21 février 1944, Marcel Rajman meurt fusillé par les Allemands en compagnie de ses camarades du groupe Manouchian. Résistants recherchés par les polices allemandes et françaises, ces hommes et ces femmes n’ont cessé de harceler les forces d’occupation depuis 1942. L’histoire n’est pas inédite en bande dessinée, mais avec Du Sang dans la clairière, Tal Bruttmann et Antoine Grande apportent un regard d’historien et nous entrainent dans une réflexion intéressante sur ce que peut être la BD historique.
A noter qu’en 2014, Le Lombard a publié l’excellent Vivre à en mourir de Jeanne Puchol et Laurent Galandon, qui développe peu ou prou la même histoire.
Concernant le dessin, Cases d’histoire note que celui-ci est inhabituel pour une bd historienne :
Très cartoonesque, il ne cherche par la réalité objective, mais la vraisemblance.
Concernant les auteurs, Cases d’histoire note aussi leurs singularités
A la différence de beaucoup d’historiens qui s’essaient au scénario, Antoine Grande, directeur du musée départemental de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne, et Tal Bruttmann, spécialiste du nazisme et de l’histoire de l’extermination des juifs d’Europe, ont choisi de rester loin de la BD historienne. Pas de dialogues explicatifs à rallonge mais un naturalisme qui rend les résistants très humains et proches du lecteur. Ce ne sont pas des objets d’Histoire mais les personnages d’une histoire. A la suite du dessin d’Efix, ils savent se faire discrets et n’insistent ni sur les détails, de décor, d’armes ou d’uniformes, ni sur les citations iconographiques trop voyantes. L’intrigue est assez forte pour tenir toute seule.
Pour Cases d’histoire
Traditionnellement, les auteurs cherchent à dessiner au plus près de la réalité, mais ces cases démontrent que c’est l’histoire, au sens du romanesque, et son écriture qui fait la réalité (historique) d’une bande dessinée historique.
(c) Efix, Tal Bruttmann et Antoine Grande. Éditions Ouest France
Ainsi, à propos de la rafle du Vel d’Hiv du 16 juillet 1942 figurant dans l’album, Cases d’histoire souligne à propos du dessin et de la qualité de l’écriture du scénario :
Encore une fois, la qualité d’écriture permet aux auteurs de raconter ce qui se passe en quelques pages. Le dessin d’Efix donne là toute sa force. Les bâtons blancs, inquiétants, qui brillent dans la nuit, les silhouettes noires des policiers, suffisent à indiquer terreur et importance de l’opération. Les yeux blancs écarquillés des victimes disent toute la peur et le désespoir de ces familles. Le dessin “cartoonesque” est aussi capable de communiquer l’horreur.
Pour Cases d’histoire, Du Sang dans la clairière « peut servir d’exemple à beaucoup de bandes dessinées historiques ».
Lire l’article de Cases d’histoire : https://casesdhistoire.com/du-sang-dans-la-clairiere-une-nouvelle-facon-de-presenter-la-trajectoire-du-groupe-manouchian-en-bd/
*Du sang dans la clairière – Mont Valérien 1941-1944*. Tal Bruttmann et Antoine Grande (scénario). Efix (dessin, couleurs). Éditions Ouest France. 90 pages. 19,90 euros. Cet album est réalisé sous l’égide du Mémorial du Mont Valérien.