- Hans Magnus Enzenberger – Hammerstien ou l’intransigeance « Le blog de la Quinzaine Littéraire– «C’est chez le fabricant de pianos Bechstein qu’Adolf Hitler apprit » comment on tient son couteau à table « , c’est chez lui aussi que Kurt von Hammerstein fit en 1925 la connaissance du même Hitler. Il sut dès l’abord à qui il avait affaire.»Ce livre de Hans-Magnus Enzensberger, Hammerstein ou l’intransigeance n’est pas une biographie, mais un montage d’entretiens, certains fictifs, d’autres réels, mêlés à des fragments historiques, à des lettres et des témoignages de source et d’origine diverses, des rapports du KGB et de nombreuses photographies, c’est une tentative de reconstitution du climat politique de l’époque. Comment à travers une famille de la haute aristocratie militaire arriver à faire saisir ce que put être la proximité avec le crime absolu, saisi au lieu même de sa décision. Selon un curieux et habile procédé d’emmêlement à la fois impressionniste et objectif de détails et de grands faits politiques, Enzensberger s’efforce de retrouver ce que pouvaient être les sentiments et les attitudes d’un milieu social au plus près du cœur même du crime.
- Hammerstein ou l’intransigeance, par Hans Magnus Enzensberger – L’EXPRESS – Quelle superbe « histoire allemande » que celle de Kurt von Hammerstein (1878-1943), chef d’état-major de la Reichswehr, l’armée de la fragile république de Weimar, qui dit « nein » à l’hitlérisme! Au-delà de ce portrait d’un homme lucide en rupture avec son milieu, l’aristocratie prussienne, l’essayiste Hans Magnus Enzensberger (82 ans) se penche sur le destin des membres de cette étrange famille unie par l’intransigeance, où tous empruntèrent des chemins de traverse. Les deux fils officiers seront impliqués dans le complot de juillet 1944 contre Hitler. Des trois filles, l’une s’engagera dans la cause sioniste après avoir épousé le frère du philosophe Gershom Scholem et les deux autres seront des agents du Komintern. « La peur n’est pas une vision du monde », disait Hammerstein. Les enfants reprirent en choeur la sentence du père. Meilleur livre de l’année 2010 pour le magazine Lire.
- Hammerstein ou l’intransigeance. Une histoire allemande – livre de Hans Magnus Enzensberger – Critique – Télérama.fr – Il fallait, pour imaginer et mener à bien ce projet livresque singulier, le talent protéiforme d’Hans Magnus Enzensberger, grande figure de la vie intellectuelle allemande, tout ensemble écrivain, philosophe, essayiste et poète. Construit autour de la personne, du destin de Kurt von Hammerstein (1878-1943), le général qui était à la tête de l’armée de terre allemande en 1933, date de l’arrivée de Hitler et du parti nazi au pouvoir, Hammerstein ou l’intransigeance n’est pas une biographie, non plus qu’un essai ou un roman. A tous ces genres, l’ouvrage emprunte pourtant. Et l’on est proprement saisi et durablement séduit par l’aisance, l’évidence, la fluidité de mouvement avec lesquelles Enzensberger évolue entre ces différents registres pour composer cette « histoire allemande ».
Epousant la biographie de Hammerstein et des siens, l’ouvrage de Hans Magnus Enzensberger retrace formidablement près d’un siècle d’histoire de l’Allemagne, de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe, se focalisant évidemment sur la période hitlérienne. S’appuyant sur une énorme documentation, Enzensberger s’éloigne pourtant sciemment de la méthode historique, pour jalonner son récit de « conversations posthumes » avec les différents protagonistes, ainsi que de réflexions digressives qu’il intitule « gloses » – sur la république de Weimar, sur la Russie, sur l’aristocratie et ses valeurs, sur l’ambiguïté… C’est ce caractère composite qui donne au livre sa singularité, sa remarquable profondeur.