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Histoire Lyonel Kaufmann

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Didactique

La construction de Brasilia, une aventure médiatique | plan/coupe/image

7 décembre 2012 by Lyonel Kaufmann

René Burri, Brasilia (1960), Magnum Photos

Oscar Niemeyer est mort hier à l’âge de 104 ans. Dernier survivant de la dernière génération des “maitres” de l’architecture moderne, l’histoire de sa renommée est aussi celle d’une grande aventure photographique et médiatique. Ce même jour, Marie-Madeleine Ozdoba ouvre son carnet de recherches en cours sur Brasilia, ses représentations, sa médiatisation, et sa réception. Concernant Niemeyer, Brasilia, est son projet le plus important et sans doute le plus médiatique. Ce billet est un hommage à un architecte dont les projets ont fait aimer l’architecture à passablement de personne dont Marie-Madeleine Ozdoba…

Ce premier billet est l’occasion de découvrir toute une série de photographies fort intéressantes de Brasilia au début des années 1960. Un régal.

A lire (et à voir) : La construction de Brasilia, une aventure médiatique | plan/coupe/image.

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, sur le web

Sans empathie historique, point de salut !

5 décembre 2012 by Lyonel Kaufmann

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Chantal Rivard nous narre son expérience avec une classe d’histoire de 3e secondaire avec laquelle elle aborde le Débarquement de Normandie :

«Dans mon grand enthousiasme, je me suis dit qu’afin que les élèves ressentent ce que les soldats impliqués dans le débarquement du jour J ont dû ressentir, je n’avais qu’à leur montrer les 20 premières minutes du film Saving Private Ryan.  Avec ça, ils devaient comprendre la peur, la trouille, l’angoisse, tout ce qu’ont ressenti ces héros qui n’en étaient pas.  Mais quelle erreur ai-je faite!  Des éclats de rire à la vue de ce soldat qui, victime d’un tir allemand, perd son bras et se met à le rechercher.  Aucune empathie envers ce « comédien » qui, dans la vie, n’a évidemment pas perdu son bras pendant le tournage.  Les élèves ont visionné ce film comme ils visionnent un film d’horreur : avec une peur diluée par le rire d’une situation qu’ils jugeaient impossible. Échec donc.  Pas d’empathie historique.»

Se basant ensuite sur les travaux de Forster, ((Foster, Stuart J. (2001). Historical Empathy in Theory and Practice : Some Final Thoughts. Dans O.L. Davis Jr., E.A.Yeager et S.J. Foster (dir.) Historical Empathy and Perspective Taking in the Social Studies (p. 167-181). Lanham, États-Unis: Rowman & Littlefield Publishers, INC.)) elle va modifier son enseignement :

«Foster (2001) le soutient, la compréhension du contexte est essentielle pour que les élèves puissent développer de l’empathie historique. Cette dernière implique une compréhension des actions des gens du passé. […] Le défi des enseignants est ici de fournir un environnement d’apprentissage dans lequel les élèves sont encouragés à examiner les actions et motivations passées (Foster, 2001). Voilà un aspect que je n’ai pas retenu.»

A vous maintenant de découvrir ce que Chantal Rivard a entrepris avec ses élèves pour développer leur empathie historique et les résultats obtenus : Sans empathie, il n’y a point de salut! | The History Education Network.

Classé sous :Didactique, Histoire active, Outils enseignement

Alchimie de collège : un blog obligatoire pour tout (futur) prof d'histoire

1 décembre 2012 by Lyonel Kaufmann

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Alchimie du collège. Chronique d’une utopie chaotique est un blog tenu par Mara Goyet, enseignante en Histoire-géographie. Cette chronique est une vraie bouffée de fraicheur et une leçon de vie d’enseignant-e qui doit devenir une lecture obligatoire et jubilatoire pour tout (futur) enseignant d’histoire. Je ne peux que chaleureusement vous en recommander la lecture. 

Reprenons. Mara Goyet est professeur d’Histoire-Géographie (et d’Education civique) depuis quinze ans. Après dix ans passés à Saint-Ouen (93), elle enseigne maintenant à Paris. Elle a déjà écrit trois livres consacrés au collège : Collèges de France (Fayard, 2003), Tombeau pour le collège (Flammarion, 2008) . Le dernier, Collège brutal, vient de paraître aux éditions Flammarion. ((Ces livres suscitent cependant quelques interrogations : http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article24 comme http://lmsi.net/Une-prof-d-en-haut-dans-un-college et Une prof en colère))

Pour vous donner un premier aperçu des raisons qui, à mon avis, en font une lecture obligatoire pour tout enseignant d’histoire, je vous en propose un premier extrait. Il s’agit d’un (long) passage de son billet intitulé «Arnaquer ses élèves de manière éthique et responsable» :

«L’une de mes [arnaques pédagogiques] préférées c’est de prétendre qu’un truc a priori rebutant est follement désirable. Avec aplomb. « Si vous n’arrêtez pas de bavarder, il est hors de question que je vous fasse le cours promis sur l’iconoclasme byzantin. Vous y perdriez vraiment car c’est quelque chose d’incroyable, que peu de gens connaissent et qui n’est même pas au programme, c’est dire si vous êtes des privilégiés…Mais si vous ne vous en sentez pas dignes, je peux vous dicter un vulgaire résumé passe-partout sur l’Empire byzantin… « . Là, la classe se tait, elle veut, elle croit vouloir tout savoir de l’iconoclasme (je trouve ça bien d’entamer ainsi, l’air de rien, dès la 6ème la question de la représentation possible ou non du divin…hum, hum) (ruse dans la ruse). Dans le plus grand silence, je leur balance la différence entre iconolâtrie et iconodoulie, la proskynèse, des histoires d’images acheiropoïètes, les affres de l’empereur Constantin Copronyme (« au nom de merde », il aurait chié dans les fonts baptismaux lors de son baptême), je leur explique les enjeux et débats de l’iconoclasme etc…Les élèves tiennent à noter les mots compliqués (ils adorent ce type de mots qui deviennent ensuite notre vocabulaires d’initiés, ça crée une belle complicité), se marrent, posent des questions drôles ou profondes, se passionnent. C’est quand même un sujet aride et ardu, mais ça passe.»

Vous le constatez une vraie leçon de pédagogie et de didactique pour une discipline généralement aride et peu motivante pour les élèves. Le tout dans un style jouissif et enjoué. Le tout est enrobé dans une vraie tranche de vie de classe. Rare et précieux.

Dans notre deuxième extrait, c’est la spécificité du collège, de cet enseignement aux jeunes adolescent-e-s qui entre en jeu et nous renvoie à ce que fut ce temps d’écolier et ce sentiment, parfois, pour l’enseignant-e de collège d’y replonger durement :

«Pour la plupart d’entre nous, le collège charrie de pénibles souvenirs : premiers boutons, pieds trop grands, vexations, piscine en hiver, méchancetés, ragots, seins à poussées variables, bandes, classes imprévisibles, éparpillement et professeurs au bord de la crise de nerf. Retourner au collège, une fois que l’on est enseignant, n’est pas une mince affaire. Nous avons alors tout loisir de constater que nous ne sommes pas encore guéris de notre scolarité, que les élèves viennent gratter nos plaies adolescentes si peu cicatrisées, que nous avons une propension inentamée à déprimer le soir, à nous y faire difficilement des amis, à nous montrer incapable de tempérer nos enthousiasmes et nos mélancolies.

Et puis vient un jour où l’on se surprend à l’aimer.»

Peut-on aimer le collège?

Je vous laisse le soin de lire la suite de ce billet pour y découvrir les raisons et les conditions de ce soudain amour. Je vous laisse aussi le soin de lire L’Art de bordéliser son propre cours. Ce dernier est un billet thérapeutique et ne peut que faire du bien à tout enseignant-e qui, sortant de sa classe, a vu son cours partir en quenouille. Il devrait être remboursé par l’assurance-maladie pour traitement prophylactique contre le burn-out.

Je terminerai par un extrait qui montre que les élèves aussi peuvent être réticents à sortir des sentiers battus, mais qu’il vaut aussi la peine de tenir bon et de les emmener plus loin…

La classe est comme immobilisée. Non, ça ils ne peuvent pas. Ça va trop loin. Autant ça peut être marrant à l’oral, et encore, en passant, au débotté, mais de là à écrire ces mots infâmes dans le cahier, il y a un fossé. Le cahier d’Histoire ne peut accueillir d’ignobles vocables tels que « Batman », « Superman » ou « Spiderman ». Je les rassure. Ils hésitent. « Madame, ça ne se fait pas, c’est le cahier ». J’ordonne. Ils ont clairement l’impression que l’on est en plein dérapage. Que l’on a bondi hors du socle commun. Je leur demande ensuite de préciser qu’il s’agit de « super-héros ». Ils tentent de négocier. Ils souhaitent remplacer ce terme par celui de « héros », plus convenable dans le cadre scolaire qu’il veulent me voir respecter (eux, c’est une autre histoire).

Les élèves sont-ils réacs?

Là aussi, après le paragraphe introductif de ce billet, je vous laisse à votre joie d’en lire le miel qui découle par la suite.

Mara Goyet puissiez-vous encore longtemps nous instruire et nous égayer! Merci.

Mise à jour  (02.12.2012)

Un interview récent de Mary Goyet, histoire de vous faire votre opinion concernant cette enseignante : Entretien avec Mara Goyet | Histoire pour tous

Classé sous :BP110 - Faire de l'histoire aujourd'hui, Didactique, Histoire active

Berlin années 1930 : «Dans le jardin de la bête»

30 novembre 2012 by Lyonel Kaufmann

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1797943 6 2e4e couverture de l ouvrage d erik larson dans le 40b96db63e0bc023b8ad027f7591871e Dans cet essai écrit sous la forme d’un roman, Erik Larson brosse la découverte de l’Allemagne nazie par l’Américain William E. Dodd, nommé en 1933 ambassadeur à Berlin – poste qu’il occupera jusqu’en 1937 -, et sa fille Martha, âgée de 24 ans. 

Nommer en 1933 William E. Dodd, modeste professeur à l’université de Chicago, ambassadeur à Berlin, est un choix par défaut. Lorsqu’il accepte la proposition, ce sexagénaire, diplomate novice, n’aspire qu’à mener une vie tranquille, achever son histoire du Vieux Sud des Etats-Unis et renouer avec l’Allemagne qu’il a connue au temps de ses études. Pas question de faire des vagues ni de jeter de l’huile sur le feu : telle est la politique de ce démocrate de la vieille école.

Plus enthousiaste est sa fille, Martha, 24 ans, qui entretiendra une liaison amoureuse avec Rudolf Diels, alors chef de la Gestapo, puis tombera sous le charme du premier secrétaire de l’ambassade soviétique – et deviendra une espionne communiste. L’intéressée prendra soin de dissimuler ses aventures lorsqu’elle publiera Through Embassy Eyes en 1939. A sa mort, elle léguera ses papiers personnels à la Bibliothèque du Congrès à Washington, où Erik Larson a consulté les soixante-dix lettres d’amour adressées par son amant Boris Winogradov.

Des comptes-rendus de lecture sur Babelio : http://www.babelio.com/livres/Larson-Dans-le-jardin-de-la-bete/391114/critiques

Classé sous :Histoire active, Publications

Table ronde “Le numérique : de nouvelles façons d’écrire l’histoire?”

29 novembre 2012 by Lyonel Kaufmann

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L’Assemblée générale de l’Association française d’histoire économique aura lieu le mercredi 12 décembre dans l’après-midi. Dans ce cadre-là, elle organise une table ronde intitulée “Le numérique : de nouvelles façons d’écrire l’histoire?”

Cette table ronde, organisée par Frédéric Clavert (Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe, Luxembourg) et Claire Lemercier (CNRS, Centre de sociologie des organisations), proposera une discussion entre trois intervenant-e-s et avec la salle, centrée sur deux enjeux de l’histoire économique numérique :

  • la formation: quelle alphabétisation aux nouvelles pratiques numériques pour nos étudiant-e-s, mais aussi pour nous-mêmes? quelles relations entre historien-ne-s, informaticien-ne-s et autres spécialistes ?
  • l’écriture en ligne, particulièrement le “blogging scientifique” : quels apports pour l’enseignement secondaire et supérieur, la recherche et les circulations entre eux ? quels liens avec les formes plus classiques de publication et de discussion scientifique ?

Les intervenants seront:

  • Ingénieure de recherche, Martine Sonnet (Institut d’histoire moderne et contemporaine, CNRS), est spécialiste d’histoire des femmes et du genre. Elle anime notamment le séminaire « Femmes au travail, questions de genre XVe-XXe siècles », qui est associé à un carnet de recherche: http://fht.hypotheses.org/. Martine Sonnet tient également un blog personnel: « L’employée aux écritures » (http://www.martinesonnet.fr/blogwp/).
  • Doctorant à l’EHESS, Émilien Ruiz termine une thèse sur la question des effectifs de l’État dans la France du XXe siècle (dir. Marc Olivier Baruch). Avec Franziska Heimburger (EHESS), il anime « La Boîte à outils des historiens » (http://www.boiteaoutils.info/), blog créé pour accompagner et prolonger une formation de Master aux outils informatiques pour les historiens. En outre, Émilien a créé le carnet de recherche « Devenir historien.ne » (http://devhist.hypotheses.org) L’objectif de ce carnet est d’accompagner les historien-ne-s en devenir dans la découverte de méthodes de travail qu’il leur faudra maîtriser pour leurs premières recherches.
  • Enseignant en lycée, Benoît Kermoal mène une thèse sur le sujet: « Violences, guerre et paix dans les pratiques militantes socialistes (Bretagne, première partie du XXe siècle – dir. Christophe Prochasson) ». Pour accompagner ses recherches et l’écriture de sa thèse, Benoît Kermoal a ouvert le carnet de recherche Enklask (enquête) – http://enklask.hypotheses.org/

La table-ronde sera présidée par Claire Lemercier (Directrice de recherche, Centre de sociologie des organisations) qui travaille sur les institutions économiques et les relations entre régulations publiques et privées en France, XIXe-XXe siècles. Elle anime avec Claire Zalc le séminaire Quanti IHMC sur les méthodes quantitatives en sciences historiques (http://www.quanti.ihmc.ens.fr/).

La table-ronde sera animée par Frédéric Clavert (Docteur en histoire contemporaine), coordinateur du « Digital Humanities Lab » du Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe (Luxembourg, http://www.cvce.eu) et organisateur de la série de conférences « Digital Humanities Luxembourg » (http://www.digitalhumanities.lu).

Le lieu : Au Centre de sociologie des organisations, 19 rue Amélie, 75007 Paris métro La Tour-Maubourg ; plan du quartier : http://www.cso.edu/contact.asp sonner à la porte ; la salle de séminaire est accessible par la première porte à gauche en entrant.

Classé sous :Histoire savante, Médias et technologies, Opinions&Réflexions, Outils enseignement

Ce qui fait l’opinion | La Vie des idées

28 novembre 2012 by Lyonel Kaufmann

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blankLa thèse de Religion privée, opinion publique consiste à lier causalement les deux termes qui forment son titre. Selon Bertrand Binoche, l’idée d’opinion publique constitue l’effet de celle de religion privée : elle émerge, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, non pas à sa suite et de façon accidentelle, mais essentiellement comme sa conséquence. L’auteur retrace ainsi l’émergence du concept d’opinion publique, sa transformation en « maître-mot » (p. 126) et sa dissolution tendancielle, depuis les guerres de religion jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle.

Lire le compte-rendu : Ce qui fait l’opinion – La Vie des idées.

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

Toute commémoration est-elle une question sociale vive? | Chronique no 137

27 novembre 2012 by Lyonel Kaufmann

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Que ce soit en France ou au Québec les dernières ou prochaines commémorations sont l’objet de controverses.  Un peu partout nous sommes en présence de la concurrence des mémoires. Avec en filigrane deux questions : toute commémoration est-elle une question sociale vive? Comment les aborder dès lors en classe? 


Au mois d’octobre, je me trouvais au Québec. Mon attention a été attirée par les controverses portant sur les commémorations de la guerre anglo-américaine de 1812.  De retour ici, la controverse porte sur une autre guerre : 14-18 en relation avec le prochain centenaire du début du Premier conflit mondial.

a) Les commémorations de la guerre anglo-américaine de 1812

En 1812, année de la campagne de Russie de Napoléon, la guerre éclate sur le continent nord-américain et oppose les États-Unis à l’Empire britannique entre juin 1812 et février 1815. Cette guerre est connue sous plusieurs noms : la guerre anglo-américaine de 1812, celle de seconde guerre d’indépendance, voire plus rarement de guerre américano-britannique. Alors que le Royaume-Uni devait fournir un important effort de guerre du fait de son conflit avec la France napoléonienne, les États-Unis lui déclarèrent la guerre le 18 juin 18128 pour envahir les territoires canadiens qui relevaient de l’Empire britannique, qui s’étaient peuplés d’anglophones depuis une quarantaine d’années, et entretenaient de nombreuses relations culturelles et commerciales avec les États-Unis. Cette guerre prend fin après la signature du traité de Gand le 24 décembre 1814. Le traité restaure alors les conditions d’avant-guerre par un status quo ante bellum. ((http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_anglo-américaine_de_1812))

En juin 2012, les commémorations du bicentenaire de cette guerre de 1812 sont officiellement lancées par le gouvernement canadien. Des moyens importants sont mis à la disposition de ces commémorations comme l’illustre cette vidéo publicitaire :

Cette publicité produite par le gouvernement du Canada a été diffusée tout au long de l’été 2012 sur les écrans de cinémas, à la télévision et sur le web. Un site web en anglais et en français accompagne les commémorations est fourni un abondant matériel pédagogique pour les enseignants. ((http://1812.gc.ca/fra/1305654894724/1305655293741)) Un matériel d’autant plus nécessaire pour le gouvernement conservateur que la guerre de 1812 occupe fort peu de place dans les manuels canadiens et plus particulièrement québécois.

Concrètement, le storytelling de ces commémorations s’appuie sur quatre personnages emblématiques, posés en héros de cette guerre, soit le Major général Sir Isaac Brock, le Lieutenant colonel Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, Laura Secord et Tecumseh, chef de guerre shawnee. Ce storytelling développe une argumentation diffusée dès 2010 par Stephen Harper, le premier ministre conservateur canadien. Pour ce dernier, la guerre américano-britannique de 1812 a «contribué à façonner l’identité canadienne». A l’été 2012, ces propos sont répétés en boucle. Pour Josée Boileau, rédactrice en chef du journal Le Devoir,

L’idée, c’était de faire comprendre qu’en 1812, les Canadiens, sous la férule des valeurs britanniques, se sont battus ensemble pour résister à l’envahisseur américain, posant des premiers jalons d’unité nationale.

soit «une relecture historique qui n’allait pas tarder à être dénoncée par des historiens de toutes tendances, qui trouvaient que le gouvernement conservateur exagérait l’impact de cette guerre obscure.» ((Guerre de 1812 – Refaire l’histoire : http://www.ledevoir.com/politique/canada/352786/guerre-de-1812-refaire-l-histoire))

Le tout dans un contexte d’élections régionales toutes proches où le gouvernement libéral du Québec était en difficulté et où la possibilité d’un retour au pouvoir du Parti Québécois se profilait. Depuis lors, Pauline Marois du Parti Québécois est devenue première ministre du Québec et a rendu hommage début novembre à René Lévesque, chantre du Québec libre, à l’occasion des commémorations du 25e anniversaire de sa mort. ((http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2012/11/01/002-rene-levesque-anniversaire.shtml))

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Signé Alan Grant pour le scénario et Claude St-Aubin pour le dessin, Les Loxley et la guerre de 1812 est produit par l’ONF, avec la collaboration du ministère du Patrimoine canadien. Photo : Onf-Interactif

Quasi simultanément, après les reconstitutions, les livres, les monuments et les gravures, la guerre de 1812 trouvait une énième incarnation dans une bande dessinée interactive spécialement conçue pour l’iPad par l’Office national du film canadien (ONF), en partenariat avec Patrimoine Canada. Un quart de millions de dollars a été injecté dans ce projet imaginé par la division numérique anglophone de l’Office et désormais livré dans les deux langues officielles. (((http://www.ledevoir.com/politique/canada/363560/la-guerre-de-1812-maintenant-disponible-en-bande-dessinee))

Mais l’arrivée au pouvoir du Parti québécois marque, au mois d’octobre 2012, l’ouverture d’un nouveau front et débat. En effet, la nouvelle ministre de l’Éducation, Marie Malavoy affirme lors d’une entrevue que les cours d’histoire au secondaire redeviendront comme ils l’étaient avant l’ère du premier ministre libéral Charest et redonneront une place à la nation québécoise. ((Pour une revue de presse détaillée concernant cette question de l’enseignement de l’histoire nationale québécoise et à la suite des propos de Mme Malavoy : http://www.histoirequebec.chaire.ulaval.ca/2012/11/04/courte-bibliographie-au-sujet-de-lenseignement-de-lhistoire-au-quebec/))

Toujours est-il que, dans les deux controverses québéco-canadiennes, l’histoire et son enseignement sont instrumentalisés à des fins essentiellement politiques et tant les enseignants que les élèves sont pris en otage.

b) Les commémorations du 11-novembre 1918 

Dans la foulée de la première commémoration par François Hollande de l’armistice du 11 novembre 1918, la presse se fait l’écho de la polémique déclenchée par la décision du gouvernement français du 3 octobre 2012 d’associer le centenaire de la Grande Guerre à la commémoration de la Libération de 1944. Pour le journal L’Humanité, on assiste à une régression mémorielle ((http://www.humanite.fr/politique/1914-2014-regression-memorielle-508269)) et à
«Un mélange des genres qui rappelle les grandes heures du roman national sarkozyste.»
De son côté, le Journal du Dimanche ((http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/11-Novembre-la-bataille-de-tranchees-pour-le-centenaire-574776)) rappelle ou nous apprend que, concernant les commémorations de 2014, «les Britanniques ont déjà débloqué 50 millions d’euros pour les commémorations» et que «les Néo-Zélandais ont déjà un long programme de cérémonies et de sites Internet.» 
Cependant, derrière cette polémique, comme au Canada et au Québec, pointe l’enjeu politique favorisé par un changement de gouvernement/majorité
«Attendue au tournant sur une nécessaire rupture idéologique avec le précédent quinquennat, la nouvelle majorité ne semble pas pressée de résorber les plaies des multiples instrumentalisations de l’histoire par le pouvoir sarkozyste pour remodeler la société française.»  ((http://www.humanite.fr/politique/1914-2014-regression-memorielle-508269))
Or, le précédent gouvernement avait comme idée générale de fêter tout 14-18 en 2014, exactement comme le bicentenaire de la Révolution avait été concentré en 1989. Le point d’orgue du projet résidait dans un grand défilé militaire, avec toutes les nations belligérantes, le 14 juillet 2014. ((http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/11-Novembre-la-bataille-de-tranchees-pour-le-centenaire-574776))
c)  Pour conclure
En définitive, tant pour l’enseignant québécois que français, les commémorations forment de redoutables pièges pour celles et ceux qui souhaitent sortir du récit national. Une majorité de commémorations comporte des caractéristiques propres aux questions sociales vives. Pour faire comprendre aux élèves les véritables enjeux de ces commémorations et l’utilisation de l’histoire à des fins politiques quelque soit le gouvernement en place, un décentrement paraît nécessaire et devrait passer par l’étude des commémorations des autres. Ainsi l’enseignant québécois se servirait des polémiques françaises autour des commémorations du centenaire de 14-18 et un enseignant français étudierait les commémorations de la guerre anglo-américaine de 1812 et la question nationale au Québec. De cette manière, les élèves développeraient leur pensée historique et leur réflexion citoyenne.

Cet article est la reprise de ma chronique mensuelle du Café pédagogique. (No 137, Novembre)

Classé sous :Histoire savante, Opinions&Réflexions, Outils enseignement

Revue de presse : Après le Goulag, l’épreuve du retour

24 novembre 2012 by Lyonel Kaufmann

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blankTous les survivants des camps nazis ou soviétiques ont connu une ultime épreuve: le voyage de retour. Un voyage qui, à la manière d’Ulysse, peut durer des années.
Julius Margolin, lui, a eu de la chance: son retour, de Slavgorod en Altaï jusqu’à Tel-Aviv en passant par Marseille, fut presque facile. Mais si le chemin de fer suit une ligne droite, son esprit reste prisonnier d’un dédale. Comme d’autres rescapés, il songe à ses cinq ans de camp, aux conditions de vie éprouvantes, au froid, à la mort de ses camarades. Il sait qu’il a désormais pour mission de témoigner. Là-bas, dans le néant carcéral, il craignait de perdre ses valeurs, d’oublier son humanité. Ici, il a peur que le souvenir s’évapore, il lutte pour ne pas oublier les autres, ceux qui sont restés. Il découvre aussi les ruines de la Pologne et le génocide de son peuple.

Après le Goulag, l’épreuve du retour | LeTemps

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Publications Balisé avec :Allemagne, camps, Goulag, Histoire, nazisme, politis, RevuePresse, URSS

Ian Kershaw (2012). La Fin

17 novembre 2012 by Lyonel Kaufmann

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« L’attrait charismatique de Hitler auprès des masses s’était de longue date dissous, mais les mentalités et les structures de son pouvoir charismatique perdurèrent jusqu’à sa mort dans le bunker. Divisées, les élites dominantes ne possédaient ni la volonté collective ni les mécanismes de pouvoir pour empêcher Hitler d’entraîner l’Allemagne vers sa destruction totale. »

L’historien Ian Kershaw livre un grand récit de la fin de la guerre.

Pourquoi la guerre a-t-elle duré si longtemps ? Comment expliquer l’incroyable résistance du régime nazi au milieu des décombres ? C’est à ces questions que Ian Kershaw tente de répondre. L’obstination fanatique du Führer, l’emprise du parti nazi sur la population, la peur viscérale de l’armée Rouge, mais aussi les choix stratégiques et militaires des Alliés sont quelques-unes des hypothèses explorées dans ce livre.

Le livre part De l’attentat manqué contre Hitler, le 20 juillet 1944, et court jusqu’à la capitulation du 8 mai 1945,

Ian Kershaw (2012). La Fin (The End, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat). Paris : Seuil, 660 pages.
Quelques comptes-rendus de l’ouvrage:

  • Pierre Assouline : De l’Allemagne nazie et de l’intransigeance | La république des livres
  • Le Point : Les dernières heures du Reich
  • Huffington Post : La fin de Ian Kershaw, ou le dénouement d’un drame
  • Sciences Humaines : Sur la ruine de l’Allemagne
  • Le Temps : Allemagne, 1944-1945: autopsie d’une apocalypse

Classé sous :Histoire savante Balisé avec :39-45, Allemagne, nazisme

Lincoln enfermé dans son histoire | Le Devoir

17 novembre 2012 by Lyonel Kaufmann

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Photo : 20th Century Fox

Photo : 20th Century Fox

Difficile d’éviter les références à la réélection d’Obama, même si Spielberg avait en tête ce biopic sur Lincoln depuis 1999. La récente campagne électorale, avec tous ses clivages, trouve dans le film sa perspective historique. On songe aussi au chemin parcouru depuis l’abolition de l’esclavage, avec un président noir à la Maison-Blanche. Assassiné comme John F. Kennedy, Abraham Lincoln préfigure par son destin les tensions droite-gauche toujours vivaces de cette société.

Sans flash-back, ce film se concentre sur une époque-clé, en 1865, soit la lutte du président américain pour faire voter à la Chambre des représentants le 13e amendement de la Constitution autorisant l’abolition de l’esclavage.

Pour Le Devoir, «Lincoln se révèle un excellent cours d’histoire, mais bien indigeste. Il n’est pas certain que son public suivra Spielberg dans cette voie exigeante et suffocante.»

A lire : Lincoln enfermé dans son histoire | Le Devoir.

Mise à jour (20.11.2012)

Sur History News Network, David O. Stewart s’interroge : How True is « Lincoln »? et il conclut que, dans l’ensemble, Lincoln est un film historiquement solide qu’on peut aller voir la conscience tranquille.

Classé sous :Histoire active, Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire

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L’héritage toxique des épaves de la seconde guerre mondiale

8 octobre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

De nombreux navires coulés entre 1939 et 1945 gisent au fond des mers. Avec le temps et la corrosion, ces vestiges historiques menacent de libérer les substances qu’ils contiennent, avec des conséquences néfastes pour l’environnement. A l’échelle internationale, on estime à plus de 8 500 le nombre d’épaves potentiellement polluantes, dont la plupart issues des […]

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Colloque infoclio.ch 2025: Open Science in History. Ouvrir les sciences des Lumières à l’intelligence articifielle (21.11.2025)

16 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

L’Open Science met les chercheuses et chercheurs au-devant de choix toujours plus complexes relatifs au partage de leurs résultats, méthodes, outils et données de recherche. Le colloque infoclio.ch 2025 explore les antécédents intellectuels et techniques de la notion d’Open science et discute des enjeux pratiques de sa mise en œuvre à l’ère des modèles génératifs […]

Abstract painting, coloring, modern art

Une histoire fragmentée ? Liens et ruptures dans un paysage de la recherche et de l’éducation en pleine remise en question (Journées suisses d’histoire 2025)

11 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Dans le cadre des journées suisses d’histoire à Lucerne (juillet 2025), j’ai eu le plaisir d’assister et de réaliser le compte rendu pour infoclio.ch de la table ronde intitulée Fragmentierte Geschichte? Verbindungen und Brüche in einer sich ausdifferenzierenden Forschungs- und Bildungslandschaftm à laquelle participaient du côté francophone Nadine Fink (HEP Vaud) et François Vallotton (Université […]

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Vernissage : Plateforme Assistance et coercition (16.09.2025)

10 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

ÉVÉNEMENT 🗓️ Enseigner une histoire longtemps tue. Écouter les voix de celles et ceux qui l’ont vécue. Cinq témoins romands prennent la parole dans un nouveau média éducatif pour aborder les mesures de coercition à des fins d’assistance et des placements extrafamiliaux en Suisse. Conçue pour les élèves dès le secondaire I, la plateforme «Assistance […]

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Restes humains issus de contextes coloniaux en Suisse. Un état des lieux

9 septembre 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Ce rapport donne un aperçu général de la question des restes humains conservés dans les musées suisses. Ce rapport s’appuie sur une enquête menée entre 2023 et 2025 et fournit pour la première fois un état des lieux des restes humains («ancestral remains») acquis dans des contextes coloniaux et conservés dans des musées et collections […]

Tirés de nos archives

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Et soudain, le génocide vous apparaît bien en face

18 mars 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Pourquoi, à une époque où l’histoire de la violence et des génocides suscite le plus vif intérêt du public, celui du Rwanda intéresse si peu? Il y a un quart de siècle, près d’un million de personnes ont été assassinées en l’espace de cent jours. L’Afrique est-elle vraiment trop «loin» de l’Europe pour que nous […]

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Quand le prêtre formera l’instituteur, par Caroline Fourest – Opinions – Le Monde.fr

2 mai 2009 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Jusqu’ici, les établissements catholiques privés pouvaient parfaitement préparer des élèves au bac, mais ceux-ci devaient passer leur diplôme avec tous les autres. Petite astuce connue des professeurs : de nombreux établissements privés choisissent de ne présenter que les meilleurs élèves sous leurs couleurs et d’envoyer les autres en candidats libres pour améliorer leur score de réussite […]

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Tenir la classe ou faire apprendre les élèves ?

19 juin 2019 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

A méditer : « En situation de grande insécurité, les élèves peuvent faire pression pour rester dans les régimes les moins exigeants de ces registres. Ils apprécieront donc des enseignants qui se contentent de dérouler un cours sans surprise en garantissant, par une discipline rigoureuse, une paix qui permet d’être et de demeurer dans la forme […]

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Vie numérique : grand écart entre le discours et la pratique…

31 mai 2013 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

See on Scoop.it – Médias sociaux et enseignement « Le décalage est total entre un discours très négatif et pathologisant quant aux nouvelles technologies, et la réalité des pratiques, » résume la sociologue Laurence Allard. En d’autres termes, si nous avons le sentiment d’être addict ou accro, c’est bien plus à cause du discours et des idées […]

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03. Résolution de problèmes par coopération

8 mars 2006 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Durant les activités de résolution de problème, les élèves/étudiantEs forment des groupes hétérogènes en compétences, genre et travaillent à la résolution de problèmes. Chaque membre du groupe se voit assigner un rôle précis tel qu’illustrateur/trice, secrétaire, modérateur/trice. Dans ces phases, l’enseignantE fonctionne comme personne-ressource. À l’issue de leur travail, chaque groupe présentera le résultat de […]

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Thèse de Ruth Fivaz-Silbermann sur les Juifs refoulés durant la Deuxième Guerre mondiale : apports et limites selon Hans Ulrich Jost | infoclio

6 juin 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La presse se fait l’écho du débat sur les refoulements aux frontières suisses durant la Deuxième Guerre mondiale, débat relancé par la thèse récente de l’historienne Ruth Fivaz-Silbermann. Le coeur du débat porte principalement sur deux points: le nombre de refoulés aux frontières suisses durant la guerre et le rôle joué par Heinrich Rothmund, alors […]

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Antiquité et cinéma : 1. Egypte 2. Rome

5 novembre 2017 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Le blog « L’Antiquité au cinéma » nous promet trois billets sur cette thématique. Les deux premiers sont déjà publiés et méritent le détour. Le premier est consacré à l’Egypte antique et le deuxième à Rome. A consommer sans modération. Le cinéma s’est très vite emparé de sujets historiques, et pourtant faire revivre des temps lointains n’est […]

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Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons. Lyonel Kaufmann 2004-2025

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