Plus d’un siècle avant la pandémie de Covid-19, « un autre virus grippait la planète entière et provoquait des milliers de morts », rappelle The Times. Au sortir de la Grande Guerre, en 1918, la grippe espagnole se montre particulièrement virulente. Quelque 500 millions de personnes sont infectées et l’on estime que 20 % d’entre elles périssent. « Déjà, à l’époque, le Times est là pour en parler », s’enorgueillit le quotidien londonien dans un article publié le 25 mars. En fouillant dans ses archives, le journal conservateur a découvert des échos à la crise sanitaire que traversent actuellement le Royaume-Uni et le monde. À l’époque, déjà, à la minimisation de la maladie avaient succédé la submersion des hôpitaux et la réponse désorganisée des États.

Une gravité minimisée
Avant l’été 1918, les autorités européennes peinent à prendre la menace au sérieux. La Première Guerre mondiale est toujours en cours et occupe tous les esprits. Un correspondant de The Times infecté lors de la première vague de contaminations soutient que le virus est bien moins virulent que la grippe russe de 1889-1890. Dans son article, le journaliste explique ainsi avoir guéri grâce au repos et à la prise de quinine, un médicament utilisé dans le traitement du paludisme. « En raison de son caractère bénin, la maladie – ainsi que ses victimes – a d’abord fait l’objet de bons mots et autres badinages plaisants dans les journaux », écrit le correspondant du journal en Espagne, le 3 juin 1918.
Des hôpitaux submergés
Quelques semaines plus tard, changement de ton. Le 3 juillet, les services médicaux de la ville de Birmingham, dans l’ouest de l’Angleterre, sont aux abois. “Les médecins ne savent plus quoi faire pour gérer l’afflux de patients”, peut-on alors lire dans le quotidien fondé en 1785. Pendant l’automne, une deuxième vague, beaucoup plus meurtrière, frappe les villes et les campagnes. La grippe est à ce stade capable de venir à bout de jeunes adultes en bonne santé quelques heures seulement après l’apparition des premiers symptômes.
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