En ce deuxième jour, je suis entré dans la classe dans le cadre du colloque scientifique « Interactions/Interactivités » pour y observer les interactions entre élèves et professeurs (interactions) et entre humains et machines (interactivité).
Vieil habitué de ces dispositifs en FLE (Français langue étrangère), le linguiste François Mangenot nous a rappelé que tout un courant, dont il ne fait pas partie, rêve de remplacer les professeurs par les machines. Et après allez vous plaindre des résistances des enseignants…
Pour sa part, depuis de nombreuses années, il s’intéresse aux impacts des différents outils de communication sur la relation pédagogique au plan communicationnel. Ainsi, par exemple concernant les forums (asynchrone), s’est-il interrogé sur les solutions à mettre en place pour sortir d’une forme de monologue conversationnel qui plus est peu naturel. Sur cette base ont été réalisées des discussions portant sur un sujet clivant (pour ou contre les zoos) pour susciter les échanges. Pour recréer une conversation à distance et asynchrone, des vidéos, où plusieurs participants échangent, permettent de recréer le dialogue.
Dans ses scénarios de communication, il s’intéresse aux interactions entre pairs, entre les pairs et leur tuteur et l’interactivité avec la machine ainsi que sur les tâches à réaliser et la configuration du travail collectif. Il démontre ainsi la particularité d’une relation médiatisée par ordinateur puisque celle-ci combine une interactivité humain-machine avec les interactions verbales. Les enjeux pédagogiques et ceux de la communication en sont singulièrement complexifiés.
Dans cette perspective-là, l’intervention d’Anne Cordieux a éclairé cette complexification de la situation et la relation pédagogiques en introduisant un tiers souvent perçu par l’enseignant-e comme un intrus ou une menace: l’ordinateur/Internet. Dans le cas présent, il s’agissait de séances consacrées à la recherche sur internet par des professeurs documentalistes.
Ici, la situation est encore complexifiée par le fait que ces séances n’ont pas lieu dans le cadre habituel du centre de documentation, mais dans l’univers (hostile) de la salle informatique. Pour ces enseignant-e-s, à la peur de la panne technique, s’ajoute encore la crainte d’un dialogue pédagogique dégradé entre eux et leurs élèves. Tout prend donc une importance accrue et, la peur étant mauvaise conseillère, aboutit à des organisations et gestion de séquences pédagogiques où l’enseignant subit la situation.
Au final, sur une séquence de 60 minutes environ, les élèves passeront moins de 10 minutes avec l’ordinateur et le reste du temps à remplir une fiche-outil et à écouter le prof. Tant le prof que les élèves sortent de ces séances dépités…
Ces deux interventions m’ont largement réconcilié avec le colloque.