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Histoire Lyonel Kaufmann

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En Suisse aussi « Décoloniser la ville » | Podcast

13 décembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Au printemps 2022, la ville de Genève a mandaté les professeurs Mohamed Mahmoud Mohamedou et Davide Rodogno de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) pour rédiger une étude historique sur les Monuments et l’héritage raciste et colonial dans l’espace public genevois. Celle-ci recense les monuments et symboles présents dans l’espace public de la Ville de Genève qui font référence à des personnalités ayant encouragé le racisme, en particulier le racisme anti-Noir-e-s, et le colonialisme.

L’étude : Monuments et héritage raciste et colonial dans l’espace public genevois: état des lieux historique (PDF – 1.89 Mo)

En partant des résultats de cette étude, Chahut média (David Brun-Lambert et Carole Harari) ont produit une série de pocast en six épisodes, intitulée «Décoloniser la ville», dans laquelle interviennent les auteurs de l’étude ainsi qu’une vingtaine d’invités. 

Que faire des hommages rendus dans l’espace public à des personnalités ayant encouragé le racisme et le colonialisme? Pourquoi est-il impératif de décoloniser nos villes? En 6 épisodes, cette série documentaire podcast invite des chercheur·es et militant·es antiracistes à questionner la mémoire raciste et coloniale dans l’espace public dans ses dimensions culturelles, politiques et sociales.

Source : https://www.chahut.ch/decoloniserlaville

Les six premiers épisodes peuvent être écoutés en ligne sur le site de Chahut média ou sur les plateforme de streaming audio.

Source de l’information : InfoClio

A lire aussi sur ce blog : La participation de Suisses à la traite négrière (24.05.2018)

Classé sous :Histoire active, Histoire savante, Opinions&Réflexions, Publications

Féminicide : la tuerie de Polytechnique | Montréal 1989-2022

13 décembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Le 6 décembre 1989, un homme armé a fait irruption dans les locaux de Polytechnique à Montréal et y assassine 14 femmes et blessé 13 personnes. Dorénavant considérée comme un attentat antiféministe, la tragédie a ébranlé tout le pays. La lutte contre les violences faites aux femmes est un combat constant au Québec comme en Suisse ou en France.

Place du 6-décembre-1989. Montréal – 10.12.2022

« Nous y sommes encore, car le devoir de mémoire est source d’action et qu’il faut travailler sans relâche pour bâtir une société égalitaire, ouverte et pacifique, où les femmes ne meurent pas parce qu’elles sont des femmes »
Catherine Bergeron, présidente du comité Mémoire et sœur de Geneviève Bergeron qui a péri durant la tragédie du 6 décembre 1989 (06.12.2022)

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Place du 6-décembre-1989. Montréal – 10.12.2022

Projet Polytechnique. Faire Face

Pour une mise en contexte actuelle de cette tuerie, voici un projet culturel à ce propos :

  • Projet Polytechnique. Faire Face. Épisode 1. A qui la faute ? :

Cet évènement m’a marqué plus que je pouvais l’imaginer. » Choqué par le sort qu’a connu sa cousine Anne-Marie Edward, assassinée le 6 décembre 1989 par Marc Lépine, Jean-Marc Dalphond a décidé d’honorer en quelque sorte la mémoire de celle-ci et des victimes de violence avec le balado Projet Polytechnique : faire face. Sa collègue comédienne Marie-Joanne Boucher et lui sont allés à la rencontre de certains groupes d’hommes pour tenter de comprendre comment les échos de ce féminicide résonnent encore chez ceux-ci.

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/10160/projet-polytechnique-faire-face/668147/tuerie-crime-haineux-femmes-lepine

  • Émission « Il restera toujours la culture. Le balado Projet Polytechnique : tenter de comprendre l’inconcevable.

Entrevue (audio) avec Marie-Joanne Boucher et Jean-Marc Dalphond : Le projet Polytechnique : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/il-restera-toujours-culture/segments/entrevue/425473/projet-polytechnique-balado-faire-face-marie-joanne-boucher-jean-marc-dalphond

Reconnaissance du féminicide : trente ans de combats

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Place du 6-décembre-1989. Montréal – 10.12.2022

Il faudra attendre trente ans après la tuerie de Polytechnique pour que la ville de Montréal décide de nommer clairement le caractère antiféministe de l’attentat sur un nouveau panneau commémoratif installé à la Place du 6-Décembre-1989 (chemin Queen Mary Montréal (Québec) H3V 1A9), située à environ un kilomètre de l’endroit où a été perpétré le massacre.

Extrait de l’épisode 3 de Projet Polytechnique. Faire Face sur la reconnaissance du féminicide.

La tuerie

Le 6 décembre 1989, un homme entre dans une classe de génie mécanique à l’École Polytechnique de Montréal, armé d’un fusil semi-automatique. Après avoir séparé les hommes des femmes, il ouvre le feu sur elles en criant : « Vous êtes toutes des féministes. » Il tue 14 jeunes femmes et blesse 13 autres personnes (10 femmes et 3 hommes. Il retourne ensuite son arme contre lui.

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Plaque commémorative sur le mur extérieur de l’École Polytechnique en souvenir des victimes du massacre. (Wikimedia Commons)

Ce féminicide de masse est perpétré en moins de vingt minutes à l’aide d’une carabine obtenue légalement. Il s’agit de la tuerie en milieu scolaire la plus meurtrière de l’histoire du Canada.

En 1991, le Parlement du Canada fait du 6 décembre la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. On l’appelle aussi la Journée du ruban blanc.

Références :

  • https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Tuerie_de_l%27École_polytechnique_de_Montréal
  • https://www.lapresse.ca/actualites/2022-12-06/tuerie-de-polytechnique/le-devoir-de-memoire-est-plus-pertinent-que-jamais.php
  • https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/tragedie-de-polytechnique

Féminicides en Suisse et au Québec en 2021

C’est une statistique macabre qu’on aimerait n’avoir jamais à citer.

En 2021, pour une population comparable, le Québec (8’575’000 habitants en 2021) et la Suisse (8’715’494 habitants en 2021) ont connu 26 féminicides soit un toutes les deux semaines.

Rapporté à leur population totale, ces 26 féminicides sont proportionnellement plus élevés qu’en France qui comptait 122 féminicides en 2021 pour une population de 65’426’176 habitants.

En 2021, la Suisse a dénombré 26 féminicides, soit un toutes les deux semaines, et 30 femmes ont survécu à des actes de violence sexiste (Source : https://www.24heures.ch/il-faut-mettre-fin-a-la-violence-contre-les-femmes-746914393737).

Pour le Québec, les 26 féminicides représentaient un un sommet jamais vu depuis 2008. La vaste majorité de ces féminicides se sont produits dans un contexte conjugal (Source : https://www.24heures.ca/2021/12/30/le-quebec-atteint-un-triste-record-de-feminicides).

Par ailleurs, au Québec, SOS violence conjugale, service de première ligne pour les victimes et leurs proches, estimait avoir reçu 7’000 appels de plus en 2020-2021 qu’en 2019-2020. Le nombre pouvait atteindre 200 par jour, alors que la moyenne se situait à 90 en 2019. Le nombre des victimes étaient en augmentation en lien avec la crise sanitaire.

Classé sous :Histoire active, Opinions&Réflexions, Publications

Histoire environnementale. (Antiquité-Moyen Âge) | Annales. Histoire, Sciences Sociales 2022/1

10 décembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Ce numéro 2022/1 de la revue des Annales est consacré aux périodes ancienne sous l’angle de l’histoire environnementale. Voici les deux premiers paragraphes de l’éditorial de ce numéro.

Centré sur l’histoire environnementale des périodes anciennes, ce numéro spécial s’inscrit dans une tradition bien enracinée, quoique profondément renouvelée au cours des cinquante dernières années. À distance de la « longue durée » braudélienne, où le climat servait de toile de fond immobile et majestueuse au déploiement des actions humaines, une histoire environnementale davantage sensible aux « fluctuations de la météorologie » et « au paroxysme des contagions » avait déjà trouvé une place dans les Annales au début des années 1970 sous la plume d’Emmanuel Le Roy Ladurie. Après un moment d’éclipse, elle a refait surface dans les pages de la revue au cours de la dernière décennie, sans doute parce que s’y nouent étroitement des questions méthodologiques, épistémologiques et politiques.

La revue s’est ainsi fait l’écho de ces profondes mutations à travers un numéro spécial coordonné par Alice Ingold en 2011 et, plus récemment en 2017, par un volumineux dossier consacré au concept d’Anthropocène, désormais omniprésent dans le débat public et scientifique. La définition de cette nouvelle ère géologique reste toutefois controversée : si le rôle de l’humanité dans l’altération actuelle du climat fait aujourd’hui (plus ou moins) consensus, on ne s’accorde guère pour dater l’origine du bouleversement. En 3 000 ans avant notre ère ? Depuis la révolution industrielle anglaise au xviiie siècle ? Ou seulement avec les Trente Glorieuses ? Pour le dire autrement, l’Anthropocène commence-t-il dès la fin du néolithique, lorsque s’établit la conjonction entre sédentarisation humaine, domestication animale, exploitation agricole et étatisation politique ? N’est-ce pas là cependant réintroduire subrepticement l’idée de péché originel, comme si le ver avait déjà été dans le fruit… En outre, si le véritable bouleversement n’intervient qu’avec l’instauration du système capitaliste, la notion d’Anthropocène ne risque-t-elle pas de faire écran, en occultant le véritable acteur du changement – non l’homme, mais le capitalisme ? D’où la proposition d’une dénomination alternative, le Capitalocène…

Le sommaire des articles du numéro :

  • L’émergence d’une histoire environnementale interdisciplinaire. Une approche conjointe de l’Holocène tardif par Adam Izdebski, Kevin Bloomfield, Warren J. Eastwood, Ricardo Fernandes, Dominik Fleitmann, Piotr Guzowski, John Haldon, Francis Ludlow, Jürg Luterbacher, Joseph G. Manning, Alessia Masi, Lee Mordechai, Timothy P. Newfield, Alexander R. Stine, Çetin Şenkul, Elena Xoplaki, Traduction d’Antoine Heudre Antoine Heudre
  • Le destin de l’Empire romain dans le temps long de l’environnement (note critique) par Philippe Leveau
  • Un discours de la méthode pour une histoire environnementale du haut Moyen Âge par Magali Watteaux
  • La Nature et le corps du roi. Réflexions sur l’idéologie politique des temps carolingiens par Geneviève Bührer-Thierry
  • Le développement économique des campagnes romaines dans le nord de la Gaule et l’île de Bretagne. Des approches renouvelées par Michel Reddé

Pour le comité éditorial de la revue:

ce numéro donne à lire une histoire environnementale réflexive, parfois inquiète, aussi attentive aux lacunes de la documentation qu’aux risques de rétroprojection anachronique.

Le numéro: Histoire environnementale. (Antiquité-Moyen Âge) | Annales. Histoire, Sciences Sociales 2022/1

Classé sous :Histoire savante, Publications

Le dernier annuaire téléphonique en Suisse | Blog Musée national suisse

2 décembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Un des derniers articles du blog du Musée national suisse est consacré aux annuaires téléphoniques imprimés en Suisse dont les derniers ont été publiés cette année. Créés en 1880 à Zurich, ils prennent désormais définitivement leur retraite. Petit retour en arrière.

L’histoire des annuaires téléphoniques est étroitement liée à l’évolution technique de la téléphonie. Les premiers essais avec le nouveau média de l’époque, le téléphone, eurent lieu en Suisse dès 1877 entre Berne et Thoune via une ligne télégraphique.

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Annuaire téléphonique de la Société des téléphones de Zurich de 1880. Archives des PTT

Le premier annuaire téléphonique de Suisse, intitulé « Liste der Sprech-Stationen der Zürcher Telephon-Gesellschaft » (liste des stations téléphoniques de la Société des téléphones de Zurich), parut à Zurich en 1880. Ce premier annuaire téléphonique de Suisse, qui se présentait sous la forme d’une fine brochure, comportait 99 entrées.

Lire l’article complet : Le dernier annuaire téléphonique | Blog Musée national suisse

Classé sous :Histoire savante, Publications

Canada. Un rapport accablant dénonce la stérilisation forcée de femmes autochtones du Québec

26 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Des dizaines de femmes issues des Premières Nations et Inuits auraient subi des stérilisations forcées et des avortements forcés au Québec depuis 1980. C’est la conclusion d’une étude, dont les autrices estiment que ces violences s’inscrivent “dans un continuum de violences coloniales”.

Les extraits du rapport publiés dans la presse canadienne et québécoise sont accablants et fond froid dans le dos:

Une femme, venue consulter un gynécologue pour des douleurs menstruelles, raconte qu’il lui a répondu : “Je vais te nettoyer ton ventre”, avant de procéder, sans son consentement, à une hystérectomie (ablation de l’utérus). À une autre venue accoucher par césarienne, le médecin aurait dit, trois jours plus tard : “Eh bien, pendant que j’y étais, j’ai décidé d’enlever votre utérus.”

A la lecture de ces faits, on ne peut que suivre les autrices du rapport qui, a l’analyse des témoignages, parlent de racisme systémique et de violences coloniales qui perdurent.

Les Canadiens et les Québécois n’ont pas fini de devoir non seulement faire sérieusement leur examen de conscience, mais et surtout se donner les moyens de sortir de ce cercle infernal de violences inouies faites aux communautés autochtones.

Source : Canada. Un rapport accablant dénonce la stérilisation forcée de femmes autochtones du Québec

Classé sous :Opinions&Réflexions, Publications

Livre du vendredi : La Grande peur de 1789 – Georges Lefebvre

25 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Paru 1932, l’originalité du livre de l’historien Georges Lefebvre réside toujours dans l’étude de la psychologie collective. Ce sont les représentations qui importent. Le complot, dans la réalité, n’existait pas. Mais ce qui importe, c’est que les contemporains, eux, y aient cru. Et cette idée de complot est cruciale dans la Grande Peur. La Grande Peur de Lefebvre s’inscrit dans l’étude des mentalités avec d’autres livres d’histoire très célèbres, comme Les rois thaumaturges de Marc Bloch et Martin Luther de Lucien Febvre.

Georges Lefebvre La Grande peur de 1789

Comme l’indique l’article Wikipedia consacré à Georges Lefebvre, La Grande Peur de 1789. Ce livre lui vaut des commentaires très élogieux, quoique non dénués d’éléments critiques, de Marc Bloch, son collègue strasbourgeois qui écrit dans son compte rendu de l’ouvrage : 

« Sa portée, au regard de l’historien, réside avant tout, dans la valeur de symptôme, propre à déceler l’état du corps social ; et c’est de l’avoir en effet étudié de ce biais que la méthode de M. Lefebvre tire son originalité. Partant de cet ensemble de menus faits, immédiatement apparents et dont le pittoresque avait souvent masqué le sens profond, l’auteur, recherchant de proche en proche leur explication, nous fait pénétrer jusqu’au cœur de la société française du temps, dans sa structure intime et le lacis de ses multiples courants6»

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Lefebvre_(historien)

En 2004, l’historien Timothy Tackett, revient dans les Annales de la Révolution française sur ce qui fait toujours l’actualité de cet ouvrage :

Ce n’est qu’après des années de recherches assidues que Lefebvre put démontrer irrévocablement que la Peur, en fait, n’était pas un phénomène simultané, mais qu’elle consistait plutôt en une série de paniques en réactions en chaîne provenant de cinq ou six sources et qui se déroulaient pendant une période de trois semaines.

Timothy Tackett, « La Grande Peur et le complot aristocratique sous la Révolution française
 », Annales historiques de la Révolution française, no 335,‎ janvier-mars 2004, p. 1-17 (lire en ligne).

Timothy Tackett met aussi en évidence la méthode historique de Lefebvre et ses liens avec l’histoire-problème:


Au départ, dans son introduction, Lefebvre maintient que son interprétation [sur les complots aristocratiques] n’est pas définitive et qu’elle peut être considérée comme une sorte d’hypothèse de travail : « en signalant les questions à résoudre et en suggérant des solutions, on a une chance de susciter et d’orienter des recherches nouvelles »

Idem

Sur la base de travaux plus récent, Timothy Tackett en conclut que sur ce complot, la thèse de Lefebvre, et d’autres, doit être réévaluée :

Pour une grande partie de la population française, notamment chez les habitants des zones rurales, la transformation des attitudes vis-à-vis de la noblesse put initialement se manifester après les débuts de la révolution politique. Elle se produisit non comme un abrupt “changement de paradigme”, mais évolua sur plusieurs mois, voire plusieurs années, alimentée entre autre par l’action des législateurs révolutionnaires eux-mêmes. Il ne fait aucun doute que les décrets qui suivirent la Nuit du 4 août procédèrent en partie du traumatisme de la Grande Peur et des insurrections paysannes du mois de juillet. Mais ces décrets, en fait, aidèrent à concentrer plus que jamais l’animosité anti-aristocratique. La méfiance envers la noblesse et les craintes d’un complot aristocratique, en effet, furent probablement bien plus importantes dans les années qui suivirent 1789 qu’elles ne l’avaient été à l’époque même de la Grande Peur.

Idem

Ceci sans enlever à la qualité du travail réalisé alors, sur la base des sources alors à sa disposition, au travail de Georges Lefebvre.

Dans la perspective de l’enseignement de l’histoire, il convient maintenant d’observer dans quelle mesure, ces travaux plus récents ont été intégrés aux manuels d’histoire ou dans les encyclopédies.

Ainsi, l’encyclopédie en ligne Larousse fait partie des ressources complémentaires proposées par les Moyens d’enseignement romands (MER) pour le cycle 3. Voici l’extrait de cette encyclopédie consacrée à la Grande Peur:

2.4. LA GRANDE PEUR ET SES CONSÉQUENCES

Dans tout le pays, ce choc ébranle les autorités. Les partisans des réformes (qui s’appellent entre eux les « patriotes ») prennent le pouvoir dans les municipalités urbaines et, parfois, chassent les troupes stationnées dans les châteaux royaux. Dans les campagnes, des rumeurs incontrôlées poussent les ruraux à s’armer contre de mystérieux « brigands », accusés de brûler les récoltes. Ils forment des attroupements qui s’en prennent aux propriétaires, détruisent des titres de propriétés, dévastent des logis seigneuriaux, molestent des personnes jusqu’à parfois les tuer. 

Les événements parisiens, aussi inquiétants que prometteurs, trouvent manifestement un écho qui témoigne des attentes et des craintes des ruraux français, lesquels espèrent souvent la fin des impôts, celle de la police des blés, et des terres à acheter ! Cette manifestation de psychose collective, que l’on a appelée la « Grande Peur », se répand du 20 juillet au début d’août dans presque toute la France – n’y échappent guère que la Bretagne, l’ouest de l’Aquitaine, la Lorraine et l’Alsace.

https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Révolution_française/140733

Est-ce mieux dans cette émission proposée par Fred de « C’est pas sorcier », série souvent prisée par les enseignant•es, également recommandée par le site destiné aux enseignant•es romands ? Je vous laisse juge. L’événement est présenté, dans l’émission au travers d’Olympe de Gouge (à partir de 15:30) :

Au travers de ces deux exemples, on voit ainsi que la thèse initiale de Georges Lefebvre a encore de beaux jours devant elle malgré les travaux historiques menées depuis lors l’ayant révisée.

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Réflexions sur l’engagement numérique et social : #Mastodon (2022-…)

18 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Après un précédent billet en forme de bilan succinct de mon utilisation de Twitter, ce billet est consacré à mes premiers pas sur Mastodon.

Note : ce billet a été rédigé avant la nouvelle vague de migration d’utilisateur•trices qui a débuté jeudi soir suite aux informations de différents médias indiquant un nouveau départ important d’employés de Twitter suite à un ultimatum d’Elon Musk.

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Image par Gerd Altmann sur Pixabay

Comme je l’indiquais en conclusion de mon précédent billet,

j’ai retrouvé sur Mastodon la fraîcheur et le dynamisme que j’avais rencontré sur Twitter en 2007. Ca me réjouit, mais cela me questionne également sur la suite et des conditions me permettant de m’éviter l’évolution que j’ai connue sur Twitter.

Plusieurs personnes ont écrit tout récemment sur ce nouveau départ d’ancien•nes de Twitter pour rejoindre Mastodon. Iels présentent aussi les principales caractéristiques de Mastodon pour ces #TwitterMigrants.

Parmi ceux-ci, je vous invite à prendre connaissance du billet d’Olivier Ertzscheid Le Mastodon(te) et l’oiseau bleu (6 novembre 2022).

Olivier Ertzscheid souligne également les parallèles entre le Mastodon de 2022 avec le Twitter des années 2006-2008:

Enfin on y observe une primo-socialisation de rupture avec les habitudes désormais prises sur Twitter. Cette primo-socialisation (qui existait aussi à l’époque sur Twitter) consiste en une série d’actes énonciatifs et de rituels “simples” : se présenter (avec le hashtag #introduction ou #introductionfr), saluer les gens qui vous suivent ou que vous suivez, prendre un temps pour leur répondre plutôt que de simplement les retweeter (comme il n’est pas possible de “liker” un pouet, on est par exemple “contraint” de répondre aux gens qui vous saluent à votre arrivée – ou de choisir de les ignorer).

Pour sa part, Sitharus (https://cloudisland.nz/@sitharus) souligne qu’au-delà de l’ancien Twitter, Mastodon est un écho de l’ancien internet fait d’abord d’interactions humaines et non d’algorithmes ou de publicités ciblées :

I keep seeing people say Mastodon is nothing like Twitter. And they’re right.
Mastodon is an echo of the old internet, it’s decentralised, chaotic. What you get depends on your sysadmin. You can’t search, everything has to be shared to you by a human. Networks split apart and rejoin. What you see is your unique connection to it.
Is this good? Maybe. But for me that’s the internet I grew up with. No algorithms, no targeted adverts, just human interaction, and it was glorious. Source : https://cloudisland.nz/@sitharus/109294473158535073

Visiblement cela perturbe certains utilisateur•trices de twitter (et pas que depuis une semaine):

Je suis sur Mastodon (depuis 2 ans et demi en fait) et je ne comprends rien mais rien du tout, j’ai un abonné et je ne sais même pas comment en avoir un être…
Louise_tt@mastodon.social— Louise Tourret (@louisetourret) November 5, 2022

(Bon elle pousse un peu, car elle a 231 personnes qui la suivent et 43 abonnements. A se demander d’ailleurs si en poussant le bouchon un peu loin, elle ne tient pas à retenir les gens sur twitter.)

Plusieurs éléments m’incitent à penser que Mastodon représente, pour moi, l’opportunité de retrouver le goût de l’échange et du partage plutôt que celui de l’audience.

A ce jour, sur Twitter je dispose de 2’737 abonnements et 2’874 abonnés me suivent (Nombre en légère diminution ces dernières semaines). Après quelques jours, sur Mastodon, je disposais de 157 Abonnements et 119 Abonné·e·s me suivaient. (Au 18.11.2022, ce chiffre est respectivement de 220 Abonnements et 245 Abonné·e·s). Mon ratio est assez comparable à d’autres

Roberts, too, hasn’t yet decided if she will close her Twitter account, but she was surprised by how quickly her following grew on Mastodon. Within a week of signing up and alerting her nearly 23,000 Twitter followers, she has amassed over 1,000 Mastodon followers. Source : https://www.cnn.com/2022/11/05/tech/mastodon/index.html

Cette situation représente l’occasion de se reconnecter humainement aux gens et d’engager la conversation :

This also is very much like early Twitter. I joined in 2007. Twitter was a cheap group SMS service, it connected you to your friends not to companies and celebrities.
I get that I’m not like most people. I grew up in a very conservative rural area so the internet has always been my connection to friends and peer groups, a way to converse with people rather than a way to escape or get famous. Source : https://cloudisland.nz/@sitharus/109294529463983422

D’ailleurs, pour le créateur de Mastodon, l’engagement par « like » ou « retweet » favorisent sous certaines formes, des phénomènes toxiques (harcèlement, bashing, trolls):

I’ve made a deliberate choice against a quoting feature because it inevitably adds toxicity to people’s behaviours. You are tempted to quote when you should be replying, and so you speak at your audience instead of with the person you are talking to. It becomes performative. Even when doing it for « good » like ridiculing awful comments, you are giving awful comments more eyeballs that way. No quote toots. Thank’s. Source : https://mastodon.social/@Gargron/99662106175542726

Par ailleurs, en tant qu’éducateur, à un moment donné, il doit être question de cohérence, d’éthique et de citoyenneté numérique dans nos usages des réseaux sociaux. Avec les derniers développements concernant l’entreprise Twitter, cette heure est, pour moi, venue comme l’indique justement Benedicte Bassogna

Lors de ma réunion de classe avec les parents d’élèves, plusieurs parents m’ont demandé : et si Elon Musk rachète #Twitter , que ferez-vous ? Alors voilà, contrairement aux pronostics, nous y sommes . Et en trois jours 3500 personnes ont été virées froidement à distance. 1/2— benedicte assogna▶️🐘 @assognabene (@Bassogna) November 5, 2022

D’autant plus lorsque l’ancienne avocate en droits de l’homme de #Twitter, Shannon Raj Singh, annonce que l’équipe des droits de l’homme, chargée de protéger les utilisateurs, de l’entreprise a entièrement été éliminée le 4 novembre 2022 par Elon Musk.

Yesterday was my last day at Twitter: the entire Human Rights team has been cut from the company.

I am enormously proud of the work we did to implement the UN Guiding Principles on Business & Human Rights, to protect those at-risk in global conflicts & crises including Ethiopia,— Shannon Raj Singh (@ShannonRSingh) November 4, 2022

Et que TechCrunch annonce qu’il en est de même par exemple de l’équipe chargée du développement d’une intelligence artificielle (IA) éthique et de la transparence de l’algorithme :

Musk dissolved a team known internally as META, which was well-respected for its exploratory work in ethical AI and algorithmic transparency. Source : TechCrunch

Il en est de même de l’équipe chargée de lutter contre la désinformation. Ceci à trois jours des élections américaines de mi-mandats. Concernant la curation, le tweet de Richie Assaly, producteur numérique au Toronto Star:

Looks like Elon Musk fired the entire curation team.

These were the folks who tackled misinfo, contextualized conversations via the ‘Explore’ page, and helped make Twitter an unmatched source for breaking news.

This will make Twitter noisier, more dangerous & less interesting— Richie Assaly (@rdassaly) November 4, 2022

Mastodon représente ainsi une opportunité de me reconnecter avec des pratiques sociales numériques remontant aux années 1990 et aux débuts des années 2000.

A la suite d’Olivier Ertzscheid et à certaines conditions, je suis relativement optimiste dans la capacité de Mastodon à nous éviter de retomber dans les dérives connues par la suite par Twitter et les réseaux sociaux :

Un des enjeux majeurs pour l’avenir de Mastodon, si la migration des usage(r)s se confirme, c’est celui de la modération au travers de différentes instances, chacune étant à ce titre entièrement autonome dans son fonctionnement et dans ses règles. Si certains analystes se montrent déjà pessimistes sur le sujet, je suis de mon côté plutôt optimiste et convaincu que le fait d’une architecture décentralisé, la philosophie globale de l’outil et l’histoire de son développement, mais aussi les formes d’administration à la fois singulière et collectives qui fondent les relations entre les différentes instances de Mastodon, permettront d’aller vers un modèle vertueux, une forme de sagesse des foules telle que je l’analysais ici à partir des travaux (notamment) de James Surowiecki. Source : Le Mastodon(te) et l’oiseau bleu

A suivre…

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Réflexions sur l’engagement numérique et social : #Twitter (2007-2022)

12 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

C’est probablement la discussion la plus vive depuis quelques années concernant un réseau social depuis le rachat de Twitter par Elon Musk et le phénomène de migration qui s’en suit depuis.

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Ca m’a pris dix ans pour être déçu du capitalisme (Google). Super pour toi, moi ça m’a pris trois mois (Twitter). Twittons – Manu Cornet (11.08.2022). Utilisation libre avec attribution.

En même temps, il y a longtemps que l’esprit initial de Twitter s’est progressivement perdu pour devenir au fil du temps le repaire des trolls en tout genre et de la fausse nouvelle.

Le réseau a connu un sursaut en excluant Donald Trump (notamment) de sa plate-forme et un départ d’une partie de ses affidés sans que fondamentalement Twitter retrouve son esprit initial.

Si le départ d’une partie des abonnés sur Mastodon n’est pas actuellement suffisamment significatif concernant le devenir de Twitter (quelques centaines de milliers par plus sur plus de 300 millions d’abonnés), il s’accompagne actuellement d’une défiance de ses annonceurs qui, elle, est bien plus problématique à court terme pour la viabilité du réseau social.

Pour ma part, la situation actuelle m’amène à réfléchir sur mon utilisation actuelle, passée et futur sur les réseaux sociaux.

En effet, Twitter a été très longtemps mon réseau social préféré. J’y ai adhéré en juillet 2007 soit un peu plus d’un an après sa création (mars 2006).

Twitter a longtemps été un réseau social pour happy few (acceptation stendhalienne) réunissant en premier lieu des passionnés de la technologie. J’y ai ainsi progressivement constitué un réseau de personnes actives dans l’éducation dite aujourd’hui numérique ou en lien avec l’histoire. Mon réseautage professionnel est ainsi immédiatement devenu mondial dans des domaines où nous n’étions initialement que quelques-uns en Suisse et même dans la Francophonie, voire dans le monde.

Dans cette première époque de mon utilisation du réseau, j’y développais, même en 140 caractères, des échanges forts et significatifs. Nous nous renforcions mutuellement dans nos approches et aussi nos convictions éducatives. La bienveillance était de mise, probablement favorisée par une forme d’entre soi. J’y ai fait de très belles rencontres virtuelles qui pour certaines n’ont eu lieu dans le monde réel que bien des années après et toujours de manière admirable et riche.

Je ne saurai dire exactement quand une inflexion s’est produite.

Probablement qu’une première inflexion est venue lorsque le réseau est sorti de cet entre soi et que mon nombre d’abonnés a augmenté (aujourd’hui j’en suis à 2745 abonnements et 2887 abonnés[^En consultant, après le brouillon initial de ce billet, le nombre d’abonnés sur mon profil, j’ai perdu 8 abonnés. J’ai aussi 6 abonnements en moins. Je peux imaginer qu’il s’agit de personnes qui viennent de quitter twitter à la suite du rachat par E. Musk.]). La discussion est devenue moins fluide. Mes tweets se sont composés de plus en plus d’annonces de publications de mes billets de blogs, de retweets et de like, mais moins de vraies conversations entre les gens. https://mastodon.social/@marie_peltier/109310630427792492/embed

Dans un échange avec Marie Peltier remonte elle à 2013 et au conflit syrien pour le début de cette inflexion (quelle nomme enfer)

Le deuxième phénomène qui m’a marqué réside dans l’arrivée des trolls en rapport avec les questions de l’enseignement et de l’enseignement numérique. Leur violence s’est particulièrement manifestée durant le ministère de Najat Vallaud-Belkacem (2015-2016), le fait qu’elle soit femme et d’origine marocaine n’y ait à mon avis pas étrangère, même si à terme le résultat aurait probablement été le même. J’y ai été choqué par le manque d’éthique et de respect de la personne de la part de personnes dont la profession devrait les rendre exemplaires sur ce point.

Pour ma part, je n’y ai pas été confronté, mais cela m’a amené à prendre progressivement une distance plus grande et grandement inconsciente.

Pourtant, malgré ses dérives (et il faudrait encore ajouter que pendant longtemps la publicité a été absente ou très modeste sur la plate-forme), je restais attaché à Twitter. Le bannissement du super mega troll planétaire en chef (D. Trump pour ne pas le nommer) a, à ce propos, été une bouffée d’oxygène et de fierté finalement à l’égard de ce réseau social.

Avec l’arrivée officielle d’Elon Musk, j’ai alors fait le pas de non seulement m’inscrire sur Mastodon, mais également de reprendre des formes de microblogging telle que je les pratiquais à mes débuts sur Twitter.

Visiblement je ne suis pas le seul a retrouver sur Mastodon le twitter originel.

En effet, rapidement, j’ai retrouvé sur Mastodon la fraîcheur et le dynamisme que j’avais rencontré sur Twitter en 2007. Je m’en réjouis, mais cela me questionne également sur la suite et des conditions me permettant de m’éviter l’évolution que j’ai connue sur Twitter.

A suivre…

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Réflexions sur l’engagement numérique et social : les défis du Web décentralisé

9 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Mes premiers pas sur Mastondon ont généré des échanges et des découvertes comme je n’en avais pas rencontrés depuis longtemps. Grace à Yannick Rochat, j’y dois la découverte de l’article Challenges in the Decentralised Web: The Mastodon Case publié en 2019 de Aravindh Raman, Sagar Joglekar, Emiliano De Cristofaro, Nishanth Sastry et Gareth Tyson. En 2019, il s’agissait de la recherche la plus importante relativement à Mastodon. Je vous propose une synthèse de cet important article et quelques-uns de ses passages traduits en français concernant le retour à un Web décentralisé.

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Le partage original de l’article par Yannick Rochat:

L’introduction de l’article pose, à mon avis fort bien, le cadre de la réflexion et de la discussion plus large que Mastodon, mais qui y est abordée par ce prisme :

*Le Web décentralisé (DW) a récemment connu un nouvel élan, avec un certain nombre de plateformes DW comme *Mastodon*, *PeerTube* et Hubzilla qui gagnent en popularité. Celles-ci offrent des alternatives aux réseaux sociaux traditionnels comme Twitter, YouTube et Facebook, en permettant l’exploitation d’infrastructures et de services Web sans propriété ni contrôle centralisés. Bien que leurs services diffèrent grandement, les plateformes DW modernes reposent principalement sur deux innovations clés : premièrement, leur logiciel libre permet à quiconque de mettre en place des serveurs indépendants (« instances ») auxquels les gens peuvent s’inscrire et qu’ils peuvent utiliser au sein d’une communauté locale ; et deuxièmement, elles s’appuient sur des protocoles de fédération afin que les instances puissent s’interconnecter, en mode pair-à-pair (peer-to-peer), pour offrir un réseau intégré à l’échelle mondiale.*

Le première spécificité de ce Web décentralisé par rapport tant aux réseaux usuels qu’aux anciennes instances du monde du logiciel libre réside dans le fait que des instances indépendantes, faciles à démarrer et à gérer pour des personnes généralement bénévoles, interagissent avec d’autres instances décentralisées recourant au même protocole.

Premièrement, ils décomposent leurs offres de services en serveurs indépendants (« instances ») que tout le monde peut facilement démarrer. Dans le cas le plus simple, ces instances permettent aux utilisateurs de s’inscrire et d’interagir les uns avec les autres localement (par exemple, en partageant des vidéos), mais elles permettent également une interaction inter-instances via la deuxième innovation, c’est-à-dire la fédération. Cela implique de s’appuyer sur des protocoles décentralisés pour permettre aux instances d’interagir et d’agréger leurs utilisateurs afin d’offrir un service intégré à l’échelle mondiale.

C’est cette fédération entre les instances qui est appelée Fediverse.

Tout système ne pouvant pas générer que des avantages, certains défis ou questions se posent néanmoins que les auteurs de l’article observent ensuite à travers le cas de Mastodon. Cette instance était déjà, avant ses derniers jours et le rachat de Twitter par Elon Musk, l’instance la plus utilisée du Fediverse.

Le principal défi est celui des pressions naturelles à la centralisation (s’abonner à l’instance du Fediverse comportant le plus d’abonnés par exemple). Le deuxième défi est probablement la résistance de ces instances aux activités malveillantes à grande échelle (par exemple, les robots spammeurs). Le troisième défi est celui de la protection de l’utilisateur contre la la perte de données pendant les pannes d’instance.

Leur analyse a porté sur 67 millions de toots (messages) durant 15 mois.

Il est à noter qu’en 2019 s’il existait un large éventail d’instances et, avant la migration en cours des utilisateur•trices de twitter, la pression existait déjà en faveur de la centralisation du dispositif, pression exercée par les utilisateurs, les infrastructures et les défaillances (pannes) des instances.

Ces défaillances touchaient tous les types d’instances et la nature volontaire de nombreux opérateurs d’instance, c’est-à-dire que les instances à faible disponibilité, ne jouaient aucun rôle en la matière :

les défaillances se produisent sur des instances dans tout le spectre de la popularité – il y a un certain nombre d’instances qui hébergent plus de 100K toots qui connaissent des pannes.

En résumé, les défaillances d’instances ne sont pas rares et peuvent avoir un impact qui dépasse leur base d’utilisateurs locale en raison de l’interconnexion (fédérée) entre les instances des utilisateurs.

En même temps, certaines instances très influentes fonctionnent comme des « mangeoires » pour le reste du réseau. Plus une instance génère de toots, plus la probabilité qu’ils soient répliqués à d’autres instances est élevée (corrélation 0,97), soulignant ainsi l’importance d’un petit nombre d’instances. Il s’agit donc d’une autre forme inhérente de centralisation.

Paradoxalement (ou pas), cela confirme que la décentralisation des instances est le meilleur garant contre les effets d’une défaillance d’un serveur. En effet, après avoir effectué des simulations à partir des données récoltées, les auteurs notent que par exemple

la suppression des 10 premières instances n’entraîne plus que 2,1 % de toots indisponibles (contre 62,69 % sans réplication).

Voici maintenant les éléments principaux de leur conclusion :

Nous avons constaté que la décision de conception de Mastodon de donner à chacun la possibilité de créer sa propre instance indépendante a conduit à un écosystème actif, avec des instances couvrant une grande variété de sujets. Cependant, un thème commun dans notre travail a été la découverte de formes apparentes de centralisation au sein de Mastodon. Par exemple, 10 % des instances hébergent presque la moitié des utilisateurs, et certaines catégories présentent une dépendance remarquable à un petit ensemble d’instances. Cela s’étend aux pratiques d’hébergement, avec trois AS hébergeant près de deux tiers des utilisateurs.

Nos simulations ont également confirmé que ces pressions naturelles vers la centralisation entraînent des points de défaillance potentiels. […] des pannes dans seulement 10 instances peuvent supprimer presque la moitié de tous les toots. […] À la recherche de mesures d’atténuation possibles, nous avons expérimenté des stratégies de réplication simples pour constater que la disponibilité peut être considérablement améliorée en copiant les toots sur des instances secondaires, c’est-à-dire en réduisant le niveau de centralisation. […]

Nous soutenons que si ces problèmes sont ignorés, le DW risque de converger vers un système semi-centralisé.

A mon avis, ce risque de semi-centralisation existe d’autant plus avec la migration actuelle. La politique adoptée par certaines instances de ne plus accepter de nouveaux comptes au-delà d’une certaine limite est un bon moyen de l’éviter pour autant qu’elle soit adoptée par ces grandes instances identifiées par les auteurs de l’article. Autrement, les anciens utilisateurs de twitter, habitués par la recherche de LA GRANDE INSTANCE, vont prioritairement ouvrir leur compte auprès de ces instances et accélérer ainsi une centralisation mal venue pour la qualité des échanges.

Dès lors aussi, l’augmentation du nombre de nouveaux utilisateurs rejoignant Mastodon, doit s’accompagner d’une augmentation proportionnelle d’instances pour les accueillir.

Ce message d’Eugen, fondateur de Mastodon, du 07 novembre 2022 est encourageant.

Il s’agirait aussi et peut-être de réfléchir à splitter (automatiquement) en deux les instances dès qu’elle atteignent un certains nombres de membres.

La décentralisation du web était la norme au début de l’Internet et elle doit le revenir. Pour notre bien commun.

Le lien vers l’article (en .pdf) : Raman, A. et al. (2019, October). Challenges in the decentralised web: The mastodon case. In Proceedings of the Internet Measurement Conference (pp. 217-229).

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L’histoire c’est… : représentation de l’histoire et pensée historienne chez les futur.e.s enseignant.e.s d’histoire

4 novembre 2022 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

A l’occasion de mon congé scientifique et de mon séjour à l’Université de Sherbrooke, j’ai eu l’occasion ce jeudi midi 3 novembre de donner une conférence au Centre de recherche sur l’enseignement et l’apprentissage des sciences (CREAS). A noter qu’il s’agit d’une conférence adaptée de ma présentation réalisée à l’occasion de la 6e Conférence internationale de l’IRAHSSE – Trois-Rivières – Septembre 2022

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Le titre complet de ma présentation était L’histoire c’est… : représentation de l’histoire et pensée historienne chez les futur.e.s enseignant.e.s d’histoire de la Haute École Pédagogique du canton de Vaud (Lausanne, Suisse).

Le résumé de l’intervention :

Depuis 2010 et l’adoption du Plan d’études romand (PER), l’enseignement de l’histoire préconise, au travers d’une démarche d’enquête spécifique, de développer la pensée historienne chez les élèves.

Nous avons interrogé le vécu-élève et les représentations de l’histoire de futur.e.s enseignant.e.s primaire (cycle 2 PER) formés à la HEP Vaud (n=442).

Il s’agissait de déterminer dans quelle mesure ces deux variables sont susceptibles de faciliter ou d’interférer avec une formation visant au développement d’une pensée historienne chez leurs futurs élèves.

Ces résultats ont été mis en relation avec le modèle élaboré par l’équipe de didactique de l’histoire (Fink, Kaufmann, de Mestral & Honoré) et adapté du modèle de Fink / Gautschi concernant les conceptions de la discipline scolaire, les positionnements historiographique et épistémologique ainsi que les convictions personnelles des étudiant·es de la HEP Vaud qui suivent la didactique de l’histoire au secondaire.

La présentation en ligne : https://monurl.ca/histoirecreas

#histoire #didactique #enseignement #histodon #histodons

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