Une biographie bienvenue qui replace le personnage dans sa complexité. Le compte-rendu de Robespierre. La Fabrication d’un monstre de Jean-Clément Martin.
« Robespierre a la mâchoire arrachée par un coup de pistolet dont nul ne saura jamais s’il s’agit d’une tentative de suicide ou du tir du gendarme Méda ou Merda » . Les lacunes des sources exprimées ici sur cet événement majeur précédant l’exécution de Robespierre révèlent les doutes subsistant sur ce personnage. En effet, la certitude et la brutalité avec lesquelles sont assénées certaines « vérités » contrastent avec l’absence ou les limites des documents à notre disposition. Pour l’auteur, ces sources sont peu nombreuses et parfaitement connues, il est donc impossible d’accéder pleinement au personnage. Certes, en entamant un ouvrage de Jean-Clément Martin, on ne s’attend pas à un propos simple et encore moins simpliste, mais le Robespierre présenté contraste par sa complexité avec la certitude de certains jugements portés sur l’homme depuis plus de deux siècles. Il ne s’agit pas d’une énième biographie – celle d’Hervé Leuwers , citée à de nombreuses reprises, constitue une parfaite synthèse répondant aux canons du genre – mais d’une mise en perspective. L’historien replace Robespierre parmi les autres révolutionnaires, vis-à-vis desquels il ne fut ni meilleur ni pire. Et surtout, il montre à quel point notre vision de l’homme découle du personnage fabriqué par les Thermidoriens. Ces derniers, dès le lendemain de sa mort, se sont appliqués à en faire l’incarnation d’un système qui par conséquent disparaissait avec lui et faisait oublier leurs propres responsabilités.
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