- La concordance est aussi ancienne que la Suisse moderne | Domaine Public– La composition du Conseil fédéral obéit à la règle de la concordance depuis 1848 déjà, rappelle l’historien et homme de médias Roger Blum (NZZ, 21.11).De l’observation du comportement électoral du Parlement depuis 1848, Roger Blum dégage trois principes. Tout d’abord le Parlement vise une certaine concordance. Il place au gouvernement des représentants de différentes tendances politiques de manière à ce que les compromis se nouent déjà au sein de l’exécutif. […]
Ensuite le Parlement refuse l’accès à l’exécutif aux formations qui n’adhèrent pas à un consensus minimal: reconnaissance de l’Etat fédéral, acceptation de la laïcité et de la défense nationale, adhésion à l’Etat de droit – y compris au droit international -, à la tradition humanitaire de la Suisse et à la collaboration internationale. C’est pourquoi les conservateurs catholiques ont dû attendre jusqu’en 1891 et les socialistes jusqu’en 1943 pour faire leur entrée au Conseil fédéral. […]
Enfin le Parlement se réserve le droit de ne pas suivre les propositions des partis: tous les partis gouvernementaux se sont vu imposer à l’occasion des magistrats dont ils n’avaient pas présenté la candidature.
Reste maintenant à savoir à quelle sauce sera apprêté le Conseil fédéral à mi-décembre 2011…
RevuePresse
Une histoire allemande : Hammerstein ou l'intransigeance
- Hans Magnus Enzenberger – Hammerstien ou l’intransigeance « Le blog de la Quinzaine Littéraire– «C’est chez le fabricant de pianos Bechstein qu’Adolf Hitler apprit » comment on tient son couteau à table « , c’est chez lui aussi que Kurt von Hammerstein fit en 1925 la connaissance du même Hitler. Il sut dès l’abord à qui il avait affaire.»Ce livre de Hans-Magnus Enzensberger, Hammerstein ou l’intransigeance n’est pas une biographie, mais un montage d’entretiens, certains fictifs, d’autres réels, mêlés à des fragments historiques, à des lettres et des témoignages de source et d’origine diverses, des rapports du KGB et de nombreuses photographies, c’est une tentative de reconstitution du climat politique de l’époque. Comment à travers une famille de la haute aristocratie militaire arriver à faire saisir ce que put être la proximité avec le crime absolu, saisi au lieu même de sa décision. Selon un curieux et habile procédé d’emmêlement à la fois impressionniste et objectif de détails et de grands faits politiques, Enzensberger s’efforce de retrouver ce que pouvaient être les sentiments et les attitudes d’un milieu social au plus près du cœur même du crime.
- Hammerstein ou l’intransigeance, par Hans Magnus Enzensberger – L’EXPRESS – Quelle superbe « histoire allemande » que celle de Kurt von Hammerstein (1878-1943), chef d’état-major de la Reichswehr, l’armée de la fragile république de Weimar, qui dit « nein » à l’hitlérisme! Au-delà de ce portrait d’un homme lucide en rupture avec son milieu, l’aristocratie prussienne, l’essayiste Hans Magnus Enzensberger (82 ans) se penche sur le destin des membres de cette étrange famille unie par l’intransigeance, où tous empruntèrent des chemins de traverse. Les deux fils officiers seront impliqués dans le complot de juillet 1944 contre Hitler. Des trois filles, l’une s’engagera dans la cause sioniste après avoir épousé le frère du philosophe Gershom Scholem et les deux autres seront des agents du Komintern. « La peur n’est pas une vision du monde », disait Hammerstein. Les enfants reprirent en choeur la sentence du père. Meilleur livre de l’année 2010 pour le magazine Lire.
- Hammerstein ou l’intransigeance. Une histoire allemande – livre de Hans Magnus Enzensberger – Critique – Télérama.fr – Il fallait, pour imaginer et mener à bien ce projet livresque singulier, le talent protéiforme d’Hans Magnus Enzensberger, grande figure de la vie intellectuelle allemande, tout ensemble écrivain, philosophe, essayiste et poète. Construit autour de la personne, du destin de Kurt von Hammerstein (1878-1943), le général qui était à la tête de l’armée de terre allemande en 1933, date de l’arrivée de Hitler et du parti nazi au pouvoir, Hammerstein ou l’intransigeance n’est pas une biographie, non plus qu’un essai ou un roman. A tous ces genres, l’ouvrage emprunte pourtant. Et l’on est proprement saisi et durablement séduit par l’aisance, l’évidence, la fluidité de mouvement avec lesquelles Enzensberger évolue entre ces différents registres pour composer cette « histoire allemande ».
Epousant la biographie de Hammerstein et des siens, l’ouvrage de Hans Magnus Enzensberger retrace formidablement près d’un siècle d’histoire de l’Allemagne, de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe, se focalisant évidemment sur la période hitlérienne. S’appuyant sur une énorme documentation, Enzensberger s’éloigne pourtant sciemment de la méthode historique, pour jalonner son récit de « conversations posthumes » avec les différents protagonistes, ainsi que de réflexions digressives qu’il intitule « gloses » – sur la république de Weimar, sur la Russie, sur l’aristocratie et ses valeurs, sur l’ambiguïté… C’est ce caractère composite qui donne au livre sa singularité, sa remarquable profondeur.
Histoire d'un Allemand de Sebastian Haffner
Sebastian Haffner : Histoire d’un Allemand – Un livre, un jour – 02/04/2002 – 02min27s
Vidéo Ina – Sebastian Haffner : Histoire d’un Allemand, vidéo Sebastian Haffner : Histoire d’un Allemand, vidéo Art et Culture Littérature – Archives vidéos Art et Culture Littérature : Ina.fr – Depuis l’ancienne manufacture des tabacs à Riom, Olivier BARROT présente le livre « Histoire d’un Allemand » de Sébastien HAFFNER, photo noir et blanc de l’écrivain.
- Histoire d’un Allemand — Enjeux contemporains de l’enseignement en histoire-géographie – ifé – La plupart des événements de l’Histoire, même parmi ceux qui furent les plus décisifs pour une nation et un peuple, n’affectent guère la vie privée, individuelle et familiale, des hommes, au-delà du petit cercle des politiques qui sont concernés. Mais ce qui distingue à jamais la période et les événements de l’avant-guerre, selon Haffner, c’est qu’ils ont constitué au contraire un exemple unique de l’irruption de l’histoire jusque dans la sphère la plus intime de la vie de chacun. Il montre comment, avec l’avènement du totalitarisme nazie, éclatait cet îlot protecteur de la sphère privée où l’individu peut toujours se mettre à l’abri de l’histoire majuscule pour continuer de cultiver sa biographie personnelle. Or la dernière partie du livre intitulée » l’Adieu » illustre bien ce mouvement de l’histoire qui va briser rapidement tous les liens et toutes les attaches du jeune homme dans son pays natal pour le précipiter sur le chemin de l’exil. L’égarement profond d’un père qui voit disparaître en quelques années la société qui fut la sienne et les valeurs qui la fondaient, les persécutions progressives auxquelles se voit soumise sa jeune amie ainsi que sa famille de par ses origines juives, les différends et les hostilités qui le séparent de ses anciens camarades, la mise au pas d’une justice réduite à une caricature : tout concourt à une forme d’isolement et prépare le jeune homme à un exil prévisible.
- Histoire d’un Allemand, de Sébastian Haffner | Voyage au bout de la lettre – Sébastian Haffner (1907-1999) était jeune magistrat stagiaire à Berlin quand Hitler arriva au pouvoir. Ce jeune homme vit la montée en puissance du nazisme et de ses horreurs, et de ses humiliations. En 1938, il s’exile en Angleterre alors que son pays est sous la dictature nazie depuis cinq longues années, et connaît depuis l’avènement progressif de Hitler les persécutions, les pogroms, le boycott des magasins juifs, les insultes, bref : le nazisme. Haffner vécut dans la précarité en Angleterre, et un éditeur lui commanda un ouvrage. Celui-ci fut rédigé, mais jamais publié. La guerre éclata. Et l’Europe vécut l’horreur.
En 1954 Sébastian Haffner retourna en Allemagne pour y devenir un grand journaliste et historien. Son décès en 1999 mit en lumière ses écrits : Histoire d’un Allemand fut découvert dans un bureau.
Histoire d’un Allemand, de Sébastian Haffner. Traduit de l’allemand par Brigitte Hébert. (ACTES SUD « Babel ») 9,50 € - Histoire d’un Allemand de Sebastian Haffner– Revenant sur les circonstances de la décomposition de la république, Sebastian Haffner détaille l’expérience fondamentale que représenta pour sa génération – les Allemands nés entre 1900 et 1910 – la Grande Guerre, montrant que le nazisme prend racine dans le « jeu guerrier », « une véritable drogue comme la roulette ou l’opium ». […] En comparaison, l’après-guerre devait se montrer d’une affligeante tristesse. L’inflation de 1923, avec sa grotesque et tragique valse des zéros, acheva de mettre à bas les dernières certitudes morales de cette génération, celle qui vota pour le NSDAP en 1933. […]Face à la « résistible ascension » d’Adolf Hitler, Sebastian Haffner devait faire preuve d’une lucidité pour le moins extraordinaire – à tel point qu’on crut un moment ses écrits, débutés à Londres en 1938, pour apocryphes. Mais il devait aussi se trouver totalement désemparé face au naufrage de sa nation. Référendaire en stage au tribunal suprême de l’Etat de Prusse, il vit impuissant se déliter l’Allemagne, s’effondrer le masque des « hommes ordinaires » (pour reprendre le titre du terrifiant ouvrage de Christopher Brownning montrant la transformation de pères de famille allemands en bouchers du front de l’Est). Ecœuré, il ne trouvera de salut que dans l’exil, où il rédigera ce chef-d’œuvre historique… et littéraire. Histoire d’un Allemand ne fut jamais publié avant la mort de son auteur.
Revue de presse : iPhone et tourisme historique (28 novembre 2011)
- Iphone et le tourisme historique | his7008 – Depuis quelques années, une foule d’organismes permettent de découvrir les grandes villes du monde d’une autre façon grâce à des applications, souvent gratuites, pour les téléphones intelligents.
Ces applications permettent de s’interroger sur la formule la plus efficace pour la pertinence des archives ainsi consultées. En visitant les sites de Historypin et WhatWasThere, on s’aperçoit rapidement que l’information est lacunaire sur les évènements et l’histoire. Les photos sont rarement mises en contexte. Tandis que les concepteurs de Cleveland historical nous font des Tours très détaillés rendant une interprétation d’une réalité historique, exemple.
Il est à noter que les projets plus locaux et mieux à même de répondre aux interrogations des visiteurs. Cependant, les gens auront tendance à aller directement vers les sources les plus riches, délaissant les autres projets.
Revue de presse : iPad et enseignement (25 novembre 2011)
- iPad et enseignement : retour d’expérience | Tablette-tactile.net – Adopter une (nouvelle) technologie, c’est la savoir validée par ses pairs. Les tablettes numériques connaissent un essor au sein des universités et demeurent pourtant encore peu utilisées. Cet article traite de l’usage de l’iPad, en tant qu’enseignant universitaire et constitue un retour d’expérience.
L’article a été rédigé par Jean Debaecker est doctorant en sciences de l’information, communication et documentation au laboratoire GERiiCO. Il est également Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche à l’Université Charles-de-Gaulle Lille 3.
Revue de presse : manuels numériques (23 novembre 2011)
- Près d’un enseignant sur cinq utilise un manuel numérique – LeMonde.fr – Près d’un enseignant sur cinq utilise un manuel numérique, signe que leur usage « gagne du terrain » dans l’éducation nationale, rapporte une enquête TNS-Sofres, menée du 10 juin au 11 juillet 2011 auprès de 6 183 professeurs et rendue publique ce mardi 22 novembre.
Environ 92 % des élèves accèdent aux manuels numériques par la vidéoprojection en classe. Comme le dit un commentateur de l’article du Monde :
«Si utiliser un manuel numérique, c’est en projeter le contenu au videoprojecteur, les chiffres sont probablement exactes, si c’est en avoir une utilisation croisées avec les élèves (véritable utilisation du manuel), alors là nous en sommes très loin.»
Revue de presse : la BD historique (22 novembre 2011)
Du 23 au 26 novembre 2011, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) accueil un colloque international consacré à la Bande Dessinée historique. Ce colloque est organisé par le Centre de Recherches Poétiques et Histoire littéraire (CRPHL) et a pour but de mieux (faire) comprendre les spécificités de ce que l’on peut appeler la bande dessinée historique. Les invités d’honneur de ce colloque seront Jean Dufaux et Philippe Delaby, le scénariste et le dessinateur de Murena.
On trouve en ligne les résumés des interventions au colloque scientifique. Cette revue de presse vous présente celles qui paraissent le plus intéressantes en relation avec l’utilisation de Bande Dessinée en classe d’histoire.
- 60 ans de gladiature en BD, entre mythe et réalité | Teyssier Eric– La BD, comme le péplum, constitue un vecteur fondamental de connaissances du monde antique. Entre mythe et réalité, cette forme d’expression véhicule certaines vérités historiques comme les pires clichés. En matière d’histoire ancienne, la gladiature constitue un champ particulièrement propice aux fantasmes et aux idées reçues. La connaissance scientifique de ce domaine a pourtant fait de grands progrès depuis une dizaine d’années grâce notamment à une approche plus technique et rationnelle de ce monde paradoxal. Paradoxal, car les principaux acteurs de ces combats sont dans le même temps adorés et méprisés suivant les cas et les époques. Tout à la fois stars adulés de tous et prostitués livrés presque nus au plaisir de la foule, victimes ou héros affrontant la mort en face, les passions qu’ils suscitaient voici 2000 ans ne pouvaient pas laisser insensible les auteurs de BD et se retrouvent encore dans leurs différentes approches.Mais quelles sont les sources d’inspiration de ces auteurs ?
- La classe d’Histoire de l’Antiquité : réflexion didactique préliminaire sur les apports et limites pédagogiques du recours à la bande dessinée – Participants au Colloque sur la bande dessinée historique àl’Université de Pau et des Pays de l’Adour (23 au 26 novembre 2011), Jean-François Boutin et Virginie Martel ont pour objectif de répondre à trois questions concernant l’utilisation de la Bande Dessinée en classe d’histoire
— La bande dessinée «antique» en classe d’Histoire : pourquoi ?
— La bande dessinée «antique» en classe d’Histoire : à quelles conditions et avec quelles précautions pédagogiques
— La bande dessinée «antique» en classe d’Histoire: quel dispositif pédagogique?
- Mythologies et stéréotypes nationaux dans Astérix : sources iconographiques et historiques – Dans un contexte de formation des professeurs d’école, une équipe de chercheurs et de représentant de l’institution scolaire se questionne sur la place de la bande dessinée dans l’enseignement du socle commun de connaissances et de compétences, au regard de la partie nommée « culture humaniste » (Histoire, Histoire des arts, arts visuels, éducation musicale, littérature).
Leur travail s’effectue à partir de la notion de stéréotype, la construction de ceux-ci en terme de compréhension de l’histoire, la construction de repères socio-culturels ou de mémoire collective.
Leur corpus est celui des bandes dessinées d’Astérix en les interrogeant sur la construction d’un propos à la fois militant et distancié autour de la nation gallo-française. Extrait du résumé de la contribution de Villagordo Eric, Sala Céline, Parayre Marc et Halimi Jackie.
- D’Alix à Murena. De l’audience de ces deux séries chez les enseignants | Thiebaut Michel– L’ancienne prévention contre les images restituant l’Histoire s’est aujourd’hui considérablement atténuée, avec un début de reconnaissance universitaire. Ces images font aujourd’hui l’objet d’études et sont aussi un moyen pour redonner un intérêt à la connaissance des langues anciennes et de la civilisation antique, à un moment où ces enseignements apparaissent particulièrement menacés à l’école secondaire.À une quarantaine d’années de distance de la publication des premières aventures d’Alix, il est significatif que le souci documentaire s’impose désormais à certains auteurs de bande dessinée. Il répond à un questionnement et une attente de la part de lecteurs avertis qui appartiennent souvent à la mouvance universitaire.
Revue de presse : Apocalypse Hitler (19 novembre 2011)
Diffusé à une heure de grande écoute sur une chaîne du service publique, Apocalypse Hitler présente beaucoup d’atours susceptible de séduire les enseignants d’histoire. La revue de presse ci-dessous permet de remettre cette série à une plus juste place.
- Apocalypse Hitler – Edouard Husson, vice-chancelier des Universités de Paris et spécialiste de l’Allemagne dans sa période nazie, ne manque pas de tordre le coup à l’absurde insistance d’«Apocalypse Hitler» sur la possible ascendance juive de Hitler :
«une thèse bien éculée, et dont on se demande bien pourquoi les auteurs la réhabilitent. Que le père de Hitler n’ait pas su l’identité de son vrai géniteur, quoi de plus banal dans une région (Bavière, Nord-Ouest de l’Autriche) où les naissances illégitimes étaient particulièrement nombreuses à cette époque, sans doute liées au système de la famille souche- l’aîné héritant et se mariant laissait peu d’espoirs à des cadets de s’établir. Que Hitler n’ait pas su, contre les critères du régime qu’il avait établi, prouver l’origine de ses quatre grands-parents, certes. Mais de là à nous refaire le coup d’un Hitler peut-être juif, il y a un grand pas, franchi avec désinvolture. Non seulement il aurait fallu creuser dans une autre direction: Hitler a peut-être eu des ancêtres tchèques; mais il aurait fallu se rappeler que la thèse des ancêtres juifs de Hitler est un symptôme de la mauvaise conscience européenne et occidentale vis-à-vis du judéocide: ce serait si pratique de pouvoir se dédouaner de siècles de persécutions culminant dans un génocide et de pouvoir dormir tranquille car un Juif aurait décidé de tuer massivement d’autres Juifs…» - “Apocalypse Hitler”, une impression de déjà-vu – Télévision – Télérama.fr – A grand renfort d’archives colorisées, “Apocalypse Hitler”, diffusé mardi 25 octobre, sur France 2, retrace l’ascension politique du Führer jusqu’à l’invasion de la Pologne. Un documentaire qui s’inscrit dans une longue lignée, sans rien apporter de très novateur. Décryptage avec deux jeunes universitaires.
Pour l’historienne Julie Maeck, chargée de recherches à l’Université libre de Bruxelles, Apocalypse Hitler se contente d’adapter au goût du jour la démarche de l’Allemand Guido Knopp qui, à partir de 1995, consacra des documentaires au Führer et à ses «complices», mêlant images de propagande et documents amateurs dans une forme accrocheuse et sans recul critique […]. «La seule nouveauté des films d’Isabelle Clarke et de Daniel Costelle tient à la colorisation des archives. Pour le reste, ils traitent ces images de la même manière émotionnelle, dans un montage hyper-rythmé, sans apporter la moindre plus-value à la compréhension du phénomène Hitler, ni à la façon dont les nazis sont arrivés au pouvoir.» - ‘Apocalypse’ : les faux monnayeurs, par J-L. Comolli | Le blog documentaire – «Hitler est partout, tout le temps : normal, il est filmé par ses amis ou par ses séides. Brouillage donc. Ne pas signaler l’origine des archives a pour résultat de les mettre toutes sur le même plan donc de mentir sur leurs déterminations. Et ne pas prendre en compte la spécificité historique de ces archives, qui portent la marque de leur époque et des capacités du cinéma en leur époque, revient encore à mentir sur les limites de ces images, et donc la relativité de leur point de vue ; ici, les images sont absolutisées […]
Il y avait donc d’autres images, pouvant rendre le film plus complexe et son commentaire plus subtil. L’écrasement du format d’origine des images, comme leur colorisation et leur sonorisation, signifient falsification de l’histoire, celle du cinéma, qui n’est pas moins historique que l’histoire politique. Les auteurs de cette apocalypse peuvent être dits des faussaires. Ils trompent les téléspectateurs sur la « marchandise ». Le cinéma dans les années 30 était moins puissant qu’aujourd’hui. D’ailleurs, Hitler s’est surtout manifesté par la radio. Le piège tendu perversement par les auteurs est de feindre de dénoncer le Führer, de le critiquer dans leur commentaire, alors que les images proposées sans hors-champ, sans déconstruction, au téléspectateur, reconduisent la fascination supposée du peuple allemand pour la figure du Führer. Pour dénoncer une adhésion, on la maintient, on la perpétue.» - Apocalypse/Hitler : la mystification, par Hugues Le Paige « Le blog documentaire – «Lors d’une émission radio sur la Première (RTBF) et dans des termes bien plus modérés, l’historienne du CEGES, Chantal Kesteloot avait suggéré une lecture critique des images et émis quelques réserves, notamment sur les limites de la démarche et sur la nécessité d’indiquer les sources des documents. Ce qui a eu pour effet de provoquer la colère tonitruante de Daniel Costelle lors de son intervention en duplex dans la même émission dont on connaît pourtant le caractère éminemment consensuel. « Mais nous voulions faire de la ‘prom’, répondait ingénument l’animateur face au déchaînement du réalisateur « révulsé par les réflexions coupantes d’une professeur-de-je-ne-sais-pas-quoi, d’une ‘historienne’ entre guillemets ».Les auteurs d’Apocalypse qui entamaient déjà leur première série par la phrase définitive : « ceci est la véritable histoire de la seconde guerre mondiale », ne supportent décidément pas que l’on émette quelques critiques même très modérées et, lors de cette émission, très largement bienveillantes à l’égard de leur « œuvre vivante », comme ils la qualifient. Leur prétention est à la mesure de leur mystification historique. Il existe cependant un danger plus pressant car, au-delà de ces productions et de ce que l’on peut en penser, le risque est grand de voir ce formatage du documentaire qui enchante les télévisions devenir le modèle à suivre.»
En définitive, les enseignants seront mieux inspirés d’utiliser des films de fiction de grande qualité. Dans Télérama, Matthias Steinle, maître de conférences en cinéma à Paris III et l’historienne Julie Maeck, chargée de recherches à l’Université libre de Bruxelles nous proposent «Le Didacteur» (1940) de Chaplin, «To Be or Not to Be» (1942 d’Ernest Lubitsch et même «Inglorious Basterds» (2009) de Quentin Tarantino, car, comme l’indique Matthias Steinle :
«Ces films, au moins, n’entretiennent pas le mythe du Führer; ils cherchent à l’arrêter. En voyant Inglorious Basterds, les jeunes comprennent au moins que le nazisme, c’est mal ! Reste juste à leur expliquer qu’Hitler n’est pas mort dans un cinéma.»
Voir aussi notre précédent article : Du bruit autour du Führer | Écrans.
Revue de presse (16 novembre 2011)
- Sur France 3, un téléfilm réécrit l’histoire du procès de Nuremberg | Rue89 – Les téléspectateurs de France 3 ont vécu une expérience un peu surréaliste mardi soir.
Après la diffusion de « J'étais à Nuremberg », une fiction reconstituant avec soin le procès des dignitaires nazis à la fin de Seconde Guerre mondiale, ils ont pu assister à un débat pendant lequel des spécialistes de la période ont pointé les erreurs historiques et curieux parti-pris du téléfilm.
Principal grief soulevé par les invités de « Ce soir ou jamais » : le rôle attribué à Auguste Champetier de RIbes, représentant de la France au sein du Tribunal militaire de Nuremberg, incarné par Patrick Raynal.
Dans plusieurs scènes, on le voit tenter de dissuader son adjoint Pierre Bernard (un personnage inventé pour l'occasion) d'évoquer le rôle de Vichy dans la déportation des juifs de France.
Le problème, c'est que cette scène n'a jamais existé… - L’image de la Suisse | Mots d’images – Les banques, le chocolat, la propreté ou l’horlogerie sont autant de clichés très répandus de la Suisse. Si ces derniers s’inspirent bien de faits concrets, qu’en est-il de tous les mythes, croyances et symboles qui fabriquent l’imaginaire du pays ? Comment sont-ils nés ? Comment fonctionnent-ils ? Gianni Haver, sociologue de l’image, vient de publier L’image de la Suisse pour faire le tour de ces questions. Mots d'image nous en offre un compte-rendu.
Revue de presse (9 novembre 2011)
- 15 dispositifs technologiques pour une expérience muséale augmentée | Knowtex Blog– Depuis les années 1980, la montée des technologies numériques, du multimédia et des technologies de l’information a suscité l’intérêt de nombreux musées. L’audioguide un peu désuet s’est transformé en guide multimédia, les écrans ont envahi les lieux d’expositions, de nouveaux modes d’accès à l’information sont apparus (e.g. via les smartphones).Ces dispositifs, toujours plus sophistiqués, créent ainsi de nouveaux rapports entre le musée et le visiteur. La visite se veut plus sensible, personnalisée, intelligente. Les concepts peuvent être exposés au même titre que les objets. Le visiteur dispose d’informations plus riches, accède aux éléments cachés de l’exposition, joue avec les œuvres, contribue à l’exposition, prolonge l’expérience hors les murs… De nombreux avantages qui restent néanmoins à mesurer… en tentant l’expérience !Des tables interactives aux systèmes de guidage à réalité augmentée, voici une sélection hétérogène de dispositifs technologiques originaux et innovants mis en place dans des musées.
- Innovations numériques, révolution au musée | Knowtex Blog – Les technologies numériques modifient notre manière d’accéder à l’information, notre manière d’échanger, de nous déplacer, d’acheter, de créer. C’est pourquoi elles ont et elles auront certainement un impact considérable sur les musées mais pas forcément là où elles sont les plus attendues. Très souvent, elles sont considérées par les professionnels de musées du point de vue de la diffusion de contenu : elles devraient permettre de délivrer une information sous une forme plus variée, plus séduisante. On se situe alors dans l’ordre de l’efficacité et de la quantité : image haute définition, image en relief… Ou alors leur rôle est souvent réduit à des formes variées et déclinées de l’audioguide, de la borne interactive et du site web. Petit tour d’horizon
- Civil War still divides Americans | History News Network – Il y a 150 ans démarrait la Guerre de Sécession.
Dans un sondage CNN / Opinion Research Corporation publié mardi, environ un Américain sur quatre ont dit qu’ils sympathisaient davantage avec la Confédération de l’Union, un chiffre qui s’élève à près de quatre sur dix parmi les Sudistes blancs.
Quand on leur demande la raison de la guerre civile, si elle a été combattue sur l’esclavage ou les Etats des droits, 52 pour cent de tous les Américains ont dit les dirigeants de la Confédération a fait sécession afin de garder l’esclavage légal dans leur état, mais une importante minorité 42 pour cent ont déclaré l’esclavage n’a pas été la raison principale pour laquelle ces Etats fait sécession…. - Par Toutatis ! La véritable histoire de nos ancêtres les Gaulois – Pendant plus d’un an, à la Cité des sciences et de l’industrie, Les Gaulois, une expo renversante montre une tentative de fabrique de l’histoire et la construction d’une des plus grandes mythologies politiques françaises. À rebours des idées reçues et de l’imagerie d’Épinal, et grâce à cinq salles thématiques didactiques, on finit par comprendre que l’on n’avait rien compris jusque-là: nos ancêtres ne portaient ni casques ailés ni braies rayées. Mieux, ils formaient une civilisation complexe, démocratique, qui n’attendit pas Jules César pour émerger. Un article du Figaro.