prescrivant des exercices « en route vers l’épreuve » d’un schématisme souvent réducteur, de l’autre (Bories-Sawala & Martin, 2020b, p. 669).

Il n’en demeure pas moins que

La plupart des désaccords seront du côté de l’appréciation de telle ou telle réalité historique, de l’importance que l’on y accorde, bref : la construction du sens. (Bories-Sawala & Martin, 2020b, p. 669)

Deux points méritent particulièrement d’être relevés.

Le premier concerne le « choc microbien » auquel les autochtones ont été soumis à l’arrivée des Européens et la « réduction » du 19è siècle

La reconnaissance des maladies d’origine européenne comme facteur essentiel ayant ouvert la brèche à la colonisation reste encore embryonnaire dans le programme et les manuels euro-québécois. L’interdépendance des divers aspects de la « réduction » : surchasse du bison, famine, répression des rébellions, spoliation territoriale, traités et création des réserves, mise sous tutelle juridique, assimilation culturelle, y compris par les pensionnats, reste à préciser, dans bien de cas, y compris par le programme ministériel. (Bories-Sawala & Martin, 2020b, p. 669-670)

Le second est relatif aux différentes théories du peuplement de l’Amérique du Nord et les demandes des Premières Nations concernant les premiers occupants du territoire. La CEPN ne souscrivant pas à la théorie de migration asiatique qui aurait peuple le continent américain il y a 15 000 ans, Les Premières lui préfèrent leurs histoires de la création. (CEPN, 2016a, p. 1)

Nous croyons que l’occasion est opportune pour expliquer les différentes théories de peuplements (par le Pacifique, par les Solutréens et l’Atlantique, etc.) et ainsi expliquer qu’il n’existe pas de certitudes scientifiques sur la provenance du peuplement et encore moins sur sa datation. Ce qui est certain, c’est qu’il est beaucoup plus ancien que ce que l’on croyait dernièrement. […]. Considérant ces incertitudes, nous recommandons de présenter quelques-unes des histoires de la création du monde chères aux Premières Nations du Québec, il en existe plusieurs, mais il y en a deux principales (une pour les Algonquiens et une pour les Iroquoiens) qui couvrent plusieurs nations à quelques variantes près. Ces histoires de la création du monde viennent confirmer la vision que les Premières Nations ont de leurs présences en Amérique, cette présence est immémoriale.

Bories-Sawala & Martin notent qu’il s’agit du « seul argument quelque peu incompatible avec une présentation de l’histoire selon une historiographie scientifique» (Bories-Sawala & Martin, 2020b, p. 39).

Plus largement, pour Bories-Sawala & Martin (2020b, p. 673)

l’hypothèse d’une nécessaire altérité radicale entre une auto-histoire autochtone et euroquébécoise, discutée au tout début de notre démarche (cf. introduction au volume 1, p. 14-16) ne s’est pas confirmée au regard des approches didactiques autochtones.

Cependant, et nous conclurons ce parcours sur ce point, le plus grand défi consiste à sortir les Autochtones d’une posture de victime pour leur conférer un posture d’agents historiques :

Une reconnaissance des Autochtones comme agents historiques, conscients de leurs intérêts et agissant en conséquence, plutôt que de les enfermer dans le rôle de victimes éternels, tout au long de l’histoire de leurs rapports avec les « Blancs », non seulement rapprocherait le discours des manuels autochtones et euro-québécois et correspondrait à une représentation plus juste de l’histoire. Bories-Sawala & Martin (2020b, p. 678)

Ce serait probablement le début d’une véritable réconciliation.

Bibliographie

Blanchard, D. (1980). Seven Generations : A History of the Kanienkehaka. Kahnawake Survival School. Consultation en ligne : https://archive.org/details/sevengenerations0000blan.

Bories-Sawala, H. E., & Martin, T. (2020a). Eux et nous : La place des Autochtones dans l’enseignement de l’histoire au Québec (Vol. 1). Université de Bremen. Lien http://classiques.uqac.ca/contemporains/Martin_Thibault/Martin_Thibault.html

Bories-Sawala, H. E., & Martin, T. (2020b). Eux et nous : La place des Autochtones dans l’enseignement de l’histoire au Québec (Vol. 3). Université de Bremen. Lien http://classiques.uqac.ca/contemporains/Martin_Thibault/Martin_Thibault.html

Conseil en Education des Premières Nations (CEPNa) (2016a). Le nouveau programme d’histoire du Québec et du Canada de 3e secondaire : Analyses et recommandations, septembre.

Conseil en Education des Premières Nations (CEPN( (2016b). Le nouveau programme d’histoire du Québec et du Canada de 4e secondaire : Analyses et recommandations, novembre.

Comité de survivance indienne [CSI] (1962). Mémoire présenté à la Commission d’enquête royale sur l’enseignement dans la province de Québec. Le document est consultable à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) à Montréal.

Seixas, P. & Morton, T. (2012). The Big Six Historical Thinking Concepts. Toronto: Nelson

Vallée-Longpré, J., & Stan, C. A. (2022). Enseigner l’histoire au Québec en prenant en compte la vision autochtone : Étude de cas sur des propositions des associations autochtones depuis les années 1960. In Larouche, M.-C., Bouvier, F. Fillon, P.-L. (dir) Tensions dans l’enseignement de l’histoire nationale et des sciences sociales. Vues québécoises et internationales (p. 39‑55).

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La transformation de la recherche historique à l’ère numérique

15 août 2022 by Lyonel Kaufmann

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Milligan, I. (2022). The Transformation of Historical Research in the Digital Age (Elements in Historical Theory and Practice). Cambridge: Cambridge University Press. doi:10.1017/9781009026055

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Je découvre à l’instant la publication toute récente de l’ouvrage de Milligan. Cet ouvrage est disponible en ligne et peut même être téléchargé au format .pdf. Je vous propose avec ce billet un compte-rendu des éléments principaux résultant de ma lecture (fort) rapide de cet ouvrage (les citations ont été traduites via Deepl).

Résumé de l’ouvrage (traduit)

Les historiens font des recherches sur Google, ProQuest et HathiTrust. Ils obtiennent des informations à partir de recherches par mots-clés, effectuées sur des millions de documents, leurs recherches étant façonnées par des algorithmes qu’ils comprennent rarement. Les historiens visitent ensuite souvent les archives lors de voyages éclair marqués par des milliers de photographies numériques, qu’ils explorent ensuite sur des écrans d’ordinateur dans le confort de leur bureau. Ils peuvent ensuite se lancer dans les médias sociaux ou d’autres plateformes numériques, leur travail étant façonné par ces nouvelles formes de révision avant et après publication. Presque tous les aspects du flux de recherche de l’historien ont été transformés par la technologie numérique. En d’autres termes, tous les historiens – et pas seulement les historiens numériques – sont concernés par cette évolution. The Transformation of Historical Research in the Digital Age donne aux historiens les moyens de devenir des praticiens conscients d’eux-mêmes en rendant ces changements explicites et en explorant leur impact à long terme. Ce titre est également disponible en libre accès sur Cambridge Core.

Éléments de l’introduction

Milligan ne manque pas de décrire les changements intervenus dans l’utilisation des archives par les historiens et les possibilités pour ce dernier d’effectuer ses lectures et ses analyses directement depuis la maison. Les sources d’informations historiques se sont multipliées, notamment concernant les journaux, les périodiques et les revues. Les historiens explorent désormais de vaste depôts d’informations comme JSTOR, ProQuest ou HathiTrust. Ceci n’est pas sans incidence sur le métier d’historien lui-même et le risque d’homogénéisation n’est pas loin:

Ils utilisent des mots-clés plutôt que des index spécialisés. Là encore, les historiens se retrouvent à consulter ce qui est numérisé plutôt que ce qui pourrait être le plus pertinent. Ce n’est pas par paresse, mais plutôt en raison de la diminution du rendement de la consultation d’un journal qui n’est pas numérisé alors qu’un périodique à peu près équivalent pourrait l’être. La décision d’explorer le Toronto Star plutôt que le Toronto Telegraph peut sembler anodine, mais si chaque historien prend la même décision, cela représente un changement radical. Ces milliers de décisions individuelles signifient qu’avec le temps, l’érudition commence à s’homogénéiser en termes de ce que nous citons. Si ces forces sont plus prononcées pour les historiens qui s’appuient sur des documents dactylographiés – ceux qui se prêtent le mieux aux algorithmes de reconnaissance optique des caractères – les progrès récents en matière de reconnaissance des textes manuscrits laissent présager une expansion continue de l’impact de la technologie.

Ces changements se sont encore accélérés avec la longue pandémique du covid-19 en raison des restrictions dans les déplacements ou les accès physiques aux archives et bibliothèques.

Comme pour tout, le COVID a accéléré les tendances sans les inventer : il a souligné à quel point la recherche historique est désormais médiatisée par le numérique. Les historiens ont pu tirer parti de processus qui se déroulaient depuis des décennies.

Pour Milligan, cette transformation qui s’est déroulée en l’espace de deux décennies, nécessite de comprendre

comment le travail historique a été transformé, car les historiens ont tendance à négliger les discussions méthodologiques.

L’ouvrage se propose d’explorer ces transformations pour apprendre de quelle manière nous pouvons devenir de meilleurs chercheurs en rendant le numérique explicite.

Un premier avis de l’auteur

Dans son introduction, Milligan estime que cette transformation digitale implique une transformation de la profession d’historien de quatre manière principale (développées en conclusion de son ouvrage) :

Il s’agit de reconnaître l’importance de la culture numérique, de valoriser l’interdisciplinarité, de donner la priorité aux discussions méthodologiques et de changer la façon dont nous formons les futurs historiens pour qu’ils intègrent les technologies nouvelles et émergentes.

Organisation de l’ouvrage

Avant une substantielle conclusion, l’ouvrage comporte trois parties

  1. « Bibliothèques et bases de données« , explore comment la numérisation agressive, en particulier des journaux et des ressources microfilmées, a créé des bases de données exploratoires massives. Qu’est-ce qui a été numérisé et ce qui ne l’a pas été. Comment quelque chose a-t-il été numérisé ? Quels sont les impacts du droit d’auteur sur ces dépôts ?
  2. « Archives et accès« , explore la façon dont la technologie a changé la relation entre l’historien, l’archiviste et les archives. Quel a été l’impact de la numérisation partielle des collections ? Les instruments de recherche en ligne ? La photographie numérique ?
  3. « La publication à une époque interdisciplinaire : Du journal aux médias sociaux« , explore l’évolution de la relation entre les historiens et leur public. Lorsque les historiens pensent à l' »histoire numérique », beaucoup pensent à l’histoire publique numérique, grâce à la longue tradition d’engagement de la profession historique envers le public. Pourtant, la progression traditionnelle de la carrière contraint les chercheurs à s’orienter vers les marqueurs traditionnels de la réussite professionnelle, incarnés par certains types de publications (en particulier les livres traditionnels). Comment la technologie a-t-elle changé l’édition ? Cette partie explore brièvement les nouveaux formats, les approches changeantes de la circulation des idées et le potentiel d’engagement interdisciplinaire.

Histoire numérique vs histoire numérisée

Milligan établit une distinction entre l’histoire numérique (Digital History) le domaine d’étude délimité par des revues universitaires, des conférences et des approches pédagogiques – et l' »histoire numérisée », ou la transformation plus large induite par la technologie.

Si tous les historiens ne sont pas des historiens numériques (Digital Historians), tous sont engagés dans des sources et des flux de travail numérisés. Pour Milligan,

Il n’est pas judicieux de cloisonner l’engagement historique avec la technologie en tant que sous-domaine, étant donné son impact considérable sur l’ensemble de la profession. […]. Nous sommes tous numériques maintenant.

Dans tous les cas, Milligan plaide pour un historien sensibilisé au numérique qui tient compte de l’influence médiatrice de la technologie sur son travail. Ce chercheur comprend que la façon dont les sources sont médiatisées a un impact profond sur la façon dont elles sont lues, comprises et contextualisées. En bref, il s’agit d’un historien conscient du numérique, qui utilise activement la technologie plutôt que d’être façonné par elle.

Culture numérique

Dans sa conclusion, Milligan revient sur la question de la nécessaire prise en compte de la culture numérique.

Pour lui, cela implique que les méthodes historiques seront explicitées plutôt que laissées implicites.

Il propose que ce phénomène s’étende à la salle de classe, les enseignant•es d’histoire encourageant leurs étudiant•es et leurs élèves à réfléchir de manière critique à la médiation et à la sélection de leurs sources (et à l’exemple des textes qu’ils lisent). Il s’agit de contribuer à faire de nos étudiant•es et nos élèves des consommateurs d’informations plus critiques et plus conscients.

Par ailleurs, pour Milligan, tous les étudiant•es doivent être sensibilisés aux préjugés algorithmiques, comprendre comment le contenu est médiatisé et contextualisé, et acquérir des compétences numériques plus larges.

Cela s’inscrit dans une perspective citoyenne, car

Réfléchir au contexte et à la médiation d’un article de journal vieux de plusieurs dizaines d’années développe des compétences permettant d’évaluer la fiabilité d’un tweet ou d’un article de journal apparaissant sur Twitter ou TikTok. En définitive, il s’agit peut-être moins de faire de « bons » historiens que de faire de nous tous de meilleurs consommateurs d’informations.

Il précise en outre que

Nous nous appuyons beaucoup et implicitement sur l’idée d’un « natif numérique », ce qui ne tient pas compte de l’inégalité des compétences techniques des étudiant•es. Nous devons tous nous engager dans ces problèmes interdisciplinaires qui transforment notre monde.

On conçoit aisément que ces questions intéressent l’enseignement de l’histoire en général et pas seulement les chercheurs en histoire.

Source : https://www.cambridge.org/core/elements/transformation-of-historical-research-in-the-digital-age/30DFBEAA3B753370946B7A98045CFEF4

[1]  https://www.cambridge.org/core/elements/transformation-of-historical-research-in-the-digital-age/30DFBEAA3B753370946B7A98045CFEF4 

Classé sous :Histoire savante, Humanités Digitales, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Larry Cuban : Anniversary of Blog

4 août 2022 by Lyonel Kaufmann

This post marks my 13th anniversary as a blogger. I want to thank readers who regularly read my twice-weekly posts, those who have dipped into them …

Anniversary of Blog

Classé sous :Nouvelles de l'histoire

Une équipe de l’EPFL numérise le Panorama de la Bataille de Morat | RTS

22 juillet 2022 by Lyonel Kaufmann

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Oeuvre de presque 100 mètres sur 10 créée en 1893 par le peintre allemand Louis Braun, le célèbre Panorama de la Bataille de Morat est en train d’être numérisé à l’EPFL. Ce travail donnera naissance à l’une des plus grandes images numériques jamais produites.

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Analyse des rouleaux. [2022 EPFL eM+]

La peinture représente le moment où les Confédérés ont pris le dessus sur le Duché de Bourgogne au cours de son invasion en 1476. Elle n’a jamais été montrée de manière permanente au public, a rappelé jeudi l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dans un communiqué.

Après sa brève exposition à Zurich et Genève à la fin du 19e siècle, ainsi qu’à l’Exposition nationale suisse en 2002, cette œuvre épique a passé ces vingt dernières années dans un entrepôt militaire.

Grâce à une collaboration entre l’EPFL et la Fondation pour le Panorama de la Bataille de Morat, la peinture est numérisée par l’équipe de Sarah Kenderdine, responsable du Laboratoire de Muséologie Expérimentale.

L’objectif est de créer le jumeau numérique de la peinture à temps pour le 550e anniversaire de la bataille, qui aura lieu en 2026, et de rendre l’œuvre de Braun accessible à tous.

Source : ats/oang et rts

Classé sous :Humanités Digitales, Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire

Réfugiés d’hier, migrants d’aujourd’hui: À quoi sert la parole des témoins? (20 juin 2022)

16 juin 2022 by Lyonel Kaufmann

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Le 20 juin, pour la Journée des réfugiés, l’UER Sciences humaines et sociales (SHS) reçoit cinq invités exceptionnels lors d’une manifestation publique: deux des ultimes témoins suisses de la Shoah, Eva Koralnik et Vera Rottenberg, une reporter de guerre en Libye et en Ukraine, Maurine Mercier, un responsable formations de l’OSAR, Andres Guarin, et un historien, le prof. Claude Hauser, interrogeront le sens et l’impact de la parole des témoins dans la tragédie des personnes déplacées.

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Cliquez pour télécharger le flyer

Parce que la Journée de la mémoire n’a pu se dérouler comme prévu le 27 janvier dernier en raison de la pandémie, la HEP Vaud a décidé de l’associer à la Journée mondiale des réfugiés qui aura lieu le 20 juin. À cette occasion, l’Unité d’enseignement et de recherche Didactiques des sciences humaines et sociales propose au public une rencontre exceptionnelle le 20 juin dès 18h, avec Eva Koralnik et Vera Rottenberg, deux des ultimes témoins suisses de la Shoah, Maurine Mercier, reporter de guerre en Libye et en Ukraine, le prof. Claude Hauser, historien, et Andres Guarin, responsable formations pour la Suisse romande, à l’Office suisse d’aide aux réfugiés (OSAR). Le prof. Guillaume Roduit, didacticien du droit et modérateur, animera la table ronde: «À quoi sert la parole des témoins?»

Programme

18h00: Mot d’ouverture par l’Office suisse d’aide aux réfugiés (OSAR)
18h10: Présentation de l’application numérique «Fuir la Shoah» par Nadine Fink et Nathalie Masungi, HEP Vaud
18h25: Témoignage, suivi d’une rencontre-discussion avec Eva Koralnik, l’une des cinq témoins dans «Fuir la Shoah».
19h15: Table ronde: A quoi sert la parole des témoins? Claude Hauser, Vera Rottenberg, Maurine Mercier et Andres Guarin. Modérateur: Guillaume Roduit, HEP Vaud
20h00: Apéritif à La Parenthèse

Informations pratiques

Lundi 20 juin à 18h00
Auditoire C33-229
HEP Vaud, av. de Cour 33, Lausanne
Entrée libre

Plus d’infos : https://www.hepl.ch/accueil/actualites-et-agenda/actu-hep/journee-de-la-memoire–journee-mondiale-des-refugies.html

Classé sous :Histoire active, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Libreo – La nouvelle plateforme des éditeurs en sciences humaines et sociales de Suisse

15 juin 2022 by Lyonel Kaufmann

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libreo.ch est la nouvelle plateforme de l’Association suisse des éditeurs de sciences humaines et sociales (ASESHS). Dédiée à l’accès en ligne à la littérature scientifique, elle offre une interface qui permet de lire à l’écran, de télécharger ou d’acheter les productions des éditeurs participants.

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Le projet était en préparation depuis 2014, lorsque le Fond national suisse a rendu obligatoire la publication en Open Access des monographies qu’il soutient financièrement. Après des années travail, la plateforme est désormais en ligne, et six éditeurs (Alphil, Antipodes, BHMS, Chronos, Seismo, Georg) y proposent leurs publications. Elle contient à ce jour plus d’une centaine de monographies et une demi-douzaine de périodiques, dont la grande majorité sont en libre accès. L’offre de contenus ainsi que le nombre d’éditeurs participants est destiné à s’accroître rapidement.

Visiter libreo.ch

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