Le tableau numérique interactif (TNI) est de plus en plus présent dans les classes. Quel est son impact pédagogique? Quelle est l’incidence de l’utilisation de l’outil sur les pratiques des enseignants? Sonia Lefebvre et Ghislain Samson, professeurs au Département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières, ont conduit une recension des écrits entourant l’utilisation du tableau numérique interactif (TNI) à l’école. Les articles retenus (2000-2012) proviennent de différentes revues scientifiques, essentiellement anglo-saxonnes. Les résultats sur les usages et l’incident sur l’enseignement sont malheureusement sans surprises.
L’école primaire Littré à Lille expérimente le tableau numérique interactif. – M.LIBERT/20 MINUTES
Résultats sur les usages :
De façon générale, les enseignants auraient tendance à utiliser les tableaux blancs interactifs principalement à des fins de présentation (Divaharan et Koh, 2010) ; (Skutil et Maněnova, 2012) ; (Winzenried et al., 2010) ou pour la prise de notes (Al-Qirim, 2011), et non pour mettre en place des activités d’apprentissage interactives (Beth, 2008). En effet, les usages qui sont faits du TNI consisteraient surtout en l’annotation et la mise en évidence d’éléments de contenus importants, la création de dessins, de notes de même qu’à cacher et révéler des objets ou les faire glisser (Sundberg et al., 2011) ; (Türel, 2010). La création de réseaux sémantiques (Divaharan et Koh, 2010) et de cartes conceptuelles (Türel, 2010) se trouve également facilitée par l’utilisation du TNI. Dans l’enseignement des mathématiques ou des sciences par exemple, la raison principale de l’utilisation du TNI concerne la visualisation des objets ou concepts jugés abstraits, alors que pour l’enseignement des langues, c’est davantage la possibilité d’écouter des textes originaux pour s’approprier une prononciation correcte qui est favorisée (Skutil et Maněnova, 2012). Au secondaire, les enseignants de mathématiques, de sciences, d’anglais et de sciences sociales utilisent le TNI la plupart du temps, alors que les enseignants des sciences sociales l’utilisent rarement à des fins autres que pour la projection de documents et la présentation de vidéos (Winzenried et al., 2010).
Les enseignants ne semblent pas motivés à aller au-delà de ces utilisations jugées de base et limitées (Cutrim-Schmid, 2008), car le recours au TNI n’enrichit pas le contenu (Al-Qirim, 2011). Aussi, comme le relèvent (Jewitt et al., 2007), certains textes conçus pour une utilisation avec le TNI sont de type traditionnel, exactement comme ceux des manuels scolaires. Dans ce cadre et si le TNI est utilisé comme un tableau traditionnel, son utilisation aurait alors peu d’effets sur l’apprentissage des élèves (Lewin et al., 2008).
Incidences sur l’enseignement :
Tout comme (Smith et al., 2006), les résultats de notre analyse suggèrent que les TNI ont un certain effet dans la salle de classe, mais ces résultats sont très partagés. En effet, certains travaux mettent en évidence une préférence pour l’enseignement traditionnel (Al-Qirim, 2011) ; (Gillen et al., 2007), l’enseignement collectif (Bennett et Lockyer, 2008) et un enseignement frontal (Divaharan et Koh, 2010).
Source : État des connaissances sur l’implantation du tableau numérique interactif (TNI) à l’école | Revue Sciences et Technologies de l’Information et de la Communication pour l´Éducation et la Formation (STICEF)
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