Jacques Le Goff (1924-2014) AFP/JACQUES SASSIER
Certes, vu l’âge du bonhomme (90 ans), plus le temps avançait et plus l’inéluctable devait arriver, mais bon c’est pas un très chouette poisson d’avril que de lire dans son fil d’actualité que l’historien Jacques Le Goff est décédé ce mardi 1er avril 2014.
Comme nous l’apprend donc le journal Le Monde :
«Le plus grand médiéviste français, Jacques Le Goff, est mort, mardi 1er avril, à l’âge de 90 ans à l’hôpital Saint-Louis. Né le 1er janvier 1924 à Toulon, il a forgé une œuvre de renommée internationale dont témoignent notamment Les Intellectuels au Moyen Age (Seuil, 1957), La Naissance du purgatoire (Gallimard, 1981) ou son anti-biographie de Saint Louis, Saint Louis (Gallimard, 1996), qui fut un grand succès de librairie.»
L’article que lui consacre le Huffington Post montre bien à quel point Jacques Le Goff a écrit jusqu’à hier ou presque une oeuvre considérable :
«Historien de renommée internationale, héritier de l’école des Annales, il fut l’auteur d’une oeuvre monumentale et très dense. Parmi ses plus récentes publications: « Le Moyen Age et l’Argent » (2010), « Le Moyen Age expliqué en images (2013) ou encore, paru en janvier 2014, « Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches? » aux éditions du Seuil.»
En parcourant les articles qui lui sont consacré, j’ai même découvert, grâce à la revue L’Histoire, le lien extrêmement fort qui le liait à sa femme Hanka et l’ouvrage poignant qui lui a consacré après sa mort :
«L’auteur retrace sa rencontre « le coup de foudre » avec Hanka, le mariage, son arrivée en France. Il évoque son enfance, sa jeunesse elle est issue de deux familles de la petite noblesse polonaise. Se dévoile l’histoire d’une famille d’universitaires dans le dernier tiers du XXe siècle, d’un couple franco-polonais lié profondément aux deux pays au temps de la guerre froide puis de l’indépendance retrouvée de la Pologne après la chute du régime soviétique. […].
Ce livre, écrit dans la douleur, est un hommage bouleversant rendu à « une femme de coeur, d’une distinction au plus fort sens du mot extraordinaire ». Et les derniers mots du livre n’en sont que plus tragiques : « Comment continuer à vivre sans Hanka ? »»
Mais avant tout, j’aime cet intertitre de l’article nécrologique du Nouvel Observateur : l’éclaireur du Moyen-Âge. Quel bel hommage à cet historien qui décrit le Moyen-Âge comme une période « lumineuse » et « pleine de rires », loin des stéréotypes qui courent sur cette période. Eclaireur du Moyen-Âge, il l’aura été lors de mon parcours universitaire et plus particulièrement avec son ouvrage sur La Civilisation de l’Occident médiéval (Arthaud, 1964) ou, plus tard, sa manière de découper le temps (Jacques Le Goff et « l’histoire en tranches »). Son nom est associé également à ma découverte universitaire de l’Ecole des Annales et de la Nouvelle histoire. Découvertes lumineuses et fécondes…
Merci à lui d’avoir été un éclaireur dans ma formation d’historien.
Quelques articles parus suite à son décès :
Jacques Le Goff, mort d’un « ogre historien » | Le Monde
« Jacques Le Goff, ce grand historien que le monde nous enviait » | Le Nouvel Observateur
Jacques Le Goff rattrape le temps perdu | Le Nouvel Observateur
Avec Hanka | L’Histoire
Jacques Le Goff, monument historique | Libération
Mort de Jacques Le Goff: le grand historien spécialiste du Moyen Âge est décédé à 90 ans | Huffington Post
Pour débuter avec Jacques Le Goff, je vous suggère la lecture d’un recueil de textes intitulé Un Autre Moyen-Âge (1999) et qui contient :
- Pour un autre Moyen Âge, 1977 ;
- L’Occident médiéval et le temps ;
- L’Imaginaire médiéval, 1985 ;
- La Naissance du Purgatoire, 1981 ;
- Les Limbes;
- La Bourse et la vie, 1986 ;
- Le Rire dans la société médiévale.
Pour une initiation à son Moyen-Âge, vous pouvez également visionner l’émission de la série Têtes chercheuses du CNRS, datant de 1991 et intitulée Jacques Le Goff historien. De l’an mil à l’an 2000… : http://videotheque.cnrs.fr/doc=931 (durée 16 minutes).
Enfin, je lui laisse la parole avec cette vidéo datant de 2008 et réalisée à l’occasion de la création par l’Université de Bologne d’un prix portant son nom et intitulé Premio internazionale « Il portico d’oro – Jacques Le Goff »
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